de la protéine Cox d’une façon non covalente. La
régression des polypes adénomateux sous sulindac,
chez des patients atteints de PAF, a été décrite sous
forme de cas cliniques en 1983 et en 1989 [5, 6].
Ces résultats ont été confirmés par des études randomi-
sées utilisant le sulindac [7-9]. En parallèle, des modè-
les murins de la PAF ont permis de confirmer que des
AINS classiques, comme le piroxicam [10] ou le sulin-
dac [11, 12], inhibaient le développement des polypes.
En 1994, Eberhart et al. étaient les premiers à démon-
trer que les adénomes et les adénocarcinomes présen-
tent un niveau d’expression de Cox2 très élevé par
rapport à celui de Cox1 [13]. Deux ans plus tard, en
1996, Oshima et al. avaient démontré le rôle spéci-
fique de Cox2 dans la prolifération tumorale en utilisant
les souris APC
Δ716
, dont l’expression de Cox2 était
invalidée. En effet, ces auteurs constataient une réduc-
tion de 66 % du nombre de polypes chez les souris
ayant une seule copie du gène Cox2 et de 86 % chez
les souris où le gène était complètement invalidé, com-
parées aux souris témoins. Cette étude a permis, en
outre, de démontrer que l’expression de Cox2 était un
événement précoce dans la cascade d’événements de
la cancérogenèse colique, et que son taux augmentait
avec la perte du gène allèle sauvage APC au cours de
l’apparition de l’adénome [14].
Par ailleurs, l’inhibition de l’activité enzymatique de
Cox1 et Cox2 par les AINS suggère donc que l’effet
antitumoral de ces médicaments est dû partiellement à
l’inhibition de Cox2. La différence structurelle qui existe
entre Cox1 et Cox2 a été exploitée par l’industrie phar-
maceutique pour fabriquer des inhibiteurs sélectifs de
Cox2 connus sous le nom des coxibs. Ces inhibiteurs
ont montré une efficacité préventive et curative sur les
adénomes coliques chez l’homme et chez les modèles
animaux de PAF.
Voies me
´taboliques des Cox
Il existe deux isoformes de la Cox, respectivement
appelées Cox1 et Cox2. Cox1 est constitutivement
exprimée dans la quasi-totalité des tissus de l’orga-
nisme. Elle est responsable de la synthèse de prosta-
glandines (PG) impliquées dans des fonctions de l’ho-
méostasie, telles que la cytoprotection de la muqueuse
gastrique, la régulation de la fonction plaquettaire
ainsi que du débit sanguin rénal. À l’inverse, Cox2
est généralement indétectable dans la majorité des
organes. Néanmoins, son expression est fortement
inductible lors de l’inflammation ou de la stimulation
par des substances mitogènes [15].
Les Cox catalysent des réactions d’oxydation via leur
site Cox et des réactions de réduction via leur site pero-
xydase. Elles ont pour substrats les acides gras poly-
insaturés, particulièrement l’AA, élément constitutif
des membranes lipidiques libéré par hydrolyse des
phospholipides par la phospholipase A2 (PLA2).
L’activité des Cox est latente et requiert l’interaction du
site peroxydase avec des hydroperoxydes, permettant
la formation d’un composé peroxyde et sa conversion
en espèces radicalaires tyrosyl qui se lient à l’extrémité
du canal oxygénase en l’orientant vers le site de liaison
aux acides gras. Ainsi, en présence d’une quantité
adéquate d’AA et d’oxygène, une molécule de Cox
produit environ 10
3
molécules d’un composé hydro-
peroxyde : la prostaglandine G2 (PGG2) [16].
Cox2 catalyse la réaction d’oxydation de l’AA en
PGG2 via le site Cox, suivie d’une réaction de réduc-
tion de PGG2 via PGH2 grâce au site peroxydase.
L’activation de différentes enzymes de type isomérase,
synthase et réductase permet ensuite la conversion du
PGH2 en prostanoïdes. Ces prostanoïdes incluent les
PGD2 et PGE2 provenant de l’isomérisation de
PGH2, respectivement via les PGD et PGE synthases,
les prostacyclines PGI2 issues de la conversion de la
PGH2 par la prostacycline synthase, les isoprostanes
PGF2αrésultant de la réduction de la PGH2 ou de la
PGE2, les thromboxanes TXA2/TXB2 formés par la
conversion de la PGH2 par la TX synthase (TX-S) et
les cyclopentones, PGA2 et PGJ2, dérivant des PGE2
et des PGD2. La production d’un isotype particulier de
prostanoïde est sous le contrôle de la colocalisation des
différentes PG synthases avec les Cox et plus particuliè-
rement de la PG synthase la plus proche de la PGH2
produite par les Cox [17].
Ro
ˆle des PG
dans la tumorogene
`se colique
Nous avons vu que Cox2 permet la synthèse de prosta-
noïdes, incluant les PG/prostacyclines (PGE2, PGD2,
PGI2), les thromboxanes (TXA2), les cyclopentones
(PGA2, PGJ2) et les isoprostanes (PGF2α), mais aussi
la formation de malonaldéhyde (MDA, agent muta-
gène) et d’espèces radicalaires qui, libérées par la
réaction d’oxydation, permettent l’activation de carci-
nogènes. La synthèse de ces différents prostanoïdes sur-
vient quelques minutes après la libération de calcium
intracellulaire par les stimuli. Les effets biologiques
des produits de Cox2 sont transmis par l’activation de
récepteurs à sept domaines transmembranaires cou-
plés aux protéines G hétérotrimériques. Ces récepteurs
sont : DP pour le PGD2, EP (EP1, EP2, EP3 et EP4) pour
PGE2, FP pour PGF2α, IP pour PGI2 et TP pour TXA2.
Cependant, certaines PG et leurs métabolites exercent
leur fonction via la fixation aux récepteurs nucléaires
appartenant à la famille des PPAR (peroxisome prolife-
rator activated receptor) qui agissent directement
138 He
´pato-Gastro, vol. 16, n°2, mars-avril 2009
Mini-revue
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