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L’auditoire est au maximum d’une cinquantaine mais tourne plutôt autour
de 20-25. Il y a aussi le problème de l’âge : il y a peu de jeunes, peu d’étudiants,
une ou deux étudiantes. Mais il n’y a pas de fac de philo, très peu de lycéens.
Nous faisons simultanément une émission de radio, un débat philosophique.
Nous choisissons un thème et nous invitons des gens qui sont spécialistes dans ce
thème. Par exemple, si le thème est politique, nous invitons des élus locaux, sur la
peinture, nous invitons des peintres locaux. Les auditeurs sont invités à participer
au débat, ce qu’ils font plus ou moins. Là aussi on fait appel à un philosophe
Oscar Brenifier ou d’autres.
Lena Monnerot - Je fais un café-philo à Toulouse depuis un an. J’en avais
aussi fait à Bordeaux pendant deux ans. C’est vraiment une occupation que
j’aime beaucoup. Le café-philo, je dirai qu’il marche bien. Il n’y a pas beaucoup
de monde, entre 30 et 50 personnes. Mais je crois qu’on fait un groupe compact et
qu’on aime bien décortiquer les choses ensemble. Bon, je pense qu’un animateur
est à la fois indispensable et pas indispensable : les deux. S’il commence, il donne
envie aux autres de continuer, pour faire parler tout le monde. Il est plutôt celui
qui donne le temps de parole, qui le garde, mais ne le garde pas pour lui, qui en
est dépositaire. Finalement, ça marche bien. La plupart des gens parlent. Le
temps de parole est compté, mais… oui et non. Mais cela dépend, si c’est
intéressant pour le sujet, pourquoi pas ne pas en laisser un peu plus à quelqu’un
qui apporte quelque chose ? Donc, je ne mesure pas tellement le temps de parole.
C’est une réorganisation de tous les instants, mais ça marche bien. Mon café
s’appelle « grain de philo. « On l’a baptisé comme cela. Il n’y a pas d’autres
animateurs. Cela ne fait pas longtemps que je le fais. Il y a des animateurs qui
viennent voir. IVIais personne ne l’a encore fait à ma place. Je crois qu’on fait un
bon groupe. L’animateur est à la fois tout seul et avec les autres. C’est une
position assez extraordinaire, je trouve. Mais on ne se sent pas différent des
autres participants. C’est simplement comme une règle du jeu. Tous les gens
consentent à ce qu’il y en ait un qui mène le jeu. Ma formation ? Je suis professeur
de lettres, mais j’ai fait beaucoup de philo sur le tard. Et je suis né dans un milieu
philosophique : père et grand-père étaient professeurs de philo. Philo et poésie
sont mes deux domaines.
Philippe Mengue — En le rattachant au problème qu’on se pose de la
qualification philosophique ou non de l’animateur, est-ce que vous,
personnellement, vous rencontrez parfois des difficultés…
Léna — Oui…
P. M. — Ou avez-vous le sentiment qu’une culture philosophique plus
approfondie vous serait utile ou inversement vous avez l’impression que votre
contact avec la philosophie, sans être celui d’un spécialiste, vous aiderait plutôt
dans l’animation ?
Léna — Je pense que ça tourne bien comme cela, mais, en même temps,
j’aimerais avoir une formation plus poussée, mais cela ne me gène pas de
fonctionner comme cela. Mais j’estime que je devrais avoir une formation plus
poussée. Mais, en plus des difficultés que je rencontre à l’intérieur du café-philo,
c’est un public très divers et il y a tous les âges confondus. Mais il y a d’un côté