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LES RAIES
A - GENERALITES
1 - DEFINITIONS
Selon Encarta : poisson cartilagineux des mers froides et
tempérées, au corps large et aplati, et dont les yeux, de couleur
sombre, se trouvent sur la face supérieure tandis que bouche et
branchies s’ouvrent sur la face inférieure, de couleur claire.
Selon le petit Robert de 1973 : poisson cartilagineux sélacien,
au corps aplati en losange, à grandes nageoires pectorales, à
queue hérissée de piquants, à la chair délicate.
Comme nous le verrons par la suite, c’est tout ce qu’il y a de
plus succinct. Il faut également préciser que, comme pour bien
des animaux marins, nous ignorons encore bien des choses.
2 - LE CORPS
Ce sont des poissons cartilagineux, à la différence de la plupart des vertébrés, chez les raies, tout comme
chez les requins, l’attache des muscles ne se fait pas sur un squelette interne car elles en sont dépourvu. Au
lieu de cela elles ont une peau épaisse constituée d’un maillage entrecroisé de fibres dures mais flexibles
faites d'une protéine appelée collagène.
Ce maillage forme un genre de 'corset' auquel se rattachent les muscles de natation. De ce fait la peau agit
en tant que squelette externe. Du point de vue mécanique, avoir les muscles fixés directement à un
squelette externe est une construction très efficace qui a pour résultat un faible gaspillage d'énergie
musculaire. Ce squelette externe augmente l’efficacité de la contraction des muscles natatoires du fait qu’il
n’y a pas de perte d’énergie due à l’appui corporel. Un autre avantage d'avoir un squelette fait de cartilage
est la réduction de poids. Le cartilage est dur mais souple et seulement environ à moitié aussi dense que
l'os. Aussi la masse du poisson est réduite et exige donc de manière significative moins d'énergie pour se
propulser dans l'eau.
Les raies n’ont pas de vessie natatoire qui, je le rappelle est un organe que beaucoup de poissons osseux
emploient pour réaliser la flottabilité neutre par la sécrétion ou l'absorption de gaz. Elles dépendent en
grande partie, tout comme un planeur, de l'ascenseur dynamique des flux marins. Moins l'énergie est
consommée pour un maintien en pleine eau, plus elle est disponible pour la propulsion. Ainsi, en ayant un
squelette interne léger, elles réduisent la quantité d'énergie requise pour nager. Comme elles n'ont aucun
tissu osseux, elles manquent également de moelle rouge qui produit les globules rouges chez les vertébrés.
Chez les élasmobranches c’est la rate qui assure la fabrication des globules rouges alors que chez les autres
vertébrés elle sert de lieu de stockage.
Toutefois quelques espèces de poissons cartilagineux disposent d’une structure spéciale appelée "organe de
Leydig" qui produit des globules rouges. Cet organe est situé au-dessus et en dessous de l'oesophage. Il est
absolument spécifique aux élasmobranches.
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La fertilisation de la femelle des élasmobranches, est
effectuée par les claspers des mâles. Cet appendice est
constitué par une déformation de l'aileron pelvien qui est
enroulé sur lui-même, ce n'est pas un pénis comme chez les
mammifères. Juste sous la peau, à la base des claspers, se
trouvent 2 petits sacs remplis d’eau qui servent à expulser le
fluide séminal hors du clasper. Certains chercheurs avancent
que ces sacs sont utilisés pour faire un lavage contraceptif
pour évacuer le sperme des concurrents. Le sperme fertilise
les ovules mûrs pendant qu'ils voyagent de l'oviducte à
l'utérus. Une fois dans l'utérus, les ovules commencent leur
développement. Chez quelques espèces, la femelle peut
retenir du sperme dans les spermatophores de son utérus, et
le libérer au moment le plus adapté de son cycle.
3 - LES SENS
a - La vue
Contrairement aux humains, qui ont les pupilles circulaires, beaucoup raies ont les pupilles en forme de
croissant. Cette particularité est partagée avec d’autres poissons, certains cétacés dont Tursiops truncatus
et même des mammifères terrestres.
Œil d’une raie pastenague
Cette forme a la particularité de garantir une petite
profondeur de champ et de limiter le flux lumineux sur
la rétine ce qui constitue un dispositif particulièrement
important dans un environnement aquatique
caractérisé par une lumière d’intensité variable. Par
ailleurs cette forme de pupille fournit un plus grand
champ visuel ce qui permet de mieux repérer les
prédateurs ou les proies potentiels, améliore la
résolution (capacité de distinguer les détails fins), et
augmente le contraste. Certaines espèces ont un genre
de paupière située au-dessus de l’œil qui peut couvrir
partiellement la pupille appelé operculum pupillary.
Cette paupière est frangée de cils qui permettent de tamiser la lumière, comme chez quelques cétacés,
lamas, chevaux, et autres mammifères artiodactyles. On peut en déduire que les objets qui se trouvent
devant ou derrière le plan du focal formeront des images multiples sur la rétine de l'animal.
b - L’ouie
A ma connaissance les raies ne disposent pas de ce type d’organe.
c - Le toucher
Il a été démontré que les pastenagues détectent les proies enterrées par l'intermédiaire du complexe réseau
de leur « ligne latérale » dont les canaux sont répartis sur toute la surface ventrale. Ces canaux détectent le
très faible jet d'eau créé par les bivalves. En effet, pour leur alimentation, les bivalves aspirent
continuellement de l'eau qui, une fois la matière organique en suspension ingurgitée, est expulsée par un
tube charnu appelé un siphon artériel, ce qui crée ce jet d’eau.
e - L’électro réception
Les élasmobranches possèdent la capacité plutôt unique, partagée seulement par l’ornithorynque, de
pouvoir détecter les champs électriques produits par une autre matière organique. Le sens fonctionne par
l'intermédiaire d'une série de pores, appelés Ampoule de Lorenzini, répartis sur la tête du poisson. 2052 de
ces ampoules ont été comptés chez le requin de Taureau (Carcharhinus leucas). Chaque pore est relié par un
canal contenant une gelée riche en potassium à un sac contenant cil récepteur. Ces cellules sont réceptives
à du courant électrique depuis le courant continu de basse fréquence jusqu’au courant alternatif de haute
fréquence. Diverses études ont prouvé que la sensibilité à l’électricité des élasmobranches est telle qu’ils
peuvent détecter cinq milliardièmes de volt à une distance de33cm. A titre d’indication, le mouvement des
ouïes d’un poisson génère un signal 5 millions de fois plus important que le seuil précité.
L’eau de mer absorbe rapidement les charges électriques, de ce fait la portée des ampoules de Lorenzini est
très restreinte. On suppose que ces organes servent également à détecter les champs magnétiques terrestres
et ainsi servir à la navigation.
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d - L’odorat
Vous savez que les requins, donc les cousins des raies, ont un
odorat d’une extrême finesse. Je suis donc tenté de supposer qu’il
en est de même pour ces dernières. Je n’en suis cependant pas sûr
car, à part le petit dessin ci-contre trouvé sur une page traitant de
la manta, mais sans explications complémentaires, je n’ai rien
trouvé à ce sujet dans tous les documents ou sites que j’ai
explorés. Ces poissons disposent de narines. Toutefois comme la
majorité des raies vivent pratiquement enfouies dans le sable ou la
vase elles utilisent leurs évents pour respirer (et pour sentir ?).
Cela reste donc un point à éclaircir !
B - TAXONOMIE
En 1999 Compano, un naturaliste, relève qu’ » il y a au moins autant de classifications des poissons
cartilagineux qu’il y a d’auteurs de publications à leur sujet. » De la masse des documents que j’ai
compulsés il ressort que les classifications les plus usitées sont celles de Compagno qui date de 1975 et celle
de Nelson de 1999.
La première est relativement simple les poissons cartilagineux sont classés en 2 ordres : les raies ou
hypotremeta et les requins ou pleurotremata. Ces raies sont subdivisées en 8 familles qui comportent un
ou plusieurs genres et des espèces.
La seconde est bien plus complexe, mais de mon avis également beaucoup plus complète. La classe des
poissons à squelette cartilagineux comporte 2 sous-classes : d’une part les chimères et, d’autre part les
poissons dont la mâchoire supérieure n’est pas liée à la boîte crânienne et dont les ouvertures des ouïes sont
des fentes. Cette dernière sous-classe est subdivisée en 9 ordres, 8 s’appliquent aux requins et assimilés ; 1,
les rajiformes, aux raies et poissons-scies. Certaines familles, outre le genre puis l’espèce, sont encore
subdivisées en sous-famille et tribu. Il semblerait d’ailleurs que cette systématique soit utilisée dans
FISHBASE, la base de données des poissons.
Autres différences :
Les raies aigle (myliobatidae), manta (mobulidae) et »mourines » (rhinoptéridae) sont des sous-
familles des myliobatidés.
Cette famille des myliobatidés a des cousins, les gymnuridés que sont les raies papillon.
Les raies pastenague ainsi que les raies guitare et électrique comportent 2 familles.
Il y a la superfamille des plesibatoidés qui regroupe la famille des raies pastenague de grande
profondeur (plesiobatidae) et celle des raies à 6 paires d’ouïes (hexatrygonidae).
C – PASSONS TOUT CELA EN REVUE
1 - Sous-ordre des MYLIOBATOIDEI
11 - Super famille des MYLIOBATOIDEA
111 - Famille des GYMNURIDAE ou raies papillon
Cette famille comporte 12 espèces réparties en 2 genres.
Comme leur nom l’indique les raies papillon ont
de très grandes nageoires pectorales qui peuvent
ressembler à des ailes de papillon. Ces nageoires
créent un disque qui est 1,5 fois plus large que
long et se prolongent vers l’avant pour inclure la
tête et s’arrêter sur un museau court et épaté. Ce
museau est plus arrondi chez les femelles que chez
les mâles. Le disque peut être brun, grisâtre,
pourpre ou verdâtre, quelquefois avec des points
soit pâles soit sombres il peut également
comporter des spicules. La tête est très plate
conférant au poisson, vu de côté une apparence
extrêmement plate.
Raie papillon épineuse Gymnura altavela
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Les yeux sont situés sur les cotés du haut de la tête et les évents directement derrière eux. Leurs
nageoires dorsales, si elles existent sont très petites et leur nageoire caudale est remplacée par un sillon
dans le haut et le bas de leur queue. Cette dernière est fine et bien plus courte que le disque. Un dard
urticant est situé à l’arrière des nageoires pelviennes.
La taille des raies papillon varie de 0,5 à 2 m de longueur.
Leur bouche est relativement grande et porte de petites dents qui ne peuvent pas servir, comme chez
d’autres raies, à broyer leur nourriture.
Elles se nourrissent pourtant de crabes, divers invertébrés, poissons, petits crustacés et mollusques
qu’elles cherchent sur le ou près du sol.
Les gymnuridés sont des poissons marins mais ils fréquentent également les estuaires. Ils vivent
généralement sur les grandes étendues de sable ou de vase des plages ou baies peu profondes dans les
eaux chaudes de l’océan Indien et du Pacifique.
Au moins une espèce de raie papillon, Gymnura micrura, est migratoire. Pendant la saison chaude elle se
déplace vers les eaux plus tempérées.
112 - Famille des MYLIOBATIDAE
Les raies de la famille des Myliobatidés sont bien connues pour leur grâce extrême et leur grande taille.
42 espèces réparties dans 7 genres forment les 3 sous-familles que sont les raies manta, les raies aigle et les
raies mourine. Ce sont des poissons avec de larges et puissantes nageoires pectorales qui peuvent avoir
jusqu’à 6 mètres d’envergure. Plusieurs membres de cette famille sont capables de faire des bonds hors de
l’eau. Les Myliobatidés sont des animaux marins toutefois certaines raies aigle et mourines s’aventurent
dans les estuaires ou dans la mangrove. On les rencontre dans les eaux chaudes des mers tropicales, en
général près des récifs ou dans les lagons côtiers, seule la manta est en pleine mer, loin des côtes.
Beaucoup de membres de cette famille effectuent des migrations estivales vers des eaux plus tempérées,
c’est pourquoi il est possible d’en observer au large des îles britanniques et au cap Cod.
1121 - Sous-famille des MOBULINAE ou raies manta
14 espèces de manta sont répertoriées et classées dans 2 genres.
Elles sont facilement reconnaissables à leurs grandes ’’ailes’’ pectorales. Elles ont 2 lobes céphaliques qui
se prolongent du front de la tête et une large bouche rectangulaire dont seule la mâchoire inférieure porte
de petites dents. On constate un léger dimorphisme entre les sexes. L’envergure des mâles adultes est de 5
à 6 mètres, celle des femelles de 6 à 7.La plus grande qui a été observée est de 9,1 m. Leur poids est
compris entre 1,2 et 1,4 tonnes. Elles ont une courte queue dépourvue de dard. Leur couleur varie entre
le noir et le gris bleuâtre pour le dos, la fac ventrale est blanche avec des taches grisâtres. Ces dernières
servent à identifier les individus. La peau des mantas est rêche, à l’identique de celle de la plupart des
requins. Les espèces du genre Manta n’ont pas de nageoire dorsale, celles du genre Mobula en possèdent 2
petites situées de part et d’autre de la queue.
Raie manta Manta birostris
Mante méditerranéenne Mobular mobular
Ce sont des nageuses solitaires et non territoriales qui vivent dans les eaux chaudes des mers et océans
entre 35° de latitude sud et 35° de latitude nord.
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Mis à part les Manta birostris qui se trouvent
en pleine mer de la surface jusqu’à 120 m de
profondeur, elles vivent près des rivages ou les
ressources alimentaires sont abondantes. Ce
sont des filtreurs de plancton. Elles nagent
lentement la gueule ouverte, généralement en
décrivant des boucles verticales, l’eau est
filtrée à travers leurs ouïes et les organismes
en suspension sont piégés par un dispositif
constitué de plaques situées à l’arrière de la
bouche et faites d’un tissu brun orangé tendu
entre les supports des ouïes. Leurs dents n’ont
aucun rôle nutritionnel.
De par la grande flexibilité de leurs nageoires pectorales les mantas sont capables de faire des bonds hors
de l’eau. Des sauts de 2 m de hauteur ont été observés. On estime qu’elles effectuent ces sauts pour se
débarrasser de leurs parasites et des peaux mortes. Par ailleurs, dans le même but, elles se retrouvent à de
véritables stations nettoyage. Enfin il faut noter l’interaction symbiotique des mantas avec les rémoras.
Ces dernières s’accrochent aux raies pour se nourrir de leurs parasites et accessoirement du plancton.
Leur durée de vie est supposée être de l’ordre de 20 ans. La maturité sexuelle de Manta birostris est
atteinte à l’age de 5 ans. Pour cette espèce (pour les autres peut-être aussi) la saison des amours débute
début décembre jusqu’à fin avril. Les copulations ont lieu dans des eaux de 26 à 29°, aux environs de
rivages rocheux et à une profondeur de 10 à 20 m. Les mantas se rassemblent en grand nombre pendant
la saison des accouplements et plusieurs mâles courtisent la même femelle. Ces mâles nagent directement
derrière la queue de la femelle à une vitesse plus rapide que d’habitude (9 à 12 km/h), cette cour dure de
l’ordre de 20à 30 minutes, puis la femelle ralentit l’allure et un mâle empoigne, en la mordant (d’où le
rôle des dents) une de ses ailes et se cale sous son corps. Puis il introduit son clasper dans le cloaque et y
dépose ses spermes. Cette copulation dure de l’ordre de 1 minute ½ à 2 minutes. Puis ce mâle s’éloigne
rapidement et laisse un second effectuer le même procédé. En général, après cette deuxième étreinte, la
femelle s’en va, laissant derrière elle ses autres courtisans. La durée de la gestation d’une Manta birostris
est de 13 mois au bout desquels elle donne naissance à 1 ou 2 rejetons de 1 à 1,5 m de longueur et
d’environ 11 kg. Ceux-ci naissent enveloppés dans leurs nageoires pectorales qui se déroulent rapidement
pour qu’ils puissent nager librement et se subvenir. Ils croissent rapidement, leur taille double au cours
de la première année.
Compte tenu de leur taille les mantas n’ont pratiquement pas de prédateur, on pense que seuls les grands
requins s’attaquent à elles.
Les mantas sont des poissons curieux et s’approchent facilement des plongeurs car elles aiment leurs
bulles. Naguère on croyait qu’elles étaient agressives et dangereuses pour les marins. Le mythe le plus
répandu était qu’elles pouvaient faire chavirer les bateaux. Un autre prétendait qu’elles noyaient les
nageurs en les enveloppant avec leurs nageoires.
Et pour clore ce chapitre je vous signale que le nom de manta dérive de l’espagnol et signifie
couverture.
1122 - Sous famille des MYLIOBATINAE ou raies aigle
Il existe 17 espèces de raies aigle réparties dans 3 genres. Elles vivent dans les eaux peu profondes des
baies, bourbiers, lits de varech et récifs coralliens des mers tempérées à chaudes. On les trouve
habituellement à des profondeurs variant entre 3 et 12 m, certaines ont été signalées à plus de 40 m.
Elles se distinguent des autres Myliobatidés par leur tête saillante et leurs grands yeux. Elles ont une
un corps plat avec une nageoire dorsale à la base de la queue. Cette queue, sous forme de fouet est plus
longue que la largeur du corps et possède un dard barbu qui est venimeux sans être létal. Leur peau est
douce au toucher, du brun foncé au noir sans marques sur le dos, blanc sur le ventre. Les femelles, qui
peuvent peser jusqu’à 100 kg sont plus grandes que les mâles.
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