« Je serais la pire des patientes, dit en riant
la D
re
Michelle Alfa. Je questionnerais
sans relâche pour savoir comment les
instruments ont été nettoyés. »
Les inquiétudes de la D
re
Alfa sont fondées,
car les hôpitaux du monde entier doivent
lutter contre des infections liées aux
appareilsmédicaux.
Généralement parlant, deux types d’infections
touchent les patients hospitalisés, explique
la D
re
Alfa, chercheuse principale sur les
maladies infectieuses au Centre canadien
de recherches agroalimentaires en santé et
médecine (CCRASM).
Les infections « endogènes » sont causées
par des bactéries présentes dans l’organisme
du patient, comme dans le cas de l’infection
d’une lésion post-chirurgicale attribuable à
des bactériesà la surface de la peau.
La D
re
Alfa se concentre sur la prévention
des infections « exogènes» qui débutent
à l’extérieur de l’organisme du patient. Ces
infections sont causées par des bactéries
présentes dans l’environnement dans lequel
se trouve le patient ou par des appareils
médicaux contaminés.
« Les infections dues à la bactérie Clostridium
difficile peuvent être attribuables au simple
fait d’avoir touché à une surface sale dans
une salle de bain, explique la D
re
Alfa. Pour
certains patients, les infections à C. difficile
prolongent l’hospitalisation et peuvent
mêmeêtre fatales. »
On note un regain d’intérêt dans le monde
pour les infections hospitalières, en partie
en raison d’une éclosion de NDM E.coli
survenue aux États-Unis, au début de 2014.
Cette bactérie est résistante à la plupart des
antibiotiques. NDM E.coli et d’autres bactéries
peuvent être propagés par des instruments,
comme des endoscopes souples, qui n’ont pas
été adéquatement désinfectés.
« Ce genre d’instruments demandent un
nettoyage adéquat et une désinfection
soigneuse entre chaque utilisation, mentionne
la D
re
Alfa. Leur nettoyage exige un processus
manuel complexe qui se fait en plusieurs
étapes. Parfois, ils ne sont pas parfaitement
nettoyés. C’est une difficulté à laquelle tous les
hôpitaux sont confrontés. »
La D
re
Alfa et son équipe examinent la
question pour déterminer si certaines
parties du processus de désinfection peuvent
être automatisées. Il s’agit notamment
d’effectuer des études cliniques pour des
entreprises privées, y compris des joueurs
majeurs, comme Johnson & Johnson, en
plus de chercher des façons d’améliorer les
processus manuels.
« Nous n’essayons pas seulement d’en
apprendre plus sur les moyens de garder le
milieu hospitalier et les appareils médicaux
propres, dit-elle, nous essayons d’intégrer les
résultats de nos recherches, de déterminer
les pratiques exemplaires, et de mettre en
œuvre ces pratiques de façon réaliste.
Sur le plan régional, la D
re
Alfa observe et
commente les méthodes utilisées à l’Hôpital
Saint-Boniface et elle est satisfaite de ce
qu’elleconstate.
« Les responsables de l’entretien ménager
et le personnel qui nettoie l’équipement
médical sont aux premières lignes de la
lutte aux infections, affirme la D
re
Alfa. Nous
faisons un excellent travail ici, mais chaque
hôpital doit faire preuve d’une constante
diligence et viser l’amélioration. »
« Les responsables de l’entretien ménager et le personnel qui nettoie l’équipement
médical sont aux premières lignes de la lutte contre les infections. »
Le souci de la propreté
Réduire les infections par la recherche
La Dre Michelle Alfa (à droite) et son équipe cherchent de meilleures méthodes pour nettoyer le matériel.
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