VOTRE LABORATOIRE DE BIOLOGIE MÉDICALE Votr e bullet in d’ informa tion sur la b iologie mé dicale ÉDITORIAL L’HÉPATITE E Augmentation modérée et isolée des transaminases sur GAGNE DU TERRAIN signes cliniques de troubles gastro-intestinaux peu symptomatiques : il s’agit là d’un tableau on ne peut plus classique avec, bien souvent, la trilogie des marqueurs de l'hépatite ABC, voire EBV, qui revient négative. Mais un petit virus à ARN, connu depuis 1983, se rappelle à nous, le virus E. Les études épidémiologiques récentes font désormais figurer cette zoonose dans la catégorie des virus émergents en France avec une séroprévalence allant de 3,2 à 16,6 % selon un gradient prononcé Nord-Sud. L'hépatite E passe donc du statut de pathologie de retour du voyageur à celle d'endémie autochtone qu'il ne faut plus méconnaître d'autant que le diagnostic biologique est facile... si l'on y pense. Document édité par SAS LABSTER. 335, rue du Chêne Vert - 31670 Labège Tél. : 05 61 55 91 08 - Fax : 05 61 00 17 99 Société fondée par R. Fabre, J. Canarelli, J-F. Roubache, B. Rousset-Rouvière et B. Sébé Directeur de la Publication : R. Fabre Imprimé par l’imprimerie Ménard 2721 La Lauragaise - 31670 Labège • Parution mai 2013 Numéro ISSN : 2104 - 2136 LABINFO N°21 N°21 On dénombre chaque année 20 millions d’infections par le virus de l’hépatite dans le monde, plus de 3 millions de cas aigus d’hépatite E et 70 000 décès liés à la maladie (OMS). L’hépatite E n’est plus uniquement une pathologie du voyageur de retour d’une zone d’endémie, comme le sous-continent indien, la Chine ou l’Asie du sud-est. En France, le Centre national de référence (CNR Hépatite E) dénombre 200 à PORTRAIT EXPRESS 300 nouveaux cas annuels. Près de 70 % résultent de contaminations autochtones. DU VHE Dans l’Hexagone, le virus se transmet essen■ Virus ARN à simple brin tiellement par la consommation de produits non enveloppé. alimentaires contaminés, notamment à base de ■ Seul virus hépatotrope foie cru de porc, de sanglier ou de cerf, voire possédant un réservoir par transfusion sanguine. Les cas d’hépatite E animal mammifère ou aviaire. font l’objet d’une surveillance renforcée depuis ■ Quatre principaux 2010. génotypes. En France, circulent les souches de génotype 3. PATIENTS À RISQUE ■ Circule de façon En France, le VHE touche préférentiellement les endémique dans les pays où hommes après 55 ans. la fourniture en eau potable L’infection, d’évolution spontanément favorable et l'assainissement ne sont dans la majorité des cas, peut aussi évoluer pas maîtrisés et, de manière vers des formes sévères (fulminantes) chez sporadique, dans les pays les femmes enceintes, les patients atteints industrialisés. d’hépathopathie chronique et les personnes immunodéprimées. Encore faut-il y penser face à un tableau clinique proche de celui de l’hépatite A puis confirmer biologiquement le diagnostic. Outre les formes chroniques que l’on sait traiter et en l’absence de vaccin commercialisé en France (il existe en Chine, N.D.L.R.), la prévention reste la parade la plus efficace contre la maladie. PATIENTS Femmes enceintes RISQUE Forme fulminante dans les zones d'endémie. Aucun cas décrit en France. TRAITEMENT Mesures de prévention. Personnes immunodéprimées Évolution vers une forme chronique (60 % chez les patients transplantés) Risque de cirrhose Si possible, allègement du traitement immunosuppresseur en première intention. Ribavirine en monothérapie pendant 3 mois. Hépathopathie chronique sous-jacente Décompensation sévère lié à la surinfection, pouvant nécessiter une greffe hépatique en urgence (1 à 2 cas par an). Mesures de prévention. FICHE PRATIQUE SIGNES ÉVOCATEURS Lorsqu’elle est symptomatique, l’hépatite E se présente comme une hépatite aigüe classique pouvant évoluer vers des formes fulminantes. Symptômes les plus fréquents : l’ictère et l’asthénie. La durée d’incubation varie entre 15 et 60 jours. Durée Symptômes PHASE PRÉ-ICTÉRIQUE De 1 à 27 jours. PHASE ICTÉRIQUE Apparition brutale. Digestifs : douleurs abdominales, nausées, vomissements. • Ictère. • Urine foncée. • Selles décolorées. DES TESTS FIABLES Chez l'immunocompétent, la mise en évidence d’anticorps anti-VHE de type IgM suffit pour poser le diagnostic. Toutefois, le diagnostic de certitude de l'hépatite E aigüe repose sur la détection du génome viral par RT-PCR conventionnelle ou en temps réel à partir d'échantillons sanguins et de selles. Il est indispensable chez les patients immunodéprimés en raison d'une moins bonne sensibilité des tests sérologiques. PRÉVENIR LA TRANSMISSION A l'échelle individuelle, la prévention de l'infection au VHE passe d'abord par une bonne hygiène des mains, comme pour toutes les maladies à transmission alimentaire. Les produits les plus à risque pour le VHE sont ceux dont la transmission alimentaire a été démontrée : les produits à base de foie cru de porc consommés en l’état (cru) ou habituellement insuffisamment cuits (saucisses de foie fraiches ou sèches, foie sec, figatelli et quenelles de foie), les produits à base de sanglier ou de cerf (viande et abats) crus ou mal cuits (notamment la fressure - cœur, rate, foie, poumons - souvent consommée presque crue). Il est donc recommandé de consommer ces produits cuits à cœur. Pour les personnes à risque d'hépatite E fulminante, mieux vaut les déconseiller même cuits. ALGORITHME DIAGNOSTIQUE D’UNE HEPATITE E AIGUË.* Diagnostic d’une hépatite E aiguë ▼ ▼ Patient immunocompétent Patient immunodéprimé ▼ ▼ Recherche des IgM Recherche des IgM ▼ ▼ ▼ ▼ IgM- IgM + IgM- IgM + ▼ ARN VHE ▼ ▼ Absence d’infection récente par le VHE Infection récente Confirmation par mise en évidence de l’ARN VHE (PCR) ▼ ▼ ARN VHE- ARN VHE+ ▼ Pas d’infection récente par le VHE Infection récente ou évolutive Envoi de la souche au CNR* Détermination du statut (clairance ou persistance virale) par recherche de l’ARN VHE RÉFÉRENCES > Centre national de référence VHA VHE (http://www.cnrvha-vhe.org). > « Prévenir l'hépatite E chez les personnes susceptibles de développer une forme grave », Direction générale de la Santé, 2011. > « L’hépatite E : synthèse de l’épidémiologie humaine », Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), hors-série, 14 septembre 2010. LABINFO N°21 ▼ ▼ ▼ ▼ * Laboratoire de Virologie, Hôpital Purpan - Institut Fédératif de Biologie (IFB) 330, avenue de GrandeBretagne - TSA 40031 - 31059 Toulouse cedex 9 ▼