La grippe espagnole est aussi à replacer dans l’histoire des grippes. C’est
une maladie autant des oiseaux que des hommes. Il existe une grande variété
des virus grippaux. En 1938, on identifie un virus que l’on nomme H1N1 (puisqu’il
est le premier connu), avec trois souches humaines, plus ou moins agressives. H
représente l’hémagglutinine et N la neuraminidase. Ce sont des virus qui mutent,
et lorsque la mutation est radicale (modifications génétique importante du
génome), l’épidémie en encore plus virulente (car le système immunitaire n’a pu
s’adapter).
Les réservoirs primaires des grippes sont les oiseaux (probablement infectés par
l’agent de la grippe depuis toujours), puis les porcs, et les mutations du virus ont le
plus souvent eu lieu en Extrême Orient, où l’on vit en étroit contact avec eux.
Il est difficile de savoir si l’on a eu affaire à des grippes avant le XVIIIe s., mais c’est
très probable. Au XIVe s., une épidémie qui y ressemble est appelée « influenza »,
en référence à l’influence des astres, puis à celle du froid (influenza di fredo). On
retrouve au XVIe puis au XVIIe s. des symptômes qui, lorsqu’on en trouve la
description, ressemblent à la grippe. A la fin du XVIIIe s. et au XIXe s., plusieurs
pandémies grippales sont bel et bien identifiées, On pense que la grippe
espagnole a touché (infecté mais non tué) environ 1 milliard de gens.
En 1947, l’Institut Pasteur présente le premier laboratoire dévolu aux recherches
sur la grippe. Puis la grippe ressurgit sous diverses formes (H2N2, H3N2, H1N1 de
nouveau sous une nouvelle forme, puis H5N1 en 1997 : sa nouveauté réside dans
ses conditions de transmission, c'est-à-dire la mondialisation qui favorise sa
transmission ; par ailleurs il a été diffusé des animaux à l’homme, mais pas
d’homme à homme apparemment ; cela dit les antiviraux existent et un vaccin
verrait le jour bientôt).
~ III. Peut-on élaborer une géographie de ce risque ?
Une épidémie est un phénomène géographique : modes de propagation, routes,
extension, dynamique, pôles, phases…
- Rôle des Annamites, acteurs géographiques : ils ne véhiculent pas tout
d’abord un virus, mais des bactéries qui ont permis l’installation du virus et le
développement de sa violence.
- Le parcours du virus : éclate à plusieurs endroits du monde à la fois. Il y a
plusieurs hypothèse quant à son origine : Chine, ou Etats-Unis. Son parcours
s’est-il effectué ensuite d’Est en Ouest ou le contraire ?
- Les vecteurs de son parcours : les militaires, troupes et permissionnaires,
furent des acteurs de cette diffusion, entre autre. Pour l’hypothèse chinoise,
il est question d’avancer que ce sont les militaires américains qui l’auraient
transporté. Ce serait aussi le cas dans l’hypothèse où l’épidémie se
déclenche aux Etats-Unis même (Caroline du Sud).
- Le rôle des ports : Bordeaux et Brest représentent des espaces d’arrivée du
virus en France vraisemblables si le virus vient d’outre-atlantique.
- Les zones de front et de rassemblement des troupes (garnisons…), et leur
lien avec l’arrière (évacuation des infectés).