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Entrevue avec Alain Zouvi
Peux-tu nous décrire ta première
expérience avec l’œuvre de Feydeau ?
Mon père, comédien et metteur en scène, est
celui qui m'a fait connaître Molière, Feydeau,
Labiche, Courteline et Guitry. L'esprit de cette
époque-là, en France, plus particulièrement à
Paris, au début du 20e siècle, m'a tout de suite
passionné. Je trouve ça drôle, fin et intelligent.
Plus tard, on m'a offert de jouer dans des pièces
de Feydeau, ce que j'ai adoré faire. Il y a
plusieurs années, j’ai joué Vatelin de la pièce Le
Dindon au théâtre du Rideau Vert, monté par
Denise Filiatrault. Ensuite, plusieurs années
plus tard, au TNM, j’ai joué le rôle de
Pontagnac dans la même pièce, mais montée
par Normand Chouinard. J’ai aussi joué dans
Le Ruban monté par André Brassard, dans
Tailleur pour dames par Daniel Roussel et
dans L’Hôtel du libre échange monté par
Normand Chouinard. J’ai aussi eu la chance de
jouer le rôle de Feydeau lui-même dans Le
prince des jouisseurs, pièce écrite par Gabriel
Sabourin et monté par Normand Chouinard.
Pourquoi monter La puce à l’oreille
parmi toutes les pièces de Georges
Feydeau ? Qu’est-ce qui t’a attiré
particulièrement dans cette pièce ?
Je voulais monter cette pièce depuis
longtemps, car c'est un délire. Les personnages
deviennent fous dans les pièces de Feydeau,
mais j'avoue que le délire du lit qui tourne pour
sauver les apparences m'a eu. Feydeau aimait
beaucoup montrer la mécanique des choses et
du théâtre même.
En quoi, selon toi, la pièce est encore
d’actualité en 2016 ?
Je ne cherche pas nécessairement l'actualité
dans ce que je veux monter. Je cherche les
bonnes histoires. Feydeau écrivait des bonnes
histoires d'une efficacité hors du commun où
rien n'est laissé au hasard. Dans La puce à
l’oreille, c'est l’efficacité de la mécanique de
Feydeau qui provoque le rire et qui me charme.
Ce qui est d'actualité, c'est aussi le principe
selon lequel si les personnages réfléchissaient à
ce qu'ils font, ils ne feraient pas toutes ces
bêtises. C'est pour cela que nous disons que
l'amour rend fou. L'amour et les élans
amoureux rendent fous, car ils nous empêchent
de réfléchir.