156 R. Shankland, B. Lamboy / Pratiques psychologiques 17 (2011) 153–172
2.3. La promotion de la santé
La promotion de la santé s’est développée à la suite de l’éducation à la santé qu’elle complète.
Elle peut être définie comme le processus permettant aux populations d’améliorer leur propre santé
en leur donnant les moyens d’un plus grand contrôle sur celle-ci par le biais d’une augmentation
des connaissances, mais surtout des compétences personnelles et collectives. Ainsi la prévention
peut être considérée comme un des objectifs et des résultats d’une stratégie plus globale de
promotion de la santé (Hosman et Jané-Llopis, 1999). Pour reprendre une métaphore proposée
par Antonovsky en 1987, il ne s’agit plus de construire des ponts pour éviter que les gens se
noient dans le fleuve, mais plutôt de leur apprendre à nager. Cette approche plus globale a donc
pour objet d’augmenter les compétences permettant de gérer au mieux les situations difficiles
rencontrées au cours de la vie. L’éducation à la santé, puis la promotion de la santé sont donc nés
de cette orientation (Eriksson et Lindström, 2008a). La promotion de la santé peut être développée
par le biais d’interventions environnementales, sociales, politiques et individuelles. Concernant
l’individu, il s’agit du processus par lequel les individus améliorent leur santé en mobilisant leurs
propres ressources, leur permettant ainsi d’accéder à une meilleure qualité de vie.
Néanmoins, si, dans leur définition, la prévention et la promotion de la santé apparaissent
comme deux concepts distincts, en pratique les composantes de la prévention et de la promotion
sont souvent présents au sein des mêmes programmes et utilisent parfois des stratégies et des
interventions similaires (OMS, 2004). C’est pourquoi nous aurons recours aux deux termes accolés
dans cet article pour faire référence à ce domaine d’intervention : prévention/promotion de la santé.
3. La position particulière de la psychologie dans le champ de la prévention
La prévention et la promotion de la santé regroupent des pratiques ayant des implications
importantes en termes de santé des populations et sont parfois sujettes à controverse en raison
du risque « normatif » de la maîtrise des comportements de santé, comme le craignait Michel
Foucault il y a quelques décennies. La prévention/promotion de la santé vise une augmentation
des connaissances et des compétences, afin de permettre à l’individu de faire des choix éclairés et
d’avoir une action délibérée sur sa santé. Par ailleurs, la prévention/promotion de la santé ne doit
pas être confondue avec le repérage et le dépistage précoce des troubles qui relèvent davantage de
la médecine et du soin. Les interventions en prévention/promotion de la santé ont lieu en amont
des troubles. En augmentant les facteurs de protection et en diminuant les facteurs de risque, ces
interventions cherchent à réduire la probabilité d’apparition et de chronicisation de troubles. Elles
impliquent donc une bonne connaissance des publics, des facteurs de risque et de protection des
problèmes ciblés et des stratégies susceptibles d’influencer ces facteurs.
Ce domaine se caractérise ainsi par une forte articulation entre la recherche et la pra-
tique, ainsi qu’un transfert et une utilisation des connaissances scientifiques importants ; on
parle alors d’interventions fondées sur les données probantes (evidence-based interventions)ou
d’interventions validées. Ces dernières, qui sont élaborées à partir des connaissances scientifiques,
doivent avoir fait la preuve de leur efficacité par l’intermédiaire de recherches évaluatives. Les
effets positifs sont alors démontrés empiriquement par des protocoles de recherche expérimen-
taux et doivent être maintenus à long terme (au moins un an) et répliqués dans au moins deux
sites différents. Les données des recherches évaluatives doivent être disponibles, de même que
les modalités d’intervention qui sont consignées dans un manuel et rattachées à des modèles
théoriques de référence.