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Des raisons d’espérer 
Quand le commandant Cousteau commença à plonger  
en Méditerranée, près de Marseille, dans les années 1940,  
il n’imaginait pas que la moitié des récifs coralliens, des 
mangroves et des herbiers sous-marins qui font la richesse 
des eaux tropicales était vouée à disparaître en quelques 
décennies. Les grands bancs de thons, 
les requins et les nuages étincelants 
de petits poissons argentés sem-
blaient inépuisables. Mais depuis, 
dans le monde entier, les populations 
de nombreux animaux marins ont 
chuté de 90 %. Certains ont entière-
ment disparu. Il a suffi d’un instant, à 
l’échelle géologique, pour rayer des 
pans vitaux du cœur bleu de notre 
planète, que la vie avait mis 4 milliards 
d’années à façonner. Désormais, nous 
le savons : l’océan est vaste, résilient, 
mais pas indestructible.
Il y a néanmoins de nombreuses raisons de rester  
optimiste, à commencer par les technologies  
qui nous ont permis des découvertes inouïes quant à notre 
propre place au sein des systèmes biologiques. Plus de  
90 % des océans restent inexplorés, en profondeur, sous 
leur partie éclairée. Nous en savons assez pour mesurer  
à quel point l’océan régit le fonctionnement de la planète :  
il régule le climat et les échanges chimiques à grande 
échelle, en générant de l’oxygène et en piégeant du 
dioxyde de carbone. Comme tous les êtres vivants, nous 
sommes finalement des créatures marines, reliées à 
l’océan par chaque bouffée d’oxygène, par chaque goutte 
d’eau que nous buvons. La principale ressource que  
nous devons à l’océan, c’est notre propre survie.
« L’eau, aussi fluide 
que notre esprit… 
mère de toute vie, 
garante fragile de 
notre survie. » 
– J.-Y. Cousteau
TYRONE TURNER / NATIONAL GEOGRAPHIC STOCK
Ambassadrice d’Impac3 et exploratrice 
de la National Geographic Society, Sylvia 
Earle a dirigé plus de 100 expéditions et 
accumulé 7 000 heures de plongée au 
service des océans. 
SYLVIA EARLE
En couverture  
Dans une calanque des îles du Frioul, un 
pisciculteur prélève dans sa ferme des 
daurades royales certifiées biologiques.
Photo : Frédéric Larrey/Biosphoto
ÉDITO
NGFRMER_0004   4 23/08/13   15:00