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2| LA RELATION ENTRE LES PRATICIENS EN PÉDIATRIE ET « L’INDUSTRIE »
fient souvent aux représentants de l’industrie pour
obtenir de l’information sur les produits. Cependant,
les praticiens doivent savoir que les représentants de
l’industrie leur présentent de l’information qui peut
comporter des biais. Ils sont donc tenus de procéder à
l’évaluation critique des publications scientifiques dans
le cadre de leur pratique quotidienne et ne doivent
jamais oublier que le représentant de l’industrie vise
toujours à présenter ses produits sous un jour
favorable.[7] Il arrive que l’information sur le produit soit
transmise pendant un repas ou accompagnée d’une
babiole comportant le logo de l’entreprise. C’est peut-
être ainsi que se font les affaires dans d’autres
secteurs de l’économie, mais ce n’est pas
nécessairement approprié en milieu médical. Les
praticiens sont responsables de prodiguer des soins
médicaux axés sur des données probantes, non
biaisés par le marketing.
Dans toute relation commerciale, la remise d’un
cadeau, même symbolique, peut créer un sentiment
d’obligation susceptible d’exercer une « influence ».[8]
Les patients peuvent se demander si le praticien qui
rédige une prescription à l’aide d’un stylo arborant le
logo de l’entreprise qui produit le médicament a
vraiment leur intérêt à cœur. Ils s’interrogeront encore
davantage s’ils apprennent que cette entreprise a payé
les frais d’un colloque médical sur ses produits les plus
récents. Le premier devoir du praticien est envers ses
patients, tandis que le devoir de l’industrie est plutôt
envers les actionnaires. Il est important de garder cette
distinction à l’esprit lorsqu’on évalue les ramifications
éthiques de la relation entre le praticien et l’industrie.
Les considérations éthiques
La bénéficience : Le praticien, à titre de fiduciaire,
exerce un certain pouvoir sur chaque patient (ou
bénéficiaire) et a le devoir d’agir dans l’intérêt
supérieur de celui-ci. Dans sa relation avec les
patients, il doit toujours éviter de prendre en
considération son intérêt personnel et d’exploiter leur
vulnérabilité.[9] Cette relation privilégiée s’assortit d’une
responsabilité éthique, celle d’entretenir une relation
sans lien de dépendance avec l’industrie.
Le professionnalisme : L’intégrité personnelle est
essentielle pour le respect de soi et la réputation
professionnelle. Dans l’ensemble, les médecins n’ont
pas l’impression d’être personnellement influencés par
l’industrie.[2] Cependant, la question fondamentale
n’est pas de savoir si la relation du médecin avec
l’industrie influence ou non ses habitudes de
prescription. Le fait que cette relation puisse influer sur
la pratique médicale suffit pour en justifier un examen
attentif.[8]
L’industrie fait des cadeaux avant tout pour créer une
attente de réciprocité. Ces cadeaux peuvent nuire à
l’objectivité, entacher le comportement professionnel
et ébranler le respect des patients, des parents ou des
collègues. Les cadeaux ou autres mesures incitatives
qui ne sont pas bénéfiques aux patients visent à
influencer les comportements et ne devraient jamais
être acceptés.[10] Même des cadeaux symboliques
comme des stylos, des tasses ou des blocs-notes,
dont le principal objectif est d’afficher le logo de
l’entreprise, peuvent miner la confiance des patients et
de leur famille.[11]
Les praticiens sont des mentors et des modèles pour
les étudiants, les stagiaires et leurs collègues moins
expérimentés, parfois trop faciles à influencer. Il est
dans l’intérêt de tous de s’assurer que la relation des
praticiens avec l’industrie est toujours transparente et
justifiable sur le plan éthique.
La non-maléficence : Il n’est que trop facile pour les
praticiens de se trouver en situation de conflit
d’intérêts (CdI) ou devant des intérêts divergents. Ces
intérêts peuvent découler d’un CdI réel, apparent ou
potentiel, défini comme « une situation dans laquelle
des considérations d’ordre financier ou d’autres
facteurs personnels risquent d’altérer ou de biaiser le
jugement professionnel et l’objectivité. »[12] Il peut être
difficile de définir clairement ce qui constitue des liens
commerciaux qui se rapportent à cette situation. Une
entreprise qui verse des revenus à des individus ou à
des établissements qui prescrivent son produit en est
un exemple évident. Le fait de prescrire un produit
d’une entreprise dont vous êtes actionnaire en est un
autre. Lorsqu’ils sont en CdI, les praticiens peuvent
tenir compte de leurs intérêts personnels avant ceux
de leurs patients, ce qui n’est pas toujours aussi
clairement défini que dans les exemples précédents.
Comme on l’a souligné, de petits cadeaux peuvent
créer des attentes et des élans de réciprocité qui ne
sont jamais exprimés franchement. Une apparence de
CdI peut entraîner une perte de confiance de la part
des patients, des parents ou d’autres professionnels
de la santé. Le risque de nuire à la relation entre le
patient et le praticien est trop cher payé : il faut
divulguer tout CdI réel ou potentiel et le résoudre dans
l’intérêt supérieur des patients. Dans la plupart des
pays industrialisés, la transparence est la norme
minimale.[6][13]