Face à ce contexte, les entreprises se focalisent sur la recherche des stratégies visant la
création et le maintien des avantages compétitifs, le changement et la préservation,
l’exploration et l’exploitation des connaissances innovatives (Jansen, Van Den Bosch et
Volberda 2005). C’est dans cette perspective qu’une prolifération des recherches sur les
stratégies relationnelles de management des connaissances a vu le jour mettant en avant
l’importance des relations inter-entreprises dans le partage de connaissances et l’apprentissage
organisationnel (Koenig 2004). La connaissance est considérée comme l’actif stratégique le
plus important (Zack 1999). L’aptitude de l’organisation à valoriser, assimiler, intégrer,
reconfigurer, transformer et exploiter ces connaissance permet de définir la notion de capacité
dynamique de cette organisation (Teece, Pisano et Shuen 1997). Dans ce cadre, le capital
social joue un rôle primordial dans la gouvernance des relations inter-entreprises. C’est un
pourvoyeur de ressources tangibles et intangibles mais aussi un lubrifiant des interactions. Le
capital social est considéré comme une ressource au sens du modèle de ressources et
compétences. « C’est un ensemble de ressources que les individus peuvent obtenir par la
connaissance des autres individus en faisant partie d’un réseau social avec eux ou
simplement en étant connu d’eux et ayant une bonne réputation » (Arrègle 2004, p.17).
Notre objectif dans ce papier est de montrer le rôle primordial de la capacité d’absorption des
connaissances dans la formation de l’avantage compétitif en se situant dans le contexte des
relations inter-entreprises. Mais aussi le rôle du capital social, notamment la confiance et
l’engagement mutuel dans la formation des communatés de pratiques au sens de Wenger
1998. De telles communautés forment un champ fertile pour la négociation des sens, la
création et le partage des connaissances. L’acquisition, l’assimilation et la transformation de
ces connaissances en innovation de produits et de procédés dépendent des capacités internes
des entreprises. Ces capacités définissent l’entreprise apprenante innovante.
Pour tenter de répondre à cette problématique, nous essayons dans un premier temps de cadrer
théoriquement cette communication en s’inscrivant dans le cadre des recherches qui portent
sur le management des connaissances et le rôle des capacités dynamiques. La deuxième partie
de ce papier porte sur les principaux résultats empiriques. Précisons que notre enquête est
effectuée auprès d’un échantillon de 110 PME marocaines appartenant à des secteurs
différents. Notre démarche est hypothético-déductive et utilise la méthode des équations
structurelles (LISREL et PLS).
1. Management stratégique des connaissances et théorie des capacités
dynamiques
1.1. Relations inter-entreprises : un arrangement entre exploration vs exploitation
des connaissances
Pour pouvoir comprendre la notion de connaissance, il parait nécessaire de la définir et de la
mettre en relation avec les notions de donnée et d’information. En effet, la connaissance est
construite par l’information qui est transformée, enrichie par l’expérience personnelle, les
croyances et les valeurs et interprétée par l’être humain. Le passage de l’information à la
connaissance se réfère à un processus de création de sens. La connaissance est alors générée
par l’individu qui l’interprète. L’information devient connaissance quand l’individu réfléchit
sur l’information et dégage les implications potentielles pour l’amélioration de ses décisions
et des ses actions. Le management de la connaissance (knowledge management) est
l’ensemble des actions de valorisation, de filtration et de synthèse de l’information utile à la
décision et à l’action des individus. Selon Jacob et Turcot (2000), les définitions de la gestion
des connaissances que l’on retrouve dans la littérature renvoient à un processus formel de
valorisation de l’information (identifier, codifier, répertorier, diffuser, partager, créer), un