Pluviométrie, croissance et pauvreté : cas du Sénégal et du Burkina Faso François Joseph CABRAL CRES FASEG/UCAD [email protected] PLAN 1. Contexte et problématique 2. Objectif 3. Méthodologie 4. Simulations et résultats Contexte et problématique • Alors que l’étendue et sévérité de la pauvreté baissaient en Asie du Sud et de l’Est, elles augmentaient en Afrique sub-saharienne, en particulier en milieu rural où sont localisés 70% des pauvres (World Bank, 2000). • Dans la période 1965-1998, l’Afrique était la seule région où la production agricole a progressé à un rythme inférieur au taux d’accroissement de la population (Kydd and al., 2004). • Afrique sub-saharienne : région confrontée à un déficit céréalier chronique et à une rareté de l’eau à usage agricole. • Baisse de la consommation céréalière par tête particulièrement grave durant les périodes de grandes sécheresses de 1968 à 1973 et de 1981 à 1984 (World Bank, 1991). • Depuis 1960, la tendance de la pluviométrie en Afrique est à la baisse (Nicholson, 1994 ; Barrios and al., 2010). Contexte et problématique • Dans certains pays où l’agriculture est très dépendante de la pluviométrie, les périodes de cultures se raccourcissent et les rendements pourraient être divisés par deux d’ici à 2020 (GIEC, 2007). • Or pour beaucoup de pays africains, l’agriculture constitue un important secteur d’activité qui abrite l’essentiel des pauvres. • Selon la littérature récente sur la croissance endogène, le capital humain (Lucas), la recherche-développement (Romer), les dépenses publiques (Barro), la qualité des institutions (Acemoglu D. et al.) sont cruciaux. • Pour d’autres auteurs, la croissance peut dépendre aussi de certains facteurs exogènes. Selon Bloom and Sachs (1998), Collier and Gunning (1999a, 1999b), O’Connell and Ndulu (2000), le climat semble déterminant pour beaucoup de pays africains • Selon ces auteurs, la baisse de la pluviométrie ne peut qu’avoir des conséquences sévères sur la croissance économique. Contexte et problématique • Pour des pays sahéliens comme le Sénégal et le Burkina Faso, les aléas pluviométriques constituent un risque climatique majeur depuis plusieurs décennies. • Néanmoins, les effets des perturbations futures pluviométrie sur la croissance ne sont pas encore intégrés dans les exercices de prévisions et de cadrage macroéconomique. • Or de fréquentes fluctuations pluviométriques sont observées. Graph 3: Evolution de la pluviométrie au Sénégal et au Burkina Faso (en mm), 1961-2030 Source: Agences météo et scénarii pluviométriques. Contexte et problématique Graph 2: Contribution de l’agriculture dans le Pib, 1980-2010 (in %) 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 Burkina Faso Senegal Source: World Development Indicators, World Bank (2012) Burkina Faso 12 Taux de croissance PIB Pluviométrie 10 60 50 40 8 30 6 20 10 4 0 -10 0 -20 -2 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2 -4 -30 -40 -50 Sénégal 10 8 Taux de croissance PIB 60 Pluviométrie 50 40 6 30 4 20 2 10 -2 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 0 0 -10 -4 -20 -6 -30 Objectif • Évaluer l’impact des fluctuations futures de la pluviométrie sur la pauvreté au Sénégal et au Burkina. Méthodologie • Afin de tenir compte des effets de rétroaction de chocs de cette nature sur l’économie, une analyse basée sur un cadre d’équilibre général calculable est privilégiée. • Structure du MEGC • 13 secteurs (mil/sorgho, mais, riz, arachide, légumes, fruits, élevage, pêche, autres types d’agriculture, industries, services marchands, services non marchands) • 2 types de travail – qualifié – non qualifié • 3 types de capital – privé agricole – privé non agricole – public Méthodologie Pluviométrie Valeur ajoutée dans le secteur agricole t tra VA A KLt tra KL LAND t tra 1 KL CF t tra tra tra tra tra KL KL 1 KL tra . L’indice pluviométrique, inspiré de l’indice de sévérité de la sécheresse de Palmer (1965), est donné par le rapport entre la valeur de la pluviométrie à la période t ( pluvt ) et sa valeur de référence ( pluvo ) : ipluvt pluvt pluvo Impact de la pluviométrie sur la fonction de PGF donné par la relation suivante : t 1 1 t 2 t Atra htra * ( pluvtra ) 2 htra * ( pluvtra )1 Dans chacune des zones agro-écologiques, on relève un volume sous-utilisé de surfaces cultivables demeurées inexploitées. Equilibre sur le marché de la terre est supposé être affecté par les fluctuations pluviométriques. t TOTLAND LANDtra TOTLAND t * beta _ l * 1 (1 ipluv ) t tra Bouclage Qtrt DIT t tr C trt ,h INV t tr STK t tr h EX trt EXDtrt IT t STK t tr * PC t tr tr Ratio CAB/PIB fixe S INSL t INSL CAB t . t Simulation et résultats Simulations Sim 1 : déviations futures de la pluviométrie par rapport à la moyenne de 1945-2004 au Sénégal égale à 732 mm et par rapport à la moyenne de 1963-2007 au Burkina Faso égale à 669 mm. Déviation estimée à 1.037 (soit +3,7% en moyenne) de 2005 à 2020 pour le Sénégal et à 0,776 (soit -22% en moyenne) de 2008 à 2020 pour le Burkina Faso. Sim 2 : déviations futures de la pluviométrie par rapport à la normale de 1975-2004 au Sénégal dont la moyenne est égale à 652 mm et par rapport à la normale de 1963-2007 au Burkina Faso dont la moyenne est égale à 640 mm. Déviation estimée à 1.163 (soit +16,3%) de 2005 à 2020 pour le Sénégal et à 0,811 (soit 18,9%) de 2008 à 2020 pour le Burkina Faso. Simulation et résultats Effets sur le Pib Sénégal : variation comprise entre +0.5 à +4.3 points de percentage pour le premier scenario (déviations par rapport à la double normale de 1945-2004) et dans une proportion comprise entre +2.1 à +17.2 points de percentage pour le second scenario (déviations par rapport à la normale 1975-2004). Burkina : variation comprise entre -6.1 et -46.5 points de percentage pour le premier scenario (deviation par rapport à la “normale” 1963-2007) et pour le second scenario (deviation par rapport à la “normale” 1993-2007), variation comprise entre -5.1 et -38.9 points. Simulation et résultats Simulation et résultats …hausse de la rémunération du facteur terre au Sénégal et baisse au Burkina Faso Graph 3: Changes in the return to land w. r. t. the baseline, for Senegal (in %) 60 50 40 30 20 10 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 Land (deviation from 1945-2004 normal scenario) Land (deviation from 1975-2004 normal scenario) Source: calculations of authors based on simulation results. Graph 4a: Changes in the return to land w. r. t. the baseline for Burkina Faso, without a mitigation policy (in %) 0 -10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 -20 -30 -40 -50 -60 Land (deviation from 1963-2007 normal scenario) Land (deviation from 1993-2007 normal scenario) Source: calculations of authors based on simulation results. 10 11 12 13 Simulation et résultats …hausse de la rémunération du travail non qualifié au Sénégal et baisse au Burkina Faso Simulation et résultats …évolution contrastée de la rémunération du capital au Sénégal et baisse au Burkina Faso Simulation et résultats …hausse du revenu nominal et baisse des prix à la consommation au Sénégal et tendance inverse au Burkina Faso Simulation et résultats … baisse de la pauvreté au Sénégal Simulation et résultats … augmentation de l’incidence de la pauvreté au Burkina Faso Conclusions et enseignements de politique • Pour les pays sahéliens comme le Burkina Faso et le Sénégal où l'agriculture est, en grande partie pluviale, les aléas pluviométriques tendent à affecter la croissance agricole, la croissance du PIB et donc la pauvreté. • Perturbations pluviométriques : principal risque climatique auquel est confrontée l’économie sénégalaise, en général, et l’agriculture, en particulier, depuis plusieurs décennies. • Simulations des effets des fluctuations futures de la pluviométrie sur les secteurs, les facteurs de rémunération et donc le PIB et la pauvreté au Sénégal et au Burkina Faso effectuées à l’aide d’un MEGC dynamique. • Résultats obtenus montrent que le Sénégal va expérimenter une diminution de la pauvreté, en raison d'une tendance à la hausse prévue pour la pluviométrie. En revanche, le taux de pauvreté risque d’augmenter au Burkina Faso en raison d’une prévision à la baisse des précipitations futures. • D’où la nécessité d’adoption de mesures d’adaptation aux changements climatiques au Burkina Faso telles que l’adoption et recherche et l’assurance agricole sur les variétés à hauts rendements afin d’atténuer les effets du risque pluviométrique sur les individus et les ménages. Merci!