Georges-Louis Le Rouge, 1712- ?
XVIIIe et XIXe cahier des jardins anglais
contenant ceux du Bagno à Steinford en Westphalie
Paris, rue des Grands Augustins, 1787
290 x 470 mm
[4 Rés. 215]
Les Jardins à la mode puis Jardins anglo-chinois
publiés par Georges-Louis Le Rouge entre
1776 et 1789 comptent parmi les sources les
plus importantes pour l’histoire des jardins du
XVIIIe siècle. La Bibliothèque de l’INHA
conserve la collection presque complète des
vingt et un cahiers de cet ouvragei, constituée
au fil des ans. La livraison des XVIIIe et XIXe
cahiers, reliés en un volume, forme assurément
la pièce la plus exceptionnelle de ce rare
ensemble. Composés de quarante-neuf
planches aquarellées, ces cahiers sont
accompagnés de deux gouaches originales qui
représentent des vues pittoresques du lac au
centre du parc du Bagno. Ce volume, qui
provient de la bibliothèque de la princesse
Louise de Prusse, fait partie du noyau originel
de la bibliothèque et fut acquis avant 1914.
À l’instar de nombreux autres sites, Le Rouge
n’a semble-t-il jamais visité le parc du Bagno
dont les plans ont été levés par le géographe
Friedrich Christian Schatzmann. Construit à
l’orée du village de Steinfurt en Westphalie, le
Bagno s’étend sur environ quatre-vingt-dix
hectaresii. Ce vaste jardin anglo-chinois, baigné
par l’Aa, aurait été dessiné, selon Le Rouge,
par le prince de Bentheim lui-même. Le parc
présentait plusieurs aménagements
remarquables comme les illuminations
chinoises, la cascade d’Arion ou le pont de
rochers. Ces évocations pittoresques d’un
orient lointain ou de la mythologie grecque
sont autant de prétexte à la fantaisie et au luxe.
La cascade d’Arion renvoie subtilement au
jardin de Schwetzingen où la principale
fontaine figure également le jeune musicien
sauvé de la noyade par un dauphin.
L’évocation du héros d’Hérodote prend ici
une forme aussi monumentale qu’inattendue :
le vaisseau Le triomphe de l’harmonie met en
scène les éléments, la coque faite de minéraux
précieux répond à la voilure composée d’une
cascade. À l’arrière-plan, on aperçoit quelques
autres fabriques étonnantes comme le
réservoir égyptien ou la roue hydraulique,
exemple unique d’installation purement
technique mise en scène comme une fabrique
pittoresque. La vue du pont de rochers
caractérise bien ce mélange d’inspirations. On
voit là un pont tel qu’à Méréville par-dessous
lequel, à la façon de Piranèse, on découvre une
colonnade inspirée par le Grand Trianon de
Versailles.
Christophe Morin
i Il ne manque à la collection que le XXIe cahier qui contient
la suite des vues du parc du Bagno publiée en 1789. Cf.
Ernest de Ganay, Essai de bibliographie des ouvrages publiés
en français sur l'art des jardins, Paris, UCAD, 1989, p. 25-26.
ii Le site du jardin demeure, ainsi que le château, mais les
fabriques ont disparu.
Bibliographie :
Véronique ROYET (éd.),
Georges-Louis Le Rouge :
j
ardins anglo-chinois
Paris, BnF, 2004
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