POPULATIONS EN ÉQUILIBRE DE HARDY-WEINBERG 19
dance des deux locus). Dans l'hypothèse de non-recombinaison, la probabilité de produire
un gamète AB est égale à la probabilité de ce gamète à la génération précédente et, dans
l'hypothèse de recombinaison, l'association de deux gènes se fait au hasard et donc avec
une probabilité égale au produit de la fréquence des gènes. D'où, en appliquant le théorème
des probabilités composées :
P'AB = (1-C)PAB + CPAPB
et
P'AB-PAPB = (1-C)(PAB~PAPB)-
Cette relation constitue la loi établie par Robbins en 1918, et qui s'énonce : l'écart entre
la fréquence du gamète AB et le produit des fréquences du gène A et du gène B est réduit
dans une proportion c à chaque génération. En panmixie, les fréquences génotypiques
s'en déduisent simplement et la loi de Robbins peut donc être considérée comme une
extension de la loi de Hardy-Weinberg au cas de deux locus.
On voit que la différence D = PAB - pApB tend à diminuer régulièrement et que, pour
une valeur initiale DQ quelconque, à la génération 77 la différence Dn est :
Dn = (l-c)Dn_} = (l-c)2Z)„_2... = (l-c)»D0.
Cette quantité D, qu'Edwards (1977) propose d'appeler le « coefficient de Robbins », est
généralement désignée par « déséquilibre de liaison (ou de linkage) »2. Il faut remarquer
que cette dernière appellation est assez impropre, puisque le « linkage » en lui-même n'est
ni une condition nécessaire ni une condition suffisante pour que le déséquilibre existe.
Le terme d'association gamétique est également utilisé pour désigner D, car cette quantité
peut être considérée comme une covariance entre deux locus. En effet, si la valeur 1 ou 0
est attribuée à un gamète selon qu'il porte ou non le gène A et de même pour l'autre locus
selon que le gamète porte ou non B, PAB est l'espérance du produit des deux variables
aléatoires de Bemoulli ainsi définies et pApB est le produit de leurs espérances, la diffé-
rence PAB-pB étant la covariance, par définition. Il en découle une autre mesure du
déséquilibre de liaison, employée en particulier par Wright (1969), qui est la corrélation
rAB entre ces deux variables, dont les variances respectives sont pA(\ -pA) et
PR(I-PR) :
rAB = D/JPAV-PAÏPB^-PB)
La loi de Robbins montre donc que les valeurs d'équilibre des fréquences génotypiques à
deux locus, qui correspondent à D - 0, ne peuvent s ' établir en une génération (sauf situa-
tion particulière), contrairement au cas d'un locus, où l'équilibre s'établit en une seule
génération, comme indiqué précédemment. En général, partant d'une structure génétique
quelconque, obtenue par exemple par le mélange de deux populations, les gènes des diffé-
rents locus ne sont pas répartis indépendamment les uns des autres, et ceci même s'il s'agit
de gènes situés sur des chromosomes différents. Ainsi certains gènes, et par suite les carac-
tères qui en dépendent, peuvent-ils être associés d'une manière transitoire. Cette situation
persiste d'autant plus longtemps que les locus concernés sont plus étroitement liés.
2. « linkage » est l'équivalent anglais de liaison génétique. Deux locus sont liés génétiquement s'ils sont pro-
ches l'un de l'autre sur le même chromosome et indépendants s'ils sont éloignés ou situés sur des chromoso-
mes différents. Cette liaison « matérielle » est différente de la liaison « statistique » qu'exprime D.