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Économie
En décroissance depuis l’indépendance, la part du septen-
trion dans l’économie nationale est de l’ordre de 5 %. Cette
tendance ne devrait pas s’inverser car les potentiels de
croissance sont plus importants dans la partie sud du pays.
Au niveau national, le septentrion n’est pas particulièrement
désavantagé en termes de pauvreté et autres indicateurs
sociaux, à l’exception de l’éducation et de l’accès à l’eau
potable. Les crises alimentaires ne se cantonnent pas
aux seules régions du nord, toutefois les populations de
ces dernières sont très vulnérables aux conséquences de
mauvaises récoltes et de déficits fourragers.
Le commerce transsaharien (hors économie criminelle)
est une activité économique majeure qui témoigne de la
vivacité de la vocation commerciale transsaharienne du
septentrion alors que l’agriculture ne représente que 1.2%
des surfaces cultivées et 4.3 % de la production céréalière du
Mali. Concentrée dans la région de Tombouctou, son avenir
réside dans la maîtrise de l’eau. La construction du barrage
de Taoussa pourrait en partie changer la donne. Dans la
région de Tombouctou est également concentré l’essentiel
des activités de pêche dont l’essor se heurte aux contraintes
de l’enclavement. Le potentiel économique considérable de
l’élevage est très mal valorisé. Avec 45% du cheptel ovin
et caprin et 20 % du cheptel bovin du Mali, le septentrion
ne compte que pour 1 à 2% des abattages officiels dans le
pays, alors que la demande ne cesse de croître. La filière «
cuirs et peaux » et la filière « lait », sont sous-développées.
L’élevage transhumant est le plus pratiqué. Il est nécessaire
de lui accorder une attention particulière. Outre son intérêt
économique, il constitue une ligne de défense essentielle
contre l’insécurité par l’occupation de l’espace.
Le tourisme a joué un rôle significatif dans l’économie du
nord. Il a aujourd’hui disparu du fait de la guerre. Cependant
l’insécurité n’est que l’un des nombreux problèmes posé
à un développement durable de ce secteur qui devra
remédier à ses faiblesses structurelles, parmi lesquelles
figure la faible qualité des infrastructures d’hébergement
et des axes de transport.
Perspectives
Accorder une attention particulière au fleuve et à
sa vallée. Lieu de vie et d’activité de l’immense majorité
de la population, le fleuve devrait faire l’objet d’un schéma
intégré d’aménagement, de préservation et de dévelop-
pement de la boucle du Niger ; abordant simultanément
le désenclavement, la construction du barrage le désen-
sablement, l’aménagement urbain, les services sociaux,
l’agriculture, l’élevage, la pêche, etc.
Valoriser le potentiel commercial du septentrion.
Pourrait-on envisager que le commerce transsaharien
retrouve la place et le rôle qui ont longtemps été les siens ;
qu’il redevienne un espace dynamique d’échanges vertueux
entre l’Afrique de l’Ouest et le Maghreb ? Cette hypothèse
mérite de faire l’objet d’une réflexion prospective sur les
potentiels de coopération économique entre l’Algérie et
le Mali. Une coopération transfrontalière dans le triangle
Agadez, Gao, Tamanrasset pourrait constituer la « tête de
pont » d’une coopération régionale plus poussée.
Exploiter les ressources minières dans une optique
d’intégration nationale et régionale. Le calcaire et
le phosphate du septentrion ont des débouchés poten-
tiels importants sur le marché malien et africain. En se
développant, ces deux filières semblent parées de toutes les
vertus : celle de créer de l’emploi et des revenus localement
et celle de contribuer au développement du Mali et à son
rayonnement économique en Afrique.
Derrières ces hypothèses se profilent deux convictions :
Il est nécessaire que le septentrion redevienne un
espace central et partagé qui n’est pas seulement le
nord du Mali avec « au-dessus » le sud de l’Algérie,
mais aussi le centre d’un ensemble macro régional
allant de la méditerranée à l’atlantique. Ceci
suppose un projet à long terme –générationnel - de
coopération politique, économique et sécuritaire
soutenue entre les deux rives du Sahara.
Il lui faut par conséquent devenir un espace
connecté et fluide : un espace intégré dans le Mali
et intégrant pour le Mali dans sa région. Cette
intégration territoriale est la condition première de
son intégration sociale et économique.