30 / LATITUDE 5 / N°84 / AVRIL 2009
La science de Planck : Un regard vers l’aube des temps
Selon le modèle du “Big Bang”, l’Univers actuel a émergé d’un
état extrêmement dense et chaud il y a environ 13,7 milliards
d’années. Dans son enfance, cet Univers était très lumineux.
Cette lumière a été considérablement diluée par l’expansion de
l’Univers. Dans le ciel, on observe encore son éclat, la radiation
appelée rayonnement fossile cosmologique, dans le domaine des
microondes. Planck observera les reliques de cette première
lumière, et dévoilera l’Univers tel qu’il était “seulement” 380 000
années après le “Big Bang”, bien avant la formation des premières
étoiles, galaxies et amas de galaxies, emmenant les scientifiques
au plus près qu’ils n’ont jamais été des origines de l’Univers.
Le télescope de Planck concentrera la lumière du rayonnement
fossile cosmologique sur des réseaux de détecteurs, qui
produiront une mesure de température. Pour une précision
sans précédent, ces détecteurs doivent être très froids, à des
températures aussi basses que 0.1 K, car par le refroidissement
de l’Univers la température que Planck va mesurer n’est
actuellement que d’environ -270°C (2.7 K). Les variations
de température du rayonnement fossile cosmologique que ces
détecteurs doivent mesurer sont d’environ un millionième de
degré – c’est comme si l'on mesurait depuis la Terre la chaleur
dégagée par un lapin qui se trouverait sur la Lune !
Le satellite Planck (environ 4,2 mètres de hauteur, 4,2 mètres
de diamètre maximum et 1,96 tonnes au décollage) consiste en
deux éléments principaux : un module froid de charge utile,
qui comprend les deux instruments scientifiques et le télescope,
et une plateforme satellite, ou module de service. Les
instruments et le télescope sont refroidis à une température
stable d’environ -223°C (50 K) par le système passif de
refroidissement. La température des détecteurs est refroidie
jusqu’à des valeurs aussi basses que 0,1 K, par le système actif
de refroidissement. Trois boucliers thermiques réfléchissants
empêchent la diffusion de la chaleur du module de service vers
le module de charge utile. Le module de service, de forme
octogonale, loge les systèmes de traitement de données et de
communication ainsi que l’électronique des instruments. Sous
la base du module de service se trouve un panneau solaire
circulaire plat, illuminé en permanence, qui a la double fonction
de générer l’énergie nécessaire pour le satellite et de le protéger
de l’incidence directe de la radiation solaire.
Les deux instruments scientifiques de Planck, un instrument
à haute fréquence (HFI) et un instrument à basse fréquence (LFI),
se compléteront parfaitement. L’Institut d’Astrophysique Spatiale
d’Orsay (France) a dirigé un consortium de plus de 20 instituts
pour HFI ; pour LFI, c’est l’Istituto di Astrofisica Spaziale e Fisica
Cosmica de Bologna (Italie) qui a dirigé une collaboration similaire.
Le maître d’œuvre pour Planck est Thales Alenia Space (Cannes,
France), qui dirige un consortium de partenaires industriels, et
est responsable pour le module de charge utile. Thales Alenia
Space (Turin, Italie) est responsable pour le module de service.
L’ESA et le Centre national spatial danois (Copenhagen,
Danemark) ont fourni les miroirs du télescope. 4
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Planck en salle blanche à l’EPCU S1B.
© ESA / S. Corvaja
Les miroirs primaires : à la pointe de la technologie
Le miroir primaire est le capteur de lumière du télescope. Il capture
la lumière des objets astronomiques et la dirige vers un deuxième
miroir plus petit. Cette lumière concentrée est alors envoyée
aux instruments, où elle est détectée et analysée.
Les dimensions du miroir primaire ont une importance majeure
pour la sensibilité du télescope : plus il est grand, plus il capture
de lumière. La surface est également importante. Elle doit être
précise dans sa forme et parfaitement régulière car même les
rugosités les plus faibles peuvent altérer l’image finale. Finalement,
pour un télescope spatial, il doit être très léger (comme tous les
équipements d’un satellite) et doit résister aux conditions extrêmes
du lancement et aux basses températures de l’espace extérieur.
Celui d’Herschel fait 4 fois la taille du plus grand miroir utilisé pour
un télescope spatial infrarouge, et capturera presque 20 fois plus de
radiation. Il est aussi presque une fois et demie plus grand que celui
du télescope spatial Hubble. Sa surface est quasi parfaite, avec
des irrégularités qui ne dépassent pas le millième de millimètre.
Celui de Planck, de 1,9 x 1,5 mètres, est également très grand pour
une mission spatiale, avec une masse de seulement 28 kg.