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Porter attention au coût du TDAH…
Le prix payé par les familles canadiennes, les gouvernements et la
société
CONTEXTE
Le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est, depuis longtemps, méconnu et banalisé. Il
fait l’objet de stigmatisation et n’est pas officiellement reconnu comme étant un trouble. Les recherches scientifiques actuelles
nous indiquent que le TDAH est le trouble de santé mentale le plus répandu chez les enfants, et ce, à l’échelle mondiale. C’est
également le trouble de comportement le plus souvent orienté vers des professionnels de la santé; plus de la moitié des cas
référés à un professionnel de la santé mentale résultent à un diagnostic de TDAH
. Les estimations prudentes indiquent qu’un
enfant sur vingt au Canada - un à deux dans chaque salle de classe - présente des symptômes de TDAH. La prévalence globale du
TDAH à travers le monde s’établirait à environ 5 %
. Le TDAH est un trouble chronique qui dure toute la vie pour la majorité des
personnes atteintes. Les spécialistes estiment qu’environ 60 % des enfants atteints de ce trouble continuent à présenter des
symptômes à l’âge adulte
. Toujours selon une estimation prudente, au Canada, on estime qu’un adulte sur vingt-cinq
présentera ce trouble.
Les répercussions du trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) sur la société canadienne vont
bien au-delà de ses effets importants sur les individus et leurs familles. Le « coût de la maladie » associé au TDAH pour tous les
groupes d’âge aux États-Unis est estimé à plus de 74 milliards de dollars (en utilisant des taux d’incidence prudents). Ceux-ci se
traduisent en des coûts potentiels de plus de 7 milliards de dollars au Canada. Comment cela se compare-t-il aux coûts associés à
d’autres troubles? Pour mettre ces chiffres en contexte, la dépression clinique coûterait, aux États-Unis, 44 milliards de dollars;
les AVC, 53,6 milliards de dollars; et l’abus de substances, la somme ahurissante de 180 milliards de dollars par année
. Les
estimations de coûts au Canada sont également inquiétantes; le Canada perdrait chaque année de six à onze milliards de dollars
en raison des pertes de productivité en milieu de travail (le coût est extrapolé à partir des statistiques américaines)
. Il est clair
que le TDAH n’est pas un trouble « insignifiant » comme certains l’imaginent.
Cet article examine certains des coûts connus du TDAH et indique ce que pourraient faire les gouvernements fédéral et
provinciaux pour diminuer ces coûts à long terme, qui sont importants. S’il n’est pas traité, le TDAH empêche une personne de se
réaliser à son plein capital humain et social, ce qui occasionne des répercussions sur l’économie canadienne. À l’inverse, si les
gouvernements fédéral et provinciaux investissent dans la prestation de services adéquats en regard du diagnostic, des
traitements et des interventions efficaces dans la prévention de troubles additionnels du TDAH, il en résultera des bienfaits
économiques et sociaux importants.
Alors que de nombreuses recherches nous indiquent que les coûts directs et indirects du TDAH sont profonds, nous
savons aussi que les symptômes de ce trouble répondent très bien au traitement
. Cependant, le manque actuel de
connaissances, de compétences et d’intégration des services dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de la justice, de
l’emploi, des services sociaux et autres secteurs représente un obstacle important au traitement.
Comme première étape, CADDAC demande que :
Les ministères de la Santé partout au Canada reconnaissent officiellement que le TDAH pose un risque pour le
développement et la santé.
Les établissements d’enseignement et de formation, les collèges et les universités ainsi que les ministères,
reconnaissent officiellement que le TDAH pose un risque pour le développement et la formation scolaire.
Les ministères de la Justice et des Services correctionnels reconnaissent que les personnes atteintes d’un TDAH
risquent d’avoir des démêlés avec la justice et pourraient devenir des contrevenants récidivistes.
Les ministères de la main-d’œuvre et de l’Emploi reconnaissent que le TDAH est un facteur de risque pour le chômage
et le sous-emploi.
Les ministères des Services sociaux reconnaissent que le TDAH non traité peut avoir des conséquences sur leurs coûts.
Des propositions additionnelles pour des changements au sein des politiques gouvernementales dans les secteurs de la santé,
l’éducation, la justice et l’emploi, qui sont nécessaires si l’on souhaite faciliter l’accès aux différents programmes de prévention
et d’intervention efficaces, sont décrites en détail dans les pages qui suivent.