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Pratiques psychologiques 17 (2011) 153–172
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Dossier
Utilité des modèles théoriques pour la conception et
l’évaluation de programmes en prévention
et promotion de la santé
Importance of theoretical models in conceiving and assessing
health prevention and promotion programmes
R. Shanklanda,, B. Lamboyb
aEA4145, laboratoire interuniversitaire de psychologie, université Pierre-Mendès-France, Grenoble-2,
BP 47, 1251, avenue Centrale, 38040 Grenoble cedex 09, France
bEA4145, laboratoire interuniversitaire de psychologie, institut national de prévention et d’éducation à la santé,
université de Savoie, Paris, France
Rec¸u le 17 octobre 2010 ; accepté le 4 novembre 2010
Résumé
À l’heure où l’on constate une augmentation de l’intérêt des chercheurs et des praticiens pour la promotion
des comportements de santé et le développement des compétences psychosociales, il importe de réfléchir
aux liens unissant théorie et pratique dans ce champ. En effet, la référence à différents modèles issus de la
psychologie constitue une dimension structurante des pratiques professionnelles en prévention/promotion
de la santé qui mérite d’être davantage développée. De plus, les études et interventions de prévention dans
les domaines de la santé physique et mentale semblent s’être développées séparément et gagneraient à être
articulées afin de permettre une compréhension plus complète des facteurs protecteurs. L’objectif de cet
article est donc de proposer une revue sélective et à visée pratique de la littérature sur ces questions, à partir
des théories sur lesquelles s’appuient les programmes validés au niveau international.
© 2010 Société franc¸aise de psychologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Prévention ; Promotion de la santé ; Changement de comportements ; Programmes validés ; Modèles théoriques
Abstract
Researchers and field workers are increasingly interested in health behaviour promotion and in the deve-
lopment of psychosocial competencies. It therefore becomes necessary to reflect on the links between theory
Auteur correspondant.
Adresse e-mail : [email protected] (R. Shankland).
1269-1763/$ – see front matter © 2010 Société franc¸aise de psychologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.prps.2010.11.001
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and practice in this domain. Indeed, referring to different psychological models constitutes a structuring
dimension for professional interventions in prevention and health promotion which needs to be further deve-
loped. Moreover, research studies and interventions in the field of physical and mental health prevention
seem to have grown separately and could become better articulated in order to foster greater comprehension
of the protective factors. Thus, the aim of this article is to propose a selective revue of these questions,
aimed at practical interventions and their assessment. It is based on the theories referred to by international
evidence-based programmes.
© 2010 Société franc¸aise de psychologie. Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Keywords: Prevention; Health promotion; Behaviour change; Evidence-based programmes; Theoretical models
1. Introduction
L’apport de la psychologie au champ de la prévention et de la promotion de la santé se situe
à plusieurs niveaux : la compréhension des facteurs impliqués dans les comportements de santé,
la conception et la validation de modèles conceptuels en lien avec la prévention et la promotion
de la santé, la conception de méthodes appliquées aux interventions de prévention et de pro-
motion de la santé et l’évaluation standardisée de ces interventions. Cependant, le potentiel des
modèles et des théories issus de la psychologie reste encore insuffisamment exploité. Par exemple,
lors de validations de programmes de prévention, le lien entre l’efficacité de l’intervention et
les moyens psychologiques ayant permis d’obtenir un changement de comportement en faveur
d’une meilleure santé physique, psychologique ou sociale sont rarement mis en lumière. Par
ailleurs, en psychologie comme en santé publique, le champ de la prévention/promotion de la
santé manque d’articulation entre les questions de santé physique et celles de santé mentale qui
constituent deux domaines de recherche qui semblent s’être développés en parallèle, effectuant
peu de rapprochements.
La prévention des troubles de santé mentale a principalement été étudiée par la psychologie
clinique, la psychologie du développement et la santé publique, notamment en s’appuyant sur
les études épidémiologiques permettant de déterminer les facteurs de risque et les facteurs pro-
tecteurs, tandis que la prévention des troubles de santé physique a principalement intéressé la
psychologie sociale qui a fait appel aux différentes théories de changement du comportement. Il
s’agit de modèles permettant de comprendre les raisons pour lesquelles les individus s’engagent
ou non dans des comportements de santé spécifiques et comment ils en viennent à modifier
leurs comportements dans le but d’améliorer leur état de santé (Noar et al., 2007). La littérature
dans le champ de la prévention/promotion de la santé est particulièrement fournie ; elle inclut
des approches fondées sur des théories diverses et s’intéresse à des niveaux multiples, allant de
l’individu jusqu’à la communauté (Glanz et al., 2002). Dans ce contexte, comment mettre en
lumière l’utilité des modèles théoriques au regard des interventions pratiques dans le champ de
la prévention/promotion de la santé ?
L’objectif de cet article est de proposer une réflexion sur l’apport de la psychologie au champ de
la prévention/promotion de la santé physique et mentale, tout en soulignant les manques actuels
dans le domaine de l’articulation théoricopratique et la nécessité de recherches permettant de
tester l’utilité des modèles dans le cadre des actions. L’intérêt d’offrir ici un état des lieux des
modèles actuels de santé physique et mentale est de favoriser les passerelles entre ces champs,
notamment pour l’étude des comportements qui appartiennent aux deux domaines comme c’est
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le cas pour les conduites addictives. Nous présenterons tout d’abord les modèles à l’origine des
programmes de prévention/promotion de la santé physique, puis ceux en lien avec la santé mentale,
en exposant l’état des connaissances concernant le lien entre les pratiques fondées sur des théories
psychologiques et l’efficacité des interventions.
2. Prévention, éducation à la santé et promotion de la santé
2.1. La prévention
La prévention est à distinguer de la promotion de la santé physique, mentale et sociale, même
si ces deux domaines sont, dans la pratique en particulier, considérablement intriqués. Le terme
« prévention » vient du latin praevenire qui signifie « prendre les devants, anticiper ». La prévention
consiste donc à anticiper des phénomènes qui risqueraient d’entraîner des problèmes de santé
physique ou mentale. Elle vise à produire un changement de comportement susceptible d’entraîner
une réduction du nombre et de la gravité d’un trouble. Si l’on considère la santé physique, il
s’agit par exemple de réduire la prévalence et l’incidence des cancers du poumon en réduisant
les comportements tabagiques. Dans le domaine de la santé mentale, l’objectif est d’essayer de
modifier les dynamiques qui mènent à l’émergence des problèmes de santé mentale et de réduire
ainsi l’apparition de troubles psychiques telle que la dépression, les troubles anxieux, les troubles
du comportement alimentaire, etc.
La prévention elle-même se subdivise en trois types : la prévention « universelle » qui s’adresse
à toute la population, la prévention « sélective » qui cible les personnes à risque du fait de fac-
teurs familiaux ou environnementaux et la prévention « indiquée » qui s’adresse aux personnes
présentant des facteurs de risque individuels ou/et manifestant des premiers symptômes. Ainsi,
la prévention s’adresse, le plus souvent, à des publics spécifiques, considérés comme à risque
(d’être confrontés à un problème de santé), se rapprochant ainsi d’une attitude protectionniste de
la société.
2.2. L’éducation à la santé
Le mouvement des acteurs de prévention s’est progressivement orienté vers une approche plus
globale de l’humain, dont l’objectif ne serait pas de se centrer sur la réduction des risques–ou pas
uniquement–mais de développer des connaissances permettant à chacun de mieux gérer sa santé.
L’éducation à la santé désigne ainsi toute pratique associant des expériences d’apprentissage ayant
pour objet de faciliter les actions volontaires conduisant à une meilleure santé (Green et Kreuter,
1999). Il ne s’agit pas de prévenir un trouble en particulier, mais d’apporter des connaissances
favorisant le développement de comportements de protection pour la santé. Le comportement de
santé préventif a été défini comme « toute activité développée par une personne avec l’objectif de
prévenir des maladies » (Kasl et Cobb, 1966). Ainsi, l’adoption d’une alimentation équilibrée, la
réduction de l’ingestion d’alcool ou l’arrêt de la consommation de tabac sont des comportements de
santé préventifs. Les déterminants des changements de comportements de santé individuels ont été
étudiés et théorisés par nombre de chercheurs dans les domaines de la médecine comportementale,
la psychologie cognitive, sociale et clinique, la santé publique, l’épidémiologie... Il ne sera pas
possible dans cet article de présenter les différents modèles du changement de comportement en
psychologie, nous développerons davantage les aspects de promotion de la santé visés par les
programmes validés.
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2.3. La promotion de la santé
La promotion de la santé s’est développée à la suite de l’éducation à la santé qu’elle complète.
Elle peut être définie comme le processus permettant aux populations d’améliorer leur propre santé
en leur donnant les moyens d’un plus grand contrôle sur celle-ci par le biais d’une augmentation
des connaissances, mais surtout des compétences personnelles et collectives. Ainsi la prévention
peut être considérée comme un des objectifs et des résultats d’une stratégie plus globale de
promotion de la santé (Hosman et Jané-Llopis, 1999). Pour reprendre une métaphore proposée
par Antonovsky en 1987, il ne s’agit plus de construire des ponts pour éviter que les gens se
noient dans le fleuve, mais plutôt de leur apprendre à nager. Cette approche plus globale a donc
pour objet d’augmenter les compétences permettant de gérer au mieux les situations difficiles
rencontrées au cours de la vie. L’éducation à la santé, puis la promotion de la santé sont donc nés
de cette orientation (Eriksson et Lindström, 2008a). La promotion de la santé peut être développée
par le biais d’interventions environnementales, sociales, politiques et individuelles. Concernant
l’individu, il s’agit du processus par lequel les individus améliorent leur santé en mobilisant leurs
propres ressources, leur permettant ainsi d’accéder à une meilleure qualité de vie.
Néanmoins, si, dans leur définition, la prévention et la promotion de la santé apparaissent
comme deux concepts distincts, en pratique les composantes de la prévention et de la promotion
sont souvent présents au sein des mêmes programmes et utilisent parfois des stratégies et des
interventions similaires (OMS, 2004). C’est pourquoi nous aurons recours aux deux termes accolés
dans cet article pour faire référence à ce domaine d’intervention : prévention/promotion de la santé.
3. La position particulière de la psychologie dans le champ de la prévention
La prévention et la promotion de la santé regroupent des pratiques ayant des implications
importantes en termes de santé des populations et sont parfois sujettes à controverse en raison
du risque « normatif » de la maîtrise des comportements de santé, comme le craignait Michel
Foucault il y a quelques décennies. La prévention/promotion de la santé vise une augmentation
des connaissances et des compétences, afin de permettre à l’individu de faire des choix éclairés et
d’avoir une action délibérée sur sa santé. Par ailleurs, la prévention/promotion de la santé ne doit
pas être confondue avec le repérage et le dépistage précoce des troubles qui relèvent davantage de
la médecine et du soin. Les interventions en prévention/promotion de la santé ont lieu en amont
des troubles. En augmentant les facteurs de protection et en diminuant les facteurs de risque, ces
interventions cherchent à réduire la probabilité d’apparition et de chronicisation de troubles. Elles
impliquent donc une bonne connaissance des publics, des facteurs de risque et de protection des
problèmes ciblés et des stratégies susceptibles d’influencer ces facteurs.
Ce domaine se caractérise ainsi par une forte articulation entre la recherche et la pra-
tique, ainsi qu’un transfert et une utilisation des connaissances scientifiques importants ; on
parle alors d’interventions fondées sur les données probantes (evidence-based interventions)ou
d’interventions validées. Ces dernières, qui sont élaborées à partir des connaissances scientifiques,
doivent avoir fait la preuve de leur efficacité par l’intermédiaire de recherches évaluatives. Les
effets positifs sont alors démontrés empiriquement par des protocoles de recherche expérimen-
taux et doivent être maintenus à long terme (au moins un an) et répliqués dans au moins deux
sites différents. Les données des recherches évaluatives doivent être disponibles, de même que
les modalités d’intervention qui sont consignées dans un manuel et rattachées à des modèles
théoriques de référence.
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