Le PA des cardiomyocytes est caractérisé par sa
durée très longue (300 ms) par rapport au PA du
muscle squelettique (2 ms). Cette durée est liée à
la présence d’une phase de plateau due à un
courant dépolarisant retardé, le courant calcique
(ICa). Comme le montre la figure 8A, le PA des
cardiomyocytes est composé de 5 phases notées
de 0 à 4.
Phase 0 : potentiel de repos, il est stable et sa
valeur est comprise entre –90 mV et –
80 mV. Cette phase est due à une
perméabilité potassique dominante
appelée courant potassique de base IK1.
Phase 1 : dépolarisation rapide due au courant
sodique INa qui ramène le potentiel de
membrane (Em) à des valeurs de
l’ordre de +20mV.
Phase 2 : repolarisation rapide due à un courant
chlore ICl qui repolarise le Em vers
0mV.
Phase 3 : appelée aussi phase de plateau qui
maintient la dépolarisation à 0 mV
pendant une durée de 150 ms à peu
près. Cette phase est due au courant
calcique ICa.
Phase 4 : repolarisation retardée due au courant
potassique IK.
2.2.3. Automatisme cardiaque
L’automatisme cardiaque est lié à l’existence de
cellules automatiques appelées cellules
pacemaker localisées au niveau du nœud sinusal.
Ces cellules présentent une activité électrique
spontanée c’est à dire qui déclenche un PA sans
excitation externe. Cet automatisme est dû à la
présence d’un potentiel de repos instable. En
effet il y a une pente de dépolarisation
diastolique due à un phénomène très complexe
qui fait intervenir plusieurs canaux ioniques.
Cette pente de dépolarisation ramène le potentiel
de repos au seuil de potentiel, ce qui déclenche
l’ouverture des canaux calciques de type VOC et
la naissance d’un PA de type calcique. Ce PA est
caractérisé par (figure 9) :
- un potentiel de repos de l’ordre de – 60 mV (1)
- une pente de dépolarisation diastolique (2)
- une phase de dépolarisation plus lente que celle
du PA du myocarde (3).
Le PA qui prend naissance au niveau du nœud
sinusal se propage dans les deux oreillettes puis
atteint le nœud auriculo-ventriculaire. A partir de
ce nœud, le PA se propage par le tissu conducteur
formé par le faisceau de His puis le réseau de
Purkinje vers les deux ventricules. La propagation
du PA vers les ventricules commence par l’apex
du cœur puis remonte vers le haut des deux
ventricules.
Remarque : il y une barrière entre les oreillettes
et les ventricules qui empêche la propagation
directe du PA des oreillettes vers les ventricules.
Le seul endroit où s’effectue cette propagation est
le nœud auriculo-ventriculaire et le tissu
conducteur.
2.2.4. Electrocardiogramme ECG
Les courants ioniques qui naissent au niveau du
cœur se propagent dans tout le corps et peuvent
être enregistrés à la surface en plaçant des
électrodes à différents endroits (bras droit, bras
gauche et jambe gauche). Le signal enregistré
représente une ddp de surface et s’appèle ECG ou
électrocardiogramme (figure 10).
L’onde P correspond à la dépolarisation des
oreillettes
Figure 9 : PA et contraction du muscle
cardiaque
Figure 9 : PA des cellules du nœud sinusal