Génétique et tumeurs germinales du testicule

publicité
Progrès en Urologie (2003), 13, 1257
Génétique et tumeurs germinales du testicule
Olivier CUSSENOT , Georges KOURI
L'incidence annuelle des tumeurs germinales du testicule, ajustée à
l'age, est en augmentation. La proportion des cancers du testicule
où la susceptibilité génétique serait prépondérante est estimée à
25%.
La cytogénétique et les techniques de biologie moléculaire ont
montré que les altérations génétiques présentes dans les cellules
tumorales sont impliquées ou associées a la carcinogenèse testiculaire.
Les données épidémiologiques permettent également d'appréhender
l'implication de facteurs génétiques :
I. LES DIFFERENCES GEOGRAPHIQUES OU
ETHNIQUES
Les différences géographiques ou ethniques pour le cancer du testicule peuvent témoigner d'une exposition différente à des facteurs
carcinogènes extérieurs et/ou d'une susceptibilité génétique à ces
facteurs extérieurs.
malies du développement urogénital et la prédisposition au cancer
du testicule
L'existence d'un apparenté atteint de cancer du testicule augmente
le risque de cancer du testicule chez les hommes de la famille,
parents au premier degré. Ce risque est plus élevé pour les frères
que pour le père et les fils d'un individu atteint.
L'évocation d'une anomalie génétique héréditaire transmise au
cours des générations successives au sein de certaines familles
n'exclut cependant pas l'implication de facteurs environnementaux
tels que les facteurs hormonaux maternels (oestrogènes) au cours
de la période prénatale, ou l'alimentation au cours de la période
pubertaire.
Des travaux réalisés par l'International Testis Cancer Linkage
Consortium ont permis récemment de localiser un gène de prédisposition en Xq27, appelé TCGT1 (testicular germ cell tumor 1)
et ont montré une association entre cette localisation et la présence
de tumeurs bilatérales et d'une cryptorchidie. Cependant dans 25%
des cas de formes familiales la transmission n'est pas liée à l'X,
d'autres gènes de prédisposition sont donc à découvrir .
II. LES FORMES FAMILIALES
III. IMPLICATIONS CLINIQUES
Les observations d'agrégation familiale de cancers du testicule et
les observations de cancers chez les jumeaux suggèrent qu'une altération génétique commune contribue au développement de ces
tumeurs dans ces familles. La fréquence des formes familiales
(famille présentant au moins 2 cas de cancers du testicule) varie
selon les études de 1,2 à 3.5%. Avec l'hypothèse que tous les
patients avec des tumeurs testiculaires bilatérales ont la même prédisposition familiale , la fréquence de celles-ci permettrait d'extrapoler à 33% le nombre de cancers du testicule d'origine familiale (
modèle de Nicholson et Harland ) .
Les formes familiales ont certaines caractéristiques différentes des
cancers sporadiques :
Reconnaissance d'une population d'hommes susceptibles de présenter une forme héréditaire compatible avec la transmission d'un gène
majeur de prédisposition :
- 3 cancers du testicule chez des apparentés du premier degré.
- 2 cancers du testicule chez des apparentés du premier degré dont
au moins une forme bilatérale.
Le dépistage doit alors porter chez les apparentés du premier et
deuxième degré (oncles maternels et neveux issus des sœurs).
- les patients lors du diagnostic sont significativement plus jeunes.
L'existence d'un cancer du testicule associé à un antécédent de
cryptorchidie doit faire rechercher la possibilité d'une prédisposition héréditaire génétique.
- les formes bilatérales sont plus fréquentes , 8 à 10% versus 2 à 3%
; elles surviennent rarement de façon synchrone.
Les formes héréditaires de cancer du testicule n'ont pas de spécificité anatomo-clinique ou thérapeutique.
L'association avec des anomalies de l'appareil urogénital (cryptorchidie, hernie , hydrocèle) est bien établie. La cryptorchidie constitue un facteur de risque démontré avec un risque relatif qui varie de
2.5 à 8.8 pour un patient atteint de cryptorchidie par rapport à un
sujet normal. Cette association semble plus fréquente dans les formes familiales que dans les formes sporadiques.Ces données sont
en faveur d'une relation entre les mécanismes en cause dans les ano-
REFERENCES
1. CUSSENOT O., FOURNIER G. : Hérédité et tumeurs urologiques de l'adulte. Flammarion 2003.
2. CZENE et al : The Swedish Family Cancer Data Base. 2002.
1257
3. JONES W.G. : Germ Cell Tumors - Nicholson et Harland, chapter 3, 1998 :
17-25.
Téléchargement