Corps en souffrance et conseil en image

T émoignages
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Bulletin Infirmier du Cancer Vol.12-n°1-janvier-février-mars 2012
nfirmière en cancérologie à l’Institut Bergonié
depuis vingt ans, j’ai pu me rendre compte de la
souffrance des patients et surtout de l’impact néga-
tif (physique et psychologique), qu’entraînent les trai-
tements médicaux ou chirurgicaux sur leur image. Jus-
qu’à l’annonce du plan cancer en 2003, cette souffrance
n’était pas vraiment reconnue. Face à la souffrance et à
l’altération particulièrement importante de l’image cor-
porelle des malades, j’ai été motivée par une nouvelle
forme de soins de supports : « le conseil en image ».
Avec l’arrivée du plan cancer I, la mesure 42 relative
au soin de support précise que tous « les patients
atteints de cancer doivent désormais, quelle que
soit leur prise en charge, y compris à domicile,
avoir accès aux soins de support ».
Ces soins sont définis en oncologie comme l’en-
semble des soins et soutiens nécessaires aux patients
tout au long de la maladie conjointement aux traitements.
Ces consultations en matière de conseil en image
correspondent au référentiel « Organisation de la prise
en charge des patients (OPC) » de l’Agence nationale
d’accréditation et d’évaluation de la santé (ANAES). Sans
oublier le plan Cancer II, qui préconise la valorisation
des soins de supports comme « le Conseil en Image ».
Le conseil en image en cancérologie consiste à pro-
poser des conseils de styles vestimentaires et esthétiques
dans l’accompagnement d’une personne (homme ou
femme), afin de lui permettre de mettre en valeur son
image et surtout de se réconcilier avec l’« estime de soi ».
La fonction de l’infirmière conseillère en image en
cancérologie répond aux besoins des patients en amé-
liorant le vécu de leur maladie, ainsi que leur prise en
charge globale durant leur parcours de soins car son tra-
vail est celui d’une professionnelle formée.
Cette forme de prise en charge renforcera la dimen-
sion humaine du soin, car l’infirmière pourra rassurer le
patient au début du traitement en lui proposant de par-
ticiper à des séances de conseils en image pour la pré-
servation et la valorisation de son image corporelle,
adaptée en fonction des effets secondaires du traitement.
Le conseil en image pourra par exemple intervenir
chez les patientes en attente de reconstruction mam-
maire, ou encore celles pour lesquelles la chirurgie
reconstructive n’est pas envisageable. Il permettra à ces
femmes touchées dans leur intimité de ne pas tirer un
trait sur leur féminité, mais au contraire de l’affirmer à
nouveau.
Le but est d’accompagner chaque patient de façon à
lui permettre de conserver sa dignité, tout en lui don-
nant l’énergie nécessaire pour mieux appréhender sa
maladie.
Cet accompagnement renforcera le processus de réin-
sertion dans la vie sociale quotidienne du patient.
Mon désir d’agir dans la manière d’humaniser la prise
en charge du patient a grandi peu à peu et motive mon
choix professionnel aujourd’hui.
Je pense que cette nouvelle fonction « d’infirmière
conseillère en image » permet de contribuer à une
meilleure tolérance des traitements, donc à la régression
des répercussions physiques et psychologiques pertur-
bant la qualité de vie du patient. Car il ne suffit pas de
vaincre la maladie, mais il faut aussi que tous les patients
touchés par le cancer puissent se retrouver.
Cette initiative est le reflet de ma conception d’une
nouvelle forme de prise en charge par le soin de sup-
port permettant ainsi au patient de conserver sa dignité
grâce à son image corporelle. C’est aussi pour moi
le prolongement de mon engagement auprès des
patients.
Association
« Se réconcilier avec son image »
Corps en souffrance
et conseil en image
Catherine Duhalde
Infirmière conseillère en image, Institut Bergonié,
229 cours de l’Argonne, 33076 Bordeaux, France
[e-mail]
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Témoignage n°1-12:nouvelles AFIC n°1vol5 03/05/12 14:09 Page25
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