Genève vit une flambée de cas de rougeole

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Genève19
Tribune de Genève | Mardi 22 février 2011
Santé
Les experts - Sécurité
Raymond Loretan
Drôle de vendredi
au Palais Eynard
D
Pour éliminer la maladie, il faudrait que 95% de la population soit vaccinée. A Genève, le taux se situe aux alentours de 90%. AP
Genève vit une flambée
de cas de rougeole
En janvier, la Suisse
a connu plus de cas
qu’en 2010. Une
jeune mère serait
morte à Grenoble
Sophie Davaris
La rougeole sévit de nouveau en
Suisse, avec 92 cas recensés pour
le seul mois de janvier, contre 65
en 2010. A Genève, 26 personnes
ont été touchées, surtout des
adultes. Il faut y ajouter la dizaine
de cas recensés chez des patients
vivant en France ou dans le
canton de Vaud. Les autorités
invitent les moins de 47 ans (nés
après 1963) à vérifier s’ils ont eu la
rougeole ou deux doses de vaccin.
Si ce n’est pas le cas, ils doivent
compléter leur vaccination en
s’adressant à leur médecin traitant.
Le plus souvent bénigne, extrêmement contagieuse – on peut
l’attraper dans une salle d’attente
deux heures après le passage d’un
malade – la rougeole est mortelle
dans un cas sur mille.
En 2009, une jeune fille de
12 ans perdait la vie à Genève des
suites de la maladie. «Selon mes
informations, une jeune mère
en bonne santé serait décédée la
semaine dernière à Grenoble»,
ajoute la professeure Claire-Anne
Siegrist, directrice de la chaire
de vaccinologie à l’Université de
Genève.
Epidémie programmée
«Genève vit la plus grosse flambée
depuis 2008, mais pour l’instant,
nous maîtrisons la situation», relève Philippe Sudre, médecin cantonal délégué aux maladies transmissibles. Actuellement, le taux
de vaccination avoisine 90%.
«Pour éliminer la maladie, il faudrait 95%», relève l’expert.
La stratégie consiste à éviter,
autant que possible, les transmissions. A cette fin, tout signalement
déclenche une enquête minutieuse pour retrouver toutes les
personnes ayant été en contact
avec le patient quatre jours avant
l’éruption. Si ces personnes ne
sont pas immunes, on peut les
vacciner dans les 72 heures, «car
le vaccin est plus rapide que la
maladie», note le Dr Sudre.
L’épidémie qui sévit en RhôneAlpes, avec plus de 2000 cas recensés, laisse présager de nouveaux cas. «En Suisse, il existe un
réservoir de 200 000 à 250 000
personnes vulnérables, précise la
professeure Claire-Anne Siegrist.
La prochaine épidémie est programmée.»
«Le plus bio des vaccins»
Diagnostiquer une rougeole n’est
pas évident. L’incubation dure
jusqu’à trois semaines: on peut
donc attraper la maladie et développer les symptômes vingt et
un jours plus tard. Le mal débute
par de la fièvre, un rhume, une
conjonctivite, de la toux. L’éruption cutanée apparaît ensuite. Le
malade est contagieux quatre
jours avant et jusqu’à la disparition de l’éruption. A Genève, les
enfants non vaccinés qui ont été
en contact avec une personne
contagieuse sont exclus de l’école
pendant dix-huit jours.
Pour être protégé à 97%, il faut
deux doses de vaccin, mais cette
double vaccination n’est recommandée que depuis 1996, ce qui
explique que de jeunes adultes ne
sont pas assez protégés, souvent
sans le savoir. «Ce vaccin est le
plus bio des vaccins, souligne
Claire-Anne Siegrist. Sans adjuvant, il ressemble comme deux
gouttes d’eau au virus naturel,
dont il atténue mille fois les effets.»
Dans 1 à 3% des cas, le vaccin peut
déclencher une minirougeole.
La vraie rougeole, elle, provoque une complication (otite, bronchite, pneumonie) une fois sur
dix, et une infection du cerveau
une fois sur mille. Elle est très dangereuse dans les deux premières
années de vie, après l’adolescence, chez les personnes au système immunitaire affaibli et les
femmes enceintes. Outre Genève,
Bâle est vivement touchée: «Les
cas sont partis d’une école Steiner,
connue pour sa philosophie antivaccin», précise la spécialiste.
La campagne électorale dérape au Grand-Saconnex
Des candidats de l’UDC ont
été menacés et leurs affiches
sont systématiquement
saccagées. Le parti vient
de déposer trois plaintes
«Nos affiches électorales ne tiennent pas plus d’une heure avant
d’être arrachées!» Eliane Michaud
Ansermet en a plus qu’assez. Viceprésidente de la section UDC du
Grand-Saconnex et responsable
de campagne, elle dénonce le climat délétère qui, selon elle, s’installe dans la commune à l’approche des élections municipales.
«Nous venons de déposer trois
plaintes, précise-t-elle. Une pour
déprédations, une autre pour
agression – j’en ai moi-même été la
victime –, une troisième pour menaces de mort envers ma colistière!» L’affaire est-elle donc si
grave? «Mercredi, j’ai apostrophé
des jeunes qui commençaient à
Contrôle qualité
Au Grand-Saconnex, les affiches de l’UDC ne tiennent pas plus d’une
heure avant d’être arrachées! LAURENT GUIRAUD
arracher une de nos affiches, explique-t-elle. J’ai pris mon téléphone en leur disant que j’allais
appeler la police. L’un des jeunes
m’a alors sauté dessus! Quant à
ma colistière, elle promenait son
chien quand une personne l’a menacée de mort, vu son appartenance à l’UDC. Je ne demande pas
aux gens de partager nos idées,
mais personnellement je respecte
celles des autres.»
Concernant les affiches, après
en avoir imprimé une septantaine
afin de garnir les treize emplacements prévus au Grand-Saconnex,
l’UDC vient d’en recommander
250, «pour remplacer celles qui
ont été saccagées, précise Eliane
Michaud Ansermet. Seule celle
située sur le panneau proche
de la mairie a échappé aux déprédations. Dimanche soir, nous
avons même dû demander à la
police de nous accompagner pour
recoller nos affiches. Mais lundi
matin, certaines étaient déjà arrachées!»
Ce vandalisme n’est certainement pas une spécificité du
Grand-Saconnex. Mais que risquent les arracheurs? Leurs agissements tombent sous le coup de
l’article 144 du Code pénal, ch. 1:
dommage à la propriété. La sanction, elle, va d’une peine pécuniaire à trois ans de prison.
Xavier Lafargue
rôle de journée que
ce vendredi 18 février.
En me rendant au
Palais Eynard – où se
tient une réception
donnée par la Ville en l’honneur
du nouveau président du
Conseil d’Etat – je croise une
voiture de police. A bord, deux
fonctionnaires en civil, affichant
barbe naissante et brassard. Si je
n’avais pas écouté les nouvelles,
je me serais cru à Téhéran ou au
Caire. Arrivé devant le Palais,
pas un brassard en vue, tout
juste un Securitas en guise de
dispositif de sécurité. Une
poignée de manifestants MCG
vocifèrent «Muller démission»,
Eric Stauffer en tête, porte-voix
en action. Juste avant
l’ouverture de la partie officielle,
le patron du MCG débarque
dans les salons et vient serrer la
main d’un président impassible
avec un sonore «Salut Mark!»
Puis il ressort dare-dare pour
reprendre son «Muller
démission» au porte-voix,
directement sous les fenêtres où
celui dont il venait de serrer la
main tient son allocution. Face à
l’affront, le président reste
stoïque, campant dignement son
rôle de premier représentant de
l’Etat. En quittant la
manifestation, je tombe sur un
gendarme, en uniforme et rasé
de près. Je l’aborde: «Vous n’êtes
pas en grève?» Et de me
répondre: «Je suis les
événements de très près, mais je
ne suis pas d’accord avec ce qui
se passe. La population ne
comprend pas que l’on paye un
agent 10 000 fr. par mois pour
qu’il ne porte pas l’uniforme et
ne soit pas soigné.» Avant
d’ajouter: «Avec la criminalité à
Genève, il est important de
«En quittant
la manifestation,
je tombe
sur un gendarme
en uniforme
et rasé de près»
garder son uniforme.» Je prends
congé en le remerciant. Il y avait
de la dignité et du respect dans
son attitude, même si sa
détermination restait entière à
défendre sa profession. Drôle de
vendredi, vraiment, où politique
et force publique ont donné
dans le contraste. A voir si c’est
pour le meilleur ou pour le pire.
Raymond Loretan,
constituant PDC et consultant,
fait partie des 27 experts invités
par la «Tribune de Genève» à
intervenir régulièrement sur
cinq thèmes essentiels pour
l’avenir de Genève: mobilité,
sécurité, région, école et
logement.
Les Meyrinois aiment
vivre dans leur ville
Résultats de la grande
enquête sur l’image
de Meyrin. Les habitants
clarifient leurs attentes
Agréable, propre ou bien défigurée et bruyante? Quelle image at-on de sa ville? En cette fin de
législature, les élus municipaux
cherchent à prendre le pouls de
leurs habitants. Le Conseil administratif de la Ville de Meyrin a une
longueur d’avance. «Usuellement, l’image de Meyrin est façonnée par des leaders d’opinion, politiques ou médiatiques», constate-t-il. Mais qu’en est-il des attentes réelles des Meyrinois? Une
grande a été lancée au printemps
dernier. Le verdict est tombé: les
Meyrinois aiment vivre à Meyrin.
Mandatée par la Ville, cette
étude est une nouvelle illustration
de sa politique de proximité. Elle
cherche à identifier les points de
mécontentement, de satisfaction
mais également les attentes des
habitants. Nicolas Babey, professeur à la Haute Ecole de gestion
Arc, conduit les opérations.
Autour d’un verre de l’amitié, il
vient de révéler les résultats.
Un attachement fort de la population à Meyrin ressort de l’enquête. La ville est perçue comme
belle, avec un environnement naturel de qualité. Les Meyrinois ont
plaisir à y vivre. Ils la décrivent
spontanément comme conviviale,
agréable et accueillante.
Ils estiment les finances publiques et les activités communales
bien gérées. Le coût de la vie leur
paraît donc globalement satisfaisant. La performance des services
administratifs ou encore la très
bonne gestion des déchets rendent Meyrin attractive à leurs
yeux. Aussi plébiscitent-ils également l’offre commerciale ou encore l’encadrement médical. De
plus, à en juger par les résultats
recueillis, Meyrin semble proposer des loisirs culturels variés et de
qualité. L’image d’une villedortoir paraît donc plus que jamais surannée.
Toutefois, l’enquête révèle
aussi des sujets de mécontentement. Sans grande surprise, les
loyers sont perçus comme très
élevés. Mais d’autres faiblesses
sont aussi soulignées. Les transports et la mobilité en général,
l’offre en garderies, la sécurité des
cyclistes et la qualité de l’accueil
hôtelier sont particulièrement
mal notés.
Plus inquiétant, les Meyrinois
insistent sur le manque de logements et d’emplois disponibles
sur le territoire communal. Cependant, la rente de situation géographique de la ville, avec sa
proximité avec Genève, permet
de relativiser ce dernier point.
Un travail d’exégèse est néanmoins indispensable. Ces résultats bruts ne sont interprétables
que par «l’expérience continue»
de Meyrin. Comme le précise le
rapport, «seules les autorités,
ainsi que les habitants, sont en
mesure de faire ce travail». Les
résultats deviennent des pistes de
réflexion qui doivent permettre
aux élus d’anticiper des dysfonctionnements. Le rapport leur recommande donc une gouvernance de type «bottom up» [de
bas en haut]. Ceci devrait permettre à Meyrin d’avoir toujours un
coup d’avance. Alexianne Lamy
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