LA MÉDECINE DU FUTUR, C`EST MAINTENANT

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Date : 15/05/2014
Pays : FRANCE
Page(s) : 0030
Rubrique : ENQUÊTE
Diffusion : 18972
Périodicité : Hebdomadaire
Surface : 89 %
Mots : 1751
Montpellier
LA
MÉDECINE
DU FUTUR, C'EST MAINTENANT
Des robots-chirurgiens qui permettent de limiter les cicatrices, des jeux vidéo pour se
rééduquer, des consultations à distance par vidéo… la nouvelle médecine est de plus en plus
technologique.
1. Des mannequins qui jouent les
malades
Il est 14h. Appel au Samu : une
femme de 28 ans, enceinte de sept
mois, a des maux de tête violents
depuis une heure. Elle est seule à
son domicile. Trois urgentistes
arrivent sur les lieux. “-Qu'est-ce
que vous avez, madame ? - J'ai mal
à la tête, est-ce que mon bébé va
bien ? - Oui, ne vous inquiétez pas,
madame, on s'occupe de vous.” La
scène est troublante de vérité. Sauf
que la maman n'est pas une patiente,
mais un mannequin de haute
technologie. Il est capable de
pleurer, de convulser, de parler, de
cyanoser, de suer. Et que les
urgentistes sont des médecins en
formation
gences
au
centre d'enseignement des soins
d'urgence (CESU) à la Colombière.
De l'autre côté du mur, le docteur
Blaise Debien, médecin d'urgence et
formateur au CESU, et Christelle
Graf-Ammar,
sage-femme
formatrice, animent la scène. C'est
elle qui, de son micro, fait la voix du
mannequin. Son collègue urgentiste
crée des situations : perte de
connaissance, convulsions, pleurs.
Devant eux, un écran retransmet en
direct la scène, qui dure douze
minutes, filmée par quatre caméras.
Ensuite, enseignants et étudiants
analysent la séquence et la prise en
charge du patient.
“ur
néonatales”
simulation permet de mettre les
étudiants dans des situations rares
auxquelles
ils
ne
seront
probablement
pas
confrontés
pendant leurs stages, des situations
qui, néanmoins, demandent un
savoir-faire, explique le professeur
Debien. Ces mannequins permettent
aussi d'exercer le praticien à
travailler en équipe
Dans ce cas
précis, la patiente fait une
pré-éclampsie
(hypertension
artérielle) sévère. Claude, urgentiste
à Sète en formation d'urgence
périnatale, sort de la salle : “C'est
impressionnant,
on
avait
l'impression d'être dans un cas réel.
C'est très anxiogène” , raconte-t-il,
encore un peu essoufflé par
l'expérience. Les étudiants ont fait le
bon diagnostic et ont pris en charge
la patiente correctement.
Inspirés de l'aéronautique et de la
recherche spatiale, les mannequins
du CHU de Montpellier
000
pièce ont intégré la formation de
l'hôpital en 2013. Un étage entier
leur sera consacré dans la nouvelle
fac de médecine près de Lapeyronie.
“LE
MANNEQUIN
EST
CAPABLE DE PLEURER, DE
CONVULSER, DE PARLER, DE
CYANOSER, DE SUER ET DE
PERDRE CONNAISSANCE”
“La
.”
–120
€
–
2. Une pompe à insuline sous la
peau
Gérer son taux d'insuline depuis son
téléphone portable : c'est le principe
du pancréas artificiel mis au point
par le professeur
Renard,
spécialiste du diabète au CHU de
Montpellier. Une pompe à insuline
implantée sous la peau et reliée à un
smartphone
qui
calcule
automatiquement la quantité que
doit envoyer la pompe. “C'est un
système qui simplifie la vie des
diabétiques et leur permet de gérer
leur insuline en fonction de leur
mode de vie”, affirme le spécialiste .
Déjà testé sur trente patients mont
pelliérains, ce pancréas artificiel
pourrait être encore perfectionné
avec un pancréas bio artificiel
actuellement mis au point par le
même docteur Renard : “Il s'agit de
greffer
chez
les
personnes
diabétiques des cellules de pancréas
capables de créer de l'insuline. Ces
cellules seraient installées dans des
poches imperméables aux anticorps
et aux molécules responsables du
rejet. Elles seraient ainsi mieux
acceptées par le corps
Ce deuxième système n'en est qu'à
la
phase
expérimentale.
S'il
fonctionne, les premiers essais sur
l'homme pourraient débuter en 2016
à Montpellier.
Éric
.”
3. Des avatars pour soigner les
schizophrènes
On se croirait dans un film de
A970E8395BB09309D0C10D63E90BB5E81A030954614848A32D8256B
Medtech
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science-fiction. Dans les locaux du
centre Euromov, le centre européen
de recherche sur le corps et le
mouvement
situé
au
Plan-des-4-Seigneurs, les chercheurs
testent des avatars : des copies
virtuelles de patients atteints de
schizophrénie. “Les schizophrènes
souffrent de troubles de relations
sociales, explique le docteur
Delphine Capdevielle, psychiatre à
la Colombière, coordinatrice du
projet nommé Alter ego. Les
médicaments parviennent à traiter
les hallucinations et les délires mais
ils ne font rien sur l'aspect social de
la maladie.”
Ce projet se propose d'améliorer
cette facette de la maladie en
s'intéressant à la motricité des
malades. “Contrairement aux autres
personnes, les schizophrènes ne se
coordonnent pas bien avec les
personnes qui les entourent. Deux
personnes qui marchent côte à côte
dans la rue vont spontanément avoir
le même rythme. Les schizophrènes,
non. On constate que les patients
souffrant
de
schizophrénie
interagissent
mieux avec les
personnes qui leur ressemblent” ,
poursuit le docteur Capdevieille.
l'idée des avatars : des photos
numériques du patient, diffusées sur
un écran et capables de réagir aux
mouvements du patient, placé
devant l'écran. “Un peu comme un
miroir : si le patient lève le bras, la
copie à l'écran lève le bras. Petit à
petit, l'idée est de modifier l'avatar
pour le transformer en personne
tierce
Si cette technique
fonctionne, elle pourrait ensuite être
utilisée
pour
traiter
d'autres
pathologies, comme l'autisme par
exemple.
D'où
.”
4. Des robots chirurgiens qui
limitent les cicatrices
Le docteur Garrel est installé devant
une console numérique, le visage
coincé dans une sorte de lunette.
Son patient est à quelques mètres de
lui, allongé sur un brancard. Le
docteur va l'opérer de la thyroïde
sans même le toucher. Depuis sa
console, il contrôle le robot Da
Vinci. C'est lui qui, de ses quatre
bras, va enlever la glande malade.
Un des bras est équipé d'une caméra
qui permet au docteur de plonger à
l'intérieur du corps. “Le gros
avantage de cet outil, c'est qu'il
permet d'accéder au point à opérer
par une porte d'entrée éloignée et
ainsi, d'éviter d'ouvrir le patient
sous le cou et donc d'éviter de
grosses cicatrices.” Autre avantage :
grâce à cette technique, la durée
d'hospitalisation
est
considérablement réduite. “Au lieu
de rester trois semaines à l'hôpital
avec une trachéotomie, les patients
opérés du cancer du larynx peuvent
sortir de l'hôpital au bout de deux
jours.”
Le robot Da Vinci présent au CHU
pourrait être bientôt dépassé par le
robot Rosa, élaboré dans les locaux
de l'entreprise Medtech à Castelnau.
Dirigée par Bertin Nahum et cotée
en Bourse depuis novembre 2009,
cette start-up est pionnière sur les
robots chirurgicaux. Plus petit, plus
précis, Rosa, sorti d'usine en 2009,
assiste les chirurgiens dans les
opérations du cerveau. Vendu
jusqu'à 400 000 euros, il est déjà
utilisé à la clinique du Parc et à celle
du Millénaire et dans 17 autres
établissements en Espagne, Italie,
Allemagne, Russie, Canada, Chine
et
États-Unis.
REPÈRES
Un bio-rein
a été implanté avec succès sur des
rats en 2013 à partir de cellules
vivantes.
Medtech
Un
bionique,
permettant aux aveugles de
recouvrer
la
vue,
est
commercialisé depuis l'an dernier
aux USA.
œil
Le
artificiel
Carmat a été implanté en
décembre par Alain Carpentier,
cardiologue français. Malgré le
décès du patient 75 jours après,
les
implantations
devraient
reprendre.
cœur
Les premiers poumons
artificiels viennent d'être mis au
point
par
des
chercheurs
américains en laboratoire.
5. Des jeux “sérieux” pour
rééduquer
“Les serious games seront bientôt
prescrits par les médecins.” C'est en
tout cas le rêve de Pierre Foulon,
directeur du groupe Genious
interactive, leader sur le marché des
jeux à but sérieux. Des jeux vidéo
conçus en partie dans les locaux de
Montpellier et dont l'objectif est
d'accompagner les patients dans leur
rééducation après un accident
vasculaire cérébral, AVC, un
accident ou une chute. “Les jeux
favorisent l'activité physique et
stimulent les capacités cognitives et
l'attention. C'est ludique et donc
plus efficace”, argumente Pierre
Foulon. Le patient peut même
réaliser les exercices chez lui devant
sa télé, un peu sur le principe de la
Wii. “Le thérapeute configure le jeu
pour faire travailler le patient sur
un point précis et tout est enregistré
pour permettre un suivi clinique”.
Exemple : le jeu Voracy Fish, en
phase d'expérimentation au CHU,
place le joueur dans l'écaille d'un
poisson qui doit aller chercher de la
nourriture et des objets. Réalisé en
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collaboration avec une équipe
médicale, il permet au patient
d'effectuer des mouvements pour
faire travailler des muscles abîmés
par l'AVC. Le patient peut même
jouer avec son entourage proche ou
à distance sur Internet.
UNE FAC
DE
HIGH-TECH
Salle de simulation, tablettes tactiles
à tous les étages, cabinet de
consultation fictif :
future
université
de
médecine
de
Montpellier sera unique en
annonce fièrement le professeur
Michel
Chammas,
chirurgien
orthopédique. Situé près du CHU, le
bâtiment dessiné par l'architecte
montpelliérain
François Fontès
s'élèvera sur cinq étages.
trois premiers étages seront
consacrés
aux
enseignements
magistraux, le quatrième à la
médecine sur simulateurs (robots,
mannequins high-tech) et au labo
d'anatomie, et le cinquième à
l'apprentissage de la médecine
individualisée et aux cours de
des
détaille Jacques Bringer, doyen de
l'université
de
médecine. La
première pierre devrait être posée au
début de l'été 2014. Entièrement
financée par la Région (37 millions
d'euros), la future fac pourra
accueillir 3 700 étudiants dès la
rentrée 2015.
MÉDECINE
“La
France”,
“Les
“bientraitance”
patients”,
6. Des consultations à distance
par vidéo
Régions reculées, prisons ou
établissements non médicalisés :
certaines populations n'ont pas accès
aux soins médicaux. Pour pallier
cette
pénurie
médicale,
la
télémédecine se développe. Nicolas
Giraudeau, dentiste au CHU de
Montpellier lance en avril des
consultations de télédentisterie.
les maisons de retraite ou les
prisons, les gens ne sont pas suivis
régulièrement et peuvent donc
développer des complications” ,
explique-t-il.
Grâce à un système de caméras, les
personnels
soignants
de
ces
établissements pourront enregistrer
l'état dentaire des patients. Les
images seront ensuite retransmises
au CHU qui les analysera. “Cela
nous permet de faire un état des
lieux et d'envisager une éventuelle
prise en charge à l'hôpital.”
Luc Teot, spécialiste de la chirurgie
réparatrice au CHU, dirige, lui, le
projet Domoplaie. Aux quatre coins
de la région, des infirmiers et
aides-soignants sont formés pour la
prise en charge des plaies
importantes.
“Lorsqu'une
intervention médicale est nécessaire,
on organise une consultation de
télémédecine”,
explique
le
spécialiste de la chirurgie réparatrice
à Lapeyronie.
Concrètement, un camion livre une
des 65 tablettes tactiles du projet
spécial et la consultation se fait à
distance. Le médecin, dans son
bureau de Montpellier, Nîmes ou
Perpignan, peut visionner la plaie, et
indiquer au personnel médical la
démarche à suivre. Lancé à la fin de
l'année 2013, ce projet pourrait
permettre de traiter 1 500 patients
par an. “C'est bien pour le médecin
et pour le patient , estime le
médecin, ça lui évite d'avoir à se
déplacer jusqu'à nous et en plus, ça
fait des économies !”
“Dans
Coline Arbouet
Medtech
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