L’un des enjeux d’un océan connecté est de mettre au point des capteurs sophistiqués et plus
performants pour améliorer les techniques d’observation in-situ. René Garello les présente comme
des capteurs intelligents. Qu’ils servent à l’examen des courants de surface ou encore des
phénomènes acoustiques, ceux-ci doivent être à transmission rapide, autonomes et dialoguer entre
eux.
Toutefois, les capteurs ne sont pas les seuls à devoir communiquer les uns avec les autres. Les
communautés scientifiques aussi. « Nous faisons des mesures d’un côté, des modèles de l’autre. La
question est de savoir si ce qui a été réalisé dans un contexte donné est mis en commun avec
d’autres mesures effectuées par ailleurs de façon à les intégrer dans la même finalité », précise René
Garello.
Un autre enjeu est donc d’éviter un éparpillement des recherches qui mériteraient d’être recoupées.
Mutualiser les données mais aussi les acteurs : associer océanographes chimistes et océanographes
physiques, modélisateur et expérimentateur. A la clé se dessine une meilleure orchestration des
recherches mondiales.
Une préoccupation parallèle : le Big Data
« Actuellement, seuls 2% des données sont utilisés. On est obligé de les sous-échantillonner donc on
perd en efficacité », constate René Garello. Le besoin de recueillir le plus de matière possible est
contrebalancé par la capacité humaine à pouvoir les analyser dans leur intégralité. De plus, il faut les
stocker et les traiter de façons diverses et variées. Pour René Garello, l’avenir des recherches doit
s’effectuer dans une certaine mesure : « le Big Data engendre un paradoxe car l’objectif des
recherches est de diminuer la taille des dites données pour que l’usager reçoive un maximum
d’information dans un minimum d’espace ». Les capteurs intelligents peuvent permettre de trouver
un équilibre entre compression et Big Data en effectuant un filtre à l’entrée et ne pas tout recueillir
pour pouvoir ensuite travailler à un niveau plus humain.
Vers une standardisation des procédés
Dans le monde marin, il n’y a pas beaucoup de standards. La question de l’intégrité de la donnée, de
sa représentation de la réalité, est le dernier enjeu majeur. Les capteurs satellites sont déjà bien
codifiés car ils effectuent leurs mesures dans un environnement où les conditions de mesure sont
stables contrairement aux capteurs in-situ. En effet, ceux-ci peuvent être embarqués sur des
dispositifs dérivants et autres bouées. Dans ce contexte de mobilité des supports, l’échantillon se doit
d’être sûr grâce à une calibration préalable de la mesure. Les recherches peuvent aider à améliorer
cette notion de standards.
Cependant, la recherche fondamentale seule ne suffit pas. L’avenir c’est aussi faire le lien entre
science, technologie et industrie. Dans un rapport publié en avril 2016, l’OCDE prévoit l’émergence de
nombreuses industries reliées aux océans (transport, pêche, biotechnologie marine…). Comment les
recherches actuelles vont-elles aider à la concrétisation de cette économie bleue ? Du contexte local
brestois, jusqu’à l’envergure européenne de programmes de recherche comme AtlantOS, ces enjeux
entre dans un contexte évident : tout est interconnecté.