CELLULES RÉGULATRICES EN NÉPHROLOGIE ET TRANSPLANTATION RÉNALE 167
d’immunothérapie anti-tumorale. Les cellules régulatrices seraient recrutées au siège
de la tumeur par la chimiokine CCL22 (MDC), dont elles expriment le récepteur
CCR4 [27]. Des cellules dendritiques immatures sécrétant du TGF-β favoriseraient
leur expansion préférentielle entravant la réponse cytotoxique [32]. L’efficacité
d’une déplétion de ces cellules par anticorps anti-CD25, anti-CTLA-4 et anti-GITR
[50] dans le traitement de cancers murins ouvre des perspectives thérapeutiques fas-
cinantes. Des protocoles similaires, associés ou non à une vaccination anti-tumorale,
sont à l’étude chez l’homme, notamment dans le traitement du mélanome [51].
CELLULES RÉGULATRICES EN NÉPHROLOGIE
Atteinte rénale au cours du syndrome IPEX
Les néphropathies développées au cours de l’IPEX ont été décrites par R. Habib
au début des années 1990 [52]. Le syndrome est alors surtout caractérisé par son
atteinte digestive, constante et souvent révélatrice, l’entéropathie auto-immune [53].
C’est seulement dix ans plus tard que l’identification d’une mutation du gène
FOXP3 dans la forme sévère liée à l’X, la plus fréquente, permet de définir un sous-
groupe de patients, atteints du syndrome dénommé IPEX [53]. L’entéropathie auto-
immune se définit par une entérite diffuse touchant grêle et côlon, la résistance au
régime sans gluten et l’incidence élevée de maladies auto-immunes associées. La
présence d’anticorps anti-entérocytes reflète la nature auto-immune de l’affection.
L’atteinte rénale est fréquente et certainement très sous-estimée au cours de l’IPEX,
occultée par le sévérité de la présentation [39]. Deux types de néphropathies, asso-
ciées ou non, sont décrites : des néphrites tubulo-interstitielles révélées par un syn-
drome de Fanconi, et des glomérulonéphrites extramembraneuses (tableau I [52]).
Lorsque le sérum est étudié en immunofluorescence indirecte sur coupe de rein
normal, il contient toujours un anticorps dirigé contre les cellules tubulaires proxi-
males et /ou un constituant de la membrane basale tubulaire. L’adsorption du sérum
sur une coupe digestive négative parfois la fluorescence sur le rein, suggérant un
déterminant antigénique commun. Certaines cibles antigéniques ont été purifiées
dans les lysats de membrane basale tubulaire et cellules épithéliales (tubulaires et
villositaires). On compte parmi elles des protéines de 75 [54], 58 et 55 kDa. L’auto-
anticorps dirigé contre l’AIE-75, est spécifique des entéropathies auto-immunes
compliquées d’atteinte rénale [54]. Cette protéine est distribuée de façon prédomi-
nante sur les cellules épithéliales de la lumière digestive et tubes rénaux proximaux.
L’observation d’une jeune femme, prise en charge pour une insuffisance rénale
associée à un syndrome de Fanconi complet, nous a permis de caractériser le pre-
mier cas de déficit sévère en cellules régulatrices Foxp3+ non lié à une mutation
du gène FOXP3 [55]. Issue d’une famille consanguine, cette jeune femme était
suivie depuis l’âge de 10 ans pour un désordre immunitaire associant infections
récidivantes et syndrome poly-auto-immun. Révélée par une érythroblastopénie,
la maladie s’est manifestée successivement par une gastrite, un vitiligo, une enté-
ropathie auto-immune, une hépatite et enfin une néphrite tubulo-interstitielle.
L’auto-anticorps anti-AIE75 était présent, confirmant la réactivité du sérum de la
patiente avec les bordures en brosse des cellules tubulaires proximales et villositaires