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dont le développement durable se propage dans le monde de l’entreprise ou le monde
politique :
- Difficile généralisation de réussites locales ou ponctuelles, difficile transfert des
savoirs acquis lors d’une expérience en vue de sa réédition, de sa transplantation, de sa
répétition. Cela rappelle les limites du Knowledge management (management de la
connaissance) et de ses outils informatiques, identifiées dans plusieurs travaux de
recherche.
- Difficulté d’aller au-delà de l’évènement, de la rencontre, parfois de l’effet de
communication (au sens péjoratif du terme), de rendre concrets, acceptables des
intentions et des délibérations (pensons au Grenelle de l’Environnement sur le volet
des OGM et de la taxe carbone par exemple), de dépasser le stade de la « foire aux
bonnes idées » ou des « bonnes pratiques ».
La dynamique impulsée par les journées JADDE oblige à modifier le regard qui a auparavant
prédominé, au sein du Club, sur l’économie de la fonctionnalité et plus précisément sur le rôle
ainsi que la nature des entreprises. En effet, dès lors que l’émergence d’une fonction/solution,
par agrégation vertueuse de plusieurs acteurs, est initiée par l’échelon territorial, l’entreprise
ne se borne plus à être une unité de création de valeur. Elle devient (deviennent) un agent
d’agrégation, un vecteur de mutualisation, une exploratrice de ressources souvent
inexploitées. En somme, elle crée une valeur qui ne serait pas uniquement productive ou
monétaire et qui contribuerait à un développement qui la dépasserait très largement.
Enfin, nous voudrions conclure cette partie sur un point critique : dès lors que des évènements
sont organisés autour du développement durable, l’usage du terme « durable » est pléthorique
et désordonné, si bien que l’on ne sait parfois plus quel sens lui attribuer. Son sens peut même
être parfois dévoyé. Par exemple, une « nouvelle croissance durable » servirait-elle à
augmenter durablement les bénéfices d’entreprise mais au-delà, quelle est la signification de
cette expression ? Autrement dit, le terme « durable » est susceptible d’être pris dans un effet
de mode, comme pour ne plus s’interroger sur les activités auxquelles on l’accole (acheter,
vendre, entreprendre…). De plus, l’effet de mode, avec son évanescence, son effervescence,
son absence de cristallisation, est par définition antagonique avec l’adjectif « durable » et la
durabilité des produits/services, qui est précisément un point clé de l’économie de la
fonctionnalité.
2. De la spatialisation à la territorialisation des actions de l’entreprise
Ce développement est toujours lié aux discussions ayant eu lieu autour des journées JADDE.
Il est intéressant de noter que lorsque la question du territoire est abordée auprès des
entreprises, ou plutôt de sa possible valorisation par des entreprises, la réaction, presque
unanime est « On le fait déjà ». Cette réaction est compréhensible. Des grandes firmes comme
la Poste ou EDF sont ancrées, implantées dans les territoires, y sont des acteurs importants (au
premier chef en terme d’emploi). Or, la logique intellectuelle envisagée lors de cette réunion
est quelque peu différente que la simple localisation, que la simple (et commune)
spatialisation de l’action des entreprises. Il est possible, par opposition et par hypothèse, de
nommer cette logique « territorialisation ». Cela appelle à la discussion mais il y a un
décalage, semble-t-il, entre l’appréhension du territoire comme un niveau d’action, comme un
réceptacle d’actions, contingent, et l’appréhension du territoire comme un gisement potentiel
de ressources. En effet, dans le second cas, le territoire pourra, peut être, être davantage pris
en charge dans sa spécificité, avec ses qualités et lacunes et dans une optique partenariale