
P. Kauffmann, H. Uterwedde / La France et l’Allemagne…
3
© Ifri
Résumé
L’actualité européenne récente a été marquée par un certain nombre
de controverses franco-allemandes. Celles-ci sont, dans une certaine
mesure, inévitables, en ce qu’elles renvoient à des questions de fond
non (ou insuffisamment) tranchées dans la construction de l’union
économique et monétaire. Ces dernières exigent désormais des
choix fondamentaux interpellant les modèles économiques des États
membres.
Ce texte tente de déchiffrer les positions allemandes et
françaises sur les points sensibles des débats européens actuels.
Une meilleure compréhension de leurs logiques respectives et de
leurs motivations profondes permet de faire le point des divergences
mais aussi des rapprochements possibles. Nos principaux résultats et
recommandations sont les suivants :
Les visions fondamentales, historiques, de
l’UEM (et de l’UE) diffèrent entre l’Allemagne et la
France. Pour l’Allemagne elle doit d’abord être un
acteur de régulation, doté d’un cadre réglementaire
économique et monétaire et de règles communes ;
pour la France, elle doit être un acteur capable de
mener de vraies politiques économiques commu-
nautaires.
Les controverses récentes renvoient à des
racines profondes. Les conceptions différentes qu’on
se fait de l’Europe économique et monétaire, ancrées
dans la culture et dans l’histoire, n’ont pas vocation à
changer fondamentalement. Aussi faut-il que les
partenaires continuent à dialoguer, avec le souci de
comprendre la logique du partenaire au mieux plutôt
que de s’enfermer dans de stériles polémiques.
Il faut veiller aux termes du débat autour du
« modèle » allemand de croissance fondée sur
l’exportation. Les excédents courants en Allemagne
sont structurels, tout comme sa compétitivité. A contra-
rio, les interdépendances au sein de l’UE et de l’UEM
sont également notoires, et devraient proscrire toute
stratégie négligeant l’équilibre macroéconomique des
partenaires.