la france et l`otan

publicité
1
LA FRANCE ET L'OTAN
di dott. Giovanni Di Giacomo
2
A Daniela,
luce che illumina il mio cammino,
a Francesco
fonte d’amore e felicità.
3
Sommario: -1. La France, allié fondateur, investi dès l’origine; -2. La France,
fidèle à ses engagements; -3. Le traité de l’Atlantique Nord; -4. Fonctionnement
et activités de l’alliance; -5. Le nouvel environnement stratégique; -6. Une
relation avec la Russie qui peine à trouver son équilibre; -7. Relations avec
l’union européenne; -8. Coopération avec les états tiers; -9. L’élargissement
géographique de l’Otan; -10. En Bosnie; -11. Au Kosowo; -12. En Afghanistan;
-13. Contribution française aux cycles à venir de la Nato Response Force
4
1.L'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) a été créée au début de
la guerre froide par le traité de Washington, comme l'instrument politique et
militaire de l'alliance transatlantique, conçue et équipée pour empêcher l'invasion
des pays d'Europe occidentale par l'Union soviétique et ses alliés. L'OTAN, loin
de disparaître à la fin de la Guerre froide et après l’effondrement de l’Union
soviétique, s'est élargie à de nouveaux membres et à de nouvelles missions. Tout
en s'èlargissant, l'OTAN a été profondément transformée depuis la fin de la
guerre froide. Son concept stratégique a été modifié pour tenir compte des
innovations de l'environnement stratégique et du développement de nouvelles
menaces pour la sécurité internationale. Les missions de l'OTAN ont été élargies,
en particulier pour inclure la prévention des conflits et la gestion des crises, la
non-prolifération, la lutte contre le terrorisme. Les capacités opérationnelles de
l'OTAN, qui reposent sur les ressources en hommes et en moyens des Etats
membres, ont été transformées pour permettre à l'Organisation de remplir ses
nouvelles missions, l'accent étant mis sur la mobilité et la rapidité du
déploiement de forces d'intervention. L'OTAN a développé des partenariats en
direction de la Russie et d'autres pays de la CEI (Communauté des Etats
indépendants) ainsi qu'avec certains pays de la rive Sud de la Méditerranée.
Enfin, les théâtres d'opérations de l'OTAN ont été élargis d’abord à l'exYougoslavie et aujourd'hui, à l'Afghanistan, avec des forces de stabilisation,
progressivement étendues à l'ensemble du pays.
Les membres de l'Alliance atlantique, anciens et nouveaux, ont manifesté
leur intérêt pour les garanties collectives de sécurité de l'article 5 du traité de
Washington. Les mêmes garanties de sécurité sont désormais prodiguées, pour
eux-mêmes, par les Etats membres de l'Union européenne, dans le cadre de la
politique européenne de sécurité et de défense (PESD), dont le développement a
5
permis la mise en place d'un partenariat et d'une coopération opérationnelle entre
l'UE et l'OTAN (accords dits "Berlin Plus").
Les relations de la France et de l'OTAN, par moments tumultueuses, sont
désormais apaisées. La France est un membre actif et se situe parmi les
principaux contributeurs de ressources militaires à l’OTAN, tout en soutenant
efficacement le développement des capacités de défense de l'Union européenne.
2.Après la signature du traité d’alliance et d’assistance mutuelle, signé entre la
France et la Grande-Bretagne le 4 mars 1947 à Dunkerque, ces deux Etats,
rejoints l’année suivante par les trois pays du Benelux (Belgique, Luxembourg,
Pays-Bas), souhaitent, alors que la guerre froide s’installe, l’ouverture de
discussions transatlantiques, en vue d’obtenir le concours d’autres Etats, et
d’abord des Etats-Unis et du Canada, au profit de la sécurité des Occidentaux.
Elles aboutissent à la signature du traité de l’Atlantique Nord, signé à
Washington le 4 avril 1949, qui institue l’Alliance atlantique. L’article 5 du traité
de Washington définit les termes de l’engagement de défense commune qui est
scellé par la création de l’Alliance. Elle comprend alors dix pays européens
(Belgique, Danemark, France, Islande, Italie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas,
Portugal, Royaume-Uni), les Etats-Unis et le Canada. D’autres pays se joignent à
l’Alliance en 1952 (Grèce, Turquie), en 1955 (République fédérale
d’Allemagne), en 1982 (Espagne).
En 1966, la France a pris la décision de quitter la structure militaire
intégrée(décidé par le général de Gaulle). Cette décision répondait à une logique
politique (la "Détente"), stratégique (refus d’"intégrer" la force de dissuasion) et
militaire (contrôle sur l’engagement de nos forces). Cette décision n’a toutefois
pas empêché le développement d’une coopération militaire entre la France et la
6
structure intégrée (défense aérienne et stationnement de nos forces en
Allemagne). 1
Avec la fin de la guerre froide et le démantèlement du Pacte de Varsovie,
l’élargissement connaît une nouvelle impulsion en 1999 (Pologne, Hongrie et
République tchèque). Enfin, lors du Sommet de Prague (2002), l’OTAN invite
sept nouveaux pays (Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Roumanie, Slovaquie,
Slovénie). Ils deviennent membres à part entière de l’Alliance le 29 mars 2004.
Le Sommet d’Istanbul de juin 2004 est l’occasion, pour l’Alliance, de célébrer la
conclusion de son élargissement aux pays de l’Est de l’Europe, mais également
d’apprécier la mise en oeuvre de l’effort de transformation de l’Alliance engagé
depuis les sommets de Washington (avril 1999) et Prague (novembre 2002), et de
tirer les leçons de la conduite simultanée d’opérations importantes loin du théâtre
euro-atlantique.
3.Tout en réaffirmant le principe du commandement national des forces, les
décisions prises en 1966 n’ont jamais mis en cause l’appartenance de la France à
l’Alliance atlantique. Elles ont d’ailleurs été accompagnées d’accords particuliers
permettant de garantir la pérénité des engagements souscrits au titre du traité de
Washington et notamment de l’article 5. Cette solidarité s’est également
manifestée lors de la décision de déployer des missiles de portée intermédiaire au
début des années 1980. Puis en 1983, s’est tenue en France une réunion
ministérielle du Conseil atlantique.2
A partir de 1995, la participation résolue de la France aux opérations de
l’OTAN en ex-Yougoslavie, approfondit sa relation avec les instances militaires
de l’Alliance, qui engage de son côté l’adaptation de sa stratégie et de son
1
2
ZORGBIBE , Histoire de l’Otan , ed. Complexe, Bruxelles, 2002, p.37.
DUMOULIN, France-Otan:vers un rapprochement doctrinal?, ed. Bruylant, Bruxelles, 2006, p.15.
7
organisation pour faire face à la gestion des crises. La France, désormais présente
lors des réunions des ministres de la défense, siège au Comité militaire et
"insère" des officiers au quartier général des forces alliées en Europe (SHAPE),
dans les états-majors de niveau opératif et dans certains organismes du
commandement pour la transformation.3
Par sa participation à toutes les instances de décision de l’Alliance (Conseil
de l’Atlantique Nord, Comité militaire, Etat-major international notamment),
sous réserve de celles traitant de la planification de défense et des armes
nucléaires, la France est un acteur majeur des décisions de l’OTAN. En
particulier, elle a activement participé à la définition du processus d’adaptation
de l’organisation, tout en contribuant de façon très significative aux forces
constituées dans les Balkans et en Afghanistan.
Attachée au contrôle politique exercé par le Conseil de l’Atlantique Nord, où
prévaut la règle de l’unanimité, la France figure aux premiers rangs des
contributeurs de l’OTAN en termes de budget (5ème contributeur) et d’effectifs
dans les opérations (2ème contributeur en février 2005 avec 17% des effectifs de
l’OTAN engagés en opérations).
L’article 5 du traité se réfère au droit de légitime défense collective reconnu par
la Charte des Nations-Unies. Il stipule qu’une attaque armée contre l’un ou
plusieurs des membres de l’OTAN sera considéré comme une attaque dirigée
contre eux tous. L’OTAN a mis en œuvre l’article 5, pour la première fois de son
histoire, à la suite des attaques terroristes du 11 septembre 2001.
3
Revues, questions internationales n 23, les Balkans et l’Europe, janvier- février 2007, p.128.
8
Aux termes du traité, les pays membres s’engagent à maintenir et à accroître
leurs capacités de défense. Le traité prévoit aussi un cadre permettant aux pays
membres de se consulter chaque fois que l’un d’eux estimera que sa sécurité sera
menacée.
L’admission de nouveaux membres est prévue par l’article 10 qui précise
que tout autre Etat européen susceptible de favoriser le développement des
principes du traité et de contribuer à la sécurité de la région de l’Atlantique nord
pourra être invité à accéder au traité. Les dirigeants de l’Alliance ont indiqué
qu’à l’avenir, la porte resterait ouverte à d’autres pays.
4.A l’OTAN même, des comités sont chargés des consultations politiques, des
plans et des opérations de défense et, entre autres, de la coopération en matière
d’armements. Ils recommandent des mesures au Conseil de l’Atlantique Nord
(CAN), la plus haute instance de prise de décisions de l’Organisation, ou au
Comité des Plans de Défense (DPC), qui est compétent pour les questions
concernant la structure militaire intégrée de l’OTAN. Les décisions sont prises
par consensus.
5.La stratégie de l'OTAN est initialement formulée sous le nom de "Concept
stratégique pour la défense de la zone de l'Atlantique Nord". Elaboré entre
octobre 1949 et avril 1950, ce concept expose une stratégie d'opérations de
grande envergure pour la défense de territoires. Au milieu des années 50 est
établie la stratégie des "représailles massives". L'accent y est mis sur la
dissuasion, l'OTAN menaçant de riposter à toute agression contre ses pays
membres par tous les moyens à sa disposition, dont, en particulier, les armes
nucléaires. A partir de 1967, après de nombreux débats au sein de l'Alliance, les

Revues, La France et sa défense n 321 Mai 2006, p.27.
9
«représailles massives» sont remplacées par la stratégie de la "riposte graduée",
offrant à l'OTAN les avantages de la souplesse quant à la riposte de l'OTAN en
cas de menace pour la souveraineté ou l'indépendance de l'un quelconque de ses
pays membres.
Les profondes mutations que l’Europe a connues dans les années 90 ont conduit
l’Alliance à s’adapter au nouvel environnement stratégique. Cette adaptation
s’est notamment manifestée par l’adoption d’un nouveau concept stratégique lors
du Sommet de Washington, en avril 1999. Ce document prévoit qu’afin de
renforcer la sécurité et la stabilité de la région euro-atlantique, l’Alliance devra
se tenir prête, au cas par cas, et par consensus, à contribuer à la prévention
efficace des conflits et à s’engager activement dans la gestion des crises, y
compris des opérations de réponse aux crises.
Lors du Sommet de Prague (novembre 2002), les chefs d’Etat et de
gouvernement ont décidé de se doter de nouvelles capacités. Ils ont souhaité
d’une part transformer l’Alliance à travers la création d’une force de réaction
rapide (la Nato Response Force, NRF) et la réforme de la structure de
commandement de l’OTAN : établissement d’un commandement chargé de
toutes les opérations à Mons (SHAPE) et d’un commandement chargé de la
transformation des forces à Norfolk (ACT)
6.Dès la fin de la guerre froide, il est apparu que le processus d’élargissement
devait avoir pour corollaire la mise en place d’une relation étroite entre l’OTAN
et la Russie, afin d’éviter que ne se développe, chez cette dernière, un sentiment
d’isolement ou, a fortiori, d’affaiblissement de sa sécurité.
En 1991, la Russie a adhéré au Conseil de coopération nord atlantique,
devenu depuis Conseil de partenariat euro-atlantique. Mais l’élément majeur de
10
cette nouvelle relation est intervenu le 27 mai 1997 avec la signature de l’Acte
fondateur sur les relations, la coopération et la sécurité mutuelles entre la
Fédération de Russie et l’OTAN.
L’Acte fondateur OTAN-Russie de 1997 a clairement affirmé que les deux
parties ne se considèrent pas comme des adversaires et a établi des mécanismes
de consultation et de coopération. L’OTAN s’est engagée à ne pas déployer
d’armes nucléaires sur le territoire des nouveaux pays membres. Elle a par
ailleurs précisé qu’elle privilégierait l’intégration et l’interopérabilité des
capacités militaires de préférence au stationnement permanent de forces de
combat supplémentaires en Europe. L’Acte fondateur s’est accompagné de la
création d’un Conseil conjoint permanent OTAN-Russie, instance de
consultation compétente pour évoquer les questions d’intérêt commun entre les
deux parties.
Les relations OTAN-Russie ont connu une crise aiguë en 1999, lors de
l’intervention au Kosovo à laquelle Moscou s’était opposée aux Nations unies.
Les premières années de la présidence Poutine ont en revanche marqué un
réchauffement des relations, en grande partie lié à celui des relations américanorusses, dont la manifestation la plus symbolique fut le soutien apporté aux EtatsUnis le jour même des attaques terroristes du 11 septembre 2001. Dans les mois
qui ont suivi, et malgré le retrait unilatéral américain du traité ABM (Anti
Ballistic Missiles) fin 2001, un véritable partenariat stratégique entre la Russie et
les Etats-Unis s’est établi, avec en point d’orgue la conclusion du traité de
Moscou sur la réduction mutuelle des arsenaux nucléaires le 24 mai 2002.
Dans ce contexte favorable intervenait quatre jours plus tard, le 28 mai 2002
à Rome, la création du Conseil OTAN-Russie, enceinte dans laquelle Moscou

GROSSER, La guerre froide,ed. Documentation française, Paris, 2007, pp. 60-64.
11
siège sur un pied d’égalité avec chacun des 26 pays de l’Alliance et qui vise à
l’associer plus étroitement aux activités de l’OTAN.
Par ailleurs, la Russie a fourni des troupes pour les opérations de l’OTAN dans
les Balkans et participe à l’opération alliée de surveillance maritime Active
endeavour en Méditerranée, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Le
Conseil OTAN-Russie place cette dernière dans une situation de partenaire
privilégié, puisqu’il s’agit d’un cadre de dialogue politique et de coopération sans
équivalent pour d’autres pays. Les alliés comme la Russie se disent très attachés
à ce partenariat stratégique, mais celui-ci traverse de nouveau aujourd’hui une
passe difficile. Ici encore, l’état des relations américano-russes se répercute
directement sur l’atmosphère du dialogue avec l’OTAN.
7.L’Union européenne et l’OTAN ont conclu un partenariat stratégique dans le
cadre de la gestion des crises (« Berlin Plus »), qui permet l’accès de l’Union
européenne aux moyens et capacités collectifs de l’Alliance.
L’Union a eu recours aux moyens de l’OTAN dans l’Ancienne République
Yougoslave de Macédoine (opération « Concordia » en 2003) ; elle y a
actuellement recours dans le cadre de la relève de la SFOR en BosnieHerzégovine. L’Union européenne peut également planifier et conduire des
opérations autonomes, avec ses propres moyens (opération « Artémis » en
République Démocratique du Congo, à l’été 2003).
8.L’Alliance met en oeuvre une coopération avec de nombreux pays tiers.
L’élément central de cette démarche est le programme du Partenariat Pour la
Paix (PPP), qui assure le développement de la coopération entre les membres de

BUFFOTOT, La défense en Europe, Avancées et limites, ed. Documentation française, Paris 2005, pp. 181.
12
l’OTAN et leurs 20 pays partenaires d’Europe orientale et balkanique, ainsi que
de l’ancienne URSS.
L’Acte fondateur de 1997 a organisé un dialogue privilégié entre l’OTAN et
la Russie. Le Sommet de Rome (mai 2002) a consacré ces nouvelles relations,
grâce à la création d’un Conseil OTAN-Russie (COR) et à l’élargissement des
domaines de coopération.
Depuis 1997, l’OTAN entretient avec l’Ukraine un dialogue intensifié au
sein de la Commission OTAN/Ukraine, dans le cadre d’une charte de partenariat
spécifique. Cette Charte est centrée sur la coopération militaire et la réforme de
défense. Un plan d’action OTAN/Ukraine a été approuvé à Prague. Outre le plan
d’action pour l’année 2005, un « dialogue intensifié » a été engagé en avril, à la
réunion ministérielle de Vilnius, sur une perspective d’adhésion de l’Ukraine à
l’Otan et les réormes nécesaires à cette fin dans ce pays.
Un programme de coopération spécifique avec sept pays du pourtour
méditerranéen (Algérie - depuis 2000 -, Egypte, Israël, Jordanie, Mauritanie,
Maroc et Tunisie) a été mis en place en 1994 et a été renforcé l’année dernière.
Le Sommet d’Istanbul a également proposé aux pays du Moyen-Orient la mise
en place de coopérations avec l’OTAN, « l’Initiative de Coopération
d’Istanbul ». Similaire au Dialogue méditerranéen, cette initiative est destinée
principalement aux pays du Golfe. Le Koweït, Bahreïn et Qatar ont
officiellement confirmé leur participation à cette initiative. 
9.Article 10 du Traité de l’Atlantique nord "Les Parties peuvent, par accord
unanime, inviter à accéder au Traité tout autre Etat européen susceptible de

LARAT, Histoire politique de l’intégration européenne, ed. La Documentation française, Paris,
2003, pag 115-128.
13
favoriser le développement des principes du présent Traité et de contribuer à la
sécurité de la région de l'Atlantique Nord".
"L'élargissement est l'une des priorités de l'Alliance. Le Concept stratégique
de l'Alliance, approuvé par les chefs d'État et de gouvernement à la réunion du
Conseil de l'Atlantique Nord de Washington, en avril 1999, précise : "L'Alliance
reste ouverte à l'adhésion de nouveaux membres conformément à l'article 10 du
Traité de Washington. Elle compte, dans les années à venir, lancer des nouvelles
invitations à des pays désireux et capables d'assumer les responsabilités et les
obligations liées au statut de membre, et dès lors que l'OTAN aura déterminé que
l'inclusion de ces pays servirait les intérêts politiques et stratégiques généraux de
l'Alliance, accroîtrait son efficacité et sa cohésion, et renforcerait la sécurité et la
stabilité européennes en général."
De plus selon le Concept "aucun pays européen démocratique dont
l'admission répondrait aux objectifs du Traité ne sera exclu du processus
d'examen". L'élargissement s'accompagne d'autres programmes et activités de
l'OTAN, parmi lesquels le Conseil de partenariat euro-atlantique (CPEA), le
Partenariat pour la paix (PPP), les partenariats spécifiques avec la Russie,
l'Ukraine et d'autres organisations (et avant tout l'OSCE, mais aussi l'Union
européenne). L'élargissement à l'Est peut promouvoir la stabilité et la sécurité en
Europe de diverses façons : par exemple, la perspective réelle d'entrer dans
l'Alliance peut inciter des pays à opter pour la démocratisation, régler leurs
différends frontaliers et résoudre les problèmes ethniques.
Les principes élémentaires sous-tendant la poursuite de l'élargissement sont
ceux qui figurent dans l’Etude sur l’élargissement de l’OTAN de 1995 consacrée
à la question : le choix des pays candidats doit se fonder sur leurs "lettres de
créance" démocratiques, leur aptitude à œuvrer à la sécurité collective de
14
l'OTAN et la contribution que leur adhésion apporte à la sécurité et à la stabilité
de la zone euro-atlantique.
10.Engagée dans le processus de maintien de la paix en ex-Yougoslavie depuis
l’origine du conflit dès 1992, où plus de 80 de ses soldats ont trouvé la mort, la
France prend une part décisive à la force de protection des Nations
Unies
(Forpronu).
A partir de 1995-1996, après la mise en place de la force de réaction rapide pour
laquelle la France a pris des initiatives spécifiques, et les accords de DaytonParis, la France, dans le cadre de la force de l’OTAN (SFOR), y déploie en
moyenne 7500 hommes (9000 en 1995, lors de la mise en place de la force de
réaction rapide). Depuis le 2 décembre 2005, une opération de l’UE (Althéa) a
pris la relève de la SFOR de l’OTAN en Bosnie-Herzégovine. Le niveau des
effectifs de la SFOR a été maintenu (6.600 personnels). L’Union a eu recours,
pour cette relève aux moyens collectifs de l’OTAN dans le cadre des accords de
« Berlin Plus ». La force européenne a pour mission d’assurer la stabilisation de
la Bosnie et de garantir le respect des accords de Dayton/Paris. Althéa déploie
une force militaire robuste, de même niveau que celle de l’OTAN, destinée à
dissuader la reprise de violences ou d’affrontements armés et à assurer le respect
des dispositions militaires de Dayton.
11.Après avoir dirigé la force d’extraction (FE) des observateurs de
l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), constituée en
novembre 1998 en Macédoine, la France accueille le Sommet de Rambouillet le
4 février 1999 et organise, à Paris, les ultimes phases de négociation. L’échec de
ce processus de règlement négocié de la crise, conduit l’Alliance à mettre en


CHARILLON, Les champs de Mars, ed. La Documentation française, Paris, 2004, pag 29-30.
MALCOLM, Storia della Bosnia. Dalle origini ai giorni nostri, ed. Bompiani, Milano, 2000, p.18.
15
oeuvre les plans devant obtenir le retrait de l’armée serbe du territoire du Kosovo
et le retour des populations déplacées par la contrainte. La KFOR a été mise en
place en 1999 par la résolution 1244 du Conseil de sécurité. Elle comptait à
l’origine près de 50.000 personnels.
Avec environ 17.000 personnels, cette force a pour mission d’établir et de
maintenir un environnement stable et sécurisé au Kosovo et d’assister la mission
des Nations-Unies (MINUK). Les moyens mis en oeuvre par la France sur ce
théâtre, entre mars 1999 et la résolution 1244 auront été conséquents. L’armée de
l’air et l’aéronavale, particulièrement sollicitées, ont réalisé 10% des missions de
combat et 20% des missions de reconnaissance et de renseignement. En juin
1999, les militaires français feront partie des premières troupes à pénétrer sur le
territoire du Kosovo où la France se verra attribuer le commandement de l’une
des quatre brigades de la Kosovo force (KFOR). Forte de 18 000 hommes, issus
de plus de 35 pays, cette dernière est actuellement placée sous le commandement
du général français de Kermabon. Elle a déjà été commandée entre octobre 2001
et octobre 2002 par un officier français, le général Valentin.
12.La
Force
internationale
d’assistance
à
la
sécurité
(FIAS),
sous
commandement OTAN depuis août 2003, a pour mission, sous mandat du
Conseil de sécurité, d’aider le gouvernement afghan à promouvoir la sécurité à
Kaboul et dans ses environs. Initialement mise en place dans la capitale afghane,
elle a été déployée au Nord de l’Afghanistan (décision prise au Sommet
d’Istanbul). Les Alliés ont récemment entériné son extension à l’Ouest (Hérat).
Ils ont aussi examiné les possibilités de synergies entre la FIAS et l’opération
"Liberté immuable", sous commandement américain (à laquelle la France


SCISO, L’Intervento in Kosovo aspetti internazionalistici e interni, ed. Giuffrè, Milano, 2001, p.204.
BIANCHIERI, Il nuovo disordine globale, ed. Egea, Milano, 2002, p.63.
16
participe également), déployée à l’ouest et dans le sud du pays. Sur le théâtre
afghan, et après que l’Alliance a invoqué, pour la première fois de son histoire,
l’article 5 du traité de Washington, la participation française à la lutte contre le
terrorisme s’articule autour d’une gamme d’actions qui vont des opérations
planifiées et conduites directement avec les Etats-Unis dans le cadre de
l’opération "Enduring Freedom", à laquelle la France a participé dès novembre
2001, jusqu’à la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS), à laquelle
la France contribue continuellement depuis sa création.
Des actions de formation de l’armée nationale sont également menées
auprès de plusieurs bataillons afghans aux côtés des unités britanniques et
américaines : les unités françaises ont formé 1.800 soldats afghans de juin 2002 à
janvier 2003 et 1.700 cadres de l’armée afghane en 2003 et 2004. Les différents
déploiements de Manas, Douchambé, Kaboul, et dans l’océan Indien auront
impliqué jusqu’à 4.500 militaires français en 2002. Un détachement de 200
hommes des forces spéciales agit aux côtés des forces américaines dans la lutte
contre les réseaux terroristes. Placée depuis juillet 2004 sous le commandement
du corps européen, la FIAS compte 6.300 hommes, issus de 37 pays. Elle était
commandée par le général français Jean-Louis Py, commandant du corps
européen, jusqu’en février 2005. Le commandement de la brigade multinationale
de Kaboul est assuré depuis juillet 2004 par la brigade franco-allemande.
13.Les forces armées françaises vont continuer de participer activement aux
cycles de rotation de la NRF. La France contribuera avec des capacités rares pour
apporter à la force la valeur opérationnelle nécessaire à son emploi dans les
opérations du futur.
17
Parmi ses moyens seront notamment impliqués : les moyens d’alerte
avancés, le porte-avions "Charles-de-Gaulle" et son groupe aéronaval, les
bâtiments de projection et de commandement (BCP), les moyens aériens de
frappe dans la profondeur, les moyens de frappe avec précision, les hélicoptères
de manoeuvre, les moyens de protection des forces et les forces spéciales.
Par ailleurs, la France a décidé de contribuer aux moyens de
commandement de la NRF dans les trois domaines terrestre, maritime et aérien.
Les grands états-majors de forces ont commencé leur mutation et, dès la NRF 5,
en juillet 2005, l’armée de l’air assumera les responsabilités de commandement
de la composante aérienne de la NRF. La marine nationale va disposer d’un étatmajor multinational de composante maritime embarqué. Au sein de l’état-major
de composante terrestre, au moment de l’obtention de sa pleine capacité
opérationnelle, seront intégrés quatre-vingt officiers de douze nations pour un
effectif global de 400 personnes.
14.Bibliographie
• BIANCHIERI B., Il nuovo disordine globale, ed. Egea, Milano, 2002, p.
63.
• BUFFOTOT P., La défense en Europe, Avancées et limites, ed.
Documentation française, Paris 2005, pag 181.
•
CHARILLON F., Les champs de Mars, ed. La Documentation française,
Paris, 2004, pag 29-30
•
DUMOULIN A., France-Otan:vers un rapprochement doctrinal?, ed.
Bruylant, Bruxelles, 2006, p.15.

Revues, La France et sa défense, op. cit., p.73.
18
• GROSSER P., La guerre froide,ed. Documentation française, Paris, 2007,
pp. 60-64
• LARAT F., Histoire politique de l’intégration européenne, ed. La
Documentation française, Paris, 2003, pag 115-128.
• MALCOLM N., Storia della Bosnia. Dalle origini ai giorni nostri, ed.
Bompiani, Milano, 2000, p.18
• Revues, La France et sa défense n.321 Mai 2006, p.27 ss.
•
Revues, questions internationales n.23, les Balkans et l’Europe, janvierfévrier 2007, p.128 ss.
• SCISO E., L’Intervento in Kosovo aspetti internazionalistici e interni, ed.
Giuffrè, Milano, 2001, p.204.
•
ZORGBIBE C., Histoire de l’Otan , ed. Complexe, Bruxelles, 2002, p.37.
Téléchargement