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Pour mesurer l'amplitude de la crise économique, suivre ses effets au plus près et piloter ainsi
l'action gouvernementale, le canton de Genève peut s'appuyer sur un grand nombre
d'indicateurs statistiques. C'est ainsi que l'indicateur avancé LEA-Pictet-Ocstat, qui mesure
les tendances de l'économie genevoise pour les 6 à 9 mois à venir, s'est fortement replié
entre septembre 2008 et janvier 2009. Cet indicateur avancé laisse donc augurer un repli qui
se poursuivra jusqu'à la fin de l'année 2009, aucune reprise n'étant anticipée d'ici là.
L'ensemble des secteurs économiques analysés reflète d'ailleurs cette tendance. Alors qu'elle
était estimée encore positivement en octobre 2008, la marche des affaires dans l'industrie
s'est détériorée dès le mois suivant, et de façon plus marquée en mars 2009. Les exportations
sont en recul pour la première fois depuis 2005. En ce qui concerne plus spécifiquement les
exportations horlogères, qui représentent près de 50% du total, elles sont en légère
diminution, de même que celles de l'industrie chimique. Il faut toutefois relever que les années
2007 et 2008 ont battu des records en termes d'exportations.
Dans le commerce de détail, hors secteur alimentaire, la marche des affaires est jugée
mauvaise par les commerçant-e-s, et de façon nettement plus marquée dès le mois de mars.
Dans les services (services immobiliers exceptés), elle est jugée encore positive, mais
néanmoins touchée par le ralentissement conjoncturel. Dans le secteur de la construction, la
marche des affaires est contrastée : jugée bonne dans le gros œuvre, elle est considérée
comme mauvaise dans le second œuvre (travaux d'aménagement). Enfin, l'indice genevois de
prix à la consommation a reculé en glissement annuel de -0,7% en mars 2009.
L'aéroport international de Genève connaît aussi un fléchissement de la fréquentation, après
sept années consécutives de records historiques. Les chiffres restent toutefois plus élevés
qu'en 2007. La baisse enregistrée sur les trois premiers mois de l'année ne peut par ailleurs
être entièrement attribuée à la crise car nous devons tenir compte d'éléments de calendrier
(les vacances de Pâques étaient en avril au lieu de mars, le mois de février comptait 28 jours
contre 29 l'an dernier, etc.). Même remarque dans l'hôtellerie, où les nuitées enregistrées au
mois de février sont en diminution de -15,9% par rapport au même mois en 2008. Il faut
relever que là aussi, les années 2007 et 2008 ont battu des records, le nombre total de
nuitées approchant les 3 millions l'an dernier.
Conséquence de cette détérioration générale du climat économique, le taux de chômage du
canton de Genève est reparti légèrement à la hausse (6,3% en mars 2009), après plus de
deux ans de décrue, alors que le nombre de demandeurs d'emploi s'est remis à progresser en
février 2009. Dans l'optique de conserver leurs employé-e-s et les compétences, les
entreprises ont toutefois largement préféré faire appel aux réductions d'horaire de travail, qui
ont fortement progressé depuis le début de l'année pour concerner plus de 2200 travailleuses
et travailleurs. Pour faire face à cet afflux de demandes, le Bureau emploi-entreprises de
l'Office cantonal de l'emploi dispose d'une ligne téléphonique hotline permettant aux
entreprises d'obtenir tous les renseignements nécessaires sur l'octroi des réductions d'horaire
de travail (RHT, chômage technique ou partiel). Les annonces de licenciements collectifs se
situent, depuis le début de l'année à environ 180 employé-e-s par mois (556 fin mars, dont
317 domicilié-e-s à Genève, 67 dans d'autres cantons et 172 frontalières et frontaliers). Par
ailleurs, la croissance générale de l'emploi, bien que toujours positive, a ralenti au quatrième
trimestre 2008.