Découvertes par des conquistadores
espagnols au XVIesiècle (la première men-
tion de la plante a été faite en 1553 par
Pedro Cieza de Leon), les premières pas-
siflores furent introduites en Europe au
XVIIIesiècle, mais il fallut attendre 1820
pour que naisse le premier cultivar.
Aujourd’hui, les hybrides se comptent par
centaines car la plante se croise très facile-
ment, y compris de manière naturelle.
FLEUR DE LA PASSION
Le nom Passiflora a été officialisé en 1737
par Carl von Linné (1707 - 1778), qui à
l’époque reconnut vingt-deux espèces. Il
s’est inspiré du latin passio, souffrir la
Passion de Jésus-Christ, et flora, fleur. Le
mot passiflore avait déjà été utilisé en
Amérique du Sud par les premiers mis-
sionnaires, qui avaient vu dans les or-
ganes de la fleur, l’ensemble symbolique
des éléments marquant de ce dramatique
épisode de la Bible.
Le cercle régulier de filaments effilés
rappelle la couronne d’épines. Les trois
styles du pistil évoquent
les clous qui fixèrent
Jésus sur la croix et
l’ovaire le marteau qui
les planta. Les feuilles, qui chez certaines
espèces sont trifides, figurent la lance qui
perça le flanc du Christ, les vrilles le fouet
qui le flagella et les cinq étamines les cinq
plaies qu’il avait sur le corps. Quant aux
dix pétales et sépales de la fleur, ils rap-
pellent les dix apôtres fidèles (Judas et
Saint-Thomas exclus).
Le genre Passiflora se caractérise par sa
couronne de filaments, sa structure à cinq
étamines, sépales et pétales (presque tou-
jours) et des organes sexuels proémi-
nents, portés à l’extrémité d’une colonne
(androgynophore). On ne connaît pas de
passiflores épiphytes.
SYSTÉMATIQUE MODERNISÉE
La classification des passiflores est assez
complexe. Elle a été revue en 2004 par
John MacDougal et Christian Feuillet.
Ils ont reconnu 520 espèces et les ont ré-
parties en quatre catégories (sous-
genres). Ce travail a eu pour but de
simplifier la « monographie des passiflo-
HOMMES &PLANTES N° 71 - 25
LA COLLECTION NATIONALE DE PASSIFLORES
Dans une serre de 200 m2intégrée à la pépinière
de Daniel Hermelin à Cormeray dans le Loir-et-
Cher, Christian Houël a réuni environ 540 taxons
de passiflores, dont 300 espèces pures et un bel
assortiment d’hybrides. Il fait par-
tie de la dizaine de collection-
neurs français « sérieux ». La
diversité, la qualité des plantes et
la précision d’identification ont
valu à ce grand connaisseur
d’obtenir le label « collection na-
tionale » attribué par le CCVS.
Aux États-Unis, la P.S.I. (Passiflora
International Society), compte le
plus grand nombre d’adhérents.
Son congrès international a eu lieu il y a quelques
mois en Floride et Christian Houël est chargé de
l’organiser en France l’année prochaine, ce qui
démontre bien toute la valeur de sa collection.
racées américaines » réalisée en 1938 par
le botaniste Ellsworth Paine Killip (1890
– 1968). Elle comprenait alors vingt-qua-
tre sous-genres et 355 espèces, mais ne te-
nait pas compte des passiflores existant
sur les autres continents. Depuis, environ
140 nouvelles espèces
ont été découvertes.
Il faut noter que
deux des sous-genres
retenus dans la classification d’au-
jourd’hui, (Astrophea et Decaloba) avaient
déjà été constitués en 1822 et 1828 par
Augustin Pyrame de Candolle (1778 –
1841) dans ses travaux sur les passiflores.
Comme une méduse échevelée
les organes de la passiflore
rappellent la passion du Christ.
2 - PASSIFLORACÉE AFRICAINE
Vu dans le jardin botanique de
Tzimbazaza à Madagascar, un
spécimen de Adenia isaloensis
Dryander.
2
Christian Houël avec
Passiflora
'Wilgen R. Robertson'