Les jeunes Européens de plus en plus touchés par le cancer Alors

Les jeunes Européens de plus
en plus touchés par le cancer
Alors que la prise en charge des cancers s’est améliorée, la proportion d’enfants et
d’adolescents atteints augmente de 1 à 1,5 % chaque année. Parmi les raisons possibles,
les chercheurs évoquent des facteurs environnementaux.
Les cancers sont en augmentation constante chez les enfants et les adolescents, depuis trois
décennies et dans tous les pays d’Europe. Ce bilan inquiétant ressort d’une étude menée par
l’équipe de la Dre Eva Steliarova-Foucher, directrice de recherche au Centre international de
recherche sur le cancer, publiée en décembre 2004 dans la revue internationaleThe Lancet.
Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont épluché les dossiers de quelque 113 000
enfants et 18 243 adolescents, atteints entre 1970 et 1999 et issus de 19 pays différents. Ils ont
constaté que le nombre de cas augmentait en moyenne de 1 % par an pour les plus jeunes, de
1,5 % pour leurs aînés. Plus grave encore, ils ont décelé une accélération de cette tendance.
Un constat qui ne surprend pas vraiment la Dre Geneviève Barbier, coauteur avec Armand
Farrachi de La Société cancérigène (éditions de la Martinière) : « Nous le pressentions depuis
longtemps, grâce aux travaux réalisés à l’étranger – notamment en Italie et aux Etats-Unis. Mais
cette étude a l’immense mérite d’appuyer là où ça fait mal. Nos gouvernants ne pourront plus
plaider l’ignorance. » Pour la Dre Barbier, « chaque cancer d’enfant est un scandale. Chaque cas
devrait fait l’objet d’une analyse extrêmement poussée. Cela ne se fait jamais : on se contente de
soigner sans réellement chercher à comprendre les causes. »
Les causes, précisément, ne sont pas véritablement éclairées par les travaux d’Eva Steliarova-
Foucher. Si l’étude distingue les affections selon les âges (les enfants souffrent plutôt de
leucémies, les adolescents de lymphomes et de carcinomes) et selon les sexes (les garçons
semblent plus touchés que les filles), il ne fournit aucune explication définitive quant à leurs
origines et leur développement.
L’influence de Tchernobyl
Parmi les pistes explorées, le rôle potentiel des pesticides et du benzène dans l’environnement
a été pointé. Les séquelles de la catastrophe de Tchernobyl apparaissent sous forme d’un nombre
très important de cancers de la thyroïde en Europe de l’Est dans les années 1990. « Mais avec les
données dont nous disposons, on ne peut rien dire de plus », regrette Eva Steliarova-Foucher,
précisant que « d’autres études sont en cours ».
« Le problème, estime pour sa part Geneviève Barbier, est que les cancers chez les moins de
20 ans ne représentent que 1 % de l’ensemble. Du fait de cette relative rareté, les études à grande
échelle font cruellement défaut. Même si le mot est horrible, il est plus “rentable” de chercher des
remèdes aux seules affections qui touchent la plus large part de la population. »
Les travaux des chercheurs consacrent, par ailleurs, les progrès importants qui ont été faits
dans la prise en charge des jeunes malades. Le comparatif du taux de survie chez l’enfant, cinq
ans après le diagnostic, est édifiant : il était de 44 % seulement au début des années 1970, de
64% dans les années 1980 et de 73 % à la fin des années 1990.
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Mais là encore, il existe une différence entre Est et Ouest. La survie
moyenne dans les années 1990 plafonnait à 64 % en Europe de l’Est
contre 75 % à l’Ouest. « Notre marge de progression est immense,
conclut la Dre Steliarova-Foucher. Mais pour aboutir, il est grand
temps de sonner la mobilisation générale. »
Cédric Portal
Lexique
Leucémie : prolifération cancéreuse de cellules des globules blancs dans la moelle osseuse et
le sang.
Lymphome : prolifération cancéreuse prenant naissance dans le tissu lymphoïde et, en
particulier, dans les ganglions lymphatiques.
Carcinome : tumeur maligne qui peut se développer sur la peau, les muqueuses digestives,
respiratoires, génitales et urinaires, sur toutes les glandes annexés à ces tissus et sur les glandes
endocrines.
Encadré
La joie de vivre des enfants guéris
Le cancer ne condamne pas nécessairement les enfants guéris à une vie déprimante. C’est, en
tout cas, ce qu’affirme une étude psychologique publiée dans le numéro de février de la revue
américaine Pedriatrics(1).
Selon ce travail dirigé par le Dr Smita Bathia, spécialiste du cancer chez l’enfant au centre
médical national City of Hope de Duarte, en Californie, les bambins qui ont subi un traitement et
sont tirés d’affaire « sont aussi heureux de vivre que les enfants en bonne santé. Ils ne sont pas
affectés par l’expérience qu’ils ont vécue ».
L’étude portait à la fois sur les problèmes physiques – notamment la douleur et la restriction des
activités – et sur les problèmes psychologiques : peur de la mort, anxiété… La conclusion est
claire : « Les parents doivent être rassurés par le fait de savoir que les petits survivants peuvent
laisser le cancer derrière eux. »
C. P.
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