SNPrs2:CdevientT,pourlers3:AdevientCetTdevientG
pour rs4. La séquence de référence des SNP rs1, 2, 3, 4 est
GCAT. Imaginons que dans la population de référence, le C
du rs2 soit changé pour T dans 25 % des cas. Si dans la popu-
lation étudiée (SMP), l’allèle T est retrouvé chez les trois quarts
des patients, on peut considérer qu’il est surreprésenté. Il s’agit
donc d’un allèle de prédisposition. Cependant, ce SNP ne cor-
respond pas à une région fonctionnelle du gène. Il convient
alors d’étudier des SNP à proximité afin de voir si rs2 est le
marqueur d’un haplotype. Dans la population générale, l’allèle
T de rs2 est toujours associé à l’allèle C de rs3 et à l’allèle G de
rs4. Ces allèles sont dits « en déséquilibre de liaison » et définis-
sent le même haplotype (TCG). Ce sont tous les trois des SNP
marqueurs possibles de l’haplotype. Il suffit de génotyper un
patient pour un des trois SNP pour en déduire le génotype au
niveau des deux autres SNP. Si on imagine que rs4 se trouve
en séquence codante et que son changement G pour T entraîne
une modification d’acideaminé,onpeutcomprendrealors
aisément que cette variation puisse avoir un retentissement fonc-
tionnel. Dans ce cas, on peut expliquer que la surreprésentation
de l’allèle T de rs2 soit associée à la maladie, car il est en désé-
quilibre de liaison avec l’allèle G de rs4, qui lui est susceptible
d’avoir un impact fonctionnel. Si la variation de base sur rs1
n’est pas significativement associée à celle de rs2, alors on
peut considérer que ces marqueurs ne sont pas en déséquilibre
de liaison, rs1 n’appartient donc pas à l’haplotype. Des travaux
collaboratifs récents se sont attachés à caractériser un grand
nombre de SNP à travers le génome chez des populations de
référence afin de déterminer la fréquence des différents allèles
et de définir les différents haplotypes des populations ainsi que
leur fréquence. Le projet dit « HapMap », dont les données sont
accessibles en ligne (http://www.hapmap.org/), a donc servi
de base à de nombreuses études génétiques visant à définir
des régions génétiques associées à des maladies particulières.
Ainsi, l’étude de SNP, marqueurs entourant les gènes JAK2,
MPL (récepteur de la thrombopoïétine), EPOR (récepteur de
l’érythropoïétine) et GCSFR (récepteur du G-CSF) chez des
patients atteints de PV ou de TE, permet à Pardanani et al. de
montrer que six SNP trouvés dans le locus de JAK2 sont signifi-
cativement associés au phénotype de PV plutôt que de TE.
Les SNP des autres gènes ne sont pas discriminants. Ce travail
restedescriptifetnefournitpasd’explication à cette observa-
tion, mais il renforce l’hypothèsedurôleduterraingénétique
dans le développement des SMP, hypothèse confirmée de
façon claire par trois articles parus dans le numéro d’avril de
la revue Nature genetics.
Un haplotype « 46/1 » est associé
à la survenue de la mutation
JAK2V617F
La découverte de cet haplotype associé à la survenue de la
mutation a été faite simultanément par trois équipes qui ont
mis en œuvre des stratégies différentes :
–l’équipe anglaise (laboratoire de N. Cross) a étudié (comme
Pardanani et al.) six SNP situés dans ou à proximité immé-
diate de JAK2 chez des patients dont les granuleux ont plus
de 50 % de charge allélique JAK2V617F, déterminée par
pyroséquençage [7]. Chez ces patients, l’acquisition de la
mutation JAK2V617F sur un allèle du bras court du chromo-
some 9 a été suivie d’un phénomène de recombinaison mito-
tique qui a entraîné l’échange de l’allèle sauvage de JAK2
(sur l’autre chromosome 9) avec l’allèle muté qui se retrouve
ainsi à l’état homozygote [8]. En même temps que la variation
V617F, les SNP caractéristiques de l’allèle muté se retrouvent
eux aussi « emmenés » par la recombinaison mitotique (géné-
ralement de grande taille, courant jusqu’au télomère). Si le
patient était hétérozygote pour certains de ces SNP, les
cellules ayant subi cette recombinaison se retrouvent alors
homozygotes : c’est le phénomène de perte d’hétérozygotie.
Le pyroséquençage, qui permet de détecter les variations de
séquences mais aussi de les quantifier, a été utilisé par Jones
et al. pour déterminer si un SNP était préférentiellement asso-
cié aux mutations homozygotes de JAK2. Si c’estlecas,ildoit
être représenté par un signal supérieur à 50 % chez les
patients théoriquement hétérozygotes pour ce marqueur.
De la même façon, l’allèle non muté est aussi caractérisable
s’il persiste suffisamment de cellules n’ayant pas subi la perte
d’hétérozygotie. Cette approche leur permet de constater que
chez 77 % des patients homozygotes pour la mutation
JAK2V617F, celle-ci est survenue dans le contexte d’un haplo-
type particulier dit « 46/1 ». Cet haplotype (en réalité combi-
naison de deux haplotypes : le 46 et le 1, distincts par un seul
SNP) peut être identifié par quatre SNP marqueurs, il est donc
aussi appelé « GGCC » en référence aux bases caractéristi-
ques de cet haplotype sur ces quatre SNP. Dans une popula-
tion caucasienne de référence, cet haplotype 46/1 ne repré-
sente que 24 % des haplotypes de ce bloc génomique. Il est
donc indiscutablement surreprésenté chez les patients homo-
zygotes pour JAK2V617F. De la même façon, chez les
patients porteurs de SMP hétérozygotes pour JAK2V617F
(< 50 % de charge allélique), l’haplotype 46/1 est surrepré-
senté (38 %) par rapport à une population témoin étudiée par
ce groupe (24 %) ou par le projet « HapMap ». En revanche,
cette surreprésentation n’est pas retrouvée chez les patients
porteurs d’érythrocytose idiopathique. Chez les patients hété-
rozygotes pour la mutation JAK2V617F, l’utilisation d’une
PCR spécifique de l’allèle muté, suivie de séquençage de
l’amplicon permet de déterminer si celle-ci est survenue sur
un allèle porteur de l’haplotype 46/1. C’est le cas pour
74 % des patients, tandis que cet haplotype n’est retrouvé
associé à l’allèle sauvage de JAK2 que chez 12 % des
patients. Ces éléments démontrent clairement une association
entre l’haplotype 46/1 et la survenue d’une mutation de
JAK2. De façon intéressante, les SNP trouvés surreprésentés
dans les PV par rapport aux TE par l’équipe de Tefferi sont
aussi des marqueurs de l’haplotype 46/1, non caractérisé
comme tel alors ;
Hématologie, vol. 15, n° 3, mai-juin 2009
190
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.