Directeur de la publication : Edwy Plenel
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les parlementaires grecs sont donc priés de voter dans
le même texte : la création d’un fonds souverain de
50 milliards d’euros, destiné à recevoir les entreprises
à privatiser et dont le produit servirait à recapitaliser
les banques, un dispositif législatif pour les mauvaises
créances bancaires, l’augmentation d’une taxe de
solidarité portée de 6 à 8% pour les revenus au-dessus
de 50000 euros, l’accélération des perceptions fiscales
perçues à l’avance pour les petits commerçants, la
fin des niches fiscales accordées aux agriculteurs,
une révision du système de protection sociale afin
d’économiser 0,5% de PIB par an, la fin progressive
des préretraites, la fin des allègements de TVA pour
les îles, la libéralisation du marché du gaz, la baisse du
prix des médicaments génériques, etc.
En complément de ces mesures supposées redonner
une compétitivité à l’économie grecque, les
créanciers ont fixé de nouveaux objectifs budgétaires
au gouvernement grec. Accusés par nombre
d’économistes de travailler sur des chiffres irréalistes –
toutes les prévisions depuis 2010 ont été erronées–, les
négociateurs ont voulu montrer qu’ils avaient retenu
la critique. Au lieu d’inscrire un surplus budgétaire
correspondant à 1% du PIB dès cette année, comme
ils l’exigeaient lors des discussions en juin, ils ont
pris en compte, disent-ils, la dégradation économique
actuelle. Selon leurs estimations, l’économie grecque
devrait être en récession, en accusant une chute de
l’ordre de 2,1% à 2,3% du PIB cette année.
Le plan prévoit donc pour 2015 un déficit budgétaire
primaire (avant remboursement de la dette) de 0,25%
du PIB. Mais dès l’année prochaine, les finances
publiques devraient à nouveau afficher un excédent
primaire de 0,5% du PIB, puis de 1,75% en 2017,
et de 3,5% en 2018, sans qu’aucune indication n’ait
été donnée sur l’évolution de la dette, son éventuelle
restructuration. Les créanciers ont décidé de renvoyer
cette question essentielle à plus tard, le temps de voir
si la Grèce se conforme bien à tous les préceptes
imposés.
Catastrophe économique
Le gouvernement grec affirme que cette révision
des objectifs va se traduire par une diminution de
l’austérité de l’ordre de 11 points de PIB. « Totalement
faux. On fait comme si le nouvel accord abaissait
les objectifs budgétaires. Ce qui se passe est que
les créanciers et le gouvernement grec ont réalisé
que l’économie grecque était en récession et que les
objectifs d’excédents budgétaires précédents étaient
ridicules. Mais en fait, rien n’a changé. Les mesures
et la politique qui a échoué depuis cinq ans sont
les mêmes. L’austérité continue », a dénoncé Costas
Lapavistas, député de Syriza, devenu l'une des figures
de l’opposition du parti depuis l’accord du 12 juillet,
après la publication du projet d’accord.
Les premières analyses, faites par les milieux
bancaires, ne sont pas loin de celles du député grec.
« Le plan de sauvetage grec est construit sur des
prévisions fantaisistes : ces prévisions optimistes
suggèrent que le plan ne peut pas durer longtemps »,
annonce l’économiste allemand Holger Zchaeptiz.
« Irréaliste », dit de son côté l’analyste Jonathan
Loynes, de Capital economics. «Le plan repose sur des
prévisions économiques et pour les finances publiques
qui sont hautement fantaisistes. Des études récentes
montrent que l’impact du contrôle des capitaux sur
l’économie a été catastrophique, avec des niveaux
d’effondrement de l’activité bien supérieurs à ce qui
avait été vu en 2010-2011 quand l’économie s’était
contractée de 9%. Bien sûr, cette extrême faiblesse
peut s’achever quand les contrôles (sur les capitaux)
seront levés. Mais il n’apparaît pas qu’ils vont l’être
prochainement. Et même s’ils le sont, le PIB pourrait
chuter bien plus que les 2,1% à 2,3% prévus. Nous
nous attendons à une contraction de 4 points de PIB
ou pire.»
Même si quelques premiers chiffres, comme l’indice
d'activité, illustrent l’ampleur de la chute, personne n’a
encore pris la mesure du choc sur l’économie grecque,
provoqué délibérément par l’Union européenne et