Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le Baccharis à feuilles d'arroche Baccharis halimifolia au Canada MENACÉE 2011 Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante : COSEPAC. 2011. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le baccharis à feuilles d'arroche (Baccharis halimifolia) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xi + 35 p. (www.registrelep-sararegistry.gc.ca/default_f.cfm). Note de production : Le COSEPAC remercie David Mazerolle et Sean Blaney, qui ont rédigé le présent rapport de situation sur le baccharis à feuilles d’arroche (Baccharis halimifolia) au Canada, dans le cadre d’un contrat passé avec Environnement Canada. La supervision et la révision ont été assurées par Bruce Bennett, coprésident du Sous-comité de spécialistes des plantes vasculaires du COSEPAC. Pour obtenir des exemplaires supplémentaires, s’adresser au : Secrétariat du COSEPAC a/s Service canadien de la faune Environnement Canada Ottawa (Ontario) K1A 0H3 Tél. : 819-953-3215 Téléc. : 819-994-3684 Courriel : COSEWIC/[email protected] http://www.cosepac.gc.ca Also available in English under the title COSEWIC Assessment and Status Report on the Eastern Baccharis Baccharis halimifolia in Canada. Illustration/photo de la couverture : Baccharis à feuilles d'arroche — photo fournie par D. Mazerolle et S. Blaney Sa Majesté la Reine du chef du Canada, 2012. No de catalogue CW69-14/647-2012F-PDF ISBN 978-1-100-98818-4 Papier recyclé COSEPAC Sommaire de l’évaluation Sommaire de l’évaluation – novembre 2011 Nom commun Baccharis à feuilles d'arroche Nom scientifique Baccharis halimifolia Statut Menacée Justification de la désignation Cette espèce fait partie de la flore de la plaine côtière de l’Atlantique. Cet arbuste canadien rare et isolé est restreint à un habitat de marais salé très particulier dans le sud de la Nouvelle-Écosse. Son habitat côtier est en déclin en raison de l'augmentation de l'aménagement du littoral. De plus, les effets des changements climatiques, incluant l'élévation du niveau de la mer et l'augmentation et la fréquence des ondes de tempête, mèneront à la perte et à la dégradation de l’habitat et auront des répercussions sur les individus au cours des quelques prochaines décennies. Répartition Nouvelle-Écosse Historique du statut Espèce désignée « menacée » en novembre 2011. iii COSEPAC Résumé Baccharis à feuilles d'arroche Baccharis halimifolia Description et importance de l’espèce sauvage Le baccharis à feuilles d’arroche est une plante vivace arbustive de la famille des Astéracées qui pousse dans les marais salés. Au Canada, l’arbuste peut atteindre une hauteur de 1 à 3 mètres et perd ses feuilles en automne. Les feuilles sont vert-gris et alternes. Les fleurs mâles et femelles sont produites par des individus différents. L’arbuste fleurit vers la fin de l’été, et ses inflorescences de fleurs minuscules peuvent être très nombreuses chez les plus grands individus. Les fruits sont surmontés d’un pappus (aigrette) d’un blanc éclatant qui rend les individus femelles faciles à détecter à la fin de l’été et au début de l’automne. Au Canada, le baccharis à feuilles d’arroche est une espèce rare, qui se rencontre dans une zone restreinte située à plus de 400 km de l’occurrence la plus proche, située dans le nord du Massachusetts. Le baccharis à feuilles d’arroche est la seule espèce de son genre et de sa sous-tribu à pousser à l’état indigène au Canada. L’arbuste est employé à des fins horticoles aux États-Unis. Certaines espèces du genre Baccharis renferment divers composés ayant des usages médicinaux, dont certains pourraient servir contre le cancer, mais les propriétés de ces composés ont été peu étudiées. Aux États-Unis, des premières nations auraient fait usage de certaines espèces pour le traitement de plaies et de blessures ainsi que comme antibactérien ou comme vomitif. Le baccharis à feuilles d’arroche a été introduit en Europe méditerranéenne et en Australie, où il est devenu une plante nuisible envahissante. Dans certains États des États-Unis, l’espèce est considérée comme une mauvaise herbe nuisible à l’agriculture. Répartition Le baccharis à feuilles d’arroche pousse à l’état indigène le long du golfe du Mexique et de la côte est des États-Unis, depuis l’État de Vera Cruz, au Mexique, jusqu’à la partie nord du Massachusetts. Dans le sud, vers l’intérieur des terres, l’espèce atteint l’Oklahoma, l’Arkansas, le Tennessee et le plateau du Piedmont, juste à l’est des Appalaches, mais une partie de cette répartition résulte d’une propagation postérieure à la colonisation européenne. L’arbuste pousse également à l’état indigène à Cuba et dans les Bahamas. Au Canada, toutes les occurrences sont situées dans une zone côtière de 25 km de largeur, dans l’extrême sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Comme ces populations sont dominées par de gros individus matures, l’espèce semble être présente depuis longtemps dans cette province. iv Habitat Aux États-Unis, le baccharis à feuilles d’arroche se rencontre dans divers types de milieux humides ou perturbés. Au Canada, il se rencontre uniquement en terrain dégagé, en bordure de marais salés bien développés, à l’intérieur de havres ou de baies lui conférant une certaine protection contre le vent et les vagues. L’arbuste pousse à l’intérieur ou à proximité de la zone de transition entre le marais salé et la forêt côtière, où la végétation est dominée par des plantes graminoïdes et des arbustes de 0,5 à 2 m de hauteur. Des facteurs climatiques limitent sans doute la zone d’occurrence de l’espèce. Les courants océaniques exercent un effet modérateur sur le climat de la zone côtière du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse et particulièrement sur la région de Yarmouth, où pousse le baccharis à feuilles d’arroche. Les hivers y sont les plus doux au Canada, si on exclut le sud de la Colombie-Britannique, et les températures y sont beaucoup plus douces que sur la côte du Maine, pourtant située à la même latitude. Biologie En Nouvelle-Écosse, le baccharis à feuilles d’arroche fleurit depuis la fin juillet jusqu’au milieu ou à la fin septembre. Les individus femelles peuvent produire jusqu’à un million de graines. À maturité, les akènes (fruits renfermant une seule graine) sont dispersés par l’eau et le vent, cette dispersion étant facilitée par le pappus qui reste fixé à l’akène. Les akènes arrivent à maturité vers la fin août ou en septembre, et la plupart sont dispersés avant la fin octobre. En Nouvelle-Écosse (mais non dans le sud des États-Unis), les feuilles tombent à la fin octobre ou en novembre, plus tard que chez la plupart des autres arbustes poussant dans les mêmes milieux. L’établissement à partir de graines doit être rare en Nouvelle-Écosse, car les semis sont rarement observés. Par ailleurs, comme le tronc des gros individus peut atteindre 10 cm de diamètre, il doit s’agir de vieux arbustes. Les individus matures peuvent sans doute persister plusieurs dizaines d’années ou même davantage, car de nouvelles pousses se forment à leur base. L’arbuste peut également se propager par enracinement de branches basses. Le réservoir de semences du sol n’a sans doute pas un rôle important, car les graines ont une capacité de dormance limitée; elles peuvent cependant survivre au moins deux ans si elles sont enfouies. Taille et tendances des populations Le nombre total estimatif d’individus matures présents au Canada est de 2 850, et la plupart des individus ont sans doute été répertoriés. Trois populations sont connues, outre l’individu poussant dans un site isolé à Pubnico-Ouest. Les trois populations sont divisées en 9 sous-populations, dont deux réunissent environ 88 % de l’effectif canadien total de l’espèce. v Les tendances des populations n’ont pas été étudiées, mais les populations sont probablement assez stables. Jusqu’à présent, le développement foncier a seulement eu un impact localisé et peu important, mais certains sites sont exposés à un développement en cours ou imminent, et ce facteur pourrait constituer une menace future pour les autres. Facteurs limitatifs et menaces La seule menace imminente pour le baccharis à feuilles d’arroche est la perte d’habitat due au développement foncier du littoral et principalement à la construction de chalets et de résidences. Ce développement se poursuit de manière intensive sur la côte atlantique de Nouvelle-Écosse depuis une trentaine d’années et a entraîné une hausse fulgurante de la valeur des terrains. Le baccharis à feuilles d’arroche pousse dans des milieux côtiers esthétiquement attrayants, et la plupart des occurrences se trouvent à quelques centaines de mètres de bonnes routes. Le fait que l’habitat se trouve en bordure de la forêt côtière expose particulièrement l’espèce au débroussaillage effectué par les propriétaires souhaitant avoir vue sur la mer ou accès à la mer. L’espèce est cependant relativement protégée du développement dans de nombreux sites, y compris ceux des deux plus grandes sous-populations, qui se trouvent sur des îlots à l’intérieur de marais salés, ce qui rend la construction d’un chemin d’accès coûteuse ou contraire aux règlements de protection de l’environnement. La mort d’individus apparemment causée par une inondation en eau salée a été observée très localement, et la perte d’habitat due à l’élévation du niveau de la mer pourrait un jour constituer une menace. L’impact localisé du broutage par les bovins a également été observé dans un des sites. L’extrême concentration de l’effectif canadien (environ 88 % du total) en deux groupes denses occupant en tout 11,5 ha fait en sorte que le développement foncier, l’élévation du niveau de la mer et les phénomènes de nature aléatoire risquent de réduire de manière substantielle l’effectif canadien total de l’espèce. S’il y a peu de recrutement à partir de graines, comme le laissent croire certaines observations, tout facteur pouvant détruire des individus matures constitue une menace particulièrement grave. Protection, statuts et classements Le baccharis à feuilles d’arroche ne jouit actuellement d’aucune protection juridique. Cependant, un rapport de situation provincial est en préparation, ce qui pourrait assurer à l’espèce une désignation à titre d’espèce en péril et une protection en vertu de la Nova Scotia Endangered Species Act. Aucune des populations canadiennes ne se trouve dans une zone protégée. vi Selon l’organisme NatureServe, le baccharis à feuilles d’arroche est « non en péril » à l’échelle mondiale (G5) et à l’échelle des États-Unis (N5), mais gravement en péril à l’échelle du Canada (N1) et de la Nouvelle-Écosse (S1). Aux fins de la Situation générale des espèces au Canada, l’espèce est jugée « possiblement en péril », ce qui équivaut à la cote « rouge » du système de classement du ministère des Richesses naturelles de la Nouvelle-Écosse. Aux États-Unis, l’espèce est jugée rare uniquement au Rhode Island, où elle est cotée S2 (en péril), et en Pennsylvanie, où elle est cotée S3 (vulnérable) et officiellement désignée « rare ». vii RÉSUMÉ TECHNIQUE Baccharis halimifolia Baccharis à feuilles d’arroche Répartition au Canada : Nouvelle-Écosse Eastern Baccharis Données démographiques Durée d’une génération (âge moyen des parents dans la population) Comme de gros troncs certainement très âgés peuvent produire des rejets de souche, il semble que ces arbustes sont vieux de plusieurs dizaines d’années, ou même davantage. Y a-t-il un déclin continu du nombre total d’individus matures? Aucun déclin n’a été répertorié, mais de petits déclins imputables à un développement foncier local sont probablement en cours et risquent de prendre de l’ampleur avec le développement futur. Pourcentage estimé de déclin continu du nombre total d’individus matures pendant cinq années. Pourcentage observé de réduction ou d’augmentation du nombre total d’individus matures au cours des dix dernières années. Pourcentage présumé de réduction ou d’augmentation du nombre total d’individus matures au cours des dix prochaines années. Pourcentage observé de réduction ou d’augmentation du nombre total d’individus matures au cours de toute période de dix années commençant dans le passé et se terminant dans le futur. Les causes du déclin sont-elles clairement réversibles, sont-elles comprises et ont-elles cessé? Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre d’individus matures? Aucune n’a été répertoriée, et de telles fluctuations sont improbables chez une plante vivace à longue durée de vie. Information sur la répartition Superficie estimée de la zone d’occurrence 2 La zone d’occurrence est de 49 km si on exclut le seul individu observé à Pubnico-Ouest. Indice de la zone d’occupation (IZO) – grille à carrés de 2 × 2 km 2 L’IZO est de 48 km si on exclut le seul individu observé à Pubnico-Ouest. Les individus occupent une étroite zone linéaire de milieux intercalés entre le rivage et la forêt des terrains plus élevés. Selon une grille à carrés de 2 10 × 10 m, la zone d’occupation biologique est de 2,26 km . La population totale est-elle très fragmentée? 1 Nombre de localités Les « localités » sont définies par l’échelle à laquelle s’exerce la principale menace (la construction de chalets). Le nombre de localités n’a pas été établi, mais il est inférieur à 10. En se fondant sur le nombre de propriétaires fonciers, on peut estimer qu’il y a 50 localités. Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou projeté] de la zone d’occurrence? Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou projeté] de l’indice de la zone d’occupation? Un déclin de la zone d’occupation est possible si on calcule cette zone à l’aide d’une grille plus fine (carrés de 10 × 10 m). Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou projeté] du nombre de populations? 1 Voir la définition de localité. viii Inconnue; au moins 10 ou 20 ans, peut-être beaucoup plus. Probablement Inconnu Inconnu Inconnu Inconnu S/O Non 75 km² 52 km² Non >10 Non Non Non Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou projeté] du nombre de localités*? Aucun déclin continu n’a été répertorié, mais certaines localités sont probablement disparues et d’autres disparaîtront probablement à cause du développement foncier du littoral. Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou projeté] de [la superficie, l’étendue ou la qualité] de l’habitat? De petits déclins continus de la superficie et de la qualité de l’habitat sont causés par le développement foncier du littoral. Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de populations? 2 Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de localités ? Y a-t-il des fluctuations extrêmes de la zone d’occurrence? Y a-t-il des fluctuations extrêmes de l’indice de la zone d’occupation? Peut-être Oui Non Non Non Non Nombre d’individus matures dans chaque population Nombre d’individus matures > 1 476 21 ~ 1 350 1 > 2 832 Population Estuaire de la Tusket Île des Surette Îles Morris et Roberts Pubnico-Ouest Total Analyse quantitative La probabilité de disparition à l’état sauvage est d’au moins [20 % en 20 ans ou 5 générations, ou 10 % en 100 ans]. S/O Menaces (réelles ou imminentes pour les populations ou leur habitat) La destruction de l’habitat par le développement foncier du littoral et principalement par la construction de chalets et de résidences est la seule menace répandue et imminente risquant de toucher une proportion grande ou modérée de la population canadienne de l’espèce au cours des 3 prochaines générations. La mort d’individus, apparemment due à une inondation en eau salée, a été observée de manière très localisée, et la destruction de l’habitat par une élévation du niveau marin induite par le changement climatique pourrait constituer une autre menace dans l’avenir. L’impact localisé de bovins a été observé dans un des sites. La concentration des individus en deux groupes denses fait en sorte que le développement foncier, l’élévation du niveau de la mer ainsi que les phénomènes de nature aléatoire risquent d’avoir un impact majeur sur l’ensemble de la population canadienne. S’il y a peu de recrutement à partir de graines, comme le laissent croire certaines observations, les facteurs pouvant détruire des individus matures constituent des menaces particulièrement graves. Immigration de source externe (immigration de l’extérieur du Canada) Statut ou situation des populations de l’extérieur? L’espèce n’est pas en péril à l’échelle des États-Unis (N5). Elle n’est pas jugée rare au Massachusetts (où se trouve l’occurrence la plus proche) ni dans aucun autre État où elle est présente, sauf le Rhode Island (S2) et la Pennsylvanie (S3). Une immigration a-t-elle été constatée ou est-elle possible? Une immigration serait Une immigration à partir du Massachusetts, à travers plus de 400 km très improbable. d’océan, est très improbable. 2 Voir la définition de localité. ix Des individus immigrants seraient-ils adaptés pour survivre au Canada? La population canadienne se trouve dans une zone climatiquement semblable à la partie nord de la côte du Massachusetts. Y a-t-il suffisamment d’habitat disponible au Canada pour les individus immigrants? Une immigration à partir de populations externes est-elle vraisemblable? Probablement Oui Non Statut existant COSEPAC : Espèce menacée (novembre 2011) Statut et justification de la désignation Statut Code alphanumérique Espèce menacée D2 Justification de la désignation Cette espèce fait partie de la flore de la plaine côtière de l’Atlantique. Cet arbuste canadien rare et isolé est restreint à un habitat de marais salé très particulier dans le sud de la Nouvelle-Écosse. Son habitat côtier est en déclin en raison de l’augmentation de l’aménagement du littoral. De plus, les effets des changements climatiques, incluant l’élévation du niveau de la mer et l’augmentation et la fréquence des ondes de tempête, mèneront à la perte et à la dégradation de l’habitat et auront des répercussions sur les individus au cours des quelques prochaines décennies. Applicabilité des critères Critère A (déclin du nombre total d’individus matures) Sans objet. Aucun déclin n’a été répertorié. Critère B (petite aire de répartition et déclin ou fluctuation) Sans objet. La zone d’occurrence et l’IZO se situent en deçà des seuils fixés pour la catégorie « en voie de disparition », et la qualité de l’habitat a décliné, mais l’espèce est présente dans plus de 10 localités, les populations ne sont pas gravement fragmentées, et il n’y a pas de fluctuations extrêmes du nombre d’individus matures. Critère C (nombre d’individus matures peu élevé et en déclin) Sans objet. Il y a moins de 10 000 individus, mais aucun déclin n’a été observé dans le nombre d’individus matures. Critère D (très petite population totale ou répartition restreinte) Correspond au critère de la catégorie « menacée » D2, car l’aire de répartition canadienne est très restreinte (IZO de 52 km²), plus de 88 % des individus matures sont concentrés dans deux souspopulations qui pourraient être touchés par un phénomène de nature stochastique tels qu’une onde de tempête, qui ferait soudainement de l’espèce une espèce en voie de disparition. Critère E (analyse quantitative) Aucune n’a été faite. x HISTORIQUE DU COSEPAC Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant. MANDAT DU COSEPAC Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens. COMPOSITION DU COSEPAC Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsable des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates. Espèce sauvage DÉFINITIONS (2011) Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d’animal, de plante ou d’une autre organisme d’origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s’est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans. Disparue (D) Espèce sauvage qui n’existe plus. Disparue du pays (DP) Espèce sauvage qui n’existe plus à l’état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs. En voie de disparition (VD)* Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente. Menacée (M) Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés. Préoccupante (P)** Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle. Non en péril (NEP)*** Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles. Données insuffisantes (DI)**** Une catégorie qui s’applique lorsque l’information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l’admissibilité d’une espèce à l’évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l’espèce. * Appelée « espèce disparue du Canada » jusqu’en 2003. ** Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000. *** Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999. **** Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ». ***** Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999. Définition de la catégorie (DI) révisée en 2006. Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC. xi Rapport de situation du COSEPAC sur le Baccharis à feuilles d'arroche Baccharis halimifolia au Canada 2011 TABLE DES MATIÈRES DESCRIPTION ET IMPORTANCE DE L’ESPÈCE SAUVAGE....................................... 4 Nom et classification .................................................................................................... 4 Description morphologique .......................................................................................... 5 Structure spatiale et variabilité des populations .......................................................... 5 Unités désignables ...................................................................................................... 5 Importance................................................................................................................... 5 RÉPARTITION ................................................................................................................ 8 Aire de répartition mondiale ......................................................................................... 8 Aire de répartition canadienne ..................................................................................... 9 HABITAT ....................................................................................................................... 10 Besoins en matière d’habitat ..................................................................................... 10 Tendances en matière d’habitat ................................................................................ 12 BIOLOGIE ..................................................................................................................... 14 Cycle vital et reproduction ......................................................................................... 14 Physiologie et adaptabilité ......................................................................................... 15 Dispersion .................................................................................................................. 17 Relations interspécifiques .......................................................................................... 17 TAILLE ET TENDANCES DES POPULATIONS........................................................... 18 Activités de recherche ............................................................................................... 18 Définition des populations et des localités ................................................................. 20 Abondance ................................................................................................................ 21 Fluctuations et tendances.......................................................................................... 22 Immigration de source externe .................................................................................. 23 MENACES ET FACTEURS LIMITATIFS ...................................................................... 23 Développement foncier du littoral et altération de l’habitat ........................................ 23 Exiguïté du territoire pouvant convenir à l’espèce ..................................................... 25 Changement climatique et élévation du niveau de la mer ......................................... 25 PROTECTION, STATUTS ET CLASSEMENTS ........................................................... 26 Statuts et protection juridique .................................................................................... 26 Autres classements ................................................................................................... 27 Protection et propriété de l’habitat ............................................................................. 27 REMERCIEMENTS ET EXPERTS CONTACTÉS ........................................................ 28 SOURCES D’INFORMATION ....................................................................................... 28 SOMMAIRE BIOGRAPHIQUE DES RÉDACTEURS DU RAPPORT............................ 34 COLLECTIONS EXAMINÉES ....................................................................................... 35 Liste des figures Figure 1. Gros individu multicaule de baccharis à feuilles d’arroche (Baccharis halimifolia). L’arbuste pousse à la limite entre le marais salé et la forêt, en compagnie du gaylussaquier à fruits bacciformes (Gaylussacia baccata), de la spartine pectinée (Spartina pectinata), de l’agropyre littoral (Thinopyrum pycnanthum – identification incertaine) et de l’érable rouge (Acer rubrum). Photo fournie par D. Mazerolle et S. Blaney. ................................................. 6 Figure 2. Feuilles supérieures et capitules pistillés (femelles) du baccharis à feuilles d’arroche (Baccharis halimifolia). Les longues soies blanches des pappus dépassent de chaque réceptacle, ce qui rend les capitules très voyants. Photo fournie par D. Mazerolle et S. Blaney. ................................................. 7 Figure 3. Aire de répartition indigène connue du baccharis à feuilles d’arroche (Baccharis halimifolia) à l’échelle mondiale. Aux États-Unis, l’aire indiquée est fondée sur la présence ou l’absence dans chaque comté (BONAP, 2010). Plus au sud, elle est fondée sur la présence ou l’absence dans chaque État du Mexique et dans chaque pays des Antilles. .......................... 8 Figure 4. Aire de répartition canadienne du baccharis à feuilles d’arroche, avec indication des toponymes désignant les sous-populations dans le tableau 1. Les trois populations sont respectivement situées : 1) dans l’estuaire de la Tusket; 2) dans l’île des Surette; 3) dans les îles Morris et Roberts. Un individu isolé a par ailleurs été observé près de Pubnico-Ouest. .................. 9 Figure 5. Le baccharis à feuilles d’arroche (grand arbuste situé au centre, à l’avantplan) à l’île Roberts, en Nouvelle-Écosse, près d’un chalet dont la construction récente a éliminé des milieux convenant à l’espèce et probablement détruit des individus de l’espèce. On peut également apercevoir le baccharis à feuilles d’arroche au loin, en bordure du marais salé, vers le coin supérieur gauche de la photo. Photo fournie par D. Mazerolle et S. Blaney. ........................................................................... 13 Liste des tableaux Tableau 1. Nombres de localités et d’individus répertoriés dans chaque site connu, avec indication de la superficie occupée et du régime foncier. .................. 21 DESCRIPTION ET IMPORTANCE DE L’ESPÈCE SAUVAGE Nom et classification Nom scientifique : Baccharis halimifolia Linné Description originale : Linné, 1753 Synonymes : Baccharis halimifolia var. angustior de Candolle Baccharis cuneifolia Moench Conyza halimifolia Desf. Noms anglais : Eastern Baccharis, Groundsel-tree (Groundseltree), Groundselbush, Sea-myrtle, Salt-myrtle, Consumption weed, Saltbush, Salt marsh elder, Silverling, Tree groundsel, Waterbrush. Noms français : baccharis à feuilles d’arroche, séneçon en arbre. Genre : Baccharis Sous-tribu : Baccharidinées Tribu : Astérées Famille : Astéracées (Composées) Ordre : Astérales Grand groupe végétal : Eudicotylédones Le Baccharis halimifolia est l’espèce type du genre Baccharis et de la section Baccharis (Hellwig, 1989). Le genre Baccharis, un des plus grands de la famille des Astéracées, comprend 350 à 450 espèces de plantes vivaces (arbres ou arbustes) dioïques (ou rarement monoïques), toutes indigènes en Amérique (Sundberg et Bogler, 2006). Le genre atteint sa plus grande diversité taxinomique et morphologique dans les zones tropicales d’Amérique du Sud, où se rencontrent environ 90 % des espèces (Nesom, 1990). Toutes les espèces d’Amérique du Nord ont une répartition méridionale (Sundberg et Bogler, 2006), et seulement 4 des 22 espèces présentes aux États-Unis ne sont pas également présentes au Mexique (Nesom, 1990). Le Baccharis halimifolia, qui vient d’être découvert en Nouvelle-Écosse (Fielding, 2001), est la seule espèce du genre à avoir été signalée au Canada. 4 Description morphologique Le baccharis à feuilles d’arroche est une plante ligneuse vivace et plus précisément un arbuste, densément ramifié et souvent multicaule (figure 1). L’arbuste mesure en général 1 à 3 mètres de hauteur mais atteint parfois 6 mètres. Les feuilles sont alternes et peuvent être soit sessiles, soit courtement pétiolées (figure 2). Dans la plus grande partie de son aire de répartition mondiale, l’arbuste peut conserver ses feuilles toute l’année; cependant, près de la limite nord de son aire nord-américaine, il perd la plupart ou la totalité de ses feuilles chaque automne (Westman et al., 1975; Krischik et Denno, 1990). Comme la plupart des espèces du genre Baccharis, le baccharis à feuilles d’arroche est dioïque, mais les individus mâles et femelles ne présentent aucune différence quant à la morphologie des feuilles, au mode de ramification ou à la taille de l’arbuste (Krischik, 1984). Chaque capitule comporte 20 à 30 fleurs. Celles-ci sont blanchâtres, mais les fleurs mâles produisent du pollen en abondance, ce qui leur confère une couleur jaune. Les akènes, produits par les fleurs femelles fertiles, sont brun clair et surmontés d’un pappus (aigrette) solidement fixé et comportant deux séries de soies longues de 10 à 14 mm. Durant la fructification, les soies s’allongent et finissent par dépasser longuement du réceptacle, ce qui rend les capitules femelles beaucoup plus voyants que pendant la floraison. On trouvera une description morphologique plus détaillée de l’espèce dans Sundberg et Bogler (2006), Gleason et Cronquist (1991), Nesom (1990) ainsi que Mahler et Waterfall (1964). Structure spatiale et variabilité des populations La variabilité morphologique et génétique du baccharis à feuilles d’arroche n’a pas été examinée chez les populations canadiennes, et aucune étude n’a été trouvée qui porte sur cette variabilité à l’échelle de l’espèce. Unités désignables Comme l’aire de répartition canadienne du baccharis à feuilles d’arroche est très restreinte, l’ensemble des populations présentes au Canada est considéré comme une seule unité désignable. Importance Les populations canadiennes du baccharis à feuilles d’arroche sont séparées par une distance de plus de 400 km de l’occurrence la plus proche, située dans la partie nord de la côte du Massachusetts. Dans le cas de populations aussi isolées et aussi périphériques, la dérive génétique et la sélection naturelle peuvent produire des divergences génétiques, écologiques et morphologiques et ainsi conférer à ces populations une importance démesurée par rapport à l’ensemble de l’espèce (Lesica et Allendorf, 1995; García-Ramos et Kirkpatrick, 1997; Eckert et al., 2008). Le baccharis à feuilles d’arroche est la seule espèce du genre Baccharis et de la sous-tribu des Baccharidinées à être présente au Canada (Brouillet et al., 2010). 5 Figure 1. Gros individu multicaule de baccharis à feuilles d’arroche (Baccharis halimifolia). L’arbuste pousse à la limite entre le marais salé et la forêt, en compagnie du gaylussaquier à fruits bacciformes (Gaylussacia baccata), de la spartine pectinée (Spartina pectinata), de l’agropyre littoral (Thinopyrum pycnanthum – identification incertaine) et de l’érable rouge (Acer rubrum). Photo fournie par D. Mazerolle et S. Blaney. La plantation du baccharis à feuilles d’arroche comme plante horticole est recommandée dans plusieurs régions du sud-est et de l’est des États-Unis, en raison de sa rusticité et de sa capacité de pousser dans des conditions très variées d’humidité, de type de sol, d’éléments nutritifs assimilables, de pH et de salinité. L’arbuste est particulièrement attrayant à des époques où peu d’autres espèces sont en fleurs, ce qui intéresse à la fois les jardiniers et les insectes se nourrissant de pollen. On sait que certaines espèces de Baccharis renferment divers composés ayant des usages médicinaux, et plusieurs possèdent des propriétés qui n’ont pas encore été étudiées (Boldt, 1989a). Aux États-Unis, certaines premières nations auraient déjà fait usage de certaines espèces pour le traitement de plaies et de blessures ainsi que comme antibactérien ou comme vomitif (Boldt, 1989a). Selon une enquête sommaire menée dans la région de Yarmouth auprès de Micmacs bien informés, l’espèce ne semble pas avoir d’importance particulière pour les premières nations de la région (Lacey, comm. pers., 2011). En Argentine, on vante les mérites de nombreuses espèces de Baccharis comme remèdes populaires pour le traitement des blessures, de la fièvre et d’autres troubles (Bandoni et al., 1978). Des études ont montré que certaines espèces produisent des composés qui pourraient servir au traitement du cancer (Jarvis et al., 1981; Mongelli et al., 1997). 6 Le baccharis à feuilles d’arroche a été introduit au 17e siècle en Europe méditerranéenne et au 19e siècle en Australie, et il s’est établi et est devenu envahissant dans ces deux régions. Dans le sud des États-Unis, les activités humaines ont permis à l’espèce de se propager bien au-delà des limites historiques de son aire de répartition, d’atteindre ainsi tout l’intérieur de la plaine côtière atlantique et de pénétrer encore plus profondément dans le continent (Ervin, 2009). Dans plusieurs États, l’espèce est aujourd’hui considérée comme une mauvaise herbe nuisible à l’agriculture. Figure 2. Feuilles supérieures et capitules pistillés (femelles) du baccharis à feuilles d’arroche (Baccharis halimifolia). Les longues soies blanches des pappus dépassent de chaque réceptacle, ce qui rend les capitules très voyants. Photo fournie par D. Mazerolle et S. Blaney. 7 RÉPARTITION Aire de répartition mondiale Le baccharis à feuilles d’arroche se rencontre dans le sud-est et le centre-sud de l’Amérique du Nord, où sa répartition est principalement littorale et étroitement associée à la plaine côtière (figure 3). La plus grande partie de l’aire de répartition est située le long du golfe du Mexique et de la côte atlantique des États-Unis, depuis l’État de Veracruz, au Mexique, jusqu’à la partie nord du Massachusetts. Vers l’intérieur, l’espèce se rencontre jusqu’en Oklahoma, en Arkansas, au Tennessee et sur le plateau du Piedmont, mais certaines des occurrences de l’intérieur résultent d’une propagation postérieure à la colonisation européenne (Ervin, 2009). Le baccharis à feuilles d’arroche est également indigène à Cuba (Wunderlin et Hansen, 2004) et dans les Bahamas (Correll et Correll, 1982). Les données de répartition compilées aux ÉtatsUnis à l’échelle des comtés (BONAP, 2010) semblent indiquer que l’espèce est le plus répandue depuis la Louisiane jusqu’à la Caroline du Nord et se cantonne de plus en plus à la zone côtière à mesure qu’on s’approche de la limite nord de sa répartition continue, soit depuis la Virginie jusqu’au Massachusetts. Veuillez voir la traduction française ci-dessous : kilometres = kilomètres Figure 3. Aire de répartition indigène connue du baccharis à feuilles d’arroche (Baccharis halimifolia) à l’échelle mondiale. Aux États-Unis, l’aire indiquée est fondée sur la présence ou l’absence dans chaque comté (BONAP, 2010). Plus au sud, elle est fondée sur la présence ou l’absence dans chaque État du Mexique et dans chaque pays des Antilles. 8 Aire de répartition canadienne Toutes les occurrences canadiennes se trouvent à l’intérieur d’une zone côtière large de 25 km située dans l’extrême sud-ouest de la Nouvelle-Écosse (figure 4). Les deux plus importantes zones où l’espèce est présente sont : 1) la zone allant de Tusket à Upper Wedgeport, sur l’estuaire de la rivière Tusket; 2) les rives de l’île des Surette, de l’île Morris et de l’île Roberts, dans la baie Lobster. Un individu isolé a été observé près de Pubnico-Ouest, dans le havre de Pubnico, environ 12 km au sud-est de la localité la plus proche, située à l’île Morris. Veuillez voir la traduction française ci-dessous : Tusket R. Estuary = Estuaire de la Tusket Morris Is E = Rive est de l’île Morris Morris Is (The Basin) = Bassin de l’île Morris Roberts Is = Île Roberts Surettes Is = Île des Surette Morris Is SE = Rive sud-est de l’île Morris Lobster Bay = Baie Lobster West Pubnico = Pubnico-Ouest kilometers = kilomètres Figure 4. Aire de répartition canadienne du baccharis à feuilles d’arroche, avec indication des toponymes désignant les sous-populations dans le tableau 1. Les trois populations sont respectivement situées : 1) dans l’estuaire de la Tusket; 2) dans l’île des Surette; 3) dans les îles Morris et Roberts. Un individu isolé a par ailleurs été observé près de Pubnico-Ouest. 9 La présence de l’espèce au Canada a été signalée pour la première fois par Fielding (2001), qui en avait récolté plusieurs spécimens à la Tête-à-Milie, sur la rive est de l’île Morris, en Nouvelle-Écosse. Les populations canadiennes sont jugées indigènes pour les raisons suivantes : a) elles se trouvent dans une zone localisée, à climat fortement modéré par la proximité de l’océan, à hivers particulièrement doux pour les Maritimes; b) elles sont associées à un cortège d’autres espèces des marais salés, d’affinité méridionale, rares au Canada et limitées à la même région du sud de la Nouvelle-Écosse; c) les zones où l’espèce est présente abritent peu d’espèces exotiques et sont généralement peu perturbées par les activités humaines; d) l’espèce s’est répandue sur un territoire large de 25 km et y forme des populations dominées par de gros individus matures, ce qui laisse croire qu’elle est depuis longtemps présente en Nouvelle-Écosse. Si on inclut l’occurrence isolée de Pubnico-Ouest, la zone d’occurrence est de 2 75,1 km . Cependant, comme l’occurrence de Pubnico-Ouest est constituée d’un seul individu, il serait pour le moins contestable de la considérer comme une « population ». 2 Si on exclut cette occurrence, la zone d’occurrence est de 49,4 km . Ces deux valeurs ont été calculées au moyen du système d’information géographique MapInfo, conformément aux méthodes normalisées adoptées par le COSEPAC (2010). L’indice de la zone d’occupation (IZO) est de 52 km2 selon le nombre de carrés de 2 × 2 km où l’espèce est présente dans une grille de carrés de 2 km alignée sur la marge des carrés de 10 km de la grille UTM NAD83 (avec rajustement requis par l’irrégularité des carrés de cette grille le long de la limite entre les zones 19 et 20 du NAD 83). Si on exclut l’individu de Pubnico-Ouest, l’IZO est de 48 km2. Comme les individus poussent dans un milieu linéaire intercalé entre le marais côtier et la forêt située en terrain plus élevé, l’espèce occupe en fait une superficie inférieure à ce que semble indiquer l’IZO. La répartition de l’espèce est suffisamment connue pour que la zone d’occupation réelle puisse être estimée de manière assez précise. Si on utilise une grille à carrés de 10 × 10 m, la zone d’occupation totale de l’espèce au Canada est d’environ 2,26 km2. HABITAT Besoins en matière d’habitat Dans l’ensemble de son aire de répartition indigène, le baccharis à feuilles d’arroche se rencontre dans divers types de milieux et notamment dans des forêts côtières clairsemées, dans des taillis, sur des plages, dans des marais intertidaux d’eau douce à salée et dans divers types de marais à végétation arbustive ou presque entièrement herbacée (Penfound et Hathaway, 1938; Mahler et Waterfall, 1964; Allain et Grace, 2001), ou encore dans des plaines graveleuses ou peuplées de palmiers (Correll et Correll, 1982). Dans le sud des États-Unis, l’espèce se rencontre également dans des milieux perturbés par les activités humaines, tels que champs, terrains vagues, bords de chemins et voies ferrées (Boldt, 1989a; Lance, 2004). 10 Au Canada, le baccharis à feuilles d’arroche est une espèce strictement côtière et se rencontre dans une gamme beaucoup plus restreinte de milieux. Toutes les occurrences connues se trouvent dans des marais salés bien développés situés dans des havres ou des baies qui leur assurent une certaine protection contre le vent du large et les vagues. L’espèce se rencontre le plus souvent à la limite supérieure du marais salé, à l’intérieur ou à proximité de la zone de transition vers la forêt côtière, où le sol devient moins salé et où la végétation est dominée par des plantes graminoïdes et de petits arbustes. Ces milieux se caractérisent par un assemblage d’espèces halophiles et non halophiles comprenant souvent la spartine alterniflore (Spartina alterniflora), la spartine pectinée (S. pectinata), l’agropyre littoral (Thinopyrum pycnanthum), l’aster de New York (Symphyotrichum novi-belgii), la verge d’or toujours verte (Solidago sempervirens), le rosier de Virginie (Rosa virginiana), le gaylussaquier à fruits bacciformes (Gaylussacia baccata), le cirier de Pennsylvanie (Morella pensylvanica), le houx verticillé (Ilex verticillata), l’érable rouge (Acer rubrum) ainsi que l’épinette rouge (Picea rubens) ou l’épinette blanche (P. glauca). Le baccharis à feuilles d’arroche se trouve souvent en compagnie ou à proximité d’autres espèces rares à l’échelle du pays ou de la province, comme l’éléocharide à petit bec (Eleocharis rostellata), l’ive arbustive (Iva frutescens ssp. oraria), le scirpe d’Amérique (Schoenoplectus americanus = Scirpus olneyi) et la gérardie maritime (Agalinis maritima). Dans tous les sites canadiens connus, le baccharis à feuilles d’arroche ne semble pousser qu’en terrain dégagé ou semi-dégagé, où la couverture arborescente ne dépasse pas 60 %. Des études ont révélé que la production de fruits et la germination des graines sont fortement réduites si l’arbuste pousse sous ombre dense (Westman et al., 1975). Au Canada, l’espèce a des besoins très spécifiques en matière d’habitat, mais Westman et al. (1975) signalent qu’elle peut tolérer une vaste gamme de pH (3,6 à 9) et de concentrations d’éléments nutritifs assimilables (560 à 5 500 ppm d’azote mesuré par la méthode Kjeldhal et 4 à 73 ppm de phosphore). On considère par ailleurs que l’arbuste peut tolérer une salinité assez élevée du sol et des eaux souterraines (Young et al., 1994; Westman et al., 1975) et même résister aux embruns salés (Wells et Shunk, 1938) ainsi qu’à la sécheresse et aux inondations périodiques (Westman et al., 1975). L’espèce pousse habituellement dans des sols humides riches en matière organique, mais elle peut prospérer sur toute une gamme de substrats, allant du sable pur à l’argile pure (Dirr et Heuser, 1987). Voir également la section « Physiologie et adaptabilité ». 11 Le climat est probablement un facteur limitatif important pour la répartition de l’espèce. À cause de l’effet modérateur des courants océaniques, la zone côtière du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, depuis Digby jusqu’à Liverpool et particulièrement dans le secteur voisin de Yarmouth où se rencontre le baccharis à feuilles d’arroche, est la région canadienne où les hivers sont les plus doux, si on exclut le sud de la Colombie-Britannique (USDA, 1990). Les températures y sont beaucoup plus douces que sur la côte du Maine, qui se trouve pourtant aux mêmes latitudes (USDA, 1990; Agriculture et Agroalimentaire Canada, 2000). Tendances en matière d’habitat Au Canada, la majeure partie de l’habitat du baccharis à feuilles d’arroche est pratiquement intact, ayant été très peu perturbé par les activités humaines. Cependant, le développement foncier récent du littoral a entraîné la destruction ou la dégradation d’une petite portion des milieux occupés par l’espèce. En 2010, un certain nombre de nouvelles résidences, de nouveaux chalets, de nouveaux chemins et de lots à vendre au bord de la mer ont été observés à l’intérieur ou à proximité d’occurrences du baccharis à feuilles d’arroche (Blaney et Mazerolle, obs. pers., 2010; figure 5). Comme l’espèce pousse dans des milieux esthétiquement attrayants et généralement situés assez près de chemins existants, il est probable que le développement du littoral ira en s’aggravant. Comme l’arbuste pousse à la limite entre le marais salé et la forêt voisine, son habitat risque particulièrement d’être débroussaillé par des propriétaires souhaitant avoir accès à la mer ou vue sur la mer. Les deux grandes sous-populations (celle du sud de l’anse Johnson et de la pointe Bird et celle de la rive est de l’île Morris) réunissent environ 88 % de l’effectif canadien total de l’espèce. Dans les deux cas, de petites superficies de littoral ont déjà subi des travaux de développement, et il y a un risque élevé de développement plus poussé pouvant causer la destruction de certains individus de l’espèce; cependant, les sites où se trouvent la plupart des individus se prêtent mal au développement, parce qu’ils sont situés sur des îlots à l’intérieur du marais salé. Dans ces sites, l’aménagement de chemins d’accès exigerait la construction de levées, qui serait coûteuse et risquerait peu d’être approuvée par le gouvernement. Les menaces que constituent le développement foncier et les diverses altérations de l’habitat seront analysées pour chaque site dans la section « Menaces et facteurs limitatifs ». Au Canada, presque tous les individus de baccharis à feuilles d’arroche se trouvent à une altitude ne dépassant pas 2 m au-dessus du niveau actuel de la mer. Par conséquent, une élévation de ce niveau due au changement climatique et aggravée par un affaissement naturel du terrain finirait par avoir un impact important sur l’habitat et l’effectif du baccharis à feuilles d’arroche, particulièrement si le taux apparemment faible d’établissement des plantules faisait en sorte que l’espèce soit incapable de suivre le déplacement possible (mais incertain) du marais salé vers l’intérieur des terres. De petits nombres d’individus morts ou malades de baccharis à feuilles d’arroche ont été observés dans la partie inférieure de marais salés à l’île Morris et à l’île des Surette, et l’état actuel de ces arbustes pourrait être imputable à 12 une augmentation locale de la hauteur des grandes marées et à une hausse locale de la salinité. Il est difficile de prévoir l’élévation locale du niveau de la mer, mais une modélisation récente a permis de prédire que le niveau de la mer, à l’échelle planétaire, s’élèverait de 22 à 44 cm d’ici à 2090, avec une variation régionale de ± 15 cm (NASA, 2011). En Nouvelle-Écosse, l’affaissement naturel des terres ajoute environ 17 cm par siècle à l’élévation relative du niveau de la mer (Shaw et al., 1998), et l’aire de répartition canadienne du baccharis à feuilles d’arroche se trouve entièrement dans une zone désignée comme étant très sensible à l’inondation, à l’érosion, au déplacement des plages et à la déstabilisation des dunes côtières causés par l’élévation du niveau de la mer (Shaw et al., 1998). Par ailleurs, les chercheurs s’attendent à ce que le réchauffement climatique augmente la fréquence et l’intensité des tempêtes en Nouvelle-Écosse (Government of Nova Scotia, 2009); les ondes de tempête pourraient donc également constituer une menace pour l’espèce. Figure 5. Le baccharis à feuilles d’arroche (grand arbuste situé au centre, à l’avant-plan) à l’île Roberts, en Nouvelle-Écosse, près d’un chalet dont la construction récente a éliminé des milieux convenant à l’espèce et probablement détruit des individus de l’espèce. On peut également apercevoir le baccharis à feuilles d’arroche au loin, en bordure du marais salé, vers le coin supérieur gauche de la photo. Photo fournie par D. Mazerolle et S. Blaney. 13 BIOLOGIE Cycle vital et reproduction Le baccharis à feuilles d’arroche est un arbuste et donc une plante ligneuse vivace. En Nouvelle-Écosse, la floraison commence au début août, ou peut-être dès la fin juillet selon Blaney (obs. pers., 2006), et se termine à la fin septembre. Plus au sud, elle se prolonge jusqu’en novembre (Mahler et Waterfall, 1964; Sundberg et Bogler, 2006). Les individus des deux sexes fleurissent au cours de la même période, mais les individus mâles fleurissent un peu plus tôt que les individus femelles (Krischik et Denno, 1990). Selon certaines observations, la pollinisation est anémophile, ce qui signifie que le vent transporte le pollen depuis les fleurs des individus mâles jusqu’à celles des individus femelles (Krischik et Denno, 1990). Cependant, comme les fleurs mâles produisent du nectar en abondance (USDA, 2006), il est possible que la pollinisation par les insectes soit également importante. Après la fécondation, pendant le mûrissement des akènes (fruits), les soies blanches du pappus s’allongent graduellement et finissent par dépasser des capitules femelles. Les akènes sont libérés peu de temps après avoir atteint la maturité, et leur dispersion par l’eau et le vent est facilitée par le pappus, qui demeure fixé à l’akène (Westman et al., 1975). En Nouvelle-Écosse, les akènes arrivent à maturité à la fin août ou en septembre, et la plupart sont dispersés avant la fin octobre (Blaney, obs. pers., 2006; Blaney et Mazerolle, obs. pers., 2010). La production de graines peut être abondante et pourrait dépasser le million de graines chez certains individus en santé (Westman et al., 1975). Elle diminue avec l’âge de l’arbuste et la densité du peuplement, mais elle augmente avec l’éclairement (Panetta, 1979). Les graines du baccharis à feuilles d’arroche germent mieux à la lumière mais n’ont pas nécessairement besoin de lumière pour germer, et elles sont dépourvues de dormance innée (Panetta, 1979). Leur taux potentiel de germination varie de 70 % à 99 % (Diatloff, 1964; Panetta, 1979). Si la graine est forcée d’entrer en dormance parce qu’elle a été enfouie, elle demeure viable au moins deux ans (Karrfalt et Olson, sans date). En Nouvelle-Écosse, la production de graines est abondante, et la viabilité des graines a été démontrée au moyen d’essais en serre à l’Université Acadia (P. Mills, comm. pers., 2010). Le taux apparemment faible de recrutement des plantules et la rareté des petits individus observés dans les populations canadiennes semblent indiquer que le taux d’établissement des plantules pourrait constituer un facteur limitatif naturel important, qui s’explique peut-être par un faible taux de survie hivernale des plantules. Westman et al. (1975) ont avancé que la propagation de l’espèce vers le sud de l’Australie a pu être limitée par la longueur de la période de gel. 14 Vers la fin de l’automne, les feuilles virent généralement au jaune, et l’arbuste entre en dormance. Le baccharis à feuilles d’arroche perd ses feuilles annuellement dans les parties les plus nordiques de son aire de répartition nord-américaine, mais il peut conserver son feuillage toute l’année dans les parties méridionales de son aire de répartition mondiale (Westman et al., 1975; Krischik et Denno, 1990). En Australie, l’arbuste atteint la maturité reproductive deux ans après la germination de la graine (Panetta, 1979), mais cette maturation est probablement beaucoup plus lente en Nouvelle-Écosse, où l’espèce atteint la limite de sa tolérance climatique. Des plantules ont été observées uniquement dans les sous-populations de l’île Morris et dans la sous-population du sud de l’anse Johnson et de la pointe Bird (Blaney et Mazerolle, obs. pers., 2010); cependant, ces plantules étaient très peu nombreuses, et il y avait peu de petits individus non reproducteurs, ce qui laisse croire que l’établissement de plantules et leur recrutement par la population reproductrice sont des phénomènes peu communs. Par contre, il faut préciser qu’aucune recherche n’a porté spécifiquement sur le recrutement des plantules et que de nombreux sites ont été observés à une distance ne permettant pas d’y repérer les plantules. Le tronc des gros individus poussant en Nouvelle-Écosse peut atteindre environ 10 cm de diamètre, et ces individus semblent très vieux (Blaney et Mazerolle, obs. pers., 2010). Comme de nouvelles tiges apparaissent à la base des individus matures, ceux-ci peuvent persister au moins plusieurs dizaines d’années (Blaney, obs. pers., 2006; Blaney et Mazerolle, 2010). On a également observé en Nouvelle-Écosse que le baccharis à feuilles d’arroche peut se propager par l’enracinement de branches basses enfouies dans le goémon apporté par les vagues (Blaney et Mazerolle, 2010), mais on ne sait pas dans quelle mesure ce processus peut produire des individus physiologiquement autonomes. Physiologie et adaptabilité Le baccharis à feuilles d’arroche est bien adapté à un environnement côtier dynamique où les conditions sont difficiles. Au Canada, l’espèce pousse surtout dans des milieux relativement stables situés dans la partie supérieure du marais salé et en bordure de la forêt côtière, mais elle possède plusieurs caractéristiques souvent associées aux espèces pionnières ou de début de succession, comme la production abondante de graines, la dispersion à grande distance par l’eau et le vent, la germination favorisée par la présence de lumière, la tolérance à une gamme de conditions de salinité et d’état nutritif du sol ainsi que la capacité de survivre à la sécheresse et aux inondations périodiques (Westman et al.,1975). Les plantules peuvent pousser pendant 13 semaines dans un milieu pauvre en azote et survivre à des conditions où tous les éléments nutritifs sont en quantité limitée (Westman et al., 1975). 15 Dans le cadre d’une étude sur les effets de l’inondation en eau douce ou salée sur les arbustes côtiers, Tolliver et al. (1997) ont établi que le baccharis à feuilles d’arroche peut tolérer l’inondation en eau douce pendant 9 jours sans subir de dommage. Dans le cas d’une inondation prolongée en eau salée (20 ou 30 g L-1), la mortalité commence au bout de 17 jours (Tolliver et al., 1997). Une répartition inégale et une ségrégation spatiale des individus mâles et femelles ont été observées à maintes reprises chez des populations de plantes dioïques (Bierzychudek et Eckhart, 1988; Freeman et al., 1976). Probablement en raison de la dépense énergétique supérieure associée à la fructification, ces populations renferment souvent une proportion plus élevée d’individus femelles dans les milieux humides et riches en éléments nutritifs et une proportion plus élevée d’individus mâles dans les milieux secs et pauvres en éléments nutritifs (Charnov, 1982; Bierzychudek et Eckhart, 1988). Dans le cas d’espèces dioïques pollinisées par le vent, Freeman et al. (1976) avancent qu’il pourrait s’agir d’une stratégie maximisant la production de graines chez les individus femelles et la dispersion du pollen chez les individus mâles. La possibilité de proportions d’individus mâles et femelles variant selon les conditions du milieu pourrait également aider les populations à survivre longtemps à des conditions suboptimales et à maximiser l’utilisation des ressources lorsque celles-ci deviennent à nouveau disponibles. Krischik et Denno (1990) ont observé de fortes différences liées au sexe dans la tolérance du baccharis à feuilles d’arroche aux conditions hydriques et nutritives extrêmes. Ils ont ainsi noté que les populations denses poussant en milieu pauvre en eau et en éléments nutritifs présentaient une croissance médiocre et comprenaient une proportion élevée (73 %) d’individus mâles, tandis que celles poussant en conditions optimales fleurissaient fréquemment et comprenaient une proportion élevée (75 %) d’individus femelles. Selon ces auteurs, les proportions inégales d’individus mâles et femelles étaient sans doute dues à des taux de mortalité différents plutôt qu’à des changements de sexe, car on n’a jamais signalé de cas de changement de sexe chez l’une ou l’autre espèce du genre Baccharis (Espirito-Santo et al., 2003). Les proportions d’individus mâles et femelles ne semblent pas être très inégales dans les populations de Nouvelle-Écosse (Blaney et Mazerolle, obs. pers., 2010). Le baccharis à feuilles d’arroche peut éloigner efficacement la plupart des insectes herbivores généralistes au moyen de composés chimiques secondaires solubles dans l’acétone secrétés par des glandes résinifères de la surface des feuilles (Kraft et Denno, 1982; Krischik et Denno, 1990). Les glycosides cardiotoniques que renferment les feuilles et les fleurs les rendent impropres à la consommation pour la plupart des mammifères, et la plante s’est révélée toxique pour le bétail (Van Deelen, 1991). 16 Dispersion Le baccharis à feuilles d’arroche produit de nombreux petits akènes dispersés par le vent, chaque graine pesant environ 0,1 mg (Panetta, 1977). Selon Diatloff (1964), les akènes portés par un vent constant de 17 km/h peuvent atteindre une distance de 140 m à partir d’un individu parent haut de 2 m. On peut donc présumer que les vents de tempête peuvent transporter les akènes à des distances beaucoup plus grandes. Les graines du baccharis à feuilles d’arroche ont une durée moyenne de flottaison de plus de 40 jours (Elsey-Quirk et al., 2009) et peuvent dont être transportées par l’eau à des distances considérables. L’espèce peut aussi se propager par voie végétative à de courtes distances, lorsque des rejets de souche apparaissent à la base d’individus établis ou que des tiges retombantes finissent par s’enraciner (Van Deelen, 1991; Blaney et Mazerolle, obs. pers., 2010). Aucun cas de dispersion par les animaux n’a jamais été signalé, mais il est possible que de petits mammifères, de grands mammifères ou des oiseaux chanteurs transportent des akènes s’accrochant à eux lorsqu’ils traversent un arbuste ou s’y perchent, ou encore que des oiseaux aquatiques, des oiseaux de rivage ou d’autres animaux transportent accidentellement de la boue renfermant des graines. Relations interspécifiques Au moins 145 espèces d’insectes herbivores ont été signalées chez le baccharis à feuilles d’arroche (Palmer, 1987; Palmer et Bennett, 1988), et au moins 15 de ces espèces sont jugées monophages, ce qui signifie qu’elles ne consomment aucune autre espèce végétale (Palmer, 1987; Palmer et Bennett, 1988). Dans l’ensemble de l’aire de répartition du baccharis à feuilles d’arroche, le principal insecte à en consommer les feuilles est un coléoptère de la famille des Chrysomélidés, le Trirhabda bacharidis (Johnson et Lyon, 1976; Palmer, 1986). Cette chrysomèle se rencontre depuis le Texas jusqu’au Massachusetts, et ses larves et adultes présentent une très forte spécificité à l’égard de leur hôte (Hogue, 1970; Boldt, 1989b). Le T. bacharidis a d’ailleurs été introduit comme agent de lutte biologique contre le baccharis à feuilles d’arroche en Australie (Palmer et Haseler, 1992). Plusieurs études ont porté sur les interactions compétitives existant à l’intérieur des communautés d’insectes herbivores du baccharis à feuilles d’arroche (Kraft et Denno, 1982; Krischik et Denno, 1990; Hudson, 1995; Hudson et Stiling, 1997). 17 Les autres insectes spécialistes des Baccharis comprennent des lépidoptères défoliateurs ou creusant des galeries dans les tiges, comme l’Aristotella ivae (Gelechiidae), le Bucculatrix ivella (Bucculatricidae) et le Hellensia balanotes (Pterophoridae) (Julien et Griffiths, 1998; Palmer et Haseler, 1992; Sims-Chilton et al., 2009), un longicorne creusant des galeries dans les tiges, l’Amniscus perplexus (Cerambycidae) (Palmer et Tomley, 1993), et une mouche cécidogène, le Neolasioptera lathamii (Cecidomyiidae) (Hudson et Stiling, 1997). Aucun de ces insectes inféodés à des plantes du genre Baccharis n’a jamais été signalé au Canada, mais on n’a jamais vraiment essayé de les trouver dans ce pays. Des abeilles et de petits papillons de jour utilisent l’abondant nectar produit par les fleurs mâles (USDA, 2006). Le baccharis à feuilles d’arroche est également sensible au champignon autoïque macrocyclique responsable de la rouille du baccharis, le Puccinia evadens (Pucciniaceae) (Sims-Chilton et al., 2009), mais aucun signe de cette maladie n’a jamais été détecté au cours de relevés visant les populations canadiennes. Grelen (1975) a inscrit le baccharis à feuilles d’arroche dans sa liste d’espèces « souhaitables » pouvant être broutées par le cerf de Virginie (Odocoileus virginianus) en Louisiane, mais la plante est ailleurs jugée impropre à la consommation par les mammifères en raison des glycosides cardiotoniques que renferment ses feuilles et ses fleurs, et elle est même toxique pour le bétail (USDA, 2006). En Nouvelle-Écosse, malgré le grand nombre de cerfs fréquentant les sites du baccharis à feuilles d’arroche, aucun cas de broutage n’a été répertorié (Blaney et Mazerolle, obs. pers., 2010). Il a été démontré que la présence de graminées des marais salés telles que la spartine alterniflore facilite l’établissement et la croissance du baccharis à feuilles d’arroche, probablement en atténuant l’effet de certains facteurs de stress, comme la salinité du sol et la quantité disponible d’éléments nutritifs (Egerova et al., 2003). TAILLE ET TENDANCES DES POPULATIONS Activités de recherche L’effectif et la répartition du baccharis à feuilles d’arroche ont été répertoriés de manière approfondie en Nouvelle-Écosse. L’espèce est facile à détecter, car il s’agit d’un grand arbuste d’aspect remarquable, poussant en milieu dégagé. Au cours des travaux de terrain d’octobre 2010, Blaney et Mazerolle (obs. pers., 2010) ont constaté que les individus femelles porteurs de graines peuvent être détectés au moyen de jumelles à des distances allant de 500 m à plus de 1 km, tandis que les individus mâles peuvent être repérés de manière préliminaire à de telles distances et identifiés avec une certitude raisonnable à des distances de 100 à 500 m. 18 Les fiches de plantes rares du CDCCA (2010) indiquent que l’estuaire de la Tusket et la baie Lobster avaient fait l’objet de très peu de relevés botaniques avant que n’y soit découvert le baccharis à feuilles d’arroche, en 1999 (Fielding, 2001), ce qui explique que l’espèce n’ait pas été remarquée auparavant. Depuis 2001, toute l’aire de répartition potentielle du baccharis à feuilles d’arroche en Nouvelle-Écosse a été fouillée à fond quant à la présence de l’espèce. En 2006, Sean Blaney, Sean Basquill et Sherman Boates ont repéré l’espèce sur la rive est de l’île Morris ainsi qu’à l’île Roberts (CDCCA, 2010). De 2007 à 2010, Pamela Mills, du ministère des Richesses naturelles (Department of Natural Resources) de la Nouvelle-Écosse, a découvert 8 nouvelles populations au moyen de relevés menés en hélicoptère dans la presque totalité des centaines de kilomètres de côte (y compris les îles) s’étendant depuis le havre de Roseway (39 km en droite ligne à l’est de l’aire de répartition connue) jusqu’à la rivière Chegoggin (5 km à l’ouest de l’aire de répartition connue). Les secteurs situés au-delà de la rivière Chegoggin ne doivent pas convenir au baccharis à feuilles d’arroche, car aucune des espèces méridionales rares des marais salés poussant avec le baccharis à feuilles d’arroche n’a jamais été signalée dans les comtés de Digby et d’Annapolis (CDCCA, 2010); cette absence est sans doute imputable aux différences écologiques résultant de l’amplitude des marées de la baie de Fundy ainsi qu’à l’effet modérateur moins prononcé de l’océan sur les températures hivernales de ces régions. Les relevés menés au sol par Sean Blaney et David Mazerolle pour le présent rapport ont démontré que les relevés menés en hélicoptère avaient été efficaces pour la détection du baccharis à feuilles d’arroche mais moins efficaces pour le dénombrement des individus des grandes populations. Les relevés menés en 2010 n’ont permis de trouver qu’un petit nombre de nouveaux sites, réunissant de très petits nombres d’individus, malgré quatre journées-personnes de recherche dans des milieux propices, mais ils ont permis d’augmenter sensiblement l’effectif connu des sites qui avaient déjà été repérés. Comme les relevés complets menés en hélicoptère se sont révélés efficaces pour le repérage du baccharis à feuilles d’arroche et que les secteurs situés à l’est et à l’ouest de l’aire de répartition connue présentent des différences en matière de climat et d’espèces rares associées, il semble que l’aire de répartition actuellement répertoriée du baccharis à feuilles d’arroche constitue la totalité ou quasitotalité de son aire de répartition réelle en Nouvelle-Écosse. 19 Des relevés ont été menés aux fins du présent rapport dans les secteurs de l’estuaire de la Tusket, de la baie Lobster et du havre de Pubnico, dans le comté de Yarmouth, les 14 et 15 octobre 2010, c’est-à-dire au cours de la période d’août à octobre durant laquelle le baccharis à feuilles d’arroche est le plus facile à détecter, en raison du pappus voyant des akènes murs des individus femelles. De plus, le baccharis à feuilles d’arroche est particulièrement visible en automne, parce que ses feuilles changent de couleur et tombent relativement tard, conservant jusqu’à la mi-octobre une couleur gris-bleu mate contrastant avec de nombreux arbustes poussant en sa compagnie, dont les feuilles sont alors déjà tombées ou ont pris une couleur jaune, orange ou rouge. Les relevés ont permis un dénombrement complet des individus dans cinq des dix sous-populations connues (nord de l’anse Johnson, sud de l’anse Johnson et pointe Bird, île des Surette, rive est de l’île Morris et Bassin de l’île Morris) ainsi qu’un dénombrement presque complet des individus de la sous-population de l’île Roberts. Le site de Pubnico-Ouest n’était pas accessible, mais il a été examiné à partir de la côte au moyen de jumelles, ce qui a permis de retrouver le seul individu qui avait été repéré par hélicoptère. Les trois sous-populations qui demeurent sans dénombrement sont celles de la rive sud-est de l’île Morris, de Plymouth et de la pointe Arnold. Dans le cas de la pointe Arnold, 14 individus avaient été comptés à partir de l’hélicoptère; dans les deux autres cas, aucun dénombrement n’avait été fait, ce qui indique sans doute que les individus étaient peu nombreux. Si on suppose qu’aucune des sous-populations sans dénombrement n’a un effectif supérieur à 50 individus (ce qui est presque certainement le cas), les relevés de 2010 ont permis de dénombrer au moins 95 % des individus présents au Canada. Définition des populations et des localités Aux fins du présent rapport, la population est définie selon la norme de délimitation des occurrences d’élément en fonction de l’habitat adoptée par NatureServe (2004). Aux termes de cette norme, deux occurrences sont considérées comme appartenant à la même population si elles sont séparées par une distance inférieure à 1 km, ou si elles sont séparées par une distance de 1 à 3 km ne comportant aucune interruption de plus de 1 km des milieux pouvant convenir à l’espèce, ou si elles sont séparées par une distance de 3 à 10 km ne comportant aucune interruption de plus de 3 km des milieux pouvant convenir à l’espèce et qu’elles sont connectées par des eaux à écoulement linéaire. Selon cette définition, il existe trois populations de baccharis à feuilles d’arroche au Canada : 1) celle de l’estuaire de la Tusket; 2) celle de l’île des Surette; 3) celle des îles Morris et Roberts. Outre ces trois populations, un individu pousse isolément à Pubnico-Ouest. Aux fins des évaluations du COSEPAC, le mot « localité » désigne une zone particulière du point de vue écologique et géographique dans laquelle un seul phénomène menaçant peut affecter rapidement tous les individus du taxon étudié. Dans le cas de menaces multiples, la localité doit être définie en fonction de la menace plausible la plus grave. Pour le baccharis à feuilles d’arroche, la menace la plus grave est le développement foncier du littoral, sous forme de construction de chalets ou de résidences, qui se produit à une échelle allant de dizaines de mètres à des centaines 20 de mètres. Le nombre de localités n’a pas été établi dans le présent rapport, mais il est bien supérieur à 10 (seuil fixé pour le critère B du COSEPAC). Le baccharis à feuilles d’arroche est présent dans 91 localités si celles-ci sont définies par une distance de séparation de 10 m (à peu près la longueur minimale de front de mer d’un chalet). Les limites des terrains fournissent ainsi une autre façon de déterminer le nombre de localités, car le développement foncier se fait normalement terrain par terrain. Or, le baccharis à feuilles d’arroche se trouve sur des terrains appartenant à une cinquantaine de propriétaires différents (Benjamin, comm. pers., 2010), dont le nombre exact est impossible à établir au moyen des coordonnées imprécises obtenues au moyen d’un appareil GPS ou à partir d’un hélicoptère. Les 24 occurrences situées sur des terres de la Couronne jouissent de peu de protection, car elles sont généralement considérées comme étant sur des terrains privés par les propriétaires voisins. Il est donc généralement préférable de les considérer comme faisant partie des terrains privés voisins aux fins de la définition des localités en fonction des propriétés foncières. L’élévation du niveau de la mer n’est pas considérée comme une menace immédiate. Cependant, si tel était le cas, le nombre de localités serait petit, car l’élévation du niveau affecterait les individus de manière relativement uniforme. En effet, les individus se trouvent tous, ou presque tous, à une altitude inférieure à 2 m par rapport au niveau actuel de la mer. Abondance On estime que l’effectif total de la population canadienne est de 2 850 individus, répartis en 3 populations. L’occurrence de Pubnico-Ouest est constituée d’un seul individu connu. Une des 3 populations est petite (21 individus, soit moins de 1 % de l’effectif canadien total) et se trouve à l’île des Surette, dans la baie Lobster. Les deux autres populations sont grandes. Environ 48 % de l’effectif canadien de l’espèce est constitué par la population des îles Morris et Roberts, dans la baie Lobster, qui comprend 3 sous-populations. Les 52 % restants de l’effectif canadien sont constitués par les trois sous-populations de l’estuaire de la Tusket, à l’ouest de la baie Lobster (tableau 1). Ta b le a u 1. No m b re s d e lo c a lité s e t d ’in d ivid u s ré p e rto rié s d a n s c h a q u e s ite c o n n u , a ve c in d ic a tio n d e la s u p e rfic ie o c c u p é e e t d u ré g im e fo n c ie r. Population Souspopulation 1. Estuaire de la Tusket Nord de l’anse Johnson Sud de l’anse Johnson et pointe Bird 1. Estuaire de la Tusket Nombre de 1 localités Nombre 2 d’individus Superficie réellement 3 occupée Régime foncier 4 62 1 200 m 2 3 terrains privés, 1 localité sur terres de la Couronne 10 > 1 400 8 500 m 2 7 terrains privés, 3 localités sur terres de la Couronne 1. Estuaire de la Tusket Plymouth 1 Non comptés, probablement peu nombreux 100 m 2 Terres de la Couronne 1. Estuaire de la Tusket Pointe Arnold 2 14 200 m 2 2 terrains privés 21 Population 2. Île des Surette 3. Îles Morris et Roberts 3. Îles Morris et Roberts 3. Îles Morris et Roberts Souspopulation Île des Surette Bassin de l’île Morris Rive est de l’île Morris (y compris la Tête-à-Milie) Rive sud-est de l’île Morris Nombre de 1 localités Nombre 2 d’individus Superficie réellement 3 occupée 1 21 100 m 6 > 140 2 800 m 3 > 1 100 > 7 600 m 1 Non comptés, probablement peu nombreux 100 m 2 Régime foncier 1 terrain privé 5 terrains privés, 1 localité sur terres de la Couronne 2 2 2 2 terrains privés, 1 localité sur terres de la Couronne 1 terrain privé 11 terrains privés, 1 localité sur terres de la Couronne 2 [Pubnico-Ouest] [Pubnico-Ouest] 1 1 100 m 1 terrain privé 1 2 Définies selon la propriété des terrains. Estimation la plus récente fondée sur les travaux de terrain menés par 3 Blaney et Mazerolle en 2010, par Blaney et al. en 2006 et par Mills en 2007. Selon une grille à carrés de 10 × 10 m. 3. Îles Morris et Roberts Île Roberts 12 110 1 900 m 2 Il est important de noter la concentration extrême des populations dans deux petits secteurs, qui rend l’espèce particulièrement sensible à toute altération de ces sites. La plupart des sites répertoriés n’abritent qu’un petit nombre d’individus, mais les rives de quelques îlots surélevés à l’intérieur des marais salés où se trouvent la souspopulation de la rive est de l’île Morris ainsi que la sous-population de l’anse Johnson et de la pointe Bird, dans l’estuaire de la Tusket, abritent de grandes populations denses renfermant chacune plus de 1 000 individus et représentant donc collectivement au moins 70 % de l’effectif canadien de l’espèce. Ces secteurs ne mesurent que 300 × 250 m sur la rive est de l’île Morris et 400 x 100 m dans le secteur de l’anse Johnson et de la pointe Bird. Fluctuations et tendances Comme l’espèce a été découverte récemment au Canada, les données fournies par les relevés ne permettent pas encore de détecter les fluctuations ou tendances de la taille des populations. Il est peu probable que les effectifs fluctuent beaucoup à court terme, car les individus vivent longtemps et semblent se reproduire peu fréquemment au Canada. La construction de chalets et de résidences se poursuit et a probablement causé la destruction d’un certain nombre d’individus au cours des 30 à 60 dernières années (ce qui correspond à 3 générations selon l’hypothèse de générations durant 10 à 20 ans), mais cela ne constitue pas une perte importante, car la plus grande partie de la zone d’occurrence demeure épargnée par le développement foncier. 22 Immigration de source externe La distance de plus de 400 km séparant les populations canadiennes de la population la plus proche, située au Massachusetts, signifie qu’un sauvetage de ces populations par immigration serait très improbable. MENACES ET FACTEURS LIMITATIFS Développement foncier du littoral et altération de l’habitat L’altération de l’habitat côtier du baccharis à feuilles d’arroche par les activités humaines est la menace la plus immédiate et la plus répandue pour les populations. Le développement domiciliaire et les activités récréatives ont énormément gagné en intensité dans les zones côtières de Nouvelle-Écosse depuis les années 1950 (Wood, 1990; Province of Nova Scotia, 2009), ce qui a entraîné une hausse fulgurante de la valeur des terrains situés au bord de la mer. Comme une bonne partie des types de terrains les plus recherchés sont déjà aménagés (Province of Nova Scotia, 2009), le développement futur du littoral risque d’empiéter sur les secteurs voisins des marais salés. Les impacts connus ou très probables du développement foncier sont décrits de manière complète dans les prochains paragraphes. Au cours des 10 à 20 dernières années, la construction de chalets et de maisons habitables à l’année a eu un impact sur certaines portions des sous-populations de l’île Roberts, de la rive est de l’île Morris et du nord de l’anse Johnson. De plus, les parties continentales de la plus grande sous-population, située dans le sud de l’anse Johnson et à la pointe Bird, et de la sous-population voisine située à Plymouth risquent très fortement d’être affectées par le développement futur. Dans le cas des souspopulations du Bassin de l’île Morris et de la rive sud-est de l’île Morris, le développement foncier présente à tout le moins un risque modéré. Les constructions réalisées depuis les relevés de 2010 comprennent un agrandissement important visant une école publique située à proximité de la sous-population de l’anse Johnson et de la pointe Bird et une grande exploitation d’élevage de vison érigée à proximité d’occurrences de l’île Roberts, mais ni l’une ni l’autre de ces constructions n’a encore eu beaucoup d’impact direct sur l’habitat du baccharis à feuilles d’arroche. À l’extrémité sud de l’île Roberts, la pointe de 17 ha comportant 1,3 km de littoral qui forme la rive ouest de l’anse Kenny est occupée par les Roberts Island Estates, nouveau quartier en cours de développement. Une affiche y indique que sept des onze lots sont déjà vendus (Blaney et Mazerolle, obs. pers., 2010). Selon la description des propriétés disponible en ligne (Victory Realty, 2010), 19 lots supplémentaires ont été délimités dans la pointe, mais seulement quelques-uns de ces lots ont été aménagés. Plusieurs chalets ont été construits assez récemment juste à l’ouest de ce quartier, dans une zone littorale abritant des individus clairsemés de baccharis à feuilles d’arroche. Les aménagements réalisés jusqu’ici à l’île Roberts ont nettement réduit les milieux disponibles pour l’espèce (voir figure 5) et ont probablement même détruit 23 quelques individus (au moins un arbuste rabattu au niveau du sol a été observé, mais il commençait déjà à produire des rejets de souche). Cependant, le développement n’a pas encore affecté une proportion élevée des 110 individus connus poussant dans l’île. Les occurrences situées plus loin au nord-ouest des secteurs de chalets de l’île Roberts risquent également d’être touchées, car il existe des chemins à proximité, et le terrain est généralement non marécageux jusqu’au bord du marais salé. Une autre propriété du secteur portait une affiche indiquant qu’elle était « à vendre par le propriétaire ». Près de la Tête-à-Milie, sur la rive est de l’île Morris, un nouveau chalet et un vieux chalet présentent l’un et l’autre un espace de littoral dont les arbustes ont été enlevés, dans un secteur où le baccharis à feuilles d’arroche est présent. Un nouveau chemin d’accès à la mer a été aménagé, et un bloc de 26 ha de terres privées comportant 500 m de front de mer était en vente en novembre 2010 comme site de développement. Or, ces terres privées abritent un peu moins de 50 individus de l’espèce. La plupart des autres individus de la sous-population d’environ 1 100 individus de la rive est de l’île Morris sont situés à proximité, mais ils poussent sur les rives d’îlots surélevés à l’intérieur du marais salé. Ces îlots conviennent moins à un développement important, car il faudrait aménager des digues pour y donner accès. Il est cependant possible d’y construire des chalets qui seraient accessibles au moyen de véhicules tout-terrain. La plus grande des sous-populations est celle du sud de l’anse Johnson et de la pointe Bird, qui compte quelque 1 400 individus, dont environ 90 % poussent sur la rive d’un îlot situé dans le marais salé, où le risque de développement foncier est réduit par l’absence de chemin d’accès. Cette sous-population et la sous-population voisine située à Plymouth (individus non comptés, mais peu nombreux) se trouvent à environ 400 m du village de Plymouth. Comme le secteur se trouve le long d’une route secondaire bien entretenue (la route 334) et à seulement cinq minutes de la ville de Yarmouth, il y a un risque important de lotissement et d’aménagement de terrains sur le littoral, ce qui toucherait au moins les quelque 10 % de l’effectif qui se trouvent sur le continent. De plus, dans le cas de cette sous-population, le terrain de l’école publique de Plymouth est situé en bordure d’un marais salé abritant le baccharis à feuilles d’arroche, et il y a une piste très utilisée par les véhicules moteurs qui part du stationnement de l’école et atteint la partie supérieure du marais salé. La partie du marais se trouvant le long de la piste abritait au moins 17 individus et était légèrement perturbée par la circulation des véhicules, mais le baccharis à feuilles d’arroche ne semblait pas avoir subi un impact important. Il y a également des fermes laitières à proximité de cette sous-population, avec des terres de pâturage défrichées et clôturées s’étendant jusque dans des secteurs occupés par le baccharis à feuilles d’arroche, ce qui a pu réduire l’effectif de l’espèce par rapport à son effectif historique. 24 Dans le nord de l’anse Johnson, la pelouse du résidant s’étend jusqu’au littoral, où sont présents 19 individus. Sept autres individus de cette sous-population qui en compte en tout 62 sont également menacés par le développement foncier, car il y a un bon chemin d’accès, et les terres situées à proximité des occurrences ne sont pas marécageuses. Les secteurs où se trouvent les sous-populations du Bassin de l’île Morris (environ 140 individus) et de rive sud-est de l’île Morris (effectif inconnu, mais probablement petit) semblent présenter un potentiel de développement foncier, étant donné la proximité de routes pavées. Les deux sous-populations de l’île des Surette et de la pointe Arnold ainsi que le site où se trouve un individu isolé à Pubnico-Ouest (qui représentent en tout moins de 1 % de l’effectif total) sont moins exposés au développement foncier, car la présence du marais salé et de chenaux d’eau libre en rend l’accès difficile. Exiguïté du territoire pouvant convenir à l’espèce Le principal facteur naturel limitant la répartition de l’espèce au Canada est probablement la très faible superficie des marais salés à climat propice. La propagation de l’espèce au-delà des limites actuelles de sa répartition est sans toute empêchée par des températures hivernales trop basses. Même à l’intérieur de la petite zone où se rencontre le baccharis à feuilles d’arroche, l’effectif est concentré dans deux petits secteurs entourant de petits îlots de terrain élevé au sein de marais salés. Ces deux secteurs, mesurant 300 × 250 m sur la rive est de l’île Morris et 400 × 100 m dans le secteur de l’anse Johnson et de la pointe Bird, dans l’estuaire de la Tusket, abritent chacun plus de 1 000 individus. Ces deux sous-populations représentent donc collectivement plus de 70 % de l’effectif canadien total. Ce degré de concentration expose fortement l’espèce à un déclin rapide et prononcé, si jamais le développement foncier, une onde de tempête ou un autre phénomène affectait les principaux sites. Changement climatique et élévation du niveau de la mer La totalité ou quasi-totalité de l’effectif canadien du baccharis à feuilles d’arroche se trouve à moins de 2 m d’altitude par rapport au niveau actuel de la mer. Le réchauffement du climat pourrait accroître la superficie de milieux convenant à l’espèce sur le plan climatique dans le sud de la Nouvelle-Écosse, mais ce changement induit par les activités humaines ne ferait pas que profiter à l’espèce. On s’attend en effet à ce que le changement climatique accélère l’élévation du niveau de la mer et accroisse la fréquence et la gravité des tempêtes (Houghton et al., 1996; Shaw, 2001; Kont et al., 2003; Environnement Canada, 2006). Au Canada, la région jugée la plus exposée à l’inondation, à l’érosion, au déplacement des plages et à la déstabilisation des dunes littorales causés par l’élévation du niveau de la mer comprend une bonne partie de la côte des Maritimes, y compris toute l’aire de répartition canadienne du baccharis à feuilles d’arroche (Shaw et al., 1998). En Nouvelle-Écosse, un affaissement régional des terres, de 17 cm par siècle, s’ajoute à l’élévation du niveau de la mer (Shaw et al., 1998; Forbes et al., 2008). Les données marégraphiques régionales indiquent que le 25 niveau de la mer s’est élevé d’environ 30 cm au cours du 20e siècle (Shaw et al., 1998). Cependant, selon les projections obtenues à l’échelle de la planète et excluant l’effet de l’affaissement des terres, l’élévation du niveau de la mer sera d’au moins 22 à 44 cm (avec variation régionale de ± 15 cm) d’ici 2090 (NASA, 2011) et pourrait atteindre 120 cm d’ici 2100 (Rahmstorf, 2007). Par ailleurs, on estime que les terres de la région subiront un affaissement d’environ 17 cm par siècle, ce qui augmente l’élévation relative du niveau de la mer (Forbes et al., 2008). Lorsque les formes du relief et l’absence d’aménagement humain le permettent, les marais côtiers peuvent migrer vers l’intérieur des terres en cas d’élévation du niveau de la mer. Pour que les milieux humides côtiers se maintiennent, il faut que l’accrétion de sédiments formant les marais arrive à suivre l’élévation relative du niveau des mers. Dans le nord-est des États-Unis et dans d’autres régions, certains milieux humides côtiers sont disparus rapidement à cause des rythmes différents de l’accrétion des sédiments et de l’élévation du niveau de la mer (Warren et Niering, 1993; Roman et al., 1997). En plus de réduire la superficie des marais par submersion permanente, l’élévation du niveau de la mer peut accroître la durée et la fréquence des marées atteignant la partie supérieure des marais, ce qui augmente la saturation en eau et la salinité du sol (Warren et Niering, 1993). En Nouvelle-Angleterre, des changements très prononcés de la végétation ont été observés de 1995 à 1998, l’élévation du niveau de la mer ayant provoqué une migration rapide des espèces de la partie inférieure des marais aux dépens de celles de leur partie supérieure (Donnelly et Bertness, 2001). Comme le baccharis à feuilles d’arroche est principalement une espèce de la partie médiane ou supérieure des marais salés, il ne tolère pas l’exposition prolongée à une salinité élevée (Tolliver et al., 1997). Les élévations du niveau de la mer projetées à l’échelle régionale pourraient donc entraîner une perte d’habitat et ainsi menacer toutes les occurrences canadiennes. Dans certaines des localités de l’île des Surette et de l’île Morris, la présence d’individus morts dans la partie inférieure du marais semble indiquer que les inondations de marée, plus fréquentes depuis quelque temps, pourraient avoir causé la mort de ces individus. PROTECTION, STATUTS ET CLASSEMENTS Statuts et protection juridique Le baccharis à feuilles d’arroche ne jouit actuellement d’aucune protection juridique. Un rapport de situation est en préparation pour la Nouvelle-Écosse, ce qui pourrait assurer à l’espèce une désignation provinciale à titre d’espèce en péril et une protection en vertu de la Nova Scotia Endangered Species Act. 26 Autres classements Selon l’organisme NatureServe (2011), le baccharis à feuilles d’arroche est « non en péril » à l’échelle mondiale (G5) et à l’échelle des États-Unis (N5), mais gravement en péril à l’échelle du Canada (N1) et de la Nouvelle-Écosse (S1). Aux fins de la Situation générale des espèces au Canada, l’espèce est jugée « possiblement en péril », ce qui équivaut à la cote « rouge » du système de classement du ministère des Richesses naturelles de la Nouvelle-Écosse. Aux États-Unis, à l’échelle des divers États où l’espèce est présente, NatureServe (2011) lui attribue les cotes suivantes : SNR (non classée) en Alabama, en Arkansas, en Caroline du Sud, au Connecticut, dans le District de Columbia, en Floride, en Georgie, en Louisiane, au Maryland, au Massachusetts, au Mississippi, en Oklahoma et au Texas, S5 (non en péril) en Caroline du Nord, au Delaware, au New Jersey, dans l’État de New York et en Virginie, S3 (vulnérable) en Pennsylvanie (où l’espèce est en outre considérée comme « rare » par les autorités responsables des espèces végétales indigènes), et S2 (en péril) au Rhode Island. Protection et propriété de l’habitat Environ 89 % de l’effectif canadien du baccharis à feuilles d’arroche se trouve sur une cinquantaine de terrains privés, ce qui représente 74 % des « localités » canadiennes connues définies par une distance de séparation de 10 m. Le reste de l’effectif se trouve sur des terres de la Couronne de l’île Roberts, de l’île Morris et de l’estuaire de la rivière Tusket. Aucune des occurrences n’est située sur des terres protégées. Le fait que certaines occurrences soient situées sur des terres de la Couronne confère peu de protection à l’espèce, car dans la plupart des cas il s’agit de marais salés dont la limite supérieure correspond à la limite des marées, soit exactement l’endroit où le baccharis à feuilles d’arroche a le plus de chance d’être présent. Or, il arrive souvent que les propriétaires de terrains ne reconnaissent pas cette limite et ne s’empêchent pas de couper ou d’enlever des arbustes se trouvant sur les terres de la Couronne voisines de leur terrain. De plus, la limite supérieure des marais salés établie à l’aide d’un système d’information géographique ne correspond pas toujours à la limite qui serait établie par un arpenteur; il se peut donc que certaines des occurrences que l’on croit situées sur les terres de la Couronne soient en fait situées en terrain privé, et vice versa. L’habitat du baccharis à feuilles d’arroche jouit d’une certaine protection en vertu de diverses lois et règlements provinciaux sur la conservation des milieux humides et des zones côtières, dont l’Off Highway Vehicle Act, l’Environmental Assessment Regulations pris en vertu de l’Environment Act et le Wildlife Habitat and Watercourses Protection Regulations pris en vertu du Forest Act. 27 REMERCIEMENTS ET EXPERTS CONTACTÉS Pamela Mills, du ministère des Richesses naturelles de la Nouvelle-Écosse, nous a fourni les données de localisation du baccharis à feuilles d’arroche issues des relevés de grande envergure qu’elle a menés en hélicoptère. Elle nous a également fourni de précieuses observations sur les effectifs et les menaces ainsi que de l’information sur les propriétaires des terrains abritant l’espèce. Lawrence Benjamin, également du ministère des Richesses naturelles, nous a aussi fourni de l’information sur les propriétaires des terrains. Le ministère des Richesses naturelles a financé la rédaction du rapport de situation provincial, qui a été préparé parallèlement au présent rapport. SOURCES D’INFORMATION CDCCA (Centre de données sur la conservation du Canada atlantique). 2010. Rare taxa location database for Nova Scotia, base de données inédite, Centre de données sur la conservation du Canada atlantique, Sackville (Nouveau-Brunswick). Agriculture et Agroalimentaire Canada. 2000. Zones de rusticité des plantes au Canada. http://sis.agr.gc.ca/siscan/nsdb/climate/hardiness/intro.html [site Web consulté en novembre 2010]. Allain, L.K., et J.B. Grace. 2001. 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Dans le cadre de sa maîtrise, il a étudié la végétation exotique du parc national Kouchibouguac et a rédigé une stratégie d’aménagement contre les plantes exotiques envahissantes du parc. Depuis 2007, David Mazerolle travaille comme botaniste au Centre de données sur la conservation du Canada atlantique. Auparavant, de 2003 à 2006, il avait coordonné un relevé des plantes rares ainsi que des projets de surveillance à l’Éco-Centre Irving de la dune de Bouctouche, où son travail a surtout porté sur les plantes côtières rares de la côte néo-brunswickoise du détroit de Northumberland. Il possède plus de dix années d’expérience en matière de travaux de recherche, de relevés et de projets de surveillance et a été auteur ou coauteur de nombreux rapports de situation et rapports techniques ayant trait aux plantes rares du Canada atlantique. 34 Sean Blaney est biologiste et assistant-directeur au Centre de données sur la conservation du Canada atlantique (CDCCA), où il est responsable des cotes de conservation et de la base de données des occurrences de plantes rares de chacune des trois provinces Maritimes. Depuis son arrivée au CDCCA en 1999, il a découvert plusieurs douzaines de premières occurrences provinciales de plantes vasculaires et a recensé plusieurs milliers de localités de plantes rares dans le cadre de travaux de terrain qui l’ont mené dans tous les coins des Maritimes. Sean Blaney est également membre du Sous-comité de spécialistes des plantes vasculaires du COSEPAC et de l’Équipe de rétablissement de la flore de la plaine côtière atlantique de la NouvelleÉcosse, et il est coauteur de plusieurs rapports de situation du COSEPAC ou des autorités provinciales. Avant de travailler au CDCCA, Sean Blaney a obtenu un baccalauréat ès sciences en biologie (avec mineure en botanique) de l’Université de Guelph et une maîtrise ès sciences en écologie végétale de l’Université de Toronto. Il a travaillé à plusieurs projets d’inventaire biologique en Ontario et a passé huit étés comme guide-naturaliste au parc Algonquin; il est d’ailleurs coauteur de la deuxième édition de la liste des plantes de ce parc provincial. COLLECTIONS EXAMINÉES Tous les spécimens connus provenant de Nouvelle-Écosse étaient déjà répertoriés dans la base de données du Centre de données sur la conservation du Canada atlantique (CDCCA, 2010) avant la préparation du présent rapport. Par conséquent, aucun examen supplémentaire de spécimens d’herbier n’a été entrepris. 35