Sylvie HERMOUET, coordinatrice

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témoigner
Le projet MPN&MPNr-EuroNet
interview
Un réseau européen pour le diagnostic des
Syndromes MyéloProlifératifs (SMP)
Coordinatrice d’un réseau européen COST
Sylvie HERMOUET
le projet en bref
T
ype de projet
Action COST, initiative
intergouvernementale pour la
CoOpération européenne en
Sciences et Technologie
COORDINATEUR
Université de Nantes, Centre de
Recherche en Cancérologie
Nantes-Angers (CRCNA - INSERM
UMR 892/CNRS 6299)
PartenaireS
95 experts des Syndromes
MyéloProlifératifs (SMP) :
cliniciens, biologistes, chercheurs
issus de 25 pays
durée du projet
4 ans à partir de janvier 2010
BUDGET
380 000 €
www.mpneuronet.eu
www.COST.ESF.org
Les Syndromes MyéloProlifératifs (SMP) sont des maladies chroniques
caractérisées par une production anormale, de nature cancéreuse, de certains
types de cellules sanguines : globules rouges, globules blancs et plaquettes.
Ces maladies d’origine génétique touchent environ 1 personne sur 10 000 et
se manifestent le plus souvent chez l’adulte de plus de 50 ans. Cette pathologie
tend à se développer en Europe avec le vieillissement de la population.
Les complications les plus fréquentes sont les thromboses (formation d’un caillot
dans une veine ou une artère), la fibrose médullaire (envahissement de la moelle
osseuse par du tissu fibreux) et plus rarement la leucémie.
Une avancée
dans les SMP
récente qui relance l’intérêt pour la recherche
Etabli il y encore quelques années au moyen d’un examen médical invasif
(par prélèvement de tissu osseux et de moelle osseuse), le diagnostic des SMP
comportait une marge d’erreur. De plus, il n’existait pas de traitement ciblé,
la prise en charge du patient s’avérait limitée et les pratiques cliniques assez
différentes selon les pays.
La découverte en 2005, en France, d’une mutation génétique spécifique à ces
maladies chez une majorité de patients atteints a ouvert de nouvelles
perspectives de diagnostic moléculaire. Aujourd’hui, des laboratoires et centres
cliniques européens travaillent à standardiser la détection et la quantification
de cette mutation ainsi qu’à identifier d’autres gènes mutés responsables.
Une nécessaire
mutualisation des techniques de
diagnostic pour ces maladies
L’objectif du projet MPN&MPNr-EuroNet est d’améliorer les techniques de
diagnostic des mutations déjà identifiées dans les SMP et d’harmoniser les
pratiques entre les différents pays.
Cette mutualisation des connaissances et
des moyens doit permettre un diagnostic plus
rapide et non invasif pour le patient, puisqu’il
se fera par simple prise de sang.
La standardisation et la commercialisation de
kits rendront également le diagnostic plus
fiable, pour une meilleure prise en charge. Il
permettra aussi d’élargir le champ de recherche
vers de nouvelles mutations et de renforcer le
développement clinique en Europe sur ces
techniques de pointe.
Réunion du réseau à Nantes, le 15 avril 2010
6 / Chercheurs européens N°03 - janvier 2012
Médecin en hématologie biologique, Sylvie HERMOUET
a intégré en 1993 le Département de Recherche en
Cancérologie (Inserm U601) à Nantes. Ses travaux
portent sur les Syndromes MyéloProlifératifs (SMP).
La découverte en 2005 d’une mutation spécifique
des SMP a permis au Dr. Hermouet de mettre au point
une technique de détection de cette mutation, utile
pour le diagnostic moléculaire des SMP. Actuellement
seul sur le marché, ce test est commercialisé par la
société IPSOGEN, une PME marseillaise.
Pourquoi avez-vous choisi de monter un réseau COST ?
Il existait un véritable besoin de constituer un réseau européen
pour s’accorder sur les techniques de détection des mutations,
afin de standardiser le diagnostic des SMP. J’étais déjà en contact
avec des collègues d’une dizaine de pays et nous avions constaté
des variations très importantes d’un centre clinique à l’autre.
En 2008, j’ai pris contact avec la Cellule Europe de Nantes qui
m’a orientée vers le programme COST. Ce type de financement
paraissait le plus adapté car nous avions besoin, avant tout,
de structurer un réseau très large et non pas de monter un projet impliquant seulement 4 ou 5 pays. Après avoir soumis un
pré-projet en première étape (à la date butoir de septembre 2008), nous avons été invités, en janvier 2009, à déposer un
dossier complet. Notre réseau a finalement été retenu et lancé officiellement lancé à Bruxelles, en novembre 2009.
Arrivé à mi-parcours, quel rôle joue aujourd’hui ce réseau dans vos collaborations scientifiques ?
Le travail avec les partenaires est réellement facilité. Auparavant, nous étions obligés de nous retrouver de manière informelle,
en marge de colloques internationaux, sans jamais parvenir à nous réunir tous.
Par le biais du réseau COST, les temps de réunion sont prévus et financés. Cela change tout. L’obligation de communication
apporte aussi une réelle visibilité au projet. Des formations et des échanges entre laboratoires sont organisés, ce qui renforce
le réseau et le rend dynamique.
Au delà des membres spécialistes des SMP, ce projet permet également d’interagir avec d’autres coordinateurs de réseaux COST
dans d’autres domaines. Nous sommes d’ailleurs en phase de montage d’un nouveau projet européen avec deux d’entre eux.
Ce projet a franchi avec succès la première étape d’évaluation.
Sans l’expérience de votre réseau COST, auriez-vous pu monter ce deuxième projet collaboratif ?
Oui, mais nous l’aurions fait différemment et avec beaucoup moins de chances d’être sélectionnés.
Sur le plan scientifique, je me suis fortement appuyée sur notre réseau, en confiant, par exemple, la responsabilité d’activités
centrales du projet à un collègue coordinateur d’un autre projet COST. Nous pouvons aussi nous appuyer sur un réseau
de 25 pays pour le recrutement des patients.
Cette expérience m’a aussi aidée pour le montage du projet. C’est plus simple la deuxième fois car cela permet
de comprendre le fonctionnement des programmes européens et leur
processus d’évaluation.
Quel enrichissement tirez-vous de ce type de projet ?
Ce programme COST offre avant tout des occasions de rencontrer
des chercheurs de nombreux pays. Certains, comme la Macédoine ou la
Croatie par exemple, ont assez peu la parole lors des grandes réunions
internationales. Pourtant, leur approche et leurs résultats sont souvent
différents et très intéressants. COST est un espace qui permet ces échanges,
ce qui est enrichissant pour tous.
De manière générale, les médecins et chercheurs français ne participent pas
assez aux projets européens. C’est une très bonne chose d’encourager les
chercheurs à s’y engager, que ce soit en tant que partenaire ou coordinateur.
Les spécificités de cost
appels à propositions par an (dépôts en
2
mars et septembre)
financement pour mettre en réseau des
un
équipes de recherche sur une thématique
émergente
des appels « blancs »
des
partenaires d’au moins 5 états Membres
de l’UE (ou pays associés)
Chercheurs européens N°03 - janvier 2012 / 7
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