mise au point sur l`hepatite e

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MISE AU POINT SUR L'HEPATITE E
Le virus de l’hépatite E (VHE) est un virus non enveloppé à ARN monocaténaire, appartenant à
la famille des Hepeviridae, genre hepevirus. Il est responsable d’hépatites à transmission
entérique.
L’épidémiologie de l’hépatite E a été totalement revue dans les années
1990.
L’hépatite E était jusque là considérée comme une maladie exotique responsable d’hépatites
aiguës dans les régions de forte endémie (Asie), à transmission entérique (ingestion d’eau
contaminée par les selles de sujets infectés).
En 1997, a été découvert un VHE porcin aux USA, très différent du VHE endémique en Asie, et
quasiment de manière concomitante, étaient décrits les premiers cas humains d’hépatite E
associés au VHE porcin.
Aujourd’hui, nous savons que l’hépatite E est mondialement répandue. On distingue des zones
de forte endémie (Asie, Afrique) avec le profil épidémiologique anciennement connu et des
zones d’endémie (dans le reste du monde) avec une présentation clinique particulière.
Il existe quatre génotypes majeurs. Le VHE 1 et le VHE 2 sont limités à l’être humain. Le VHE
1 est retrouvé principalement en Asie et le VHE 2 en Afrique et Mexique. Le VHE 3 et le VHE 4
infectent les humains, les cochons et d’autres espèces mammifères et sont responsables de
cas sporadiques autochtones dans les pays en développement et dans les pays développés. Le
VHE 3 a une distribution dans le monde entier.
Comment se transmet le virus de l’hépatite virale E ?
· Dans les pays en voie de développement L’infection est principalement transmise par eau
contaminée par les selles. Le taux de mortalité dans les épidémies s’étend de 0.2% à 4%. Elle
est plus élevée chez les enfants de moins de 2 ans et elle atteint de 10% à 25% chez les
femmes enceintes.
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· Dans les pays développés, la transmission alimentaire est largement prédominante
(génotypes VHE3 et 4). Elle se fait par la consommation de produits issus d’un animal réservoir
du virus : Il s’agit essentiellement de produits à base de foie cru de porc destinés à être
consommés cuits mais consommés crus ou insuffisamment cuits par certains consommateurs
(saucisses de foie et foies secs ou fumés). Viande et abats de sanglier et de cerf ont été
également incriminés et des cas de transmission par consommation de fruits de mer
(moules+++) ont été rapportés.
Une étude menée en 2010 par les laboratoires de l’Anses (Agence nationale de sécurité
sanitaire de l’alimentation)
, en
collaboration avec l’IFIP (Institut du porc) a permis de démontrer que le virus de l’hépatite E est
inactivé par un traitement thermique d’au moins 71°C pendant 20 min, des modalités pratiques
efficaces sur la cuisson de ces produits sont encore à définir. L’Agence a souligné la nécessité
d’informer le consommateur sur le risque lié à la consommation de figatelli crus. Ce type de
produit à base de foie de porc cru porte maintenant obligatoirement sur son étiquette la mention
«
à
consommer cuit à cœur
».
· Enfin, la transmission transfusionnelle doit être également prise en compte. Les cas
rapportés de contamination transfusionnelle sont en augmentation, souvent dans un contexte
d’immunodépression favorisant un portage chronique. Une étude menée en 2011 par JM
Mansuy et al.
dans la région Midi-Pyrénées montre une séroprévalence de 52% chez les donneurs de sang.
L’hépatite E en France et dans les pays développés
L’infection aigue :
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En 2010, on estimait à environ 1 000, le nombre d’hépatites E symptomatiques en France
(similaire au nombre d’hépatites A, établi sur les déclarations obligatoires).
L’infection aiguë à VHE 3 et VHE 4 dans les pays développés est souvent une maladie
s’autolimitant qui dure 4 à 6 semaines. Typiquement les patients présentent une concentration
des ALAT autour de 1500IU/L avec ou sans ictère. D’autres symptômes sont non-spécifiques
(anorexie, malaise, douleur abdominales, fièvre, nausée, arthralgies) et ne peuvent pas être
distinguées d’autres infections virales.
L’infection à VHE est plus commune chez les hommes d’âge médian 54 ans.
Cependant, la majorité des infections à HEV3 dans les pays développés semblent être
asymptomatiques.
La plupart des décès d’infections à VHE 3 sont causés par une défaillance aigüe ou subaigüe
du foie chez les patients avec une maladie du foie préexistante.
Deux études ont montrées une association entre la consommation de porc et la mortalité due à
une maladie chronique du foie dans les pays développés.
Le CNR (Centre national de référence) a mené une enquête sur les infections confirmées
positives: 139 patients atteints d’hépatite E strictement autochtone (ils n’avaient pas quitté le
territoire) ont été interrogés. L’interrogatoire mené sur les facteurs de risque a montré que 89
% avaient un contact avec des animaux (chats, chiens), 6 % s’approvisionnaient par un réseau
d’eau privé, 55 % mangeaient des coquillages, 100 % consommaient du porc : figatelli,
saucisses de foie de porc crues ou peu cuites dans 39 % des cas.
Les infections chroniques :
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Le VHE 3 cause une infection chronique, définie par la persistance d’ARN du VHE dans le sang
pendant 6 mois ou plus chez les patients immunodéprimés. Plusieurs cas ont été documentés
chez des patients transplantés.
Le passage à une forme chronique de l’hépatite E s’observe donc essentiellement chez des
patients transplantés, VIH+, recevant une chimiothérapie, un traitement anti-TNF?, voire une
corticothérapie (pour asthme). Dans les cas d’infections aiguës post-transplantation, le risque
de développer une hépatite chronique E et une cirrhose est de 2/3.
Manifestations extra-hépatiques du VHE :
· Complications neurologiques :
Ces formes représentent 5 à 8 % des hépatites E (polyradiculonévrites, syndrome de Guillain
Barré…).
· Autres complications associés au VHE :
- Glomérulonéphrite membrano-proliférative
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- Glomérulonéphrite membraneuse
- Pancréatite aigüe
Diagnostic de l’infection VHE en laboratoire:
Le diagnostic initial est généralement un diagnostic indirect sérologique, de par sa facilité de
mise en œuvre et la courte durée de virémie.
Sérologie
Après une incubation de 2 à 6 semaines, les IgM anti-VHE apparaissent dans le sang, au
moment où les transaminases s’élèvent et disparaissent 2 à 3 mois plus tard. Les IgG sont
détectables à partir de 5 semaines et persistent le plus souvent. C’est la détection des IgM
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spécifiques qui pose le diagnostic de l’hépatite E aigüe.
Des tests rapides IgM VHE sont aujourd’hui commercialisés, leur sensibilité et spécificité sont
satisfaisantes.
Techniques moléculaires
Après l’exposition, l’ARN viral peut être détecté juste avant les premiers symptômes cliniques à
la fois dans le sang et les selles. L’ARN du VHE ne persiste pas longtemps dans le sang
(indétectable au bout de 3 semaines après les premiers symptômes). La fenêtre de détection
de l’ARN est, de ce fait, rétrécie et si le patient présente des symptômes tardifs, un résultat
ARN VHE négatif n’exclut pas une infection récente.
Conclusion
Une hépatite E aigue doit être suspectée devant toute cytolyse hépatique.
Dans un contexte d’étiologie infectieuse, au regard des connaissances actuelles, une hépatite E
doit être recherchée au même titre que les autres hépatites virales A, B ou C. Chez
l’immunocompétent, la recherche d’une hépatite E aiguë repose sur la détection des IgM VHE
sériques ; chez l’immunodéprimé, la recherche de l’ARN viral dans le sang et/ou les selles est
indispensable.
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Kamar N et al. www.thelancet.com Published online April 30, 2012
RÉSUMÉ DE L’ARTICLE ORIGINAL- Hépatite E
Mansuy JM et coll : Hepatitis E Virus Antibodies in Blood Donors, France. Emerging Infectious
Diseases. www.cdc.gov/eid. Vol. 17, No. 12, December 2011
Option Bio Vol 25 - N° 501 - janvier 2014
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