CELLULES RÉGULATRICES EN NÉPHROLOGIE ET TRANSPLANTATION RÉNALE par J. ZUBER*, S. CANDON**, F. FAKHOURI***, E. THERVET* et Ch. LEGENDRE* Longtemps controversée, l’existence des cellules T suppressives a été réétablie au milieu des années 1990 sous la dénomination de lymphocytes T régulateurs. Au cours de ces dernières années, elles ont fait l’objet d’un nombre exponentiel de publications reflétant l’enthousiasme suscité. La raison de cet engouement est double ; d’une part il témoigne d’une avancée très importante dans la compréhension du contrôle de la réponse immunitaire adaptative, d’autre part l’espoir d’une manipulation sélective de cette sous-population lymphocytaire ouvre des perspectives fascinantes en thérapeutique humaine. Ce chapitre n’abordera que les cellules régulatrices dites canoniques, définies par le phénotype CD4+CD25fort et par l’expression du gène FOXP3, auxquelles a été consacrée la grande majorité des travaux. CELLULES RÉGULATRICES Foxp3+ Généralités En 1995 une population lymphocytaire CD4+CD25fort, pourvue de propriétés régulatrices, est décrite chez la souris [1]. Un contingent similaire est identifié quelques années plus tard chez l’homme [2]. L’expression de la molécule CD25 (chaîne α du récepteur de l’IL-2) n’est pas spécifique des lymphocytes régulateurs, car elle est partagée du moins transitoirement par tout lymphocyte T activé. La molécule de co-stimulation inhibitrice CTLA-4, le TGF-β membranaire, le récepteur GITR, * Service de Transplantation rénale, Hôpital Necker-Enfants malades ; ** Université René Descartes, Paris 5, Service d’Immunologie Biologie et unité INSERM U580, Hôpital Necker-Enfants malades ; *** Service de Néphrologie, Hôpital Necker-Enfants malades, Paris. FLAMMARION MÉDECINE-SCIENCES — ACTUALITÉS NÉPHROLOGIQUES 2006 (www.medecine.flammarion.com) 164 J. ZUBER ET COLL. la neuropiline 1 et l’intégrine CD103 sont également exprimés par cette population, mais n’en sont pas plus spécifiques. L’identification récente du gène FOXP3, qui est électivement exprimé par cette population constitue donc un progrès décisif pour sa caractérisation et son étude [3-6]. Les mécanismes immunomodulateurs sous-tendus par le facteur de transcription Foxp3 ne sont que partiellement élucidés, mais il semblerait qu’il ait la capacité de se lier à certains composants de la famille Rel, tels que NFAT et NFκB, et d’en inhiber l’activité transcriptionnelle (IL-2, IL-4, IFN-γ) [7]. Le rôle physiologique des cellules régulatrices CD4+CD25fort et leurs implications en pathologie sont multiples. Elles ont d’abord été impliquées dans le contrôle des lymphocytes réactifs aux antigènes du soi [1] et à la flore bactérienne du tube digestif [8]. Elles participent au maintien homéostatique des différents compartiments lymphocytaires T [9-11] et B [12]. Elles contribuent enfin à la modulation de réponses immunitaires aussi diverses que celles rencontrées en transplantation allogénique [13], au cours de la grossesse [14], de la réponse antitumorale [15], de l’allergie [16], et des infections [17]. Ontogénie et homéostasie des cellules régulatrices CD4+CD25fort Foxp3+ (fig. 1) En situation physiologique, l’export thymique contribue majoritairement à la constitution du compartiment lymphocytaire périphérique Foxp3+. Il a récemment été montré que l’orientation de thymocytes humains vers la lignée des cellules T régulatrices est déterminée par leur interaction avec les cellules dendritiques des corpuscules de Hassall [18]. Ces dernières, activées au contact de l’épithélium médullaire par la molécule TSLP, présentent le complexe HLA-peptide et expriment fortement les molécules CD80 / CD86. Elles permettent ainsi l’engagement du TCR et de la molécule CD28 du thymocyte, condition indispensable à l’ontogénie de la cellule régulatrice Foxp3+ [19]. L’importance du signal transmis par le TCR est confortée par le déficit spécifique en cellules régulatrices observé chez les animaux déficients pour un des composants de la voie de signalisation de NFκB en aval du TCR (PKC-θ-/-, BCL-10-/-, IKK2-/-) [20]. Les signaux impliqués dans l’homéostasie de la population régulatrice en périphérie (rate, ganglion) sont moins bien connus. Ils semblent dépendre de la sécrétion d’IL-2 par les autres lymphocytes [21, 22], ainsi que d’interactions entre le TCR des cellules régulatrices et leur ligand antigénique [23]. L’engagement de la molécule de co-signal CD28 de la cellule régulatrice par son ligand B7 est également indispensable à son maintien en périphérie [24]. Adressage, expansion et mode d’action (voir fig. 1) La compréhension des mécanismes déterminant l’adressage des cellules régulatrices est un enjeu majeur dans une perspective de modulation thérapeutique de la réponse suppressive. Le couple chimiokine-récepteur CCL21/CCR7 et l’expression de la molécule CD62L sont nécessaires à l’entrée de la cellule régulatrice dans le ganglion drainant [25], passage requis à son expansion. Le récepteur CCR4, exprimé constitutivement par la population CD4+CD25fort Foxp3+ [26], a montré son importance dans la réponse à l’effet chimiotactique de la molécule CCL22 CELLULES RÉGULATRICES EN NÉPHROLOGIE ET TRANSPLANTATION RÉNALE THYMUS IL-2 Cortex CD28 TSLP 165 Corpuscule d’Hassall Foxp3 AUTO-IMMUNITÉ TCR REJET RÉPONSE ANTIINFECTIEUSE EFFICACE CD62L médullaire Foxp3 CCR7 LTFoxp3 Foxp3 LT LT CCL19/21 TUBE DIGESTIF LT LT LT IL-10 CD103 Foxp3 CD103 CCR9 Foxp3 TGF-β α4β7 TGF-β TUMEUR GREFFE TOLÉRÉE LT CCR4 Foxp3 CCL22 Foxp3 LT LT LT CD pro-inflammatioire Foxp3Foxp3 Foxp3 CD CD103 – Foxp3 LT Foxp3Foxp3 Foxp3 Foxp3 CTLA-4 CD Tolérogène GANGLION FIG. 1. — Ontogénie thymique et circulation périphérique des cellules régulatrices CD4+CD25fort Foxp3+. Abréviations : CD, cellules dendritiques ; LT, lymphocytes T. (MDC). Cet axe chimiotactique est notamment associé au recrutement préférentiel des cellules Foxp3+ dans le carcinome de l’ovaire chez l’homme [27] et dans un modèle de tolérance allogénique chez la souris [28]. Enfin, l’intégrine CD103 (αEβ4), exprimée par les cellules Foxp3+, permet leur rétention dans les épithéliums, en particulier cutané et digestif [8, 29]. In vivo, les capacités de prolifération et d’expansion des cellules régulatrices sont très importantes, contrastant avec les observations d’anergie in vitro [30, 31]. La prolifération est spécifique d’antigène et siège dans le ganglion drainant. Certaines cellules dendritiques, activées en milieu pro-inflammatoire, sont capables de faire proliférer les cellules régulatrices tout en annihilant leur effet suppressif [30]. D’autres au contraire, immatures et exprimant le TGF-β, favorisent la réponse suppressive en soutenant électivement leur expansion [32]. La capacité à stimuler la réponse suppressive, sans activer la réponse effectrice, constitue sans doute une des propriétés fondamentales des cellules dendritiques dites tolérogènes. Les mécanismes de suppression de la cellule régulatrice Foxp3+ sont pluriel. In vitro, ils sont exclusivement dépendant d’un contact cellulaire et reposent sur l’effet immunomodulateur des molécules CTLA-4 et TGF-β [33]. Une des conséquences fonctionnelles majeures de l’effet suppressif est l’inhibition de la sécrétion d’IL-2 par les cellules effectrices [34]. Par ailleurs, la molécule CTLA-4 agit en induisant l’expression de l’enzyme indoléamine 2,3 di-oxygénase (IDO) dans la cellule présentatrice d’antigène (CPA) [35]. L’IDO consomme le tryptophane 166 J. ZUBER ET COLL. essentiel à la prolifération lymphocytaire. Un mode d’action impliquant une interaction directe avec la cellule effectrice a également été démontré [36]. Enfin, in vivo, la sécrétion d’IL-10 par la cellule régulatrice, lui confère un effet suppressif à distance (effet by-stander) [10]. Rôle des cellules régulatrices en pathologie humaine CAS PARTICULIER DU SYNDROME IPEX Le syndrome IPEX (immune dysregulation polyendocrinopathy enteropathy X-linked) qui affecte exclusivement les garçons est lié à une mutation du gène FOXP3, situé sur le chromosome X [37]. Celui-ci est spontanément muté chez la souris Scurfy dont les symptômes miment la maladie humaine [38]. Le rôle déterminant du gène FOXP3 dans le développement et la fonction des cellules régulatrices suggère l’absence de ces cellules chez les enfants IPEX comme chez leur homologue murin [3, 4]. À cet égard les manifestations cliniques du syndrome IPEX illustrent la situation caricaturale d’un déficit complet en cellules régulatrices Foxp3+. Révélée dans les premiers mois de vie, la maladie se traduit classiquement par une maladie inflammatoire de l’intestin responsable d’une diarrhée profuse, un diabète, une thyroïdite, et autres maladies auto-immunes, auxquelles s’associent souvent des manifestations atopiques (eczéma, hyper-IgE) et plus rarement un syndrome lymphoprolifératif [39]. L’évolution est rapidement fatale en l’absence de traitement par allogreffe de moelle [40], alternative à un traitement immunosuppresseur lourd [39]. RUPTURE DE TOLÉRANCE Bien sûr, la plupart des maladies auto-immunes ne répondent pas à une équation monogénique aussi simple que celle du syndrome IPEX et s’inscrivent plus volontiers dans un contexte multifactoriel, polygénique et environnemental. Néanmoins, il est possible qu’un déficit partiel, quantitatif ou fonctionnel, des cellules régulatrices participent à la physiopathologie de diverses maladies auto-immunes. Ainsi, un déficit des capacités fonctionnelles des cellules suppressives a été mis en évidence dans le syndrome poly-auto-immun glandulaire de type II [41], la polyarthrite rhumatoïde [42], la sclérose en plaques [43] et la myasthénie associée aux thymomes [44]. La défaillance de cette population est enfin impliquée dans les manifestations atopiques précoces [45] et les entéropathies inflammatoires [46]. GAIN DE TOLÉRANCE Si l’acquisition ou la restauration d’un état de tolérance immunologique constitue un objectif phare en transplantation et au cours d’affections auto-immunes, elle peut au contraire être délétère dans la réponse contre les agents infectieux et cellules tumorales. Ainsi certains pathogènes, en particulier viral (VIH [47]) et parasitaire (leishmaniae [48], plasmodium [49]), semblent échapper à une réponse immunitaire efficace par le recrutement et l’expansion préférentielle des cellules régulatrices Foxp3+. Les mécanismes engagés sont très largement méconnus. La mise en cause des cellules régulatrices dans l’anergie du système immunitaire vis-à-vis des cellules cancéreuses les place au centre des nouvelles stratégies CELLULES RÉGULATRICES EN NÉPHROLOGIE ET TRANSPLANTATION RÉNALE 167 d’immunothérapie anti-tumorale. Les cellules régulatrices seraient recrutées au siège de la tumeur par la chimiokine CCL22 (MDC), dont elles expriment le récepteur CCR4 [27]. Des cellules dendritiques immatures sécrétant du TGF-β favoriseraient leur expansion préférentielle entravant la réponse cytotoxique [32]. L’efficacité d’une déplétion de ces cellules par anticorps anti-CD25, anti-CTLA-4 et anti-GITR [50] dans le traitement de cancers murins ouvre des perspectives thérapeutiques fascinantes. Des protocoles similaires, associés ou non à une vaccination anti-tumorale, sont à l’étude chez l’homme, notamment dans le traitement du mélanome [51]. CELLULES RÉGULATRICES EN NÉPHROLOGIE Atteinte rénale au cours du syndrome IPEX Les néphropathies développées au cours de l’IPEX ont été décrites par R. Habib au début des années 1990 [52]. Le syndrome est alors surtout caractérisé par son atteinte digestive, constante et souvent révélatrice, l’entéropathie auto-immune [53]. C’est seulement dix ans plus tard que l’identification d’une mutation du gène FOXP3 dans la forme sévère liée à l’X, la plus fréquente, permet de définir un sousgroupe de patients, atteints du syndrome dénommé IPEX [53]. L’entéropathie autoimmune se définit par une entérite diffuse touchant grêle et côlon, la résistance au régime sans gluten et l’incidence élevée de maladies auto-immunes associées. La présence d’anticorps anti-entérocytes reflète la nature auto-immune de l’affection. L’atteinte rénale est fréquente et certainement très sous-estimée au cours de l’IPEX, occultée par le sévérité de la présentation [39]. Deux types de néphropathies, associées ou non, sont décrites : des néphrites tubulo-interstitielles révélées par un syndrome de Fanconi, et des glomérulonéphrites extramembraneuses (tableau I [52]). Lorsque le sérum est étudié en immunofluorescence indirecte sur coupe de rein normal, il contient toujours un anticorps dirigé contre les cellules tubulaires proximales et /ou un constituant de la membrane basale tubulaire. L’adsorption du sérum sur une coupe digestive négative parfois la fluorescence sur le rein, suggérant un déterminant antigénique commun. Certaines cibles antigéniques ont été purifiées dans les lysats de membrane basale tubulaire et cellules épithéliales (tubulaires et villositaires). On compte parmi elles des protéines de 75 [54], 58 et 55 kDa. L’autoanticorps dirigé contre l’AIE-75, est spécifique des entéropathies auto-immunes compliquées d’atteinte rénale [54]. Cette protéine est distribuée de façon prédominante sur les cellules épithéliales de la lumière digestive et tubes rénaux proximaux. L’observation d’une jeune femme, prise en charge pour une insuffisance rénale associée à un syndrome de Fanconi complet, nous a permis de caractériser le premier cas de déficit sévère en cellules régulatrices Foxp3+ non lié à une mutation du gène FOXP3 [55]. Issue d’une famille consanguine, cette jeune femme était suivie depuis l’âge de 10 ans pour un désordre immunitaire associant infections récidivantes et syndrome poly-auto-immun. Révélée par une érythroblastopénie, la maladie s’est manifestée successivement par une gastrite, un vitiligo, une entéropathie auto-immune, une hépatite et enfin une néphrite tubulo-interstitielle. L’auto-anticorps anti-AIE75 était présent, confirmant la réactivité du sérum de la patiente avec les bordures en brosse des cellules tubulaires proximales et villositaires Endocrinopathie AI Anticorps Diarrhée Entéropathie AI oui 3-6 semaines M 2 Lachaux 1994 J Pediatr Hypothyroïdie Diabète Ac. antiilôts de Langerhans Infiltrat pancréatique AntiAntijejunum entérocytes (BB) cible : 75 kDa oui 2-6 mois M Sexe Âge de début 2 Kobayashi 1998 et 2001 Clin Exp Im ATTEINTE RÉNALE. Nombre de cas Références TABLEAU I. — IPEX AVEC Hypothyroïdie Diabète Antientérocytes oui 1,5-6 mois M 7 DiRocco 1996 Arch Dis Child Infiltrat de la thyroïde Diabète Antientérocytes oui 4-6 semaines M 2 Ellis 1982 Am J Dis Child Diabète oui 1-9 mois M 8 Powell 1982 J Pediatr – Anti-BB Cible : 55 kDa oui 2 mois M 1 Colletti 1991 J Pediatr – oui 7 mois M 1 Mitton 1989 J Ped Gastroenterol Nutr ? ? ? ? M 2 Ruemmele Text Book of Pediatric Gastroenterology Edn 4, 2004 Diabète Antientérocytes (cyto et BB) oui 1 mois M 1 Habib 1993 Ann Pediatr 168 J. ZUBER ET COLL. Foxp3 Kobayashi 2001 Mutation /locus Foxp3 Owen 2003 Hyper-IgE Foxp3 Wildin 2001 Candida Broncho-PNP splénomégalie oui oui ? Néphropathie glomérulaire non biopsiée NTI Fanconi – Hyper-IgE – – oui – – – – – oui – oui Anti-cellules Anti-cellules tubulaires tubulaires Anti-BB Anti-BB Cible : 55 kDa GEM ? ? ? ? ? GEM oui oui Anti-MBT Anti-BB GEM Abréviations : BB : bordure en brosse ; Cyto : cytoplasme ; GEM : glomérulonéphrite extra-membraneuse ; M : mâle ; MBT : membrane basale tubulaire ; NTI : néphrite tubulo-interstitielle ; PNP : pneumopathie. Hyper IgG et IgE γ-globulines Infections Lymphoprolifération oui Anti-MBT GEM NTI Fanconi Allergie oui ? Néphropathie oui oui ? NTI Cytopénie AI oui Anti-BB (AIE75) Anticorps Hépatite AI NTI Clinique Néphropathie TABLEAU I. — (Suite) CELLULES RÉGULATRICES EN NÉPHROLOGIE ET TRANSPLANTATION RÉNALE 169 170 J. ZUBER ET COLL. [55]. La ressemblance clinique avec le syndrome IPEX a placé les cellules régulatrices Foxp3+ au centre des investigations immunologiques, qui ont révélé un déficit profond du compartiment régulateur Foxp3+. Une très improbable mutation du gène FOXP3, éventuellement révélée par une inactivation biaisée du chromosome X sain, a été formellement écartée par le séquençage des régions codantes et une analyse de liaison génétique [55]. Cette observation, confrontée à la fréquente association néphropathie-entéropathie auto-immunes au cours du syndrome IPEX, pose la question du rôle fondamental des cellules régulatrices Foxp3+ dans le contrôle de l’auto-réactivité vis-à-vis des épithéliums villositaire et tubulaire rénal. Signalons que d’exceptionnelles entéropathies auto-immunes ont été rapportées chez l’adulte, alors souvent associées à un thymome, tumeur dont le contingent CD4+CD25fort semble dépourvu de propriétés suppressives [44]. Il est tentant de spéculer que l’association entéropathie-néphropathie auto-immune est liée, quel que soit le contexte clinique, à un déficit quantitatif ou fonctionnel majeur de la population régulatrice Foxp3+. Autres néphropathies Le rôle des cellules régulatrices Foxp3+ a été peu étudié au cours des néphropathies primitives et maladies systémiques avec atteinte rénale secondaire. Néanmoins, leur diminution est suggérée au cours de malades lupiques en poussée, ainsi que chez des patients atteints de cryoglobulinémie mixte symptomatique [56]. Ces études, limitées à la seule estimation de la proportion des cellules CD4+CD25fort, justifieraient d’être confirmées par d’autres, fondées sur une estimation plus quantitative de la population Foxp3+. Le compartiment lymphocytaire Foxp3+ semble par ailleurs normal au cours des vascularites associées à la présence d’ANCA [57]. Enfin, les cellules régulatrices CD4+CD25fort sont impliquées dans la rémission obtenue au cours de la maladie de Goodpasture [58]. En effet la déplétion de ces cellules est sans effet sur l’intensité de la réponse des clones réactifs à l’antigène α3(IV)NC1 lors de la phase aiguë de la maladie. Au contraire, elle induit une augmentation de cette réponse à la phase de rémission. Cette approche indirecte suggère que les cellules régulatrices jouent un rôle suppressif sur la réponse autoimmune dirigée contre l’antigène α3(IV)NC1 lors de la rémission [58]. Cette étude chez l’homme est confortée par la démonstration récente du rôle protecteur des cellules régulatrices CD4+CD25fort Foxp3+ dans un modèle murin de glomérulonéphrite à anticorps anti-MBG. Alors qu’elles ne préviennent pas les dépôts immuns, elles réduisent l’infiltration glomérulaire par les cellules de l’inflammation, ainsi que la sécrétion locale des cytokines TNF-α et IFN-γ [59]. CELLULES RÉGULATRICES EN TRANSPLANTATION RÉNALE Enseignements des modèles expérimentaux Les cellules régulatrices Foxp3+ ont montré leur capacité à contrôler la réponse allo-immune dans divers modèles d’induction de tolérance chez la souris. Les protocoles utilisés reposent en général sur un blocage d’une ou plusieurs molécules CELLULES RÉGULATRICES EN NÉPHROLOGIE ET TRANSPLANTATION RÉNALE 171 de co-signal (CD2, CD3, CD4, CD40L), conjointement à l’injection des cellules du donneur [60]. Ce traitement s’oppose à l’activation complète des cellules T allo-réactives naïves, conférant un avantage aux cellules régulatrices [61]. L’obtention d’un état de tolérance allo-spécifique implique l’acceptation sans traitement d’une deuxième greffe du même donneur, alors qu’un transplant venant d’une tierce partie est rejeté. Ce type de tolérance se définit par son caractère dominant c’est-à-dire transférable à un autre animal [60]. En d’autres termes, le transfert de cellules régulatrices allo-spécifiques d’un animal tolérant à un receveur « naïf » confère à ce dernier l’état de tolérance [60]. Si les résultats spectaculaires obtenus chez le rongeur n’ont jamais été reproduits chez le gros mammifère, ils apportent néanmoins des enseignements utiles à la compréhension des mécanismes en cause. 1. Cet état de tolérance est allo-spécifique et préserve les réponses immunes dirigées contre les cellules tumorales et agents infectieux [62, 63]. 2. Les cellules régulatrices allo-spécifiques contribuent aux phénomènes de tolérance par contiguïté (« linked suppression ») , permettant de propager l’état de tolérance à d’autres antigènes que l’antigène tolérogène primaire, à condition que leur expression soit conjointe à la surface d’une même cellule présentatrice d’antigène (CPA) [64]. Ainsi, si une CPA expose un allo-antigène A tolérogène, spécifiquement reconnu par des cellules régulatrices, en même temps qu’un alloantigène B, la tolérance peut s’étendre à ce dernier. Ce phénomène a été mis en évidence également avec des cellules humaines in vitro [65]. 3. La reconnaissance des allo-antigènes par les cellules régulatrices CD4+CD25fort semble privilégier la voie indirecte, c’est-à-dire celle qui implique la présentation des peptides allogéniques dans les molécules de classe II du CMH du receveur [60]. 4. Les cellules régulatrices Foxp3+ allo-réactives sont retrouvées dans les ganglions drainant et le greffon [25, 28, 66, 67], où elles expriment les molécules CD25, GITR, et du TGF-β membranaire [28, 67]. La fréquence des cellules Foxp3+ est corrélée avec l’établissement d’une tolérance dominante [28, 67]. L’adressage des cellules Foxp3+ dans le ganglion et la greffe dépend respectivement des axes chimiotactiques CCR7 / CCL19/21 [25] et CCR4 / CCL22 [28]. 5. Les cellules régulatrices inhibent la fonction cytotoxique des cellules effectrices CD8+ allo-réactives, mais ne s’opposent pas à leur expansion [13]. 6. L’effet suppressif des cellules régulatrices en transplantation dépend, selon les modèles, des molécules CTLA-4, IL-10 [60] et TGF-β [67]. 7. Les cellules régulatrices inhibent la réponse allogénique de cellules T naïves, mais sont peu ou pas efficaces sur les cellules T mémoires déjà engagées dans la voie Th1 [67]. 8. L’engagement des récepteurs Toll (4 et 9) sur les cellules présentatrices d’antigène favorise un échappement des cellules effectrices à l’effet suppressif des cellules régulatrices. Les récepteurs Toll ont pour ligand des antigènes exogènes, notamment microbiens [68-70]. Ainsi Toll 4 reconnaît les LPS bactériens tandis que Toll 9 répond aux motifs CpG, présents dans les séquences génomiques virales. Ce mécanisme est nécessaire au maintien d’une réponse anti-infectieuse dans un organe toléré. Le corollaire négatif est le risque de rupture d’un état de tolérance dominante par une infection. Ces données remettent en perspective l’association clinique bien connue en transplantation rénale humaine entre infection à CMV et rejet aigu [71]. Une publication récente montre que l’engagement direct du récepteur Toll 8 sur les cellules régulatrices humaines annule leur fonction suppressive [72]. 172 J. ZUBER ET COLL. Existence d’une régulation en transplantation rénale chez l’homme Les observations de tolérance vraie en transplantation rénale humaine sont exceptionnelles, mais réelles. Il s’agit de patients pour lesquels l’arrêt du traitement immunosuppresseur n’a eu aucune répercussion sur l’acceptation du greffon. Il est vraisemblable que cet état de tolérance résulte de la conjonction de différents mécanismes, facteurs de tolérance récessive (anergie, ignorance, délétion) ou dominante (régulation). En 2000, Van Buskirk démontre un phénomène de régulation immunologique chez cinq greffés rénaux et deux transplantés hépatiques, dont trois ne reçoivent plus aucun traitement immunosuppresseur [73]. Le système utilisé, nommé hypersensibilité retardée trans-vivo, est fondé sur la co-injection dans la patte d’une souris immunodéprimée, de cellules du receveur et d’antigènes du donneur. La mesure du gonflement de la patte permet d’estimer de façon semiquantitative l’intensité de la réponse allogénique. Chez sept patients, il existe une suppression allo-spécifique en présentation indirecte, dépendante du TGF-β [73]. Quelques années plus tard, deux groupes se sont intéressés aux cellules régulatrices CD4+CD25fort chez les transplantés rénaux. Ces études ont évalué indirectement leur effet suppressif sur la sécrétion d’IFN-γ par les cellules T allospécifiques [74, 75]. L’augmentation de la sécrétion d’IFN-γ après déplétion des cellules CD25fort signe leur effet suppressif sur la réponse allogénique. Lorsque celle-ci est testée en présentation indirecte, un effet suppressif est mis en évidence chez 47 p. 100 de ceux montrant une faible réactivité initiale au donneur, contre 0 p. 100 chez les répondeurs [74]. Dans l’autre étude, fondée sur une mesure de la réponse allogénique par présentation directe, aucun effet des cellules régulatrices CD4+CD25fort n’est noté [75]. Ce résultat reflète le rôle de la présentation indirecte dans l’élaboration d’une réponse régulatrice [76]. Récemment l’équipe de W. Hancock a rapporté une fréquence élevée de cellules Foxp3+ dans les infiltrats « borderline » d’évolution favorable. Au contraire, les cellules Foxp3+ seraient, en proportion, faiblement représentées dans les biopsies de rejet aigu [77]. Enfin, la quantification de l’ARNm FOXP3 dans les urines, reflet de la population lymphocytaire régulatrice infiltrant le greffon rénal, permettrait de prédire la corticosensibilité et l’évolution d’un rejet aigu [78]. Limites des stratégies d’induction de tolérance chez l’homme Le caractère exceptionnel des observations de tolérance à un greffon allogénique en transplantation rénale humaine contraste avec les résultats obtenus chez la souris. Les explications sont nombreuses, mais trois raisons primordiales peuvent être discutées. Premièrement, la fréquence des cellules T mémoires allo-réactives diffère ; elle est élevée chez le gros mammifère, alors que très limitée chez les rongeurs élevés en condition « specific pathogen free » [79]. Ces cellules résultent soit d’une exposition antérieure à un allo-antigène donné soit surtout de l’alloréactivité croisée de cellules T, spécifiques d’autres antigènes. Leur implication dans les rejets aigus et chroniques est largement démontrée en transplantation humaine [80]. L’échappement à l’effet suppressif des cellules régulatrices [67], la moindre nécessité du co-signal pour une activation complète [81], et leur résistance à l’apoptose sont autant de raisons théoriques qui font des cellules T mémoires un obstacle à l’établissement de tolérance [79, 82]. De plus, il semble qu’elles constituent l’essentiel des cellules T persistantes après une déplétion lymphocytaire CELLULES RÉGULATRICES EN NÉPHROLOGIE ET TRANSPLANTATION RÉNALE 173 profonde par ATG ou alemtuzumab [83]. Deuxièmement, les stratégies immunosuppressives fondées sur une induction lymphopéniante constituent un écueil à l’établissement de tolérance. En effet, la lymphopénie est à l’origine d’une prolifération des lymphocytes (prolifération homéostatique), qui génère des cellules mémoires réfractaires à l’induction de tolérance [84]. Troisièmement, certains produits immunosuppresseurs portent préjudice à la mise en place des mécanismes de tolérance. Ainsi les inhibiteurs de la calcineurine s’opposent à l’apoptose postactivation des lymphocytes allo-réactifs [85]. Elles sont également préjudiciables à l’expansion des cellules régulatrices CD4+CD25fort Foxp3+ [86]. Au contraire la rapamycine augmente l’apoptose post-activation et donne un avantage aux cellules régulatrices sur les cellules T naïves allo-réactives [85-87]. En revanche, l’induction par anticorps anti-CD25 (basiliximab) ne semble pas incompatible avec l’établissement d’une régulation dépendante des cellules CD4+CD25fort [74]. Perspectives L’élaboration de stratégies thérapeutiques destinées à induire une tolérance dominante en transplantation humaine a pour pré-requis l’amélioration du suivi immunologique de la réponse allogénique [88]. Il s’agit de faire la part entre la réponse agressive et régulatrice, afin de juger des modifications nécessaires de l’immunosuppression. L’évidence d’une régulation prédominante engagerait à alléger voire interrompre le traitement. Les méthodes fondées sur des techniques de dilution limite, sont lourdes, font appel à des calculs mathématiques élaborés, et sont inadaptés à la pratique clinique [89]. L’élaboration d’autres outils est donc nécessaire. En combinant des techniques d’ELISPOT et cytométrie, il est possible d’étudier les réponses cytotoxiques [80] et régulatrices [74, 90]. Par ailleurs, il a récemment été rapporté un biais très net de répertoire Vβ des lymphocytes présents dans le greffon d’animaux tolérants [91]. Les auteurs suggèrent que l’oligoclonalité observée s’explique par un recrutement d’un nombre limité de clones régulateurs allo-spécifiques [91]. La possibilité d’identifier précocement des clones dominants, cytotoxiques ou régulateurs, constituerait un outil de suivi précieux [92]. Les protocoles d’induction de tolérance devraient idéalement viser la promotion in situ de la réponse régulatrice. L’association d’une protéine fusion agoniste IL-2, d’une autre antagoniste anti-IL-15, et de rapamycine a montré d’excellents résultats chez la souris [93]. La première cytokine augmente l’apoptose post-activation des cellules allo-réactives et stimule l’expansion des cellules régulatrices ; la seconde combinée à la rapamycine diminue la résistance à l’apoptose des cellules activées [93]. De même, la perfusion d’IL-2 chez des patients, au décours de chimiothérapies, stimule considérablement l’expansion des cellules régulatrices Foxp3+ [94]. Ainsi, cette cytokine utilisée jusqu’alors, avec une efficacité modérée, dans la stimulation de la réponse anti-tumorale, pourrait trouver une indication privilégiée dans l’induction de tolérance, en combinaison avec la rapamycine. Plus réaliste à court terme, d’autres molécules sont disponibles et attrayantes en transplantation humaine. S’adressant idéalement à des patients dépourvus d’une réponse T mémoire allo-réactive au moment de la greffe [80], les stratégies thérapeutiques devraient éviter une induction lymphopéniante ainsi qu’un traitement par inhibiteur de la calcineurine. Un blocage du co-signal par anticorps anti-CD40, et/ou CTLA-4-Ig (betalacept) pourrait privilégier la réponse régulatrice en bloquant la réponse effectrice. L’anticorps anti-CD3 humanisé non mitogénique, 174 J. ZUBER ET COLL. récemment utilisé dans le diabète auto-immun [95], est également très prometteur. Son efficacité à promouvoir la réponse régulatrice a été démontrée chez la souris in vivo [96] et chez l’homme in vitro [97]. Enfin, une communication récente rapporte son utilisation en greffe d’îlots chez l’homme, en association avec la rapamycine [98]. Une augmentation de la population CD4+CD25fort est observée chez ces patients [98]. CONCLUSION L’implication croissante des cellules T régulatrices Foxp3+ en pathologie humaine, engage à mieux comprendre les différents mécanismes qui gouvernent leur nombre, adressage, interactions et fonction. À cet égard, la très récente souris Foxp3 Knock In, qui permet de tracer les cellules Foxp3+ par la protéine rapporteuse GFP, va permettre d’accroître encore leur connaissance en situation pathologique [6]. Chez l’homme, des d’outils permettant d’étudier les cellules régulatrices, selon leur spécificité auto- ou allo-réactives, sont absolument nécessaires. Cette étape constitue un pré-requis important à leur manipulation thérapeutique. Si les protocoles visant leur déplétion dans une stratégie anti-tumorale sont déjà initiés, ceux souhaitant leur promotion au cours d’affections auto-immunes et en transplantation constituent les enjeux de demain. Remerciements Nous tenons à remercier Lucienne Chatenoud pour sa relecture experte et critique du manuscrit. BIBLIOGRAPHIE 1. SAKAGUCHI S, SAKAGUCHI N, ASANO M et al. Immunologic self-tolerance maintained by activated T cells expressing IL-2 receptor alpha-chains (CD25). Breakdown of a single mechanism of selftolerance causes various autoimmune diseases. J Immunol, 1995 ; 155 : 1151-1164. 2. JONULEIT H, SCHMITT E, STASSEN M et al. Identification and functional characterization of human CD4(+)CD25(+) T cells with regulatory properties isolated from peripheral blood. J Exp Med, 2001 ; 193 : 1285-1294. 3. HORI S, NOMURA T, SAKAGUCHI S. Control of regulatory T cell development by the transcription factor Foxp3. Science, 2003 ; 299 : 1057-1061. 4. FONTENOT JD, GAVIN MA, RUDENSKY AY. Foxp3 programs the development and function of CD4+CD25+ regulatory T cells. Nat Immunol, 2003 ; 4 : 330-336. 5. KHATTRI R, COX T, YASAYKO SA et al. An essential role for Scurfin in CD4+CD25+ T regulatory cells. Nat Immunol, 2003 ; 4 : 337-342. 6. FONTENOT JD, RASMUSSEN JP, WILLIAMS LM et al. Regulatory T cell lineage specification by the forkhead transcription factor foxp3. Immunity, 2005 ; 22 : 329-341. 7. BETTELLI E, DASTRANGE M, OUKKA M. Foxp3 interacts with nuclear factor of activated T cells and NF-kappa B to repress cytokine gene expression and effector functions of T helper cells. Proc Natl Acad Sci, 2005 ; 102 : 5138-5143. CELLULES RÉGULATRICES EN NÉPHROLOGIE ET TRANSPLANTATION RÉNALE 175 8. ANNACKER O, COOMBES JL, MALMSTROM V et al. Essential role for CD103 in the T cell-mediated regulation of experimental colitis. J Exp Med, 2005 ; 202 : 1051-1061. 9. ANNACKER O, BURLEN-DEFRANOUX O, PIMENTA-ARAUJO R et al. Regulatory CD4 T cells control the size of the peripheral activated/memory CD4 T cell compartment. J Immunol, 2000 ; 164 : 3573-3580. 10. ANNACKER O, PIMENTA-ARAUJO R, BURLEN-DEFRANOUX O et al. CD25+ CD4+ T cells regulate the expansion of peripheral CD4 T cells through the production of IL-10. J Immunol, 2001 ; 166 : 3008-3018. 11. MURAKAMI M, SAKAMOTO A, BENDER J et al. CD25+CD4+ T cells contribute to the control of memory CD8+ T cells. Proc Natl Acad Sci, 2002 ; 99 : 8832-8837. 12. BYSTRY RS, ALUVIHARE V, WELCH KA et al. B cells and professional APCs recruit regulatory T cells via CCL4. Nat Immunol, 2001 ; 2 : 1126-1132. 13. LIN CY, GRACA L, COBBOLD SP et al. Dominant transplantation tolerance impairs CD8+ T cell function but not expansion. Nat Immunol, 2002 ; 3 : 1208-1213. 14. ALUVIHARE VR, KALLIKOURDIS M, BETZ AG. Regulatory T cells mediate maternal tolerance to the fetus. Nat Immunol, 2004 ; 5 : 266-271. 15. NOMURA T, SAKAGUCHI S. Naturally arising CD25+CD4+ regulatory T cells in tumor immunity. Curr Top Microbiol Immunol, 2005 ; 293 : 287-302. 16. STOCK P, AKBARI O, Berry G et al. Induction of T helper type 1-like regulatory cells that express Foxp3 and protect against airway hyper-reactivity. Nat Immunol, 2004 ; 5 : 1149-1156. 17. BELKAID Y, ROUSE BT. Natural regulatory T cells in infectious disease. Nat Immunol, 2005 ; 6 : 353-360. 18. WATANABE N, WANG YH, LEE HK et al. Hassall’s corpuscles instruct dendritic cells to induce CD4+CD25+ regulatory T cells in human thymus. Nature, 2005 ; 436 : 1181-1185. 19. TAI X, COWAN M, FEIGENBAUM L et al. CD28 costimulation of developing thymocytes induces Foxp3 expression and regulatory T cell differentiation independently of interleukin 2. Nat Immunol, 2005 ; 6 : 152-162. 20. SCHMIDT-SUPPRIAN M, TIAN J, GRANT EP et al. Differential dependence of CD4+CD25+ regulatory and natural killer-like T cells on signals leading to NF-kappaB activation. Proc Natl Acad Sci, 2004 ; 101 : 4566-4571. 21. SETOGUCHI R, HORI S, TAKAHASHI T et al. Homeostatic maintenance of natural Foxp3(+) CD25(+) CD4(+) regulatory T cells by interleukin (IL)-2 and induction of autoimmune disease by IL-2 neutralization. J Exp Med, 2005 ; 201 : 723-735. 22. FONTENOT JD, RASMUSSEN JP, GAVIN MA et al. A function for interleukin 2 in Foxp3-expressing regulatory T cells. Nat Immunol, 2005 ; 6 : 1142-1151. 23. GAVIN MA, CLARKE SR, NEGROU E et al. Homeostasis and anergy of CD4(+)CD25(+) suppressor T cells in vivo. Nat Immunol, 2002 ; 3 : 33-41. 24. LOHR J, KNOECHEL B, JIANG S et al. The inhibitory function of B7 costimulators in T cell responses to foreign and self-antigens. Nat Immunol, 2003 ; 4 : 664-669. 25. OCHANDO JC, YOPP AC, YANG Y et al. Lymph node occupancy is required for the peripheral development of alloantigen-specific Foxp3+ regulatory T cells. J Immunol, 2005 ; 174 : 6993-7005. 26. IELLEM A, MARIANI M, LANG R et al. Unique chemotactic response profile and specific expression of chemokine receptors CCR4 and CCR8 by CD4(+)CD25(+) regulatory T cells. J Exp Med, 2001 ; 194 : 847-853. 27. CURIEL TJ, COUKOS G, ZOU L et al. Specific recruitment of regulatory T cells in ovarian carcinoma fosters immune privilege and predicts reduced survival. Nat Med, 2004 ; 10 : 942-949. 28. LEE I, WANG L, WELLS AD et al. Recruitment of Foxp3+ T regulatory cells mediating allograft tolerance depends on the CCR4 chemokine receptor. J Exp Med, 2005 ; 201 : 1037-1044. 29. SUFFIA I, RECKLING SK, SALAY G et al. A role for CD103 in the retention of CD4+CD25+ Treg and control of Leishmania major infection. J Immunol, 2005 ; 174 : 5444-5455. 30. YAMAZAKI S, IYODA T, TARBELL K et al. Direct expansion of functional CD25+ CD4+ regulatory T cells by antigen-processing dendritic cells. J Exp Med, 2003 ; 198 : 235-247. 31. WALKER LS, CHODOS A, EGGENA M et al. Antigen-dependent proliferation of CD4+ CD25+ regulatory T cells in vivo. J Exp Med, 2003 ; 198 : 249-258. 176 J. ZUBER ET COLL. 32. GHIRINGHELLI F, PUIG PE, ROUX S et al. Tumor cells convert immature myeloïd dendritic cells into TGF-β secreting cells inducing CD4+CD25+ regulatory T cell proliferation. J Exp Med, 2005 ; 202 : 919-929. 33. VON BOEHMER H. Mechanisms of suppression by suppressor T cells. Nat Immunol, 2005 ; 6 : 338344. 34. THORNTON AM, SHEVACH EM. CD4+CD25+ immunoregulatory T cells suppress polyclonal T cell activation in vitro by inhibiting interleukin 2 production. J Exp Med, 1998 ; 188 : 287-296. 35. FALLARINO F, GROHMANN U, HWANG KW et al. Modulation of tryptophan catabolism by regulatory T cells. Nat Immunol, 2003 ; 4 : 1206-1212. 36. PAUST S, LU L, MCCARTY N et al. Engagement of B7 on effector T cells by regulatory T cells prevents autoimmune disease. Proc Natl Acad Sci, 2004 ; 101 : 10398-10403. 37. WILDIN RS, RAMSDELL F, PEAKE J et al. X-linked neonatal diabetes mellitus, enteropathy and endocrinopathy syndrome is the human equivalent of mouse scurfy. Nat Genet, 2001 ; 27 : 18-20. 38. BRUNKOW ME, JEFFERY EW, HJERRILD KA et al. Disruption of a new forkhead/winged-helix protein, scurfin, results in the fatal lymphoproliferative disorder of the scurfy mouse. Nat Genet, 2001 ; 27 : 68-73. 39. WILDIN RS, SMYK-PEARSON S, FILIPOVICH AH. Clinical and molecular features of the immunodysregulation, polyendocrinopathy, enteropathy, X linked (IPEX) syndrome. J Med Genet, 2002 ; 39 : 537-545. 40. BAUD O, GOULET O, CANIONI D et al. Treatment of the immune dysregulation, polyendocrinopathy, enteropathy, X-linked syndrome (IPEX) by allogeneic bone marrow transplantation. N Engl J Med, 2001 ; 344 : 1758-1762. 41. KRIEGEL MA, LOHMANN T, GABLER C et al. Defective suppressor function of human CD4+ CD25+ regulatory T cells in autoimmune polyglandular syndrome type II. J Exp Med, 2004 ; 199 : 12851291. 42. VIGLIETTA V, BAECHER-ALLAN C, WEINER HL et al. Loss of functional suppression by CD4+CD25+ regulatory T cells in patients with multiple sclerosis. J Exp Med, 2004 ; 199 : 971-979. 43. EHRENSTEIN MR, EVANS JG, SINGH A et al. Compromised function of regulatory T cells in rheumatoid arthritis and reversal by anti-TNFalpha therapy. J Exp Med, 2004 ; 200 : 277-285. 44. BALANDINA A, LECART S, DARTEVELLE P, et al. Functional defect of regulatory CD4(+)CD25+ T cells in the thymus of patients with autoimmune myasthenia gravis. Blood, 2005 ; 105 : 735741. 45. KARLSSON MR, RUGTVEIT J, BRANDTZAEG P. Allergen-responsive CD4+CD25+ regulatory T cells in children who have outgrown cow’s milk allergy. J Exp Med, 2004 ; 199 : 1679-1688. 46. MAUL J, LODDENKEMPER C, MUNDT P et al. Peripheral and intestinal regulatory CD4+ CD25(high) T cells in inflammatory bowel disease. Gastroenterology, 2005 ; 128 : 1868-1878. 47. KINTER AL, HENNESSEY M, BELL A et al. CD25(+)CD4(+) regulatory T cells from the peripheral blood of asymptomatic HIV-infected individuals regulate CD4(+) and CD8(+) HIV-specific T cell immune responses in vitro and are associated with favorable clinical markers of disease status. J Exp Med, 2004 ; 200 : 331-343. 48. BELKAID Y, PICCIRILLO CA, MENDEZ S et al. CD4+CD25+ regulatory T cells control Leishmania major persistence and immunity. Nature, 2002 ; 420 : 502-507. 49. WALTHER M, TONGREN JE, ANDREWS L et al. Upregulation of TGF-beta, FOXP3, and CD4+CD25+ regulatory T cells correlates with more rapid parasite growth in human malaria infection. Immunity, 2005 ; 23 : 287-296. 50. KO K, YAMAZAKI S, NAKAMURA K et al. Treatment of advanced tumors with agonistic anti-GITR mAb and its effects on tumor-infiltrating Foxp3+CD25+CD4+ regulatory T cells. J Exp Med, 2005 ; 202 : 885-891. 51. PHAN GQ, YANG JC, SHERRY RM et al. Cancer regression and autoimmunity induced by cytotoxic T lymphocyte-associated antigen 4 blockade in patients with metastatic melanoma. Proc Natl Acad Sci, 2003 ; 100 : 8372-8377. 52. HABIB R, BEZIAU A, GOULET O et al. Renal involvement in autoimmune enteropathies. Ann Pediatr (Paris), 1993 ; 40 : 103-107. 53. RUEMMELE FM, BROUSSE N, GOULET O. Autoimmune enteropathy : molecular concepts. Curr Opin Gastroenterol, 2004 ; 20 : 587-591. CELLULES RÉGULATRICES EN NÉPHROLOGIE ET TRANSPLANTATION RÉNALE 177 54. KOBAYASHI I, IMAMURA K, KUBOTA M et al. Identification of an autoimmune enteropathy-related 75-kilodalton antigen. Gastroenterology, 1999 ; 117 : 823-830. 55. ZUBER J, LEMAÎTRE F, SENEE-LAUDAT V. IPEX-like syndrome with severe deficit of regulatory FOXP3+ CD4+ CD25high cells in a female patient. submitted. 56. BOYER O, SAADOUN D, ABRIOL J et al. CD4+CD25+ regulatory T-cell deficiency in patients with hepatitis C-mixed cryoglobulinemia vasculitis. Blood, 2004 ; 103 : 3428-3430. 57. MARINAKI S, NEUMANN I, KALSCH AI et al. Abnormalities of CD4 T cell subpopulations in ANCAassociated vasculitis. Clin Exp Immunol, 2005 ; 140 : 181-191. 58. SALAMA AD, CHAUDHRY AN, HOLTHAUS KA et al. Regulation by CD25+ lymphocytes of autoantigen-specific T-cell responses in Goodpasture’s (anti-GBM) disease. Kidney Int, 2003 ; 64 : 1685-1694. 59. WOLF D, HOCHEGGER K, WOLF AM et al. CD4+CD25+ regulatory T cells inhibit experimental anti-glomerular basement membrane glomerulonephritis in mice. J Am Soc Nephrol, 2005 ; 16 : 1360-1370. 60. WOOD KJ, SAKAGUCHI S. Regulatory T cells in transplantation tolerance. Nat Rev Immunol, 2003 ; 3 : 199-210. 61. BOUR-JORDAN H, SALOMON BL, THOMPSON HL et al. Costimulation controls diabetes by altering the balance of pathogenic and regulatory T cells. J Clin Invest, 2004 ; 114 : 979-987. 62. EDINGER M, HOFFMANN P, ERMANN J et al. CD4+CD25+ regulatory T cells preserve graft-versustumor activity while inhibiting graft-versus-host disease after bone marrow transplantation. Nat Med, 2003 ; 9 : 1144-1150. 63. BUSHELL A, JONES E, GALLIMORE A et al. The generation of CD25+ CD4+ regulatory T cells that prevent allograft rejection does not compromise immunity to a viral pathogen. J Immunol, 2005 ; 174 : 3290-3297. 64. QIN S, COBBOLD SP, POPE H et al. « Infectious » transplantation tolerance. Science, 1993 ; 259 : 974-977. 65. JONULEIT H, SCHMITT E, KAKIRMAN H et al. Infectious tolerance : human CD25(+) regulatory T cells convey suppressor activity to conventional CD4(+) T helper cells. J Exp Med, 2002 ; 196 : 255-260. 66. GRACA L, COBBOLD SP, WALDMANN H. Identification of regulatory T cells in tolerated allografts. J Exp Med, 2002 ; 195 : 1641-1646. 67. COBBOLD SP, CASTEJON R, ADAMS E et al. Induction of Foxp3+ regulatory T cells in the periphery of T cell receptor transgenic mice tolerized to transplants. J Immunol, 2004 ; 172 : 60036010. 68. PASARE C, MEDZHITOV R. Toll pathway-dependent blockade of CD4+CD25+ T cell-mediated suppression by dendritic cells. Science, 2003 ; 299 : 1033-1036. 69. PASARE C, MEDZHITOV R. Toll-dependent control mechanisms of CD4 T cell activation. Immunity, 2004 ; 21 :733-741. 70. YANG Y, HUANG CT, HUANG X et al. Persistent Toll-like receptor signals are required for reversal of regulatory T cell-mediated CD8 tolerance. Nat Immunol, 2004 ; 5 : 508-515. 71. KOTTON CN, FISHMAN JA. Viral infection in the renal transplant recipient. J Am Soc Nephrol, 2005 ; 16 : 1758-1774. 72. PENG G, GUO Z, Kiniwa Y et al. Toll-like receptor 8-mediated reversal of CD4+ regulatory T cell function. Science, 2005 ; 309 : 1380-1384. 73. VAN BUSKIRK AM, Burlingham WJ, Jankowska-Gan E et al. Human allograft acceptance is associated with immune regulation. J Clin Invest, 2000 ; 106 : 145-155. 74. SALAMA AD, NAJAFIAN N, CLARKSON MR et al. Regulatory CD25+ T cells in human kidney transplant recipients. J Am Soc Nephrol, 2003 ; 14 : 1643-1651. 75. GAME DS, HERNANDEZ-FUENTES MP, CHAUDHRY AN et al. CD4+CD25+ regulatory T cells do not significantly contribute to direct pathway hyporesponsiveness in stable renal transplant patients. J Am Soc Nephrol, 2003 ; 14 : 1652-1661. 76. RODRIGUEZ DS, JANKOWSKA-GAN E, HAYNES LD et al. Immune regulation and graft survival in kidney transplant recipients are both enhanced by human leukocyte antigen matching. Am J Transplant, 2004 ; 4 : 537-543. 178 J. ZUBER ET COLL. 77. HANCOK W, MEYERS K, MC DONALD R. Intragraft FOXP3+ CD4 T cells and good graft function in pediatric renal transplant recipients receiving a calcineurin inhibitor avoidance protocol. Am J Transplant, 2005 ; 5 : A545. 78. MUTHUKUMAR T, DADHANIA D, DING R et al. Messenger RNA for FOXP3 in the urine of renalallograft recipients. N Engl J Med, 2005 ; 353 : 2342-2351. 79. LAKKIS FG, SAYEGH MH. Memory T cells : a hurdle to immunologic tolerance. J Am Soc Nephrol, 2003 ; 14 : 2402-2410. 80. HEEGER PS, GREENSPAN NS, KUHLENSCHMIDT S et al. Pretransplant frequency of donor-specific, IFN-gamma-producing lymphocytes is a manifestation of immunologic memory and correlates with the risk of posttransplant rejection episodes. J Immunol, 1999 ; 163 : 2267-2275. 81. CHEN Y, HEEGER PS, VALUJSKIKH A. In vivo helper functions of alloreactive memory CD4+ T cells remain intact despite donor-specific transfusion and anti-CD40 ligand therapy. J Immunol, 2004 ; 172 : 5456-5466. 82. VALUJSKIKH A, PANTENBURG B, HEEGER PS. Primed allospecific T cells prevent the effects of costimulatory blockade on prolonged cardiac allograft survival in mice. Am J Transplant, 2002 ; 2 : 501-509. 83. PEARL JP, PARRIS J, HALE DA et al. Immunocompetent T-cells with a memory-like phenotype are the dominant cell type following antibody-mediated T-cell depletion. Am J Transplant, 2005 ; 5 : 465-474. 84. WU Z, BENSINGER SJ, ZHANG J et al. Homeostatic proliferation is a barrier to transplantation tolerance. Nat Med, 2004 ; 10 : 87-92. 85. LI Y, LI XC, ZHENG XX et al. Blocking both signal 1 and signal 2 of T-cell activation prevents apoptosis of alloreactive T cells and induction of peripheral allograft tolerance. Nat Med, 1999 ; 5 : 1298-1302. 86. COENEN JJ, KOENEN HJ, RIJSSEN EV et al. Rapamycin, and not Cyclosporin A, preserves the highly suppressive CD27+ subset of human CD4+CD25+ regulatory T cells. Blood, 2006 ; 107 : 10181023. 87. BATTAGLIA M, STABILINI A, RONCAROLO MG. Rapamycin selectively expands CD4+CD25+FoxP3+ regulatory T cells. Blood, 2005 ; 105 : 4743-4748. 88. HERNANDEZ-FUENTES MP, WARRENS AN, LECHLER RI. Immunologic monitoring. Immunol Rev, 2003 ; 196 : 247-264. 89. BONNEFOIX T, BONNEFOIX P, PERRON P et al. Quantitating effector and regulatory T lymphocytes in immune responses by limiting dilution analysis modeling. J Immunol, 2005 ; 174 : 3421-3431. 90. KOENEN HJ, FASSE E, JOOSTEN I. CD27/CFSE-based ex vivo selection of highly suppressive alloantigen-specific human regulatory T cells. J Immunol, 2005 ; 174 : 7573-7583. 91. GUILLET M, BROUARD S, GAGNE K et al. Different qualitative and quantitative regulation of V beta TCR transcripts during early acute allograft rejection and tolerance induction. J Immunol, 2002 ; 168 : 5088-5095. 92. MICHALEK J, COLLINS RH, HILL BJ et al. Identification and monitoring of graft-versus-host specific T-cell clone in stem cell transplantation. Lancet, 2003 ; 361 : 1183-1185. 93. ZHENG XX, SANCHEZ-FUEYO A, SHO M et al. Favorably tipping the balance between cytopathic and regulatory T cells to create transplantation tolerance. Immunity, 2003 ; 19 : 503-514. 94. ZHANG H, CHUA KS, GUIMOND M et al. Lymphopenia and interleukin-2 therapy alter homeostasis of CD4(+)CD25(+) regulatory T cells. Nat Med, 2005 ; 11 : 1238-1243. 95. KEYMEULEN B, VANDEMEULEBROUCKE E, ZIEGLER AG et al. Insulin needs after CD3-antibody therapy in new-onset type 1 diabetes. N Engl J Med, 2005 ; 352 : 2598-2608. 96. BELGHITH M, BLUESTONE JA, BARRIOT S et al. TGF-beta-dependent mechanisms mediate restoration of self-tolerance induced by antibodies to CD3 in overt autoimmune diabetes. Nat Med, 2003 ; 9 : 1202-1208. 97. HEROLD KC, BURTON JB, FRANCOIS F et al. Activation of human T cells by FcR nonbinding antiCD3 mAb, hOKT3gamma1(Ala-Ala). J Clin Invest, 2003 ; 111 : 409-418. 98. HERING J, KANDASWAMY R, PARKEY J. Long-term insulin independence after single-donor islet transplantation in type I diabetes with hOKT3g-1 (Ala-Ala), sirolimus, and tacrolimus therapy. Am J Transplant, 2005 ; 5 : A 275.