Stefano di Giovanni dit Sassetta (Cortone, vers 1400 – Sienne,
1450) est le plus grand peintre siennois de la première moitié du
15ème siècle. En 1437, il est invité par les frères du couvent San
Francesco de Borgo San Sepolcro — la ville natale de Piero della
Francesca — à réaliser un immense polyptyque à deux faces,
véritable chef d’œuvre destiné à prendre place sur le maître-autel de
leur église.
Monique Frydman avait déjà rendu hommage à un peintre, Matisse,
lors de son exposition au musée du Cateau-Cambrésis en 2006,
intitulée La couleur tissée.
C’est cependant la première fois qu’elle entreprend, avec le
polyptyque de Sassetta, un travail aussi directement référencé à la
peinture ancienne.
Le polyptyque de Monique Frydman reprend la bilatéralité, les
dimensions de l’œuvre originale et s’allège de son ornementation.
Au recto, la sacralité est rendue par le traitement d’un jaune
lumineux frotté au pastel à même la toile de lin brune. Cette teinte
primaire, à laquelle l’artiste consacrait une importante série à la fin
des années 80, fait écho à l’emploi d’or et d’argent dans le précieux
polyptyque de Sassetta. A cette première symbolique s’ajoute celle
des tons choisis pour souligner la présence de chacun des sujets : le
bleu roi de la Maestà ; le rose tendre et le vert anis des saints qui
l’encadrent ; au dos, le rouge profond du Saint François en extase.
L’esquisse d’une ombre brune suggère la lacune de l’un des
panneaux encore disparu.
Au revers, la composition diffère radicalement et c’est le traitement
du paysage et des architectures qui domine dans une division plus
forte, augmentant le nombre des panneaux. La palette s’organise à la
fois en symétrie autour de la figure centrale de Saint François, et
dans une lecture verticale où l’incroyable gamme de verts, de bruns
et de bleus crée l’illusion de glisser d’un châssis à l’autre. Cette
construction, rappelle le processus naturel de sédimentation. Il n’est
par conséquent pas surprenant de retrouver dans la prédelle, ce même
principe de stratification, du plus sombre au plus clair.
« La trouée du temps est là », dit Monique Frydman à propos de son
polyptyque. « Ce qui est perdu, démembré, relance le temps et dans
cet effacement ne subsiste que le manque dont notre mémoire et
notre regard restituent la présence. » L’artiste poursuit, au travers de
cette nouvelle réalisation, un travail sur la spatialité picturale et sur la
présence, initié dans sa récente série des Witness.
Informations pratiques
Lieu
Aile Denon, 1er étage, Salon Carré
Horaires
Tous les jours de 9h à 17h45, sauf le mardi.
Nocturne les mercredi et vendredi jusqu’à
21h45.
Tarifs
Accès avec le billet d’entrée au musée :
12 €.
Gratuit pour les moins de 18 ans, les moins
de 26 ans résidents de l’U.E., les
enseignants titulaires du pass education, les
demandeurs d’emploi, les adhérents des
cartes Louvre familles, Louvre jeunes, Louvre
professionnels et Amis du Louvre, ainsi que
le premier dimanche du mois pour tous.
Renseignements
www.louvre.fr
Sassetta, Le Polyptyque de Borgo San
Sepolcro, (1437-1444), reconstitution de
la face antérieure par Machtelt Israëls et
al. © Villa I Tatti, Florence
Sassetta, Le Polyptyque de Borgo San
Sepolcro, (1437-1444), reconstitution de
la face postérieure par Machtelt Israëls et
al. © Villa I Tatti, Florence