Le Sahara : ressources, conflits
Avec 8,6 millions de km2 – presque l'équivalent de la superficie des États-Unis –, le Sahara est
le plus vaste désert du monde. Cet espace n'est pas un vide géopolitique. Il est riche en
matières premières et traversé par différents flux. Du point de vue politique, le désert est
morcelé entre dix pays, mais la notion de frontière ou de souveraineté politique pose question
dans cet espace difficilement contrôlable vu son immensité.
Quelles sont les ressources du Sahara ? Comment leur exploitation peut-elle conduire à des
conflits et à des tensions ?
1. Un immense espace et ses ressources
Qu'est-ce que l'espace saharien ?
• Désert et immensité
Le Sahara est un immense désert qui s'étend sur dix pays, dont aucun n'est totalement désertique. Le
désert avec ses ergs (déserts de sable) et ses regs (déserts rocheux) couvre ainsi le sud de la Libye et des
trois États du Maghreb : Maroc, Algérie (l'État qui possède la plus vaste part du Sahara), Tunisie. Le nord
de ces pays connaît un climat méditerranéen. À l'exception de la vallée du Nil, l'Égypte est presque
entièrement occupée par le désert. Les États situés au sud du désert (Mauritanie, Mali, Niger, Tchad,
Soudan) connaissent une situation inverse. Le nord de leur pays est désertique, alors que plus au sud on
trouve des steppes qui forment un espace de transition entre le milieu désertique et le milieu tropical. On
appelle cet espace le Sahel. Depuis une cinquantaine d'années, le désert du Sahara tend à progresser vers
le sud, parfois sur plus d'une centaine de kilomètres.
• Un espace peu peuplé
Cet espace est très peu peuplé, mais il compte tout de même 5 millions d'habitants. Ceux-ci sont regroupés
essentiellement dans les oasis et sur les gisements de matières premières. Ces habitants sont souvent des
migrants provenant d'autres régions des pays concernés. Pour les autres, ce sont des populations locales,
sédentaires dans les oasis. On trouve également des peuples nomades d'origine berbère, dont les plus
nombreux sont les Touaregs, vivant de l'élevage et du commerce. Ils seraient 1,5 million environ.
Des ressources naturelles
• Les ressources en eau
Les ressources du Sahara sont considérables. Il s'agit avant tout de l'eau. Celle-ci est vitale dans un
environnement où les précipitations sont presque absentes. Il s'agit de l'eau de surface dans les oasis,
comme celles de Tamanrasset en Algérie ou du Fayoum en Égypte. On trouve ensuite des nappes d'eau
fossiles, non renouvelables et situées en grande profondeur. La seule eau courante de surface est le Nil,
qui prend sa source dans la région des Grands Lacs et traverse ensuite le désert jusqu'à la Méditerranée.
• Les matières premières
Les hydrocarbures sont présents en grandes quantités, mais concentrés sous les territoires de l'Algérie
(gisements de Hassi Rmel et de Hassi Messaoud) et de la Libye (dans la région du Fezzan). Des minerais
rares existent également, comme l'uranium au Niger ou les phosphates au Maroc.
Un désert parcouru par des flux
• Les flux de matières premières
Les matières premières du Sahara doivent être transportées pour être transformées et utilisées ou
exportées. La population présente sur les lieux d'extraction est en effet très réduite. Le nord du désert, en
Algérie et en Libye, est donc traversé par des gazoducs pour transporter le gaz naturel et des oléoducs
pour transporter le pétrole. Ils aboutissent à de grands ports méthaniers ou pétroliers, comme Arzew ou
Skikda en Algérie et Syrte en Libye. La Tunisie a également développé ces infrastructures pour les quelques
gisements qu'elle possède dans le sud de son territoire. L'exploitation des ressources en eau nécessite
aussi des infrastructures importantes. Le pompage des nappes fossiles est cher, mais a été mis en œuvre
de façon massive en Libye, grâce aux revenus des hydrocarbures. L'État libyen a réalisé à l'époque du
gouvernement du colonel Khadafi un projet pharaonique de « grande rivière artificielle ». Celle-ci permet
des transferts d'eau vers les zones plus peuplées du nord du territoire. En Égypte, un grand projet de
« nouvelle vallée » consisterait en une déviation du Nil vers l'oasis du Fayoum pour augmenter la surface
agricole. Dans les oasis, le système hydraulique traditionnel a été remplacé par des techniques plus
performantes qui ont permis l'intensification de l'agriculture saharienne, par exemple avec la culture des
palmiers-dattiers.