©Traces d’Histoire Contemporaine – Paul Burlet www.tracesdhistoire.fr
Le corridor des feui
l
les de plomb au Mémorial d
e
V
assieux, où sont inscrits les noms des 840
victimes civiles et militaires du Vercors
Nécropole de la Résistance de Vassieu
x
©Traces d’Histoire Contemporaine – Paul Burlet www.tracesdhistoire.fr
« LES » BATAILLES DU VERCORS (juin-juillet 1944)
Indique que le personnage figure dans « l’appendice 2 » en fin du digest
PRÉAMBULE
C’est le plan « Montagnards », grande idée stratégique, qui a été retenu pour le Vercors. Des camps dispersés dans tout
le massif et qui, en harmonie avec le débarquement allié en Provence renforcé de troupes aéroportées, prendraient à
revers les troupes ennemies stationnant ou remontant dans la vallée du Rhône. En d’autres termes, une forte dispersion
sur un vaste territoire boisé et accidenté de groupes très mobiles bien formés, bien armés, ne se concentrant et agissant
avec les unités aéroportées, qu’au jour « J » du débarquement Sud.
Ce projet va être esquissé, fin 1942, par Pierre Dalloz , montagnard expérimenté, résidant près de Sassenage et
connaissant bien la géographie du Vercors. Il va être assisté pour cela de quelques amis,
montagnards comme lui, dont Jean Prévost, le futur capitaine « Goderville ». Cette
ébauche de plan est présentée, à Lyon, à Yves Farge « Bessonneau » ou « Grégoire » ,
futur commissaire de la République pour la région Rhône Alpes. Ce dernier en parle alors
avec Jean Moulin « Max » puis, le 31 janvier 1943, revient à Grenoble confirmer l’intérêt
pris par l’envoyé du général de Gaulle.
Le 10 février, à l’issue d’un entretien, le général Delestraint « Vidal » (ci-contre), délégué
militaire national, adhère au projet et emporte ce dernier à Londres où il le présente au
général de Gaulle et à ses services.
Le 25 février 1943, il fait savoir à Dalloz que le projet est retenu et qu’une étude détaillée
doit immédiatement être lancée. Dalloz étend alors son groupe. Un état des ressources du
Vercors est établi par le commandant Pourchier, ancien directeur de l’Ecole de Haute
Montagne de Chamonix. Le plan d’utilisation militaire échoit au capitaine Alain Le Ray
« Bastide »1  qui s’adjoint trois officiers, dont le lieutenant Roland Costa de Beauregard « Durieux »2. De leur
côté, Pierre Dalloz et Yves Farge situent les terrains pour les opérations de parachutage et d’atterrissage dont l’étendue
plate et dégagée de Vassieux, propre à un terrain d’aviation.
Le projet Dalloz est devenu le plan « Montagnards » et, les 5 et 6 avril 1943, « Vidal » se le fait présenter sur place. Le
général fait simplement remarquer, en fin de visite, qu’il accepte le plan mais que si les blindés ne peuvent pas être à
l’aise dans le Vercors, il faudra, surtout pour la partie Nord, la pourvoir d’artillerie où, à la rigueur, de mortiers.
Hélas, le 9 juin, peu après cette rencontre, le général Delestraint3 est arrêté, par la Gestapo, à Paris. Et le 21 du même
mois, à Caluire, c’est Jean Moulin, qui a organisé une réunion pour pallier à la disparition de « Vidal » qui est capturé,
avec bien d’autres responsables de la Résistance, par Klaus Barbie3.
Avec ces deux grands responsables, très proches du général de Gaulle, l’un son frère d’armes ayant comme lui combattu
pour que l’armée se dote d’unités blindées, l’autre son envoyé personnel, porteur de grands pouvoirs, les fils reliant le
plan « Montagnards » au « sommet de la Résistance » sont dénoués et vont être difficiles à renouer. Dalloz
immédiatement parti pour Londres, puis pour Alger, va, selon l’expression de Le Ray, être « le pèlerin infatigable
plaidant pour le Vercors ».
Cependant cela ne suffira pas, car en réalité, si le plan « Montagnards » est connu de l’État-major allié, ne serait-ce que
par l’intermédiaire de leur délégué en France auprès de toute la Résistance du Sud-Est, le très courageux et très efficace
commandant Francis Cammaerts dit « Major Roger »4, il n’est plus, pour cet État-Major, lié au jour « J » du futur
débarquement en Provence.
La raison de ce décrochage est probablement liée au fait que les stratèges ne croient pas à une avancée rapide des troupes
débarquées. Et, lorsqu’ils auront vécu l’expérience de la lente progression du débarquement normand, ils ne changeront
pas de position5. Mais du fait du strict cloisonnement entourant chacune des futures opérations alliées (le secret étant
indispensable à la surprise !) il est probable que les services dunéral de Gaulle en charge du plan « Montagnards »
aient été tenus dans l’ignorance de ces évolutions de stratégie.
----------------------------------------------------------------
1 Alain Le Ray deviendra, jusqu’à fin 1943, le 1er chef militaire du Vercors et, ensuite, le commandant des FFI de l’Isère
2 Costa de Beauregard, sous les ordres du colonel Huet chef militaire, assurera, pendant la bataille du Vercors, le
commandement du secteur Nord. Le secteur Sud étant confié au commandant Geyer « Thivollet »
3 « Vidal » mourra à Dachau, le 18 avril 1945, fusillé comme « NN » et Jean Moulin, reconnu comme le célèbre « Max » subira
le calvaire que l’on connaît et mourra le 8 juillet 1943 (voir « L’agonie de Jean Moulin » page 207)
4 Il restera au Vercors, près d’Huet, jusqu’à la dispersion, le 23 juillet.
5 Bien à tort, car il s’avèrera que le Vercors et les autres maquis du Dauphiné et de la Savoie ont été, bien avant la Libération,
les seuls maîtres du massif alpin. Au point que le plan allié au moment du débarquement de Provence qui prévoyait 3 mois pour
arriver à Grenoble puis Lyon n’a, en fait, requis que … 8 et 17 jours ! (voir page 240)
©Traces d’Histoire Contemporaine – Paul Burlet www.tracesdhistoire.fr
Car comment comprendre autrement qu’Alger, par l’intermédiaire de Soustelle, promette, en mai 1944, à Chavant
« Clément » , chef civil du Vercors, l’arrivée prochaine – et utopique - de 4.000 parachutistes ?
6
Durant l’été et l’automne 1943 les actes de Résistance et, avec eux, les opérations de répression se multiplient dans
toute l’Isère.
Le 30 août, un détachement de la 157
ème
division de réserve allemande est signalé dans
l’Isère, région occupée par les italiens mais dans laquelle le Gestapo lyonnaise ne se gêne pas
pour effectuer des arrestations.
Le 8 septembre, un bataillon d’infanterie et un escadron de chars de la 157
ème
s’arrêtent à
Grenoble. Le soir, le général Karl Pflaum (ci-contre) s’installe à l’Hôtel des Trois Dauphins.
Le même soir, le maréchal Badoglio annonce que l’Italie a signé l’armistice avec les alliés.
A partir de ce jour, tout Rhône Alpes, comme toute la France, sont occupés par les
allemands.
Des deux côtés la situation se radicalise, accentuant, en particulier, le rôle des Groupes
Francs qui serviront de fer de lance aux guérillas du printemps 1944 comme de
charpente solide à bien des compagnies du Vercors et du Grésivaudan. Les allemands
ne vont, d’ailleurs, pas être longs à juger insupportable que tout autour de Grenoble
foisonnent des maquis, qu’à Grenoble et alentours les attentats perpétrés par la
Résistance soient permanents et que, petit à petit, se constituent, au Vercors, des forces
de plus en plus importantes, recevant quantités d’armes.
Le 12 septembre, les allemands font connaissance avec les commandos du commandant Louis Nal (ci-dessous à droite).
Un détachement allemand venu prendre possession au fort des Quatre Seigneurs, d’un stock d’armes et d’explosifs,
découvre trop tard qu’il a été miné. 20 morts.
Voilà les nouveaux occupants entrés dans la spirale de la violence (que les miliciens connaissent déjà bien !) et
qu’imposent tant les équipes de Nal que celles des F.T.P. Les voies de chemin de fer
sautent et resautent. Un convoi de wagons, chargés de transformateurs pour
l’Allemagne, est détruit. Des bombes éclatent dans les locaux de la Milice.
Le 11 novembre 1943, des milliers de personnes se rendent au monument aux morts
des Diables Bleus. Un millier est arrêté. 393 seront déportés. Seuls 120 reviendront !
Le 13 novembre, suite à la mission « Cantinier »
7
, un premier parachutage de 80
containers d’armes légères, de plastic et de matériels divers, est effectué. A la grande
déception d’Alain Le Ray, chef militaire du Vercors, qui en souhaitait dix fois plus
avec, notamment, des mortiers et des canons antichars, armes qui feront cruellement
défaut plus tard.
Dans la nuit du 13 au 14 novembre, Aimé Requet, adjoint de Nal, fait, tout seul, sauter
le parc d’artillerie. Pendant plus de 3 heures, magasins, ateliers explosent. 150 Tonnes de
munitions et plus de 1000 Tonnes de matériels militaires sont détruits ! Les allemands,
paniqués, patrouillent dans la nuit et tirent sur tout ce qui bouge. Conséquence : 7 passants
tués, dont 2 journalistes.
La riposte allemande va être terrible. Dès le 25 novembre, et cinq jours durant, les allemands, aidés de la Gestapo, de la
Milice, du P.P.F et d’équipes de tortionnaires, vont tenter de décapiter la Résistance en capturant, torturant, exécutant
et déportant d’importants responsables.
8
Le 2 décembre 1943, la caserne Bonne saute. 100 Tonnes de munitions explosent. Les pertes ennemies sont
importantes. Cependant, il y a malheureusement des morts et des blessés parmi la population. Mais, par ce spectaculaire
----------------------------------------------------------------
6 Les 4.000 parachutistes n’existaient pas dans l’armée française. Par contre - est-ce cela qui a entretenu la confusion ? - il y avait
de prévu, pour le débarquement de Provence, une force importante (on parlait de 10.000 hommes !) de parachutistes et
d’aéroportés américains. Et effectivement, le 15 août, ce sont 9.730 soldats sous les ordres d’un général de 37 ans, Robert
Frederick, qui, en deux vagues successives vont être déposés en France, non pas au Vercors, mais vers Muy dans lagion de
Draguignan, en avant des plages du débarquement. La première vague, transportée par 535 Dakotas, partis de l’aéroport de
Lido di Roma, arrive à 4h30 suivie l’après-midi d’une seconde, constituée de 465 planeurs. En tout, 1.900 avions vont être mis
à contribution dans cette opération.
7 Mission arrivée en septembre 1943 et dirigée par le français Rosenthal, accompagné du capitaine américain, Paul Johnson
et du colonel anglais, Robert Helsop « Xavier ». Elle est chargée d’évaluer les besoins des maquis dans le sud-est. Elle se rend
au Vercors, inspecte les camps et exerce même un contrôle financier (rapport 31/10/1943)
8 Plus de 20 personnes dont Gaston Valois, chef des M.U.R pour l’Isère, son adjoint Jean Pain et sa secrétaire, Suzanne
Ferrandini.
©Traces d’Histoire Contemporaine – Paul Burlet www.tracesdhistoire.fr
attentat, Nal veut montrer aux allemands que ce n’est pas parce que certains responsables de la Résistance avaient été
pris que d’autres clandestins n’étaient pas aptes à poursuivre l’insurrection. Ce même jour, à titre de représailles, les
allemands assassinent le doyen Gosse et son fils. Ces jours de répression sauvage qui vont se traduire par, au moins, 13
personnes assassinées, 20 arrestations et 15 personnes déportées, vont demeurer, dans la mémoire collective, sous le
nom de « Saint Barthelemy de la Résistance Grenobloise ». En attendant, aidé du soutien local, le Vercors hiverne.
Certes il y a des incursions de GMR, de miliciens, d’allemands mais l’attaque n’est toujours pas frontale.
Le 6 janvier 1944, est parachuté à Saint Nazaire en Royans, la mission « Union ». Elle est dirigée par le colonel Fourcaud et
composée de l’américain « Chambellan », de l’anglais Henry H. Thackthwaite dit « Procureur » et d’un radio. Si la tâche
essentielle d’Union est « de bien convaincre les chefs de maquis de la Drôme, de l’Isère, de la Savoie que l’organisation de la guérilla
le jour J et après celui-ci est maintenant le plus important des devoirs »9, le rapport que « Procureur » remet à ses chefs du S.O.E10,
à son retour à Londres le 3 mai, préconise d’adopter une défense mobile disposant de très bonnes communications, et d’avoir
un encadrement expérimenté. Mais que si le Vercors était bouclé et se trouvait face à un ennemi doté d’armements lourds,
d’artillerie, d’aviation et de troupes aéroportées, « Procureur » demande que le Vercors soit doté de mitrailleuses lourdes et
de mortiers et que soient parachutés des hommes aguerris. Sans se lasser « Procureur » réclamera ces moyens pour le Vercors.
Tout au plus obtiendra-t-il quelques mitrailleuses Vickers.
A la réunion du 24 janvier du CDLN11, l’action dévolue aux maquis ressort en filigrane constant. Certains prônent le stockage
des armes pour le jour « J ». D’autres sont pour l’action immédiate. Finalement l’accord se fait « sur une étude préalable de la
guérilla généralisée à tout le Département de l’Isère, l’entraînement et l’armement des maquis ne permettant pas une action
d’embrasement général ».Le 29 mars 1944, la consigne générale n°3 de l’Etat-major du Vercors donne ordre « de se mettre
en état de défense dispersée ». Succès semble-t-il, puisque les irruptions ennemies d’avril ne prennent dans leur filet que
des résistants isolés. Des civils surtout.
Le 13 mai, à la suite de l’arrestation de « Sylvain » (Commandant de Reynies), c’est « Bastide » (futur général Alain
Le Ray) qui lui succède comme chef départemental F.F.I.
« Bastide » est connu de tous au Comité Militaire du Vercors pour sa prédilection envers les unités mobiles. Il est, de
plus, auréolé des regrets laissés dans les camps du Vercors à la suite de sa démission en décembre 1943 de son poste de
chef militaire du Vercors.
Commencent pour « Bastide » des tournées d’inspection en vélo d’une grande intensité. L’objectif - écrira Le Ray,
rendant hommage à « Sylvain » – reste inchangé : « maintenir la pression sur les centres et les artères vitales de l’adversaire ».
Le 5 juin, la BBC diffuse les messages ordonnant à tous les groupes de Résistance de passer à l’action, dont celui destiné
au Vercors « Le Chamois des Alpes bondit » Pour l’Etat-major du Vercors, c’est le signe confirmant le lien existant entre
sa mobilisation et un débarquement en Provence se produisant dans la foulée de celui de Normandie. Et que les
parachutistes promis vont arriver. Hélas rien de tel n’était prévu pour le Sud avant … 69 jours !12
A cet ordre de mobilisation, répond, dès le 7 juin, un tel engouement populaire, que c’est un flot, désordonné et joyeux,
de volontaires qui monte au Vercors. L’intégration, la formation et l’équipement des nouveaux venus posent de
multiples problèmes qui, pour partie, seront progressivement résolus13
Dès le 10 juin, le Général Koening veut freiner ce recrutement. Probablement a-t-il encore en mémoire les propos que
lui a tenu Zeller14, à Londres en octobre 1943, « J’estime que la guérilla généralisée ne peut pas durer plus de 15 jours sans
aide considérable des alliés sous forme de renfort de troupes et de ravitaillement en armes, en équipements, en habillement et
en vivres » ajoutant qu’il craignait « un déclenchement prématuré de quelque organisme qui ne serait pas au courant de la
situation en France… et … ce déclenchement serait susceptible d’amener des représailles terribles sur la population »15. De
son côté, Yves Farges rappelle les réserves du général Delestraint sur les capacités d’un Vercors conçu en bastion, « sans
artillerie ou à la rigueur sans mortier, il ne faut pas espérer tenir longtemps sur le plateau de Villars de Lans ». Pas question,
pour autant, de renvoyer une partie des volontaires. Le Conseil de Guerre, tenu à Saint Martin, estime cette éventualité
impossible car génératrice de conséquences trop lourdes pour être exécutée.
----------------------------------------------------------------
9 Michael R.D Foot in « SOE in France » - 1966 - Ed. Taylor et Francis Ltd
10 Ou « Spécial Opérations Executive »
11 Comité Départemental de Libération Nationale
12 N’y aurait-il pas eu ce message que cela n’aurait sans doute rien changé. Dès l’annonce du débarquement en Normandie, le
Vercors se considéra mobilisé estimant que les hypothèses de printemps étaient dépassées.
13 On va passer d’un effectif de 1.000 personnes, réparties en une vingtaine de camps très mobiles, bien encadrés et bien formés
ayant su s’en tirer correctement lors de chaque incursion ennemie depuis plusieurs mois, à un effectif de 4.000 personnes, dont
seulement 2.000 correctement armés et entrainés !
14 Futur chef de la région sud-est, de la Provence à la Suisse.
15 Propos rapportés par P.Dreyfus
©Traces d’Histoire Contemporaine – Paul Burlet www.tracesdhistoire.fr
Certes, l’État-major du Vercors garde présent à l’esprit que l’afflux de volontaires (avec tous les problèmes que cela
pose) ne doit pas modifier le rôle dévolu au Massif par « Montagnards ». Le plateau doit rester ouvert, et dans son vaste
territoire boisé et accidenté, constituer, en vue du débarquement de Provence, une « plateforme d’invasion préparée
par les maquis pour recevoir des bataillons de parachutistes éclatant sur les arrières de l’ennemi ». Mais, rapidement, et
à leurs corps défendant, Zeller , Descour , Chavant et Huet , afin de protéger les
nouveaux arrivants des incursions ennemies (comme se donner du temps pour les équiper,
les armer, les affecter et les former) décident de fermer le Vercors « tout au moins
provisoirement ». Ainsi, le Vercors devient une citadelle. Immédiatement Costa de
Beauregard, pour le nord, et Geyer , pour le sud, répartissent certaines de leurs unités afin
que tous les accès au Vercors soient coupés. Au nord, les compagnies Paul Brisac et Jean
Prevost « Goderville » (ci-contre) contrôlent Saint Nizier, la compagnie Bordenave bloque
le tunnel d’Engins et la compagnie Philippe couvre le secteur de Coulmes. Au sud, la
compagnie Bourdeaux est positionnée en forêt de Lente, les chasseurs d’Abel Chabal sont à
Saint Agnan et la compagnie Cathala au col du Rousset. Enfin, les 3.000 hommes du colonel
Drouot, chef des F.F.I de la Drome, assisté du commandant Jean Pierre de Lassus  et du
capitaine Pierre Raynaud, couvrent les contreforts du plateau. Ces maquisards de la Drome,
parmi lesquels de nombreux FTP sont répartis en 40 unités mobiles couvrant un front de
plus de 35 km, des hauteurs du Royans jusqu’au col de Crimone.
Le 8 juin 1944, Hugo Sperrle, feld-maréchal de la Luftwaffe, commandant en chef des unités allemandes déployées à
l’ouest, émet l’ordre d’éradiquer, par tous moyens, la Résistance
16
13-15 JUIN 1944, LA PORTE DU VERCORS ENFONCÉE A SAINT NIZIER
Le 10 juin, Huet et Costa de Beauregard renforce Brisac et « Goderville » à Saint Nizier par les compagnies civiles
d’Autran et de Méaudre, des jeunes de Saint Nizier ainsi que de deux sections venues du secteur sud de Payot et de
Grange. Ces mouvements, prenant en compte la topographie (aucun des belligérants en puissance ne peut pas ignorer
ce que fait l’autre) sont un véritable défi à l’occupant. Par ailleurs, suprême provocation, il est facile d’imaginer ce que
ressent l’ennemi à la vue d’une oriflamme géante aux couleurs tricolores qui flotte au-dessus de Saint Nizier et
parfaitement visible depuis Grenoble.
A partir du 12 juin, la Kommandantur de Grenoble décrète le couvre-feu de 20h. à 6h.
Le 13, « Le Petit Dauphinois » publie un communiqué annonçant « la fermeture de la ligne de tramway Grenoble-Saint
Nizier. »
Le même jour, au matin, Brisac est prévenu qu’une colonne de 3/400 allemands monte à Saint Nizier. Les maquisards
les laissent approcher jusqu’à portée de leurs armes légères et ouvrent le feu. Il aurait fallu des canons placés au virage
de la route vers Lans capables de balayer 2km de parcours, mais Huet n’en possède pas.
Les assaillants se mettent à couvert et tâtent le dispositif. Ils essayent d’atteindre la côte à hauteur du plateau de Charvet
mais le tir précis du mortier
17
de Jean Prévost les arte un long moment. Quatre heures durant, le combat fait rage.
Quelques éléments allemands parviennent à prendre pied sur la crête qu’ils convoitent mais, cloués au sol, ils ne peuvent
pas progresser.
Huet demande de tenir encore trois heures, car les renforts arrivent. Après une courte accalmie, les assaillants tentent
de forcer la décision au pied des trois Pucelles. Bien que pris par le feu de deux fusils mitrailleurs, ils s’infiltrent par les
bois qui couvrent ce versant et dans les fourrés qui bordent le chemin creux de Pariset. Un combat à la grenade et à la
mitraillette s’engage.
----------------------------------------------------------------
16 « Les personnels des opérations de la Wehrmacht doivent agir contre la guérilla des unités dans le sud de la France, et procéder
avec la plus extrême sévérité et sans aucune clémence. Les attaques doivent être définitivement éradiquées. Le résultat de ces
entreprises est d'une grande importance pour de nouveaux développements dans l'ouest. Les réussites partielles n'ont aucune
utilité. Les forces de la résistance doivent être écrasées rapidement. Pour la restauration de l'ordre, la plupart des mesures
rigoureuses doivent être prises pour dissuader les habitants de ces régions infestées afin de décourager les hébergements des
groupes de résistance et d'être administrés par eux et de donner comme un avertissement à l' ensemble de la population. La plus
extrême rigueur pendant cette période critique est indispensable si nous voulons éliminer le danger qui se cache dans le dos
des troupes de combat et d'éviter demain, une plus grande effusion de sang parmi les troupes et la population civile ». « Le
commandement suprême de la Wehrmacht a décidé que les membres du mouvement de résistance français doivent être
traités comme des guérilleros » (source :http://memoiredeguerre.pagesperso-orange.fr/ph-doc/speerle.htm)
17 En réalité, ce n’est pas un mortier mais un des trois canons automatiques de D.C.A de 25mm, servant à des exercices de tir
au camp de Chambaran, et enle le 13 juin au matin par un détachement du 11
è
cuirassier de Geyer, sur renseignements de
Paul Porchey et Georges Cazeneuve, du bataillon Chambaran de Mariotte.
1 / 17 100%