Résumé
Les organes du corps sont représentés dans des zones de l’oreille.Au sein d’une zone,
un point sera particulièrement impliq.C’est une microstructure organisée incons-
tante, comportant des filets nerveux et des vaisseaux (le complexe neurovasculaire).
Le point peut être douloureux à la pression.La peau du point correspondant à un
organe malade présente une baisse variable de résistance électrique cutanée.
La manifestation d’un point pourrait être liée à une hypoxie et à une ischémie de
l’organe correspondant, consécutives à une dégradation du Redox.
Le pavillon est divisé en trois territoires.Les organes y sont représentés en fonc-
tion de leur correspondance embryologique, mais un point peut avoir un caractère
plurifocal.
Particularités physiques
L’auriculothérapie consiste à traiter des zones du pavillon auriculaire, dans lesquelles
un point est reconnu anormal ou pathologique.Quelles sont les particularités de ces
points par rapport à leur environnement ? Comment reconnaître leur caractère anor-
mal ? Comment comprendre leur action sur un endroit du corps, ou au plan général ?
L’étude anatomo-histologique du point d’acupuncture
Sous l’influence de Pierre Rabischong, René Sénélar et Odile Auziech ont réalisé des
études à l’unité 106 de l’Inserm, à Montpellier.Ils ont montré qu’anatomiquement,
le point existe (1, 2).
Les microdissections montrent que le derme est fait d’un tissu conjonctifcom-
portant de nombreuses fibres collagènes.La densité du collagène explique la résis-
tance de la peau au passage du courant électrique.Ces fibres sont moins denses au
niveau des points de faible résistance (le disque dermo-épidermique), ce qui favorise
le passage des charges électriques.Au centre de ce disque, on note une zone centrale
d’environ un mm2où la résistance est minimale.
Particularités du « point d’oreille »
Y.Rouxeville
Sous le disque dermo-épidermique, une sorte de cheminée comporte divers élé-
ments.C’est un complexe neurovasculaire comportant artériole, filets nerveux, vei-
nule et fente lymphatique.De nombreuses fibres nerveuses amyéliniques entourent
les vaisseaux.Des nerfs à gaine de myéline (système nerveux autonome :SNA) sont
également présents.Il peut atteindre 2 mm de diamètre (fig.1).
Sur le corps, cette cheminée est une colonne torsadée de 1,2 à 2,5 cm de long,
reliée au disque dermo-épidermique, qui s’enfonce vers les aponévroses musculaires.
Parfois, elle est parallèle à la peau.Là aussi, les fibres collagènes sont peu denses, d’où
la baisse de résistance électrique.
L’artériole et les terminaisons nerveuses sont très proches :le microscope électro-
nique permet de noter un quasi-contact entre fibres nerveuses myélinisées et élé-
ments vasculaires.Dans 80 % des cas, on retrouve des anastomoses (glomus, shunts).
En revanche, les mécanorécepteurs ne sont pas répartis avec une abondance particu-
lière au niveau des points d’acupuncture.
Pour les points auriculaires, Sénélar et Auziech ont noté que les vaisseaux san-
guins sont plus tassés que sur le corps, et plus mêlés aux fibres nerveuses myélinisées.
De plus, il y a souvent passage des vaisseaux entre les deux faces de l’oreille.
Dans le monde entier, les complexes neurovasculaires sont nommés « points de
Sénélar ».Cependant, les complexes neurovasculaires n’existent pas sous tous les
points d’acupuncture ou d’auriculothérapie.
En corollaire
Dans le cas d’un trouble de l’organe correspondant à cet endroit de l’oreille, on
comprend facilement que l’artériole ou le filet nerveux soient altérés et ainsi que le
point soit détectable.Les complexes neurovasculaires (en particulier auriculaires)
84 Auriculothérapie
Fig. 1 - Schéma du prélèvement d’un point d’acupuncture disque dermo-épidermique :baisse de résistance RM =
résistance minimum « le point » (d’après O.Auziech et R.Sénélar).
reçoivent les informations transmises par les artères et les nerfs.L’unité de l’arbre
artériel découverte par Leriche permet de comprendre qu’une artériole de l’oreille
puisse présenter en un endroit une vasoconstriction (par spasme artériolaire) ou une
vasodilatation, en miroir à une perturbation en un endroit du corps.La vasoconstric-
tion et la vasodilatation peuvent modifier la teneur en ions dans les tissus environ-
nants, et ainsi modifier leur résistance électrique.
La transmission de l’influx nerveux s’effectue jusqu’aux terminaisons nerveuses.
L’information transmise par les fibres nerveuses sera détectable sur un point auricu-
laire.
Le traitement du point aura pour but de perturber le complexe neurovasculaire,
afin de modifier le fonctionnement de l’organe correspondant.On comprend aisé-
ment qu’une action sur le point pourra déterminer des effets divers :
importance de la stimulation des éléments nerveux neurovégétatifs périvasculaires ;
action sur les canaux sodium, potassium, calcium, voltages-dépendants, donc sur
la circulation de l’influx nerveux ;
– information du système immunitaire (cellules de Langerhans, fentes lymphatiques).
La stimulation d’un point du pavillon auriculaire pourra donc agir sur les étages
supérieurs du système nerveux central, sur le système autonome, sur les zones éloi-
gnées du corps.
NB.Certains complexes neurovasculaires ne présentent pas de moindre résistance
électrique.Sénélar et Auziech ont bien précisé que leur correspondance n’est pas sys-
tématique.De même, tous les points ne sont pas des complexes neurovasculaires.
Les variations ponctuelles de résistance électrique du point
Les caractéristiques électriques des points d’acupuncture ont été étudiées dans les
années 1950.C’est essentiellement à Jacques Niboyet que nous devons un travail de
grande valeur scientifique.Ses découvertes sont le support de nos connaissances
actuelles :les points d’acupuncture somatique ont la propriété de présenter une
baisse de résistance électrique (3, 4).
La résistance électrique cutanée étant complexe, nous la dénommerons désormais
impédance.Chaput a mesuré les variations du point par rapport à son environne-
ment (5) :
– au centre du point, 30 000 à 350 000 ohms ;
– à 2 mm du point, 150 000 à 1 500 000 ohms (rapport de 1 à 5) ;
– à 10 mm du point, 450 000 à 5 000 000 ohms (rapport de 1 à 10).
Les points d’acupuncture somatique sont détectables en baisse d’impédance quel-
que soit l’état de santé.Ils persistent chez le cadavre.
Au pavillon de l’oreille, seuls quelques points maîtres (dont le point zéro et le
point oméga) sont détectables en baisse d’impédance chez toute personne.En revan-
che, l’expérience nous enseigne que la détection en baisse d’impédance de points
d’organes n’est positive que dans les cas où le fonctionnement de cet organe est per-
turbé.
Particularités du « point d’oreille » 85
La valeur de la résistance varie selon les conditions physiologiques :cette valeur
varie avec le cycle menstruel au niveau des points Utérus et Ovaires (6).De plus, une
relation a été établie entre l’importance de la baisse d’impédance et l’importance de
la perturbation du point.
Les détecteurs électriques actuels sont dits différentiels, car ils comparent l’impé-
dance du point et l’impédance des zones environnantes.« Pour être fiables, cette
méthode de détection nécessite l’utilisation d’appareils pourvus de gammes étendues de
réglage afin d’adapter la sensibilité de la détection à chaque sujet et à chaque zone de
l’auricule » (7, p.29).
Les bio-potentiels cutanés
(la charge électrique)
En 1960, Becker (Syracuse, États-Unis) a exposé ses mesures des biopotentiels cutanés de
la salamandre.En 1961 Cantoni (Brétigny-sur-Orge) a poursuivi ces mesures chez l’être
humain.Vers 1958, Paul Nogier a utilisé le même appareil :un microvoltmètre électro-
nique Hewlett-Packard avec électrodes impolarisables Ag-Cl2Ag de résistance un million
de mégohms, aux terminaisons emplies de solution saline pour la mise en contact avec
la peau du sujet.Les potentiels électriques s’expriment en millivolts (mV).Paul Nogier
nous a enseigné avoir seulement découvert, après 60 à 80 000 mesures, que :
– normalement, les points symétriques ont une différence de potentiel (fig.2A) ;
– en cas de pathologie, le potentiel est comparable à droite et à gauche (fig.2B).
Le point d’acupuncture émet des signaux électriques
(8-10)
Utilisant un détecteur à courant direct (principe du pont de Wheatstone) et à cou-
rant sinusoïdal, et utilisant une électrode de référence en magnésium, Claudie Terral
a observé sur oscilloscope plusieurs profils de courbes I.f (V).Elle a noté plusieurs
types de courbes correspondant à des états physiologiques stables ou instables.
86 Auriculothérapie
Fig. 2A - Potentiels électriques sur des points d’oreille normaux (en mV).
Des points peuvent être repérés avec un effet diode simple, ou à un effet thyristor.
L’activité électrique réactionnelle du point peut aussi permettre d’observer un effet
tunnel, un effet diode-tunnel, ou une courbe à effet supraconducteur et générateur
de courant.Toutes ces activités électriques spécifiques sont bien la traduction d’une
activité particulière du point.
Particularités cliniques
Le point d’oreille correspondant à la douleur
est douloureux à la pression
(11)
Henri Jarricot a décrit les dermalgies réflexes, souffrance viscérale référée qui nous
permet de relier une zone cutanée à un organe malade.Ainsi, la palpation abdomi-
nale avec le procédé du palper-roulé permettra une aide au diagnostic.La peau est un
indicateur viscéral, un miroir viscéral.Il en est de même à l’oreille.
Toute inflammation périphérique se traduit par un point auriculaire douloureux
à la pression.On effectuera une pression comparable dans les divers endroits.Cette
pression peut être large et manuelle (les doigts de l’examinateur) ou très précise et
instrumentale (un stylet métallique dont l’extrémité a une section de 1 mm2).
L’appui de ce stylet sur le pavillon, à une pression de 150 à 250 g/mm2, n’est pas
douloureux.En revanche, cette pression est très douloureuse si elle est exercée sur un
point correspondant à une douleur périphérique.C’est le fameux « signe de la grimace
» au caractère de brûlure anxiogène parfaitement désagréable.En pratique, nous utili-
sons un dispositifmédical approprié, le palpeur à pression, taré à 250 g/mm2.
Particularités du « point d’oreille » 87
Fig. 2B - Potentiels électriques sur des points d’oreille pathologiques (en mV).
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