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Introduction
Cette Cour est contre les pays qui ont été colonisés dans le
passé et que les occidentaux veulent recoloniser. Il s'agit de la
pratique d'un nouveau terrorisme mondial … Si nous
autorisons une telle chose, qu'un président soit arrêté et jugé,
comme le président Bashir, nous devrions aussi juger ceux qui
ont tué des centaines, des millions d'enfants en Irak et à Gaza.
Mouammar Khadafi, Chef d’État Libyen et Président de
l’Union Africain, Exercice 2009, (mars 2009).
Ne se passe-t-il jamais rien sur les autres continents ? À moins
d'accréditer l'idée d'une justice des forts contre les faibles, la
mise en œuvre du principe de la compétence universelle doit
être moins orientée. Jean Ping, Président de la Commission de
l’Union Africaine, (Juillet 2008).
La fin de la Première Guerre mondiale constitue le véritable point de départ des
discussions relatives à l’établissement d’un tribunal pénal international permanent. En
effet, l’article 227 du Traité de Versailles du 28 juin 19191
prévoyait de mettre en
accusation l’empereur allemand Guillaume II de Hohenzollern, en envisageant la
constitution d’un tribunal spécial pour le juger. Bien que cette disposition ait permis à de
nombreux juristes de commencer à envisager les possibilités d’établissement d’une Cour
pénale internationale, elle ne sera toutefois pas concrétisée suite au refus des Pays-Bas
d’extrader le Kaiser.
Le Traité de Versailles reconnaissait également le droit des pays Alliés de
constituer un tribunal militaire pour juger les soldats allemands accusés de crimes de
guerre2. Mais devant les protestations allemandes, aucune condamnation à la mesure de
la gravité des crimes commis ne fut prononcée, le siège du tribunal ayant été concédé à
l’Allemagne par les Alliés3
.
La tendance à vouloir imposer la responsabilité pénale internationale aux acteurs
non-étatiques s’est concrétisée à la fin de la Deuxième guerre mondiale. Durant cette
période, les pays Alliés ont établi les tribunaux militaires à Nuremberg (1945) et Tokyo
(1946) pour réprimer les crimes de guerre et les crimes contre la paix commis par les
ressortissants des pays de l’Axe4
1 Traité de paix de la première guerre mondiale (Traité de Versailles), 28 juin 1919, (1919) T.S. 4.
. Même si ces tribunaux n’étaient pas des tribunaux
2 Ibid., arts. 228-230.
3 William A. Schabas, An Introduction to the International Criminal Court, 3e éd. (Cambridge/ New York,
Cambridge University Press, 2007) à la p. 4, [Schabas, An Introduction].
4 Accord concernant la poursuite et le châtiment des grands criminels de guerre des Puissances
européennes de l'Axe et statut du tribunal international militaire, Londres, 8 août 1945, CICR, Droit
International Humanitaire - Traités & textes, en ligne :
http://www.icrc.org/DIH.nsf/WebList?ReadForm&id=350&t=art (Consulté le 13 avril 2010). L’article 6 de
ces Chartes prévoyait que les tribunaux établis avaient la compétence de poursuivre les personnes
responsables, individuellement ou à titre de membres d'organisations, des Crimes contre la Paix, des crimes
de guerre et des crimes contre l’humanité. L’article 8 ajoutait que «[L]e fait que l'accusé a agi
conformément aux instructions de son Gouvernement ou d'un supérieur hiérarchique ne le dégagera pas de
sa responsabilité, […]». À la question de savoir si des individus étaient exclus de sa compétence, le