Valeurs de référence du bilan thyroïdien
Discussion
Impact des anticorps anti-TPO et anti-TG
Pour établir des valeurs de référence pour une technique, il
paraît logique d’exclure de la population de référence tout
sujet pouvant potentiellement avoir une concentration plas-
matique augmentée ou diminuée pour l’un des paramètres
du bilan thyroïdien, due soit à un dysfonctionnement et/ou
soit à la présence d’anticorps antithyroïdiens. La présence
d’anticorps est le premier critère d’exclusion utilisé pour
éliminer les sujets dans le calcul des valeurs de référence
(NACB–ATA).
Dans cette étude, de toutes les personnes examinées (308
patients), 10,7 % présentent une immunoréactivité anti-
TPO, 7,8 % une immunoréactivité anti-TG, et 3,6 %
une immunoréactivité pour les deux anticorps à la fois
(tableau 3). Nous observons que la concentration des anti-
TPO est plus forte lorsqu’elle est associée à des anti-TG que
lorsque les anti-TPO sont seuls (différence significative:
p<0,001) ; cette différence, montrée par Spencer et al. en
2007 [11], est confirmée dans cette étude.
La prévalence d’Ac anti-TPO est supérieure à celle rappor-
tée dans la littérature (5 % : [6, 12]). De même, la prévalence
d’Ac anti-TPO et anti-TG est importante (14,9 %). Nous
avons trouvé également plus de plasmas positifs anti-TPO
et anti-TG chez les femmes (17,4 %) que chez les hommes
(7,7 %). Cette prévalence a été retrouvée également dans le
travail de Friis-Hansen en 2008 [13]. Au total, 46 patients
ont été exclus de cette étude.
Il apparaît donc impératif de rechercher les Ac anti-
TPO et anti-TG lors de la détermination des valeurs de
référence. Celle-ci se révère être complexe pour de mul-
tiples raisons : outre l’obtention d’une population témoin
exempte de toutes pathologies avec détermination systé-
matique des Ac antithyroïdiens, ilyaunétablissement des
valeurs à un moment donné, une possible modification dans
la composition du réactif ou des tampons par le fabricant
par exemple.
Valeurs de référence pour la TSH et les hormones
thyroïdiennes
Comme pour tout dosage biologique, l’établissement des
valeurs de référence pour la concentration plasmatique de
TSH, FT4 et FT3 a une importance majeure. Il faut toutefois
noter que l’on exclut de la population de référence les sujets
qui ont une immunoréactivité aux anticorps antithyroïdiens.
Les valeurs de référence déterminées dans cette étude sur
une cohorte de 262 sujets montrent un décalage par rapport
à celles proposées par le fabricant vers les valeurs basses
pour la TSH et vers les valeurs hautes pour la T4L. Il n’y a
pas de changement significatif pour la T3L.
L’analyse des variances effectuée entre les trois dosages
et le facteur âge ne montre aucune significativité pour un
échantillon d’âge compris entre 18 et 65 ans : p = 0,74
pour la TSH, p = 0,56 pour la T4L et p = 0,36 pour la T3L.
Cette analyse est comparable avec celle retrouvée dans la
littérature [14-16].
Il n’est pas trouvé de corrélation significative entre le sexe
et les concentrations de TSH et T3L (p = 0,140 et p = 0,140
respectivement). Par contre, il existe une différence signi-
ficative entre le sexe et les valeurs de T4L (p <0,001).
L’analyse de variance montre l’existence d’une différence
significative entre les sous-groupes des femmes et des
hommes pour la T4L que l’on retrouve dans les différentes
études [16]. Les valeurs de référence sont respectivement
de 8,37 à 14,62 pmol/L pour les femmes et de 8,60 à
16,88 pmol/L pour les hommes.
Certains auteurs [17-19] ont rapporté l’influence du
moment de prélèvement sur la valeur seuil de la TSH pour
définir l’état thyroïdien, sachant que la TSH a un cycle nyc-
théméral avec un pic la nuit diminuant progressivement au
matin. Tous nos prélèvements ont été effectués dans la jour-
née, et ne sont pas influencés par le cycle nycthéméral de
la TSH. Il n’y a pas d’impact sur les valeurs des hormones
thyroïdiennes.
Nous comparons les valeurs de référence de notre popu-
lation de référence à l’ensemble de notre cohorte (308
patients). En appliquant le concept d’exclusion, nous mon-
trons que la limite des valeurs de référence de la TSH,
FT4 et FT3 passe successivement de 0,49 à 3,69 mUI/L,
de 8,39 à 15,00 pmol/L et de 4,05 à 5,97 pmol/L respec-
tivement, valeurs établies sur l’ensemble de la population
(308 patients), à 0,50 à 3,40 mUI/L, 8,46 à 14,92 pmol/L et
4,05 à 6,00 pmol/L respectivement.
Il n’y a pas de différence significative des valeurs de réfé-
rence pour les FT4 et FT3 dans les trois populations.
Les valeurs de référence dans la population avec ou sans
anticorps sont sensiblement les mêmes. Par contre, seule
est retrouvée une différence significative pour la TSH
(p <0,001). L’analyse de variance Anova montre une diffé-
rence significative dans la moyenne de la TSH. La moyenne
de la population de 46 patients avec présence d’anticorps
est de 2,12 mUI/L, alors que celle de la population sans anti-
corps est de 1,50 mUI/L (p <0,001). Les percentiles 2,5 et
97,5 passent de 0,15 et 10,85 mUI/L à 0,50 et 3,40 mUI/L.
La différence est très marquée pour le percentile 97,5.
Une étude rétrospective des paramètres du bilan thyroïdien,
portant sur 777 patients sur une durée de trois mois consé-
cutifs a été à l’origine de cette étude comme annoncée dans
l’introduction. La ligne (a) du tableau 5 montre le pourcen-
tage de discordances clinicobiologiques observées avec les
valeurs de référence de BCF, soit 3,2 % pour des valeurs de
TSH inférieures à 0,34 mUI/L, et 27,3 % pour des valeurs
de TSH supérieures à 5,60 mUI/L. En appliquant les nou-
Ann Biol Clin, vol. 69, n◦1, janvier-février 2011 81
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.