![](//s1.studylibfr.com/store/data-gzf/8eb5990b260dc244b2bb36155647678c/1/004884695.htmlex.zip/bg5.jpg)
LA PRONONCIATION
243
titatif du rythme était chose délicate, malaisée à conserver et que,
en s'étendant,
les
langues indo-européennes ont toutes plus ou moins
perdue.
Dans
l'Europe
actuelle, il n'en subsiste des traces appré-
ciables que dans les langues qui ont gardé un aspect relativement
archaïque
:
langues slaves comme les parlers serbes et croates, ou
une langue
baltique,
le
lituanien.
Et ces restes ne sont que des débris
altérés qui ne permettent plus de se former de l'ensemble du
sys-
tème une idée juste
:
partout
le
type du rythme quantitatif propre-
ment dit a disparu.
Dans le monde classique, le système indo-européen du « ton.» et
du rythme quantitatif a été ruiné vers le même temps en grec et en
latin.
Le changement comprend deux procès
distincts,
mais liés l'un
à
l'autre
:
les voyelles ont tendu à perdre les différences de quan-
tité par lesquelles un e bref s'opposait régulièrement à un ê
long,
un
o bref à un
ô
long, etc.,
et,
sans peut-être devenir bien intense, la
syllabe accentuée est venue à servir de sommet rythmique, ce qui a
entraîné un allongement relatif des voyelles accentuées, un abrè-
gement relatif des voyelles inaccentuées. Le passage d'un type à
l'autre
est insaisissable : la graphie n'en peut rien manifester
;
les
sujets chez qui le phénomène a eu lieu n'en ont pas pris conscience.
Il y a eu là une révolution, mais insensible pour ceux chez qui elle
s'est
produite.
Au terme de cette
révolution,
le phonétisme du latin avait changé
de caractère : tandis que, anciennement, les syllabes intérieures du
mot avaient à quantité égale une importance rythmique égale, il y
a eu dans chaque mot un sommet du rythme à place
fixe.
La quan-
tité avait cessé
d'être
une caractéristique propre de chaque voyelle
pour devenir fonction de l'accent.
L'accent se trouvait avoir, par rapport à la fin du mot, tantôt
sur la pénultième, tantôt sur l'antépénultième, une place fixée par
la tradition, mais qui ne s'expliquait plus dans
l'état
actuel de la
langue.
Aussi, quand le gallo-roman a adopté pour désigner des
villes des noms de peuples
gaulois,
il n'a pas placé
l'accent
suivant
la formule qui aurait réglé la place de
l'ancien
« accentus » latin,
mais le plus loin possible en arrière, d'où
Bitûriges
> Bourges
(Yi