
14 QUÉBEC PHARMACIE VOL. 57 N° 1 FÉVRIER – MARS 2010
Gestion des effets secondaires
de l’isotrétinoïne
Certains effets secondaires fréquents de l’iso-
trétinoïne peuvent être grandement améliorés
grâce à l’utilisation de produits en vente libre,
et le pharmacien doit être en mesure de
conseiller les patients à ce sujet. Par son mode
d’action, l’isotrétinoïne peut entraîner une
sécheresse excessive des lèvres, de la peau et
des muqueuses. Cette sécheresse affecte
jusqu’à 80 % des patients13. Étant donné la
forte prévalence de xérosis chez ces derniers,
l’application fréquente d’une crème hydra-
tante non parfumée devrait être suggérée
d’emblée à tous14. L’application fréquente
d’un baume pour les lèvres est aussi impor-
tante. Les baumes de type onguent ou crème
sont à privilégier15. Lors d’une exposition au
soleil, les lèvres devenant plus sensibles, il est
capital d’appliquer un baume avec écran
solaire. La sécheresse nasale et des épistaxis
peuvent aussi survenir. Dans ce cas, le phar-
macien peut recommander l’application d’un
hydratant nasal (p. ex., SecarisMD ou Rhinaris
Gel NasalMD)15. Les yeux peuvent aussi devenir
secs et ce phénomène se produit plus fré-
quemment chez les utilisateurs de verres de
contact14,15. L’utilisation de larmes artificielles
peut alors grandement améliorer le confort.
Par ailleurs, puisque l’isotrétinoïne est téra-
togène, le pharmacien doit aussi suggérer aux
patientes prenant ce médicament d’utiliser
deux moyens de contraception efficaces, et ce,
jusqu’à un mois après l’arrêt du traitement7.
Amélioration de l’observance
et suivi du pharmacien
L’observance tient une place importante dans
l’efficacité du traitement de l’acné. Une étude
réalisée aux États-Unis a montré que les ado-
lescents aux prises avec de l’acné avaient un
taux d’observance très faible, soit seulement
12,5 % après six mois de traitement17. Plu-
sieurs facteurs influent sur cette faible obser-
vance, notamment le long délai d’action des
médicaments, l’exacerbation possible en
début de traitement, les effets secondaires (tels
que l’irritation cutanée et la rougeur) ainsi
qu’une forme pharmaceutique jugée désa-
gréable, salissante ou ayant une odeur désa-
gréable18. Un conseil efficace et complet donné
au patient permet aussi l’amélioration de l’ob-
servance du traitement4.
Afin d’améliorer l’observance du traitement,
les attentes du patient en matière de traitement
devraient être établies. Les explications du phar-
macien sur le délai d’action, la possibilité d’une
exacerbation en début de traitement et les effets
secondaires possibles demeurent primordiaux.
Finalement, le choix du véhicule devrait reposer
sur les préférences du patient puisqu’il utilisera
davantage un produit qu’il jugera acceptable sur
le plan cosmétique.
La réévaluation du traitement devrait être
prévue d’emblée lors de la première consulta-
tion. Par exemple, on pourrait inviter le patient
à revenir à la pharmacie s’il ne note aucune amé-
lioration après deux mois de traitement. Le trai-
tement prend du temps à faire effet puisqu’un
comédon met généralement huit semaines à
atteindre la maturité12. Il est aussi important de
rappeler au patient que les traitements topiques
de l’acné ne sont efficaces qu’aux endroits où ils
sont appliqués1,5. On ne doit donc pas se conten-
ter d’appliquer le produit sur les lésions seule-
ment, mais bien sur toute la région affectée, afin
de traiter aussi les microcomédons4. Un traite-
ment de maintien est nécessaire; par conséquent,
l’application du produit doit se prolonger après
la disparition ou l’amélioration des lésions4,5.
On poursuivra le traitement pendant quatre à
six mois minimum avant de tenter de l’aban-
donner2. On peut aussi évaluer avec le patient
les solutions possibles si un effet indésirable se
présente. Par exemple, on pourra suggérer à un
patient présentant une irritation excessive de la
peau de diminuer la fréquence d’application du
produit (p. ex., un jour sur deux, au lieu de tous
les jours) ou de prendre un congé thérapeuti-
que. On pourra aussi lui proposer d’emblée un
hydratant qu’il pourra utiliser en cas de besoin4.
En dernier lieu, il convient de vérifier avec le
patient tous les produits qu’il applique sur la
zone affectée (maquillage, hydratant, nettoyant,
masque, autres traitements…) et de sélection-
ner ceux qu’il pourra continuer à utiliser1,4. L’o r -
dre d’application des produits devrait aussi être
discuté. Le nettoyage a lieu en premier, puis on
passe à l’application du traitement antiacné, et
on termine par l’application de produits cosmé-
tiques ou d’un écran solaire. On s’assurera aussi
que l’option choisie s’intègre bien à la routine
du patient. Enfin, si un traitement contre l’acné
est prescrit, à moins d’indication contraire du
médecin, le traitement en vente libre doit être
interrompu.
Conclusion
Il est donc important de proposer le plus tôt pos-
sible un traitement efficace au patient. Bien que
seuls les cas d’acné légers à modérés se prêtent
bien à une consultation du pharmacien pour un
médicament en vente libre, ce dernier peut jouer
un rôle important auprès de tous les patients
dans l’enseignement des mesures non pharma-
cologiques, du nettoyage approprié de la peau et
du bon usage des autres produits topiques. n
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À VOTRE SERVICE SANS ORDONNANCE
Aux États-Unis, les adolescents aux prises avec de l’acné
avaient un taux d’observance très faible, soit seulement 12,5 %
après six mois de traitement.