SNP – Imagerie cérébrale moléculaire 21/10/2015 RUGGIERO Simon L3 SNP E. GUEDJ CR : NIARE Sanaba 6 pages Explorations métaboliques du SNC : Imagerie cérébrale moléculaire Plan A. L'imagerie moléculaire B. Les deux principales techniques C. Les grandes explorations cérébrales D. Imagerie de métabolisme (TEP) ou de perfusion (TEMP) ? I. Quelques détails sur l'imagerie TEP-18FDG II. Quelques détails sur l'imagerie TEMP de perfusion E. Le DaTSCAN utilisé dans la maladie de Parkinson F. Les dépôts de plaques amyloïdes dans la maladie d'Alzheimer G. Autres cibles moléculaires Ce cours vise à traiter l'imagerie moléculaire, restreinte aux applications cérébrales, avec quelques applications. A. L'imagerie moléculaire L'imagerie moléculaire est une imagerie fonctionnelle et quantitative. L'objectif est d'obtenir une image quantifiée d'un processus moléculaire ciblé par un traceur spécifique, auquel on ajoute un atome radioactif qui émet un signal physique. Ce signal est ensuite capté par des caméras d'imagerie, ce qui fournit une biodisposition quantifiée du radiotraceur. Par exemple, on s'intéresse à la consommation métabolique du glucose dans le cerveau. Le traceur est un sucre modifié par rajout d'un émetteur radioactif (voir partie D. de ce cours). Cette définition de l'imagerie moléculaire est restreinte aux techniques radioactives, on parle d'imagerie moléculaire isotopique. Aujourd'hui c'est l'imagerie qui a la meilleure sensibilité, la meilleure résolution spatiale (détection subpicomolaire 10-12). On va injecter l'élément radioactif à faible dose sans modifier l'environnement à observer. Ainsi, le radiotraceur ne présente pas de toxicité. L'IRM est 10 millions de fois moins sensible que cette imagerie. CR : De plus l'injection à dose traceuse est tellement faible (1 microg) qu'il n'y a pas de conséquence sur le milieu à étudier. 1/6 SNP – Imagerie cérébrale moléculaire B. Les deux principales techniques Il existe deux techniques : • la Gamma caméra : 2 têtes de détection qui tournent autour du patient. On utilise souvent l'acronyme TEMP (tomographie d'émission monophotonique, ne pas retenir) pour le mode tomographique de cette acquisition (tomographique = en coupe) • l'imagerie TEP (tomographie d'émission de positon, à retenir), en 3D, avec un anneau de détecteurs tout autour de l'environnement à observer. Il existe beaucoup de différences entre ces modalités d'imagerie en terme d'instrumentations. Ce qui les différencie foncièrement est l'isotope radioactif utilisé et détecté. Si l'on marque le traceur spécifique avec un émetteur radioactif gamma, on utilise une gamma-caméra. Si on utilise un émetteur à positon (électron positif, particule β+), on utilise la TEP. Les atomes de carbone, hydrogène, fluor, azote, zinc... sont présents dans la matière organique, et émettent potentiellement des rayonnements β+, auxquels la TEP est sensible. En revanche, les émetteurs gamma potentiels (Technétium, Thallium) ne sont pas présents naturellement dans l'organisme, il est donc plus difficile de rendre radioactive (isotopique) une molécule organique (ou molécule froide) dans ce cas. Ainsi, on utilise plutôt la TEP, qui présente un panel d'atomes plus larges. Cependant, cette technique est plus lourde à mettre en œuvre et nécessitent une « logistique industrielle » : • Premièrement, la décroissance de la radioactivité, qui dépend de la demi-vie du traceur, nécessite une logisitique rapide et efficace pour ne pas rater l'information ; et en général les émetteurs TEP ont une demi-vie plus courte (CR : la demi-vie du fluor 18 est de 2h, alors que celle du Technétium est de 6h) • Deuxièmement, les émetteurs β+ doivent être produits par un cyclotron (accélérateur de particules qui permet de produire des isotopes radioactifs), ce qui inclue une proximité entre le site de production et le centre d'imagerie. (CR : Pour les émetteurs gamma, il est possible de faire une production à l'intérieur du centre d'imagerie). C. Les grandes explorations cérébrales Si on restreint ce propos aux explorations cérébrales, voici les quelques cibles d'imagerie moléculaire cérébrale : – La perfusion cérébrale, examen réalisé en caméra TEMP grâce au Technitium en général, permet d'imager le débit sanguin au niveau du tissu cérébral. – La consommation métabolique du glucose, examen réalisé à l'aide de 18-fluoro-déoxyglucose (18F2/6 SNP – Imagerie cérébrale moléculaire – – – DG) en caméra TEP. La consommation métabolique d'acides aminés, examen réalisé en TEP à l'aide de 18F-DOPA La neurotransmission dopaminergique autour du transporteur synaptique de la dopamine, examen réalisé en TEMP, cette neurotransmission est souvent perturbée par la maladie de Parkinson. Les dépôts de plaques amyloïdes (substrat de la maladie d'Alzheimer), détection in vivo en TEP D. Imagerie de métabolisme (TEP) ou de perfusion (TEMP) ? Les deux premières cibles sont relativement équivalentes en ce que le glucose est apporté par la circulation sanguine. Cependant on utilise soit la TEMP, soit la TEP. Les marqueurs utilisés, certes fonctionnels, sont très peu spécifiques. Ils renseignent sur le fonctionnement synaptique, par ce qu'on appelle le couplage neuro-vasculaire, adéquation entre le niveau de perfusion, consommation de glucose et activité synaptique. En effet, les besoins énergétiques du neurone pour maintenir les échanges synaptiques, sont déterminés par la circulation. Ce paramètre extrêmement sensible est perturbé dans toutes les pathologies cérébrales, qu'elles soient lésionnelles ou fonctionnelles (psychiatrie : dépression, schizophrénie). Cependant il reste difficile de réaliser un diagnostic différentiel, car cette imagerie est peu spécifique et va concerner de très nombreuses pathologies différentes. L'échelle de couleur code pour le niveau de consommation métabolique de glucose, rattaché au niveau de fixation du radiotraceur. Elle est maximale au niveau du cortex, au niveau des noyaux gris centraux et thalami, et minimale au niveau de la substance blanche. A noter que le cortex visuel primaire est toujours actif pendant ce type d'examen, car le patient, même les yeux fermés au repos, continuera de s'imaginer et de 'voir' des scènes sous ses yeux fermés. Concernant les indications, il est préférable de faire de la TEP-18F-DG plutôt que TEMP-perfusion, sauf en cas de maladie vasculaire (vascularite, ou AVC), où il est préférable d'utiliser l'imagerie de perfusion. En revanche, on utilisera exclusivement la TEP-18F-DG avec les encéphalites et les tumeurs cérébrales. En cas de maladie d'Alzheimer, on s'attend a un hypométabolisme au niveau des régions de carrefour postérieur, avec une atteinte hypométabolique plus diffuse à un stade avancé de la maladie (cortex limbiques, cortex associatifs mais conservation des régions primaires), à l'inverse des tumeurs cérébrales (glioblastomes) ou des lésions inflammatoires (encéphalite) entraînant un hypermétabolisme (avec augmentation de la consommation de glucose). Le métabolisme glucidique est d'ailleurs un bon marqueur de l'agressivité d'une tumeur. CR : Exemples de TEP : • Tumeur cérébrale primitive appelée glioblastome : 2 lésions aux profils métaboliques différents : – hypermétabolisme d'une petite région : témoin de l'aggressivité tumorale, de la capacité de prolifération tumorale – hypométabolisme d'une plus grosse région qui finalement est moins aggressive. 3/6 SNP – Imagerie cérébrale moléculaire • Encéphalite limbique et hyperfixation I. Quelques détails sur l'imagerie TEMP de perfusion La distribution intracérébrale de la fixation reflète l'état de la perfusion régionale au moment de l'injection et pas à celui de l'acquisition. Il y a un découplage entre l'état fonctionnel du patient et le moment de l'acquisition. Par exemple, on cherche à imager une crise d'épilepsie partielle, où une partie du cerveau spécifique à un patient donné décharge d'un point de vue électrique. Ce type d'épilepsie résiste souvent aux traitements, et finit par s'ouvrir sur une thérapie chirurgicale. Dès qu'une crise se déclenche chez le patient, on lance l'imagerie en injectant l'isotope radioactif, qui s'intègre dans l'organisme. Plus tard bien après la crise, on réalise l'acquisition de l'image et on peut alors observer ce qu'il s'est passé au moment de l'injection, et pas ce qu'il se passe au moment de l'acquisition ! C'est ce qui est appelé le découplage. CR : En comparaison avec des images intercritiques on peut visualiser l'hyperfixation. En IRM, il n'y a pas de découplage entre injection et acquisition. Il est très important de standardiser les conditions d'injection : le patient ne doit ni bouger ni parler, il doit être au repos neuro-sensoriel (dans la pénombre et au calme), pour ne pas fausser l'imagerie, pour que l'examen soit le plus reproductible possible. On a déjà pu voir que le cortex visuel reste malgré tout en activité. II. Quelques détails sur l'imagerie TEP-18FDG Le 18*FDG est un analogue fluoré du glucose marqué au fluor 18 : on enlève le OH d'un glucose remplacé par OH fluoré. Le transporteur Glut 1 permet au 18FDG de rentrer dans la cellule et d'être transformé par une enzyme, l'hexokinase en 18FDG6P. Ceci est la première étape du métabolisme intracellulaire du glucose, qui s'engage ensuite vers la glycolyse etc. En ayant retiré un groupement OH, le composé métabolique rentre, mais reste enfermé dans la cellule et ne peut pas suivre la suite des réactions métaboliques : c'est une impasse métabolique avec une accumulation intracellulaire de 18FDG. Dans les cellules tumorales, on a une augmentation du nombre et de l'avidité des transporteurs GLUT1 et de l'activité de l'hexokinase, avec une hyperconsommation de glucose, et une hyperaccumulation de 18FDG si on en fait l'imagerie. Il faut là encore standardiser au mieux l'examen pour qu'il soit reproductible. CR : Les difficultés du métabolisme du glucose ainsi que celles liées à la visualisation d'une hyperfixation dans une région dèja bien active amènent à chercher d'autres cibles moléculaires. Pour les tumeurs par exemple, on peut utiliser comme traceur les transporteurs des acides aminés, suexprimés dans les tumeurs. 4/6 SNP – Imagerie cérébrale moléculaire E. Le DaTSCAN utilisé dans la maladie de Parkinson On a en parallèle des traceurs beaucoup plus spécifiques que le 18FDG, qui renseignent sur des mécanismes physiopathologiques, plus que fonctionnels. On peut par exemple analyser le récepteur présynaptique de la synapse dopaminergique impliqué dans la maladie de Parkinson, grâce à la technique du DaTSCAN. Il permet de suivre l'atteinte postéro-antérieure de la maladie (le cerveau est grignoté par la maladie de ses zones postérieures vers l'avant : putamen postérieur → putamen antérieur → noyau caudé). L'examen ne se base pas seulement sur un fonctionnement, mais s'oriente vers une étiologie particulière. Le DaTSCAN imagerie de neurotransmission dopaminergique reflète le nombre de neurones dopaminergiques in vivo dans la substance noire (qui se situe dans le tronc cérébral). CR : Les neurones dopaminergiques sont présents le long de la voie nygro-striée (de la substance noire du mésencéphale jusqu'au striatum (noyau caudé et putamen)). Au niveau de ces neurones, la dopamine est relarguée dans la synapse puis recaptée à 80% par le transporteur présynaptique. Or ce transporteur est altéré dans le processus neurodégénératif de la maladie de Parkinson. Avec au moins 50% de perte dopaminergique, les premiers symptômes de la maladie de Parkinson apparaissent. Le traceur du DaTSCAN renseigne sur l'activité du transporteur de la dopamine,et cet examen est extrêmement sensible et précoce, on peut réaliser un diagnostic pré-symptomatique et faire de la neuroprotection. CR : La fixation du traceur est profonde, située au niveau des noyaux gris centraux. Chez un sujet normal cette fixaion a la forme d'une virgule, chez les sujets atteints de la maladie de Parkinson on a une hypofixation asymétrique et les signes sont inversés par rapport à la latéralité des signes cliniques. Il n'y a pas d'interaction avec les médicaments dopaminergiques car ils agissent en post-synaptique. La schizophrénie présente quant à elle un excès de dopamine. CR : L'impact diagnostique de cet examen est très binaire : – soit l'examen est normal – soit l'examen est anormal et dans ce cas il y a forcément une atteinte de la voie nygro-striée qui est d'origine dégénérative. L'examen oriente vers une ETIOLOGIE. Si la cause du syndrôme parkinsonien est médicamenteuse, l'examen est normal. F. Les dépôts de plaques amyloïdes dans la maladie d'Alzheimer Avant, la seule certitude diagnostique de la maladie d'Alzheimer était post-mortem, du vivant du patient, on ne pouvait jamais vraiment poser un diagnostic avec certitude. Désormais, on peut détecter sur un patient vivant la présence ou non de plaques amyloïdes, qui déterminent le diagnostic ou non de la maladie d'Alzheimer. La qualité d'image est meilleure en TEP qu'en gamma-caméra, on peut mieux voir les plus petites structures, c'est cette caméra TEP qu'on utilise ici. 5/6 SNP – Imagerie cérébrale moléculaire L'imagerie des plaques amyloïdes, réalisée à l'aide de traceurs qui s'accrochent à la plaque amyloïde fluorés en TEP, est très binaire : soit cet examen est négatif, excluant formellement le diagnostic de la maladie d'Alzheimer, soit il est positif, et dans ce cas, on peut, selon la quantité de plaques détectées, diagnostiquer la maladie, ou du moins annoncer la possibilité qu'elle se déclare quelques années plus tard. Dans l'évolution de la maladie d'Alzheimer, le premier événement pathologique, bien qu'asymptomatique, est le dépôt de plaques amyloïdes : c'est un phénomène extrêmement précoce qui apparaît avant les anomalies cliniques, métaboliques et structurelles, chez des sujets sains souvent (ces plaques sont dèja présentes 20 ans avant l'apparition des premiers symptômes). Ces dépôts sont maximaux pendant la phase asymptomatique et se stabilisent avant même la déclaration de la maladie. Les dépôts de plaques ont une évolution présymptomatique par rapport à la maladie, ils ne sont en aucun cas corrélés à son degré de gravité une fois déclarée. Il existe des traitements contre les plaques amyloïdes. G. Autres cibles moléculaires Il s'agit de l'examen de la consommation métabolique d'acides aminés, réalisé en TEP à l'aide de 18F-DOPA. Son avantage est que le tissu nerveux observé par cet examen fixe moins les acides aminés que le glucose d'un point de vue physiologique. On peut donc mieux interagir avec eux et imager le métabolisme cérébral. Petite dédicace aux chaussures à laçage automatique qui ont pris la forme de chaussures à roulettes, aux hologrammes de requins qui ont pris la forme d'écran 3D au cinéma, au poste de télévision multichaîne qu'on appelle maintenant tnt, au fax, à la carte sim, micro-sim, et nano-sim, à la carte mémoire qui est devenue un CD, puis une clé usb, à la caméra TEP et au DaTSCAN, aux voitures électriques. 6/6