
ajoute un éclairage supplémentaire à la compréhension du comportement
anorexique. En 1913 il remarque qu’ « un refus de nourriture n’est pas
forcément une répression du besoin de manger mais qu’un aliment spécifique
peut-être rejeté obstinément parce que ce n’est pas celui qui est désiré ».
Mélanie Klein en 1934 ouvre une perspective nouvelle par le rôle majeur qu’elle
attribue aux fantasmes archaïques, particulièrement présents dans la clinique des
troubles alimentaires. Pour elle : « …l’angoisse paranoïde pousse le sujet
malgré la violence de ses attaques sadiques –orales à se méfier profondément
des objets au moment même où il les incorpore… ».
De manière concomitante, des auteurs étudient l’anorexie comme un aspect
d’une perturbation de la relation d’objet avec fixation orale (Eissler, 1943), alors
que de son côté, Lebovici (1948) met en évidence le rôle de la mère dans le
développement de cette pathologie.
L’ouverture vers l’archaïque permet –soulignons-le au passage- d’envisager ldes
mouvements transférentielles au-delà du strict cadre de la névrose de transfert,
tel qu’il fut décrit par Freud.
Dans l’effort particulier fait depuis par les psychanalystes pour décrire des
particularités du transfert et contre-transfert dans les dits T.C.A., Jean et
Evelyne Kestemberg (1972) les premiers avec force, ont écrit :
« L’ambivalence orale agit également dans la cure au niveau du transfert et du
contre-transfert. En effet, ces malades évitent aussi bien un transfert négatif
qu’un transfert positif. Elles nient la maladie et tentent d’induire le thérapeute à
la nier également, à se laisser manipuler vers une attitude de meilleure mère
gratifiante, qu’elles ne supportent d’ailleurs pas et transforment en provocation
à la sévérité répressive. Les problèmes de l’ambivalence orale recoupe alors, à
ce niveau, les conflits caractéristiques de l’analité ».
H. Bruch, dans une tentative de synthèse originale, fait de l’anorexie une entité
nosologique spécifique apparentée à la schizophrénie, soulignant le recours à
des mécanismes de défense tels le clivage, ou encore une perturbation
gravissime de l’image du corps. Bruch décrit en effet une triade des symptômes
de l’anorexie nerveuse sous la forme suivante :
- trouble de l’image du corps
- trouble de la perception intéroceptive
- trouble de la puissance
Ce qui nous paraît particulièrement intéressant est que cette tentative de
synthèse amène dès lors les psychanalystes ou auteurs issus de la pensée
psychanalytique (M. Selvini) à sortir l’anorexie mentale du cadre des névroses ;
la qualifiant de psychose mono-symptomatique (Selvini) ou de psychose froide
(Kestemberg), s’appuyant sur certaines de ces caractéristiques, à savoir :
- le type de mécanisme de défense (clivage),
- les perturbations graves de l’image du corps à la limite de la croyance
délirante