DEUXIÈME PARTIE SOCIOLOGIE CHAPITRE 1: CLASSES

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DEUXIÈME PARTIE
SOCIOLOGIE
CHAPITRE 1: CLASSES, STRATIFICATION ET MOBILITÉ SOCIALE.
Section 1: Comment analyser la structure sociale ?
I. Les analyses fondatrices de Karl Marx et de Max Weber.
A. L’analyse de Karl Marx : classes sociales et conflits sociaux.
Doc 1 p 186.
K. Marx (1818-1883) est un auteur complexe puisque ses travaux sont aussi bien philosophiques qu´économiques,
sociologiques, historiques, ou encore politiques et journalistiques. En sociologie, il a été à l´origine d´un courant de
pensée particulièrement influent jusqu´à nos jours. Au centre de sa pensée se trouve le concept de classe sociale.
K. Marx critique en fait la pensée économique classique qui ne voit dans la société qu´un ensemble d´individus libres et
égaux. Pour lui, au contraire la société peut être divisée en deux grands groupes. Ceux-ci se définissent d´un point de vue
économique. Le premier groupe est constitué de ceux qui possèdent les moyens de production (machines, usines...).: ce
sont les capitalistes. L´autre groupe englobe tous les individus qui ne possèdent que leur force de travail et qui
l´échangent contre salaire: ce sont les prolétaires. Si pour les économistes classiques libéraux, la relation entre ces
différents types d´individus est basée sur un libre contrat (le contrat de travail), pour Marx, elle engendre une relation de
domination. Les capitalistes contraignent les prolétaires à accepter des salaires faibles et des conditions de travail
dégradantes. Ils profitent de leur rapport de force pour payer les prolétaires en dessous de la valeur de leur travail et les
spolier de la plus-value.
C´est en prenant conscience de leur condition d´aliénés et de leur relation conflictuelle avec les capitalistes que les
prolétaires constituent une véritable classe sociale. C´est alors que la classe sociale peut avoir un rôle politique en
réclamant des changements qui sont susceptibles de transformer la société en modifiant les rapports de classe. Pour
qualifier la conception selon laquelle les individus ont conscience de leur appartenance de classe, on parle d’approche
« réaliste » : les classes sociales ont une existence réelle, dans la conscience des individus.
B. L’analyse de Max Weber : les groupes de statut.
Doc 3 p 187.
M. Weber (1864-1920) est considéré, comme K. Marx, comme un des auteurs fondateurs de la sociologie. Son approche
de la société est cependant différente. Il met en relief l'existence de trois types de classement hiérarchique :
-économique, en fonction des possibilités d'accéder à la consommation. Le critère économique ne donne pas une
vraie identité, même si les actions de classe peuvent exister en fonction d'intérêts communs.
-social, en fonction du prestige de chaque individu. Ce sont les groupes de statut. Les différents groupes de statut
ont des styles de vie différents.
-politique, en fonction du pouvoir d'agir dans les affaires publiques. Les groupes formés par ce critère
correspondent aux partis politiques.
Ces groupes n’ont pas nécessairement d’existence dans la conscience des individus. Il sont observés par le statisticien, par
le sociologue. On parle alors d’approche « nominaliste ». Si les individus ont des points en commun, ils n’ont en revanche
pas de raison de constituer des groupes dont le moteur soit une position antagoniste structurelle avec un autre groupe. Ils
peuvent s’unir dans certaines circonstances afin de lutter pour des intérêts communs. Le conflit n'est donc pas au centre de
la vie sociale, il ne constitue pas la clef de voûte de l'organisation sociale.
Doc 4 p 187.
C. L’influence de K. Marx et M. Weber : l’analyse de P. Boudieu.
P. Bourdieu (1930-2002) a subi l’influence de K. Marx et de M. Weber. Comme M. Weber, il estime que la hiérarchie
sociale dépend de trois critères. Chaque individu est doté d'un capital qui se divise donc en trois parties :
-économique : qui fournit certaines facilités matérielles,
-culturel : il s'agit essentiellement d'aptitudes acquises dans la famille mais qui sont fortement valorisées à l'école
(langage, familiarité avec la culture ...),
-social : ensemble de connaissances sociales qu’on utilise comme ressources pour obtenir certains avantages,
comme un emploi.
P. Bourdieu a montré comment la possession de ces différents types de capitaux peut avoir un impact sur la réussite
sociale. Il a étudié en particulier la résussite des individus au sein du système scolaire. Chacun de ces facteurs y joue un
rôle mais le capital culturel y est primordial. Pour P.Bourdieu, l'école contribue à "faire le tri" entre ceux qui sont dotés de
ce capital et ceux qui en sont dépourvus. Ce capital étant acquis à l'intérieur de la famille, on peut dire que l'école n'efface
donc pas les inégalités. P. Bourdieu porte une critique très dure au système scolaire. Celui-ci aurait pour fonction de
légitimer par le diplôme les inégalités qui existent au sein de la société. En effet, en acceptant le principe de l´égalité des
chances, selon lequel les diplômes seraient proportionnels au mérite des individus, on ne peut percevoir la violence
symbolique faite à l´école sur les membres des classes populaires, et qui aboutit à un ordre pas forcément légitime au sein
de la société. Ainsi, P. Bourdieu reprend à son compte l’idée marxiste d’une domination structurelle de certains groupes
au sein de la société.
Doc 3 p 193. Doc 2 p 196.
II. Les débats contemporains autour de la notion de classe sociale.
A. La disparition des classes sociales.
Pour certains sociologues contemporains, la notion de classe au sens marxiste a perdu sa pertinence. Ceci est dû aux
transformations de la société contemporaine.
Doc 2 p 194. Doc 3 p 195.
Il semble d’abord que la classe moyenne (employés, professions intermédiaires, cadres) émerge et devienne
numériquement très importante voire centrale. Il s’agit de personnes ayant des modes de vie semblables, même s’il existe
évidemment de inégalités (de revenu par exemple). De plus en plus de personnes se classent elles-même dans des
catégories moyennes. Les membres de la classe moyenne ont des caractéristiques communes. Ils ne sont pas une caste de
dirigeants, ils ne sont pas non plus un prolétariat dominé. La classe moyenne regroupe des réalités professionnelles qui
sont disparates et ceci empêche un sentiment d'appartenance de classe, tel qu'il existait dans le prolétariat ouvrier. Pour
preuve, on peut montrer qu´on ne trouve aujourd´hui aucun équivalent du Parti Communiste, en tant que parti
représentant étroitement un groupe social.
La nouvelle organisation des entreprises, moins bureaucratique, plus flexible, où l´individu prime sur la structure, a
également un impact sur la disparition de ce sentiment de classe. Autrefois, le salarié se trouvait inclus dans une
catégorie, qui correspondait à sa qualification, et dans laquelle tout le monde partageait les mêmes conditions de travail.
Aujourd´hui, les réseaux d´entreprises ne sont qu´un collection d´individus atomisés.
Selon certains sociologues, il existe des catégories populaires, mais elles ne se limitent pas au monde ouvrier. Celui-ci, au
centre de la réflexion marxiste, a tendance à disparaître. Le monde populaire est en réalité divisé en différentes souscatégories. On peut en particulier distinguer le monde ouvrier, à l’origine très masculin, de catégories plus féminines
(métiers du commerce, d’entretien...). Leurs comportements sont parfois différents, du point de vue culturel ou politique
par exemple.
Doc 1 & 2 p 192.
Ainsi, les différences sociales seraient aujourd’hui davantage liées à d’autres critères comme l’âge, le genre, le style de
vie. On constate l’apparition de réseaux (cf cours de première) construits par les individus. Ces groupes sociaux seraient
basés sur des relations choisies par les individus au sein d’une société dite relationnelle, où l’appartenance est de moins en
moins contrainte.
B. Des catégories populaires toujours dominées.
Certains indices nous amènent à relativiser le point de vue du paragraphe précédent. En effet, le processus de
moyennisation, s´il a bien eu lieu pendant les Trente Glorieuses, semblerait s´être enrayé dans les années 80. À ce
moment-là, de nombreux facteurs se sont joints pour rétablir une forme de polarisation de la société. Le ralentissement de
la croissance entraîne en effet une stagnation salariale. Certaines catégories se trouvent même aujourd’hui dans une
dangereuse situation de décrochage, qui peut engendrer un processus d’exclusion : emploi précaire, chômage, pauvreté,
exclusion.
Tandis qu’à l’opposé, d’autres catégories voient leur situation s’améliorer. Ceci est lié à une meilleure rémunération des
revenus du capital. De plus, la reproduction scolaire décrite par P. Bourdieu entretient ce phénomène. La catégorie
bourgeoise continuerait de creuser l’écart du point de vue économique avec les autres. Ceci serait d’ailleurs aussi le cas à
propos de leur style de vie mais aussi de leur capacité à se mobiliser pour défendre leurs intérêts.
On observerait donc une persistance voire même une tendance structurelle à l’augmentation des différences. On aurait
donc bel et bien un clivage de type marxiste.
Doc 1 & 2 p 198. Doc 3 p 199.
III. Outils statistiques.
A. Les professions et catégories socioprofessionnelles.
La nomenclature des PCS est un outil qui vise à donner une image simplifiée de la structure de la société française, en la
regroupant dans des catégories socioprofessionnelles. Cette nomenclature est représentée comme un ensemble de grands
groupes sociaux homogènes. Dans chaque catégorie, on trouve des individus qui ont des modes de vie, des
comportements sociaux semblables. Il ne s’agit donc pas à proprement parler de décrire des groupes ayant une conscience
de classe, c’est-à-dire des classes sociales au sens marxiste.
Les différences sociales sont considérés comme le résultat de différences professionnelles. Les individus sont ainsi classés
selon leur profession. On s´intéresse donc à la population active. Les différentes professions sont classées en fonction de
cinq critères: statut, niveau de qualification, niveau hiérarchique, type de métier, secteur d´activité.
La nomenclature regroupe six grandes catégories:
1. agriculteurs exploitants (indépendants du secteur primaire),
2. artisans, commerçants, chefs d´entreprise (indépendants des secteurs secondaire et tertiaire),
3. cadres et professions intellectuelles supérieures (niveau de qualification important)
4. professions intermédaires (niveau de qualification et hiérarchique intermédiaires)
5. employés (niveau de qualification modéré, métier de service)
6. ouvriers (niveau de qualification modéré, métier manufacturier).
Doc 2 p 190.
B. Le projet de l’ESeC.
Eurostat est un organisme dépendant de la Commission Européenne chargé d’établir des données statistiques. Il a le projet
d’harmoniser à l’intérieur de l’Union Européenne les outils statistiques permettant de décrire les catégories sociales. Ce
projet se nomme European Socio-economic Classification (ESeC). Cette nomenclature est basée sur les travaux de J. H.
Goldthorpe. Selon lui, la position sociale de l’individu doit prende en compte la situation qu’il occupe au sein de l’unité
productive où il travaille en décrivant sa relation de travail avec le reste des membres de l’unité productive, en particulier
sa capacité décisionnelle.
Les statisticiens ont abouti à une nomenclature en neuf catégories. Elle possède de nombreux points communs avec celle
des PCS, mais des différences existent. Par exemple, ouvriers et employés peu qualifiés (femme de ménage, chauffeur,
livreur...) sont réunis dans une même catégorie (« routine occupations »). De même ESeC réunit cadres supérieurs et
chefs de grandes entreprises (« higher salariat ») alors que ces derniers se trouvent avec les autres propriétaires
d’entreprises dans la nomenclature des PCS (artisans, commerçants, chefs d’entreprises).
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