Troisième titre.
Protection des convertis et amitié spirituelle
. Si les Indiens, qu'il
s'agisse des chefs ou du peuple, empêchent les chrétiens
d’énoncer librement l'Évangile, les Espagnols, après s'être
expliques afin d'éviter le scandale, peuvent prêcher contre
leur volonté et travailler à la conversion du peuple. Et, si
cela   est   nécessaire   pour   y   parvenir,   il   est   licite   qu'ils
acceptent   ou   imposent   la   guerre,   jusqu'à   ce   qu'on   leur
donne la  possibilité  de prêcher   librement l'Évangile  du
Christ.   Il   en   va   de   même   si,   tout   en   permettant   la
prédication, les Indiens empêchent la conversion en tuant
ou en maltraitant les convertis au Christ.
Quatrième titre.
Pouvoir indirect du Pape sur les convertis
Un autre titre pourrait être celui-ci : si une
grande   partie   des   Indiens   s’étaient   convertis   au
Christ, par des moyens justes ou injustes ― c’est-à-
dire en employant la terreur ou les menaces, et en ne
respectant   aucun   droit   ―,   s’i1s   sont   vraiment
chrétiens,   le   pape   pourrait,   pour   une   cause
raisonnable,   ou   à   leur   demande,   leur   donner   des
princes chrétiens et déposer les infidèles.
Cinquième titre.
Le droit d’intervention pour raison d'humanité.
Un autre titre pourrait être invoqué à cause
de la tyrannie des chefs indiens eux-mêmes ou des
lois   iniques   et   inhumaines,   qui   permettent,   par
exemple, de sacrifier des hommes innocents ou de
les tuer pour les manger, etc. J'affirme que, même
sans l'autorisation du pape, les Espagnols peuvent
éloigner les Indiens de toute coutume néfaste, car ils
peuvent défendre 1’innocent d’une mort injuste.
Sixième titre.
Vérité et libre-choix volontaire
Un sixième titre pourrait être invoqué. Il se
fonderait sur le choix véritable et libre. Supposons
que les Indiens, aussi bien les chefs que leurs sujets,
reconnaissant le prudent gouvernement et l’humanité
des Espagnols, veuillent accepter désormais le roi
d’Espagne comme prince. Cela serait possible et ce
serait un titre légitime, voire de droit naturel.
Tout État, en effet, peut se donner un chef. Le
consentement de tous ne serait pas nécessaire, celui
de la majorité suffirait.