ce qui le fait tomber sous le coup de l’accusation infamante d’une mesure de discrimination
islamophobe. Les mesures qu’il prend sont résumées par cette affirmation : ce décret interdit
de laisser entrer les musulmans sur le territoire des États-Unis. La visée anti-terroriste est ainsi mise
sous le boisseau...
Le Monde signale que le président américain s’est lui-même inscrit en faux contre cette présentation
et cette accusation. Il rapporte en effet cette déclaration de Donald Trump : «Pour être clair, il ne
s’agit pas d’une interdiction contre les musulmans comme la presse l’a rapporté d’une manière
fausse. Cela n’a rien à voir avec la religion, cela concerne le terrorisme et la protection de notre
pays. […] Il y a une quarantaine de pays dans le monde qui sont en majorité musulmans et qui ne
sont pas concernés par ce décret. [...] Nous allons émettre à nouveau des visas à tous ces pays
lorsque nous serons sûrs que nous avons mis en place les politiques les plus sûres au cours des 90
prochains jours». Selon le Washington Post, la mesure prise par Trump est probablement légale.
Selon le Refugee Act de 1980, il appartient au Président de déterminer le nombre des personnes qui
peuvent être admises aux USA, au titre de «réfugiés». Par contre, même si cela est l'un de ses
pouvoirs, il pourrait être contraint de reculer si l'on dresse contre lui le fait du 1er Amendement,
c'est-à-dire si l'on prouvait qu'il défavorise les musulmans en faveur des chrétiens. Mais l'ordre est
temporaire, il est fait pour donner le temps de préparer de nouveaux décrets sur l'immigration et de
les voir approuver par le Sénat et la Chambre des Représentants.
Le journaliste américaniste Daniel Hamiche, sur le site Christianophobie, se référant au texte du
décret lui-même, rappelle que celui-ci ne donne pas la liste précise des pays dont les ressortissants
sont interdits d’entrée aux États-Unis pendant toute la durée de ce moratoire. Il fait observer que 7
pays à population majoritairement musulmane sont supposés être visés, selon la presse, par ce
décret, mais que 43 autres pays à majorité musulmane ne le sont pas (en tout cas pas encore) : leurs
ressortissants peuvent donc entrer aux États-Unis aux conditions ordinaires. Quant aux 7 pays
«scandaleusement discriminés», « ils sont tirés d’une liste de «pays particulièrement
préoccupant[s]» (Countries of Particular Concern, CPCs) établie par le département d’État du
gouvernement d’Obama, car ces CPCs violent les droits de l’homme, les droits à la liberté de
conscience et de religion ! Cette liste est mise à jour chaque année. Le décret de Trump la
mentionne à sa section 3. Obama, lui-même, n’avait éprouvé aucune gêne à décréter un moratoire
de 6 mois bloquant l’admission des réfugiés irakiens aux États-Unis, en 2011. A-t-on constaté alors
un tollé général, des manifestations dans les rues, dans les aéroports ?» Il ajoute que «les
musulmans de pays non majoritairement musulmans – Union européenne, Amérique du Sud, etc. –,
ne sont pas interdits de séjour aux États-Unis. Les musulmans originaires de ces 7 pays, et qui
disposent déjà d’un titre de séjour ou d’une Carte verte, les autorisant à travailler aux États-Unis,
n’en seront pas chassés.»
Une désapprobation du peuple américain ?
À en croire la presse dominante, le décret a provoqué une levée de boucliers générale, aussi bien en
Amérique que dans de nombreux pays, donnant lieu à des manifestations plus ou moins violentes,
dont une vidéo du site du Monde fait état sous le titre : «De Londres à Manille, les manifestations
contre le décret anti-immigration de Trump se propagent». Suscitant la compassion du public au
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