Partage de responsabilité entre praticiens en clinique
2 - Situations à risque médico-légal en cardiologie
a) Consultations pré-opératoires : trop souvent, les cardiologues sont consultés la veille d'une
intervention non cardiologique, les mettant dans une situation délicate s'ils découvrent une anomalie.
Sous la pression combinée du chirurgien, de l'anesthésiste et parfois du patient, ils donneront leur
accord, alors qu'à froid ils auraient demandé un complément d'investigation.
b) Les avis « entre deux portes » sont à proscrire, car ils engagent régulièrement la responsabilité
des deux praticiens. Le solliciteur applique maladroitement une mesure dont il ne contrôle pas les
subtilités, mais se couvrira en notant le nom du spécialiste consulté. Celui consulté donne une
consigne, qui peut s'avérer délétère par une connaissance imparfaite du terrain.
c) Le relais des anticoagulants est une cause récurrente de litiges. Chez les patients sous AVK, se
pose la question de l'opportunité du traitement substitutif par héparine, de la dose prescrite et du
type d'héparine. De nombreux médecins ont été condamnés pour un manque de coordination. Un
cardiologue s'est vu reprocher d'avoir donné son accord à une substitution par HBPM en vue d'une
intervention de cataracte chez une patiente obèse porteuse d'une valve de Starr mitrale, en AC/FA,
ayant déjà fait des accidents ischémiques transitoires, qui se compliquera d'un accident vasculaire
massif. Outre le fait de ne pas avoir informé du risque élevé d'AVC que comportaient ces
manipulations thérapeutiques, le choix de l'HBPM sur ce terrain et l'absence de vérification de l'anti
Xa lui seront reprochés. La coordination entre cardiologues, anesthésistes et chirurgiens fait trop
souvent défaut, aboutissant à des accidents au décours de l'intervention soit par interruption de
l'héparine avant que les AVK soient à nouveau efficaces, soit par l'utilisation de doses insuffisantes
par crainte de saignements. Un ophtalmologue se verra condamné pour avoir repoussé d'un mois
son intervention, sans avoir demandé à son patient de reprendre un traitement anticoagulant efficace
ou de ne pas l'avoir orienté vers son cardiologue, provoquant une hémiplégie.
d) La prescription d'actes invasifs engage à la fois le prescripteur et celui qui le réalise, que ce soit
sur l'indication, l'information et la préparation du patient, selon le degré de compétence de chacun.
e) La surveillance post-interventionnelle est un autre domaine de responsabilité conjointe.
L'opérateur se doit de donner des consignes claires (écrites) de surveillance et de traitement et de
faire part des difficultés rencontrées pendant l'intervention. De façon corollaire, les médecins chargés
de la surveillance doivent avertir l'opérateur, en cas de complications, pour qu'il puisse donner les
orientations les plus pertinentes ou reprendre le patient.
f) Gestion de la sortie : faisant la transition entre une surveillance hospitalière étroite et le retour à la
vie « civile », la sortie est une période délicate qui engendre trop souvent de nombreuses
réclamations. Outre la justification de la sortie, ce sont surtout les modalités de sortie qui sont
contestées. Pour des questions d'organisation, les comptes rendus et les ordonnances sont
habituellement dictés la veille de la sortie. Malheureusement, l'examen du patient ou l'analyse des
examens (biologie, ECG...) le matin même du départ font parfois défaut, alors que l'état du patient
s'est dégradé pendant la nuit ou que le traitement devait être réajusté. Le tribunal s'intéressera à
savoir qui est le prescripteur et qui est celui qui était chargé de voir le patient le jour de la sortie, et
se réfèrera au planning (liste d'astreinte). En cas de traitement anticoagulant, la surveillance
biologique a t-elle été prescrite, avec consigne de revoir rapidement le médecin traitant avec les
résultats ?
Lors d'une hospitalisation pour une stimulation ventriculaire, une radiographie pulmonaire a été
prescrite systématiquement par le cardiologue à l'admission. À la sortie, cette radiographie qui
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