BULLETIN D'ACTUALITÉS DESTINÉ AUX PROFESSIONNELS DE L'INFORMATION
NEWSLETTER N° 52 - JUIN 2011
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Houney Touré Valogne • Tel. : 01 43 73 13 07 • Port.
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EN SAVOIR PLUS
1. Arab L. Epidemiologic evidence on coffee
and cancer. Nutr Cancer 2010 ; 62 : 271-83.
2. Nkondjock A. Coffee consumption and the
risk of cancer: an overview. Cancer Lett 2009
; 277 : 121-5.
3. WCRF: Food, Nutrition, Physical Activity
and the Prevention of Cancer: A Global
Perspective, 2007. Available from:
http://www.dietandcancerreport.org/.
4. Bravi F, et al. Coffee drinking and
hepatocellular carcinoma risk: a meta-
analysis. Hepatology 2007 ; 46 : 430-5.
5. Galeone C, et al. Coffee consumption and
risk of colorectal cancer: a meta-analysis of
case-control studies. Cancer Causes Control
2010 ; 21 : 1949-59.
6. Bravi F, et al. Coffee drinking and
endometrial cancer risk: a metaanalysis of
observational studies. Am J Obstet Gynecol
2009 ; 200 : 130-5.
7. Turati F, et al. Coffee and cancers of the
upper digestive and respiratory tracts: meta-
analyses of observational studies. Ann Oncol
2011 ; 22 : 536-44.
8. Tang N, et al. Coffee consumption and risk
of breast cancer: a metaanalysis. Am J Obstet
Gynecol 2009 ; 200 : 290.
9. Bhoo Pathy N, et al. Coffee and tea intake
and risk of breast cancer. Breast Cancer Res
Treat 2010 ; 121 : 461-7.
10. Li J, et al. Coffee consumption modifies
risk of estrogen-receptor negative breast
cancer. Breast Cancer Res 2011 ; 13 : R49.
11. Nkondjock A, et al. Coffee consumption
and breast cancer risk among BRCA1 and
BRCA2 mutation carriers. Int J Cancer 2006 ;
118 : 103-7.
12. Park CH, et al. Coffee consumption and
risk of prostate cancer: a meta-analysis of
epidemiological studies. BJU Int 2010 ; 106 :
762-9.
13. Wilson KM et al. Coffee consumption and
prostate cancer risk and progression in the
health professionals follow-up study. J Natl
Cancer Inst 2011 ; 103 : 876-84.
14. Holick CN, et al. Coffee, tea, caffeine
intake, and risk of adult glioma in three
prospective cohort studies. Cancer Epidemiol
Biomarkers Prev 2010 ; 19 : 39-47.
15. Michaud DS, et al. Coffee and tea intake
and risk of brain tumors in the European
Prospective Investigation into Cancer and
Nutrition (EPIC) cohort study. Am J Clin Nutr
2010 ; 92 : 1145-50.
16. Lu YP et al. Effect of caffeine on the
ATR/Chk1 pathway in the epidermis of UVB-
irradiated mice. Cancer Res 2008 ; 68 : 2523-
9.
17. Heffernan TP et al. ATR-Chk1 pathway
inhibition promotes apoptosis after UV
treatment in primary human keratinocytes:
potential basis for the UV protective effects of
caffeine. J Invest Dermatol 2009 ; 129 : 1805-
15.
18. Botelho F, et al. Coffee and gastric cancer:
systematic review and meta-analysis. Cad
Saude Publica 2006 ; 22 : 889-900.
19. Steevens J, et al. Tea and coffee drinking
and ovarian cancer risk: results from the
Netherlands Cohort Study and a meta-
analysis. Br J Cancer 2007 ; 97 : 1291-4.
20. Montella M, et al. Coffee, decaffeinated
coffee, tea intake, and risk of renal cell
cancer. Nutr Cancer 2009 ; 61 : 76-80.
21. Luo J, et al. Green tea and coffee intake
and risk of pancreatic cancer in a large-scale,
population-based cohort study in Japan
(JPHC study). Eur J Cancer Prev 2007 ; 16 :
542-8.
22. Islami F, et al. High-temperature
beverages and foods and esophageal cancer
risk-A systematic review. Int J Cancer 2009 ;
125 : 491-524.
23. Pelucchi C, et al. Coffee and alcohol
consumption and bladder cancer. Scand J
Urol Nephrol 2008 ; 42 (Suppl 218) : 37-44.
CAFÉ ET CANCER
LE POINT SUR LES ÉTUDES RÉCENTES
La relation potentielle entre café et cancer a suscité beaucoup
d'intérêt et de questions depuis plusieurs décennies, en raison de
la fréquence de sa consommation et du nombre élevé de ses
constituants. Plus de 500 études épidémiologiques, réalisées pour
la plupart en Amérique, en Europe et au Japon, ont été consacrées
à l'étude du lien potentiel entre consommation de café et risque de
développer divers cancers. Plusieurs articles récents ont réalisé
des revues exhaustives sur le sujet (1-3). Toutes ces études sont
rassurantes.
LA SITUATION ACTUELLE
Sur la base des connaissances actuelles, il apparaît que, pour la
plupart des organes, il n'y a pas d'association entre une consommation
modérée de café et une augmentation du risque de cancer. C'est le cas
du cancer de l'œsophage, de l'estomac, du rein, de la prostate, de
l'ovaire et du cancer du sein chez la femme ménopausée.
Dans divers organes, les données des études suggèrent que la
consommation de café pourrait être associée à une réduction du risque
de développer un cancer. C'est le cas des cancers de la cavité orale et
du pharynx, du foie, de l'endomètre, de la peau, des gliomes et du
cancer colorectal.
Un lien a pu être observé avec le cancer de la vessie. Toutefois, des
facteurs de confusion, liés en particulier au tabac et à l'alcool posent
des problèmes d'interprétation causale et des études complémentaires
restent nécessaires.
DIMINUTION POTENTIELLE DU RISQUE DE CANCER : CE QUI
EST BIEN ÉTABLI
Cancer du foie
Le cancer du foie, sous toutes ses formes, occupe la 5ème place des
cancers les plus fréquents dans le monde. Trois méta-analyses
regroupant au total 15 études cas-témoins et 8 études de cohorte
montrent une nette réduction du risque de développer ce cancer : de 38
à 59 % chez les consommateurs comparés aux non-consommateurs et
une réduction de 43 % pour chaque augmentation de 2 tasses de
café/jour (4). Deux études concernant la cirrhose et le cancer du foie
montrent une réduction de 40 à 50 % de la mortalité liées à ces
pathologies en cas de consommation de café.
Les mécanismes envisagés pour ces effets protecteurs sont les
suivants :
• la cirrhose est un facteur de risque majeur pour le développement de
ce cancer et le café inhibe l'élévation des transaminases hépatiques,
• le café pourrait réduire le taux de fer circulant et donc le risque de
carcinogenèse hépatique. Le rôle des composés antioxydants reste à
explorer (1, 2, 4).
Cancer colorectal
Le cancer colorectal est l'un des plus communs. Il est 10 fois plus
fréquent dans les pays développés que dans les pays en
développement. La majorité des 20 études cas-témoin et des 10 études
de cohorte disponibles font état d'un risque réduit d'environ 12 % lié à
la consommation de café. Quelques études n'ont pas noté d'influence
ou une baisse non significative (4 %) du risque (5). La protection
apportée par le café dans cette pathologie serait liée :
• aux propriétés anti-carcinogènes des diterpènes et antioxydants du
café,
• à la propriété du café d'induire l'excrétion d'acides biliaires et de
stérols neutres dans le côlon et de stimuler la motilité du côlon,
• à l'inhibition par la caféine de la croissance des cellules cancéreuses
du côlon.
Cancer de l'endomètre
Les 5 études disponibles sur la relation entre consommation de café et
cancer de l'endomètre, menées sur diverses populations montrent de
manière homogène que la consommation d'au moins 3 tasses de café
quotidiennes réduit de 60 % le risque de développer ce type de cancer
(6).
Cancer de la cavité orale et du pharynx
Les résultats poolés de 9 études sur les cancers de la tête et du cou
montrent que le risque de développer un cancer de la cavité orale ou
du pharynx est réduit de 39 % pour une consommation de 4 tasses de
café/jour (7).
LES RÉSULTATS POSITIFS À CONFIRMER
Cancer du sein
Dans les pays industrialisés, le cancer du sein est la seconde cause de
mortalité chez la femme, il est 5 fois plus fréquent que dans les pays
en développement et au Japon. Les études principales concernent de
grandes populations européennes, américaines et des échantillons plus
limités en Asie (1-3). Une méta-analyse de 9 études de cohorte et 9
études cas-témoins ne montre pas d'influence de la consommation de
café sur le cancer du sein chez la femme ménopausée (8). Une grande
étude hollandaise récente n'a pas observé d'association entre le cancer
du sein et tous les niveaux de consommation de café, et pas de lien
non plus avec le style de vie ou l'indice de masse corporelle (IMC) (9).
Enfin, une étude très récente montre que l'absence d'effet du café sur
le cancer du sein chez la femme ménopausée pourrait refléter une
interaction avec les gènes codant pour les récepteurs des œstrogènes
ER. Ainsi la consommation de 5 tasses de café/jour réduirait de 57 % le
risque de développer un cancer non hormono-dépendant chez la
femme ménopausée (10).
Dans la population des femmes préménopausées, la consommation de
4 tasses de café quotidiennes réduit de 38 % le risque de cancer par
rapport aux faibles consommatrices (1-2 tasses/jour) (1). Enfin, chez les
femmes préménopausées à risque élevé car porteuses de la mutation
BRCA1 et BRCA2, le risque de développer un cancer du sein est réduit
de 25-70 % pour une consommation de 4-6 tasses de café/jour mais
cet effet bénéfique est limité au café caféiné (11).
Cancer de la prostate
Le cancer de la prostate est la seconde cause de cancer et la sixième
cause de mortalité par cancer. Une méta-analyse de 6 études de
cohorte et 5 études cas-témoin ne montre aucune modification du
risque de développer ce cancer par la consommation de café
(consommation de café cumulée sur toute la vie, l'âge de début et la
durée étant sans effet sur ce cancer (12)). Une étude récente vient de
faire état d'un risque réduit de 18 % pour tous les types de cancer de la
prostate pour la consommation d'au moins 6 tasses de café/jour. La
réduction de risque atteint même 60 % pour la forme létale du cancer
de la prostate (13).
Gliomes
La synthèse de 3 études de cohorte américaines montre que la
consommation d'au moins 5 tasses de café ou de thé par jour
comparée à la non consommation était associée à une diminution de 40
% du risque de gliome. Il n'y a pas d'association avec le café décaféiné.
(14). Une étude européenne récente réalisée dans 9 pays a confirmé
ces données avec une baisse de risque de 34 % pour les sujets
consommant plus d'une tasse de café par jour par rapport aux non
consommateurs (15). Dans les deux cas, l'association est plus robuste
chez les hommes que chez les femmes mais d'autres études restent
nécessaires.
Cancer de la peau
En 2008, une étude effectuée chez la souris a montré que la caféine
dans l'eau de boisson, ou directement sur la peau, permettait de
détruire les cellules endommagées par l'irradiation par des UVB (16).
En 2009, un travail sur des cellules de peau humaine a montré que la
caféine doublait la mortalité des cellules endommagées par les UVB, et
diminuait donc le risque de cancer (17). Le mécanisme moléculaire
sous-jacent est le même dans les deux espèces ce qui a incité les
auteurs à émettre l'hypothèse que la caféine, ou une substance ayant
le même mécanisme d'action, appliquée topiquement, pourrait protéger
la peau humaine de la nocivité des UVB (17).
PAS D'ASSOCIATION RETROUVÉE, NI POSITIVE, NI NÉGATIVE
Cancer de l'estomac
Une revue systématique et une méta-analyse de 23 études n'ont
montré aucune association entre la consommation de café et le risque
de développer ce cancer aussi bien dans les études de cohorte (risque
relatif, RR 1,02) que dans les études cas-témoin (RR 0,97) (18). Par
contre, la température des boissons chaude est critique et le risque de
cancer de l'œsophage augmente avec la température. La relation est
claire pour le thé mais n'est pas significative pour le café (18).
Cancer de l'ovaire
Le cancer de l'ovaire est le septième cancer pour sa fréquence
d'apparition et son risque de mortalité chez la femme. Une méta-
analyse de 8 études cas-témoin récentes, bien contrôlées et 3 études
de cohorte prospectives ne montrent aucun effet de la consommation
de café sur la survenue de ce cancer (19).
Cancer du rein
Au cours des trois dernières décades, l'incidence de ce cancer s'est
constamment accrue faisant rechercher des liens possibles avec le
régime alimentaire. Aucune relation entre café et cancer du rein n'a été
retrouvée dans 26 études. Le World Cancer Research Report (WCRF)
a identifié 18 études cas-contrôle et 5 études de cohorte mettant en
évidence clairement et de manière consistante l'absence de lien entre
café et cancer du rein (3). Trois études supplémentaires ont confirmé
cette absence de lien (RR 0,99 en moyenne pour l'ensemble des
études) (20).
Cancer du pancréas
Le cancer du pancréas est une des causes majeures de décès avec 99
% de mortalité dans l'année suivant le diagnostic. Une méta-analyse de
37 études cas-témoin et de 18 études de cohorte trouve un risque
relatif (RR) respectif de 1,04 et de 1,00 chez les consommateurs par
rapport aux non-consommateurs. Il n'y a donc aucune association entre
consommation de café et cancer du pancréas (3). Depuis cette méta-
analyse, une étude de cohorte japonaise impliquant 102 137
participants suivis sur 11 ans a même fait état d'un risque réduit chez
les hommes consommant 3 tasses de café par jour comparés aux non-
consommateurs (21).
Cancer du larynx
Les résultats poolés de 9 études sur les cancers de la tête et du cou ne
montrent aucune association entre le risque de développer un cancer
du larynx et divers niveaux de consommation de café (7).
LE CAS PARTICULIER DU CANCER DE LA VESSIE
Le tabac et l'exposition aux amines aromatiques sont les deux facteurs
de risque principaux du cancer de la vessie. Cependant, des facteurs
associés au style de vie sont également impliqués. Dans 4/6 études de
cohorte et 29/37 études cas-témoin, une augmentation modérée du
risque de cancer de la vessie par la consommation de café a été
observée. Cette augmentation de risque n'est liée ni à la dose ni à la
durée d'exposition ce qui plaide en faveur d'une association non
causale. Les études et méta-analyses les plus récentes font état d'un
RR de 1,0 à 1,18 chez les consommateurs avec une absence
d'association chez les femmes et un risque accru jusqu'à 26 % chez les
hommes. Un facteur de risque critique est lié à l'eau utilisée pour
préparer le café. En effet, l'eau du robinet chlorée augmente à elle seule
le risque de cancer de la vessie ce qui n'est pas le cas de l'eau
minérale. Cet aspect pourrait être particulièrement critique en particulier
dans les phases terminales de la maladie puisque les patients tendent
à considérablement augmenter leur consommation de liquide (1, 3, 23).
Ce risque apparemment accru de cancer de la vessie lié à l'ingestion
de café pourrait être attribué à des facteurs de confusion résiduels
comme le tabac dont la consommation est directement corrélée à celle
de café et d'alcool, ou à une association entre l'alcool, le café et un
facteur de risque non encore identifié (23). Toutefois, à ce jour, les
résultats des études épidémiologiques permettent d'exclure une forte
association entre café et cancer de la vessie.
L'INFLUENCE DE FACTEURS ASSOCIES ET DU MODE DE VIE
En matière de nutrition, l'évaluation des risques est complexe, il existe
de nombreux facteurs alimentaires ou d'hygiène de vie pouvant influer
sur les résultats, en particulier la consommation d'alcool ou de tabac,
qui jouent un rôle direct sur les cancers digestifs ou le cancer du
poumon. La consommation d'une boisson très chaude, par exemple,
altère la muqueuse oesophagienne (22).
En résumé : effets du café sur le cancer de différents organes
Type de cancer Nombre d'études Effet du café Doses
Diminution potentielle du risque
Foie 20 études de cohorte
11 cas-témoins
Réduction du risque de 28-59 % Dès 1-2 tasses/jour
Effet dose-dépendant
Colorectal 10 études de cohorte
20 cas-témoins
Réduction du risque de 12 %
sauf dans 3 cohortes
>3 tasses/jour
Endomètre 5 études Risque réduit de 60 % 3 tasses/jour
Cavité orale/pharynx 9 études Risque réduit de 39 % 4 tasses/jour
Les résultats positifs, à confirmer
Sein Post-ménopause
10 études de cohorte
10 cas-témoins
Pré-ménopause
5 études
Pas d'effet, mais prévention pour
les cancers ER négatif
Risque réduit de 38 % avant la
ménopause ; 25-70 % si risque
génétique accru
5 tasses/jour
4-6 tasses/jour
Prostate 12 études Pas d'effet
Protection dans 1 étude récente
60 % pour la forme létale
Gliomes 4 études Protection de 40 % Meilleure chez homme que
chez la femme
Peau 5 études Diminution du risque par la
caféine appliquée topiquement
Pas d'association, ni positive, ni negative
Estomac 23 études Pas d'effet
Ovaire 11 études Pas d'effet
Rein 18 études de cohorte
8 cas-témoins
Pas d'effet
Pancréas 19 études de cohorte
37 cas-témoins
Pas d'effet
Larynx 9 études Pas d'effet 4 tasses/jour
Cas particulier du cancer de la vessie
Vessie 6 études de cohorte
37 cas-témoins
Augmentation de risque
Pas de changement
Lien avec eau du robinet
>5 tasses/jour
<5 tasses/jour
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